On dirait que Sunny brille dans le noir et éloigne les cauchemars.


Sunny, c'est un moineau. Un gamin maigrichon qui apparaît sous des pulls et des sourires trois fois trop grands pour lui. Tout semble trois fois trop grand pour Sunny, et ce n’est pas sa taille qui arrange les choses. Mais Sunny n’est pas invisible pour autant. Le visage qui émerge sous la tignasse de feu brille d’une joie incontrôlée et c’est des étoiles dans les yeux qu’il lève vers vous un regard presque constamment émerveillé. Tout ce qu’il voit semble le ravir au plus haut point, alors il sourit constamment, comme un aveugle qui découvrirait chaque jour les couleurs de la vie. Il est juste content d’être là, Sunny, de voir et de sentir des choses, de ressentir la vie qui grouille autour de lui ; même la plus infime. Peut-être est-ce parce qu’il se sent petit, lui aussi. Il repère des fourmilières sur le chemin de l’école et observe les allers et venues de ses petits soldats, il marche sur la pointe des pieds quand il pleut de peur d’écraser un ver de terre et il va chercher les chats perdus dans les arbres en plein milieu d’une livraison. Alors il est en retard. Partout, tout le temps. Il court beaucoup, s’accroche à vous et s’il le pouvait, il vous soulèverait et vous ferait voler très loin au dessus du sol.

Sunny court comme s’il avait envie de voler, et peut-être bien qu'un jour il va finir par y arriver.

Parce que Sunny comme Icare n'aura pas peur de toucher le soleil.

Il a toujours des choses à rattraper, avec un grand sourire qui donnerait envie de le suivre dans toutes ses aventures, si vous n’aviez pas mieux à faire que de chasser les lucioles et les papillons. Les passes-temps de Sunny ne sont pas très sérieux pour son âge, mais Sunny lui-même n’est pas très sérieux. On dirait un grand enfant qui a grandi trop vite et qui rattrape le temps. Malgré cela il est très lucide ; son sens de l’observation, sa sensibilité et son empathie l’empêchent de fermer les yeux sur ce qui se passe tout autour de lui. Sunny déteste ne pas voir. Pourtant il vous dira qu’il n’est pas très courageux. Qu’il a encore des peurs d’enfant.

On dira que Sunny brille dans le noir et éloigne les cauchemars.

Mais Sunny a peur de l’orage et des bêtes sauvages. De marcher seul la nuit et des monstres sous son lit – ceux qu'on ne voit pas, et ceux qui crient. Il a peur des marches qui grincent et des planchers qui craquent. Des coups au moral, et de ceux qui frappent. Il n'aime pas les roues qui crissent et les moteurs qui hurlent. Les mots qui partent trop vite et qu'on regrette – ceux qu'on ignore et ceux qui vous brûlent. Il aime le reste.

Tout le reste.