forum rpg tout public univers fantastique/paranormal aucun minimum de mots avatars illustrés 200*320px
-20%
Le deal à ne pas rater :
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
239 € 299 €
Voir le deal

sunny afternoon ≈ Salome
Le Lanceur de couteaux
 
hellébore
hellébore
Le Lanceur de couteaux
sunny afternoon ≈ Salome 180115060143147335
Messages : 71
Pouvoir : sensation
Symbole : De la lingerie
Occupation : Lanceur de couteau au cirque Arcadius
Avatar(s) : Jean Kirschtein - Shingeki no Kyojin
Mer 13 Déc 2017 - 15:04

pyromane à temps complet
j'ai mis le feu à tout ce que j'ai touché
Il déteste les blancheurs condescendantes : et Leo répond de l'angle de sa mâchoire à l'œil voyeur du zénith. Sa chevelure s'est foncée dans la brouille de la fatigue et des déshonneurs ; usé du firmament, il a la patience de régurgiter ses montagnes de ridicule : culminant par-delà les nuages, il dispose d'un regard féroce d'amertume sur lui-même. Sans compter les heures : il attend la fin du sang. On sonne un glas au bord de la nuit, alors il lève difficilement la carcasse de sa nouvelle humilité, toujours insolente mais d'un soleil froid qui regrette. Il coince sa veste sous son bras : suit docilement un médecin jusqu'à la chambre, en jetant partout des yeux mauvais.

Il s'est assis à côté du lit et contemple les tombes. Salome est bien là, vivante et charnue, encore écarlate des débordements. Elle a l'œil brun des arrogantes qui ont déjà trop saigné ; mais Leo ne répond plus de vapeur à ce genre de flamme. Un soupir tiède prend racine au fond de ses poumons et annonce sa couleur nouvelle : terne et retirée, rose comme des promesses. Il croise les jambes et met les mains au bout de ses genoux. ‹ Si tu t'étais ratée plus que ça tu ne respirerais plus. › C'est une chance bienheureuse pour lui : que sa seule faute ait été recousue sans cris. ‹ La police a confisqué mon couteau en attendant › quoi : qu'on prouve qu'il n'est pas assassin. La voix de Leo est tranquille des culpabilités. Il sait que c'est lui qui a fauté. Il a un pardon tout adulte pour aujourd'hui et condamne de s'être laissé, enhardir par la clameur des feux battants et d'un sifflement de Gorgone : c'est bien le problème des arènes, à jouer à la mort et au soleil on en oublie sa propre misère.

Une minute de silence pour sa sobre humiliation dont il reconnaît toutes les plaies : ‹ C'est ma faute. ›, son orgueil est bien docile à ses pieds, il n'en a qu'un seul maître ; ‹ ah, je n'aurais pas dû me laisser emballer, et puis, je n'aurais pas dû te le donner. › Ses mains trouvent le fond de ses poches et il dénigre la morsure des ongles contre sa paume, moins choqué des morts que des échecs. Il ne se sent pas particulièrement protecteur - il n'y a qu'une mignonne qui recueille l'ombre de ses ailes dans cette pinède, mais il a un genre nouveau de serment tacite pour Salome, qui a été juré à l'orée de ses souvenirs. ‹ Tu te sens bien ? Outre la couture géante en travers de ton ventre, je veux dire ? ›



Spoiler:
Invité
 
Invité
avatar
Sam 16 Déc 2017 - 1:30
sunny afternoon
everybody wants to go to heaven but nobody wants to die
« Si je vous reprends à tirer sur vos points de suture, je peux vous assurer, miss Bateson, que les choses finiront très mal pour vous. » Elle toisa l’infirmière, mais ses regards noirs demeuraient incompris ; cela pourtant lui demandait beaucoup d’efforts. C’était presque vexant de se heurter à une telle indifférence. Encore trop faible pour vraiment se la jouer tigresse, une sorte de miaulement gémissant voulant se faire passer pour un grognement écorcha l’air. Futile. La blouse blanche amorçait déjà un parfait volte-face, queue de cheval fouettant l’air, un peu odieux mais après tout quel temps perdu pour quelqu’un d’assez bête pour se poignarder soi-même : « Vous avez de la visite, tenez-vous correctement. » La porte se referma sur le visage scandalisé de Salome. Le service l’infantilisait. Elle était blessée, meurtrie ! Et on la traitait comme une délinquante !
« Malbaisée… » L’insulte se perdit dans l’éclatante blancheur des murs et le silence se contenta d’avaler ses vieilles humeurs.
Sous les draps immaculés, la chemise blanche qu’on lui avait passé pour l’occasion couvrait à peine ses fesses. Le sang tâchait encore les bordures de sa chaire comme une insolente souillure. Les sangles comprimaient maintenant ses poignés puisqu’elle ne pouvait pas s’empêcher de gratter la plaie à peine refermée. Puis, c’était tout son corps qui semblait avoir trempé dans du gel désinfectant. Les cheveux, c’était le pire. Elle ne daigna pas tourner la tête vers son visiteur. La chaleur de la chambre était étouffante. Ses yeux rougis dévisageaient un vide.
La voix de Léo aurait réveillé un nouveau degré sur son échelle de colère. Seule la drogue dans ses veines la préservait d’une nouvelle crise d’hystérie. Les calmants endormaient ses vraies émotions. Léo lui laissait la bouche pâteuse. Vraiment les médecins avaient accompli un exploit : la furieuse Salome était aussi docile qu’un lion en cage, ses vagues tumultueuses s’échouaient paisiblement sur des rivages, sa figure n’arrivant plus à émettre le courroux des Dieux donnait au contraire l’impression de réclamer la pitié d’une tendre caresse. L’hôpital avait ravagé son champ de bataille. Les assassins ! Ils avaient drogué sa peine, son chagrin, sa douleur, sa haine ! Ses pensées dévoraient à présent le néant. L'espace avait pris possession de la chambre, l'univers s'était engouffré entre les murs blancs : la lumière n'avait jamais autant brillé d'obscurité. Le monde continuait cependant de tourner, la nuit se suspendait lentement à sa fenêtre, mais les éclairages de la ville et autres pollutions atmosphériques ne laissaient pas d'étincelles sur le plafond de la Terre. Rien pour refléter un peu d'amour dans ses prunelles. Et pourtant. Pourtant chaque note flirtait avec ses sens. La fatigue la préservait en vérité des mots, et son esprit était bien incapable d’organiser ou de traiter l’information reçue. Mais viscéralement, quelques fragments éclataient soudain dans ses pensées. Couteau, faute. Ses yeux ne pensaient même plus à se retourner dans leur orbite. La lumière céleste d’un néon insistant les laissait se dessécher.
Sa respiration ralentissant, ses expirations retombaient comme de profonds soupirs. Tu te sens bien. Sa main remua, à peine, obstruée par ses chaines. Quelques émotions bouleversées essayèrent de filtrer. Mais rien. Aucune lueur ne vint allumer ces yeux d’ordinaire si fougueux, un tressautement à peine.
Tu te sens bien.
Depuis quand Léo était-il devenu si stupide ?
S'était-elle réveillée dans une dimension parallèle ? Une dimension où Léo prenait la peine de rester à son chevet, où Léo devenait la première personne à veiller son réveil ? Grotesque. Léo avait seulement le chic d'apparaître lorsqu'elle s'apprêtait à se noyer dans son désespoir. Cela faisait seulement de lui un opportuniste, ou un être cynique et moqueur. Leur lien reposait sur une farce : le destin devait se fendre la poire.
« La nuit tombe. » Sa voix morne n’offrait aucune douceur. Et quoi ? Le pauvre Léo assis tout seul sur un siège inconfortable attendant que sa belle des bas-fonds soit tirée des limbes ? Assurément un genre nouveau. Salome avait éprouvé de la reconnaissance dans un autre temps. Il y a quelques heures à peine. Salome avait appelé à l'aide un peu plus tôt, le seul qu'elle avait jugé capable. Car malgré tout ce qui s'était dit, elle tenait le garçon en estime, avec cette maladresse un peu folle qui teintait ou empoisonnait naturellement ses relations. Pourtant. Pourtant. Un sourire noir taillait son ventre, des images nageaient dans sa tête et son corps se plaignait en réalité de douleurs imaginaires, muettes, psychiques, autres. Ca essayait encore d'attiser des braises en elle. Alors elle comprenait tacitement la question. Les désespoirs d'hier étaient les désespoirs de demain. Mais là tout de suite, ça ne lui évoquait rien. De fait les sentiments qu'elle éprouvait pour Léo, s'ils ne tenaient pas de l'amour brillaient au moins par leur complexité. Mais maintenant qu'elle avait accouché sa souffrance, une vérité se déclara à elle, une vérité horrible qu'elle n'aurait jamais osé concevoir. C'était bien là pourtant. Elle digérait les maux, se roulait dans ses méandres. En vérité, elle aurait pu débiter. Tout. Sans aucune réserve. Sans aucune pudeur. A Léo ou à un autre, ça n'avait pas d'importance, ça n'en avait jamais eu. Léo ne lui était plus assez important pour être unique. Ainsi voguaient les caprices de ses affections.
« Dégage. »
 
   
☾ anesidora
Le Lanceur de couteaux
 
hellébore
hellébore
Le Lanceur de couteaux
sunny afternoon ≈ Salome 180115060143147335
Messages : 71
Pouvoir : sensation
Symbole : De la lingerie
Occupation : Lanceur de couteau au cirque Arcadius
Avatar(s) : Jean Kirschtein - Shingeki no Kyojin
Mar 19 Déc 2017 - 20:47


Dégage : Leo ne bouge pas.
Sa tête bascule sur son épaule pour détendre la patience ses muscles, et il contemple les silences agonisants à l'angle du plafond. Leo a les hôpitaux en horreur : son œil perfide se persuade que la blouse rend les gens odieux, et que la maladie les rend arrogants. Il voudrait être très loin de cette verrue de souffrance dans son atmosphère : mais il y a une corde lumineuse qui est attachée à sa poitrine, et le ligature à cet oiseau de fureur qui s'est entrouvert à son pied. Alors Leo est tranquille, à la pâleur de sa maturité surgie des coupures ; il étire aussi les tendons de ses mains, et collecte sur la froideur de son regard le sang séché que Salome fait ressurgir. ‹ Ou quoi, tu vas me jeter dehors ? Et tu vas rester là ? Je sais que tu tourmentes le personnel, ils vont te laisser mourir. ›

Leo jette sur Salome, un regard pour lui-même : enfin, pour eux deux, avec la sévérité trouble des étrangers, déjà las des spectacles. Ils ont en commun la nausée de la comédie, Leo en silence veut attirer son œil là-dessus : sur la chambre méphitique et la fatigue charriée dans les veines, sur la fin des musiques, il veut balayer du bras la salle vide et le silence des applaudissements. La racine précise de son cynisme se noue là-dessus, sur la conscience qu'il a brouillée, à l'ivresse ardente de jouer sur les fils avec Salome : que personne ne s'intéresse à la rougeur risible de leurs estomacs. Il hausse les sourcils, et s'appuie sur son siège avec la nonchalance de quelqu'un qui ne part pas. ‹ A quoi tu t'attends, après ça Salome ? Je peux bien partir si ça te chante. Tu vas repartir à la merci de tes souvenirs, et puis moi je rentrerai avec mes couteaux. › Car je m'en fiche - un trou sans douleur le vide tranquillement des explosions exaltées, et le glouglou fait le même son que : je m'en fiche, je m'en fiche. Leo dégorgé du faste a les os à vifs de sa paresse un peu cruelle, et voit clair sur les sensations : c'est un couteau dans la panse ou un pont sous les pieds. Il esquisse un sourire en coin, suffisant comme toutes les origines, ensoleillé comme les dernières heures. ‹ Tu t'éventreras encore dans cinq, six mois, et la vie sera comme ça. Je dois te tendre la main ? Ou quelque chose, peut-être que ça me fatigue de te voir te tuer. › Sa tête glisse en arrière. Après tout, dans la boue tout à l'heure il a serrée contre lui cette invalide évidée, pour épancher les sanglots justes de Salome. C'est un joli dyptique ; si Salome n'avait pas un miroir planté dans le cœur, il ne se serait pas retourné. Il ferme les yeux pour oublier le néon : c'est une injure à la froideur de son soleil. ‹ Je ne sais pas, je n'ai pas envie de partir. ›


Invité
 
Invité
avatar
Jeu 4 Jan 2018 - 19:35
sunny afternoon
everybody wants to go to heaven but nobody wants to die
Les médicaments s’écoulaient depuis la source, glissaient comme une pluie translucide à l’intérieur du tube, puis inondaient les vaisseaux de Salome. Ses humeurs retombaient mollement, et déjà son orgueil devenait fade, une pâle copie de la réalité qui tentait encore, en vain, d’exister. Mais elle était las peut-être de se disputer avec Léo, l’écouter docilement n’était pas si facile pourtant. Elle se sentait flottante, et cette nuit il ne parviendrait pas à l’énerver. Néanmoins elle ne savait pas se foutre des mots, et rien de ce qu’il pouvait dire ne glissait contre elle. Tout la percutait. Rien ne lui plaisait. Il ne l’adoucissait pas. Salome demeurait rêche. Léo ne faisait bien que ce qu’il avait envie de faire en ne laissant derrière lui que l’insupportable impression qu’il était en train d’accorder une faveur. Mais la coupable ne se sentait redevable en rien ce soir. Léo lui avait accordé la paix, pour cela elle s’était trop accrochée, trop souvent elle avait eu besoin de lui -d’une manière qui ne touchait à aucune affection. C’était un besoin d’une essence particulière qui n’appartenait qu’à elle. Mais la résurrection de ses souvenirs enfouis avaient sonné un glas. La paix n’était qu’une illusion éphémère. Léo ne l’avait pas sauvé ; elle embrassait à présent le goût de la déception. Une rupture dans sa tête.  

Elle s'étouffa dans un ricanement rauque.

« Qu’ils essayent, la Mort m’a claqué la porte au nez ce soir ! » Elle tourna finalement la tête et dévisagea un instant l’homme assis. Elle chercha un réconfort dans la présence de l’indésirable, plissa les paupières. Elle n'arrivait pas à se contenter. « Je suis peut-être devenue invincible. » Son regard clair encore teinté d’un sérieux fatigué brilla soudain d’une lueur maligne. Elle donna l'air de prendre les choses vaguement à la légère. Son inconscience était juste comme ça. Se tuer. Elle ne se souvenait pas de ça. Se tuer. A quoi bon lorsque les autres savent déjà très bien s'en charger. « Tu te fais des films. » C’était effrayant peut-être. Elle détourna le regard et fixa un point invisible derrière la vitre. Il exagérait la situation oui. « Je n’ai pas besoin de quelqu’un qui est fatigué. Moi, je veux quelqu'un de fort. » Orgueil et suffisance.  

Elle donna l’air de vouloir bouder un peu, dans une exigence qu’elle n’aurait pas dû avoir dans ce lit d’hôpital. Léo se figurait peut-être qu’il y avait une recette miracle. Maintenant, Salome devinait peu à peu qu’il n’en existait aucune. Elle se souvenait de leur dernier échange, houleux. Et puis ils étaient toujours comme ça, retranchés, à se jeter l’orgueil à la figure. Pour rien. Mais n'était-ce pas toujours ainsi ? Tout ce qu'elle entreprenait se gonflait toujours d'une inutilité grandiloquente. Celle qui se faisait des films, celle qui exagérait tout, celle qui surjouait, c'était elle. 

Elle leva les yeux vers le ciel mais ne heurta que le plafond trop blanc de sa petite chambre d'hôpital. Elle n'avait plus la force de crier.

« Que Dieu bénisse l'Artiste qui fait l'honneur à la Folle de la veiller ! » Ironisa-t-elle. Salome aimait à penser qu’elle ne lui était qu’une nuisance. Ses humeurs n’avaient jamais essayé de le persuader du contraire. Qu’est-ce que ça peut te foutre ? Tu dis toujours que je suis folle, que je n’ai pas de honte. Qu’est-ce que ça peut te faire que je sois là toute seule avec mes souvenirs ?
Elle le dérangeait souvent, crier beaucoup, se répandait tout autour de lui comme de la mauvaise herbe. « Même si tu restes planté là toute la nuit, ça ne changera rien. » Si c'était une question de culpabilité, il pouvait la garder, mais elle ne supplierait certainement pas son départ. Sans savoir que la solitude dans une chambre perdue parmi tant d'autres, aux odeurs malades, dans le coeur de la misère d'une condition humaine, où les murs reflètent l'écho des souffrances qui se lamentent, la solitude elle-même devenait une maladie. L'angoisse remonta soudain et se noua dans sa gorge. Les lèvres mordues, elle ravala ses sanglots. Salome ferma les yeux. Ce n'était pas un regard vide qu'il fallait cacher, ce n'était pas un regard fatigué qu'il fallait clore, ce n'était pas une douleur qu'il fallait taire. Une perle de désespoir goutta depuis son oeil et glissa jusqu'à mouiller l'oreiller. « Je voulais pas me tuer. Je te le jure. Je voulais pas. C'est l'Autre qui m'a tué, c'est pas moi. C'est l'Autre...»
 
   
☾ anesidora
Le Lanceur de couteaux
 
hellébore
hellébore
Le Lanceur de couteaux
sunny afternoon ≈ Salome 180115060143147335
Messages : 71
Pouvoir : sensation
Symbole : De la lingerie
Occupation : Lanceur de couteau au cirque Arcadius
Avatar(s) : Jean Kirschtein - Shingeki no Kyojin
Lun 8 Jan 2018 - 4:07


Les stroboscopes déclarent un incendie dans les lits d'hôpital, Leo se met à rire des alarmes. Il y a une mignonne éviscérée qui se laisse mourir sous d'inexistants spotlights. Invincible Salome ! La rose à la bouche : elle n'est au bout de rien, et elle s'éteindra avec la scène. Sous les paupières de Leo se dessinent des rivières de rubis sales qui portent toutes leurs noms, il rit follement des deltas engorgés de désespérés. C'est un rire clair, bref comme un couperet ; qui lui vient d'un vide mordoré, et qui parle pour lui. D'une jolie torsion de diaphragme, Leo peut se moquer de toutes les latitudes. Il peut danser sur la misère, et valser avec la mort ! Qui jamais ne claquent sa porte ! Qui restent jusqu'au petit matin, lovés dans ses bras (fatigués et forts) : il peut en mourir, de rire des tombes qui l'aiment. ‹ Qu'est-ce que t'es conne ma fille. › Mais : petite starlette sans grâce, ton charme exalté au bout des sutures, c'est pour ça que je t'aime. ‹ Les gens sont forts jusqu'à ce qu'ils se fassent mal. Les gens forts c'est tous des cons. › Tous des cons qui font mal, Leo, les ponts et les couteaux, ce n'est pas toi qui les a créés.

Mais, mais c'est un Autre, qui s'étire au pas des autres matins, Salome : avec les mains de grenat, brûlantes de te déposséder de tes atours, et le regard braisé - un serpent de démesure te mord la queue. Des serments brodés au bord des impasses font taire à Leo son rire malté, et ouvrir ses yeux d'absolution. Car quelle mouche doit te piquer mille fois, ma fille du crépuscule, pour tes grosses larmes bouillonnantes et ta grimace sans tonnerre : à l'inlassable figure de farce de Leo, se fait une désolation douce, satinée d'égoïsme. Il rattache les chevaux d'arrogance, calme le char courant de son immaturité. Il vient border les effusions d'un volcan de chagrin, moitié bordeaux moitié orgiaques, et lui offrir le silice d'une main de réconfort. ‹ T'en fais pas va, je sais bien. › A sa gorge luit un rayon de douceur sans pitié, il n'y a aucune miséricorde que Leo prendrait sur ses épaules, il sait donc qu'il n'y en a aucune que Salome prendrait sur son sein. Il descend tout bas, tout bas aux berges de l'Achéron, assécher une torpeur venimeuse qui a une gorge à se faire couper ; ça Leo sait faire. Il lui tend une main, grande ouverte, rosie de mensonges emmiellés (ça Leo sait faire) ; et pour une fois : demande la permission. ‹ Je ne sais pas tuer les fantômes, mais je sais les faire tout doux, tu sais. › Il accroche sans savoir des délicatesses à son sourire : la sincérité n'est d'ordinaire pas un masque fait pour sa mâchoire. Mais : n'est-il pas né à son regard une nitescence de magnanimité, là où les taillades sont bien dorées maintenant, pour repêcher Salome aux fleuves de douleur - ‹ Et après finies les estafilades dans le bide, hein ? › ou n'est-ce pas juste, Leo, que c'est la seule lueur que tu veuilles pour toi ?



Invité
 
Invité
avatar
Dim 14 Jan 2018 - 23:22
sunny afternoon
everybody wants to go to heaven but nobody wants to die
Si Léo était une tentation.
Mes spectres se brisent la nuque contre cette vague mais belle idée, de douceur. Mes spectres sont des entités craintives et noires qui courent se cacher dans les grottes humides de mon être. Mais les hématomes noyés dans ma mémoire se fichent des brefs instants tendres, des mains tendues, des éclats de délicatesse. Ils fleurissent, ces bourgeons noirs. Les adoucir ne les rendra jamais vulnérables. Je préfère peindre les ecchymoses en rouge, les voir saigner, que dégoulinent contre la peau lactée les racines de la peur et de l’angoisse. Celles qu’on ne connaît pas, celles qu’on ne digère pas, celles qu’on ne nomme pas, celles qui rongent l’âme.
Les braises sont incandescentes avant de s’éteindre. La flamme rougeoie toujours jusqu’au firmament avant de s’effondrer dans ses cendres.
Si la vie devait à son tour se renverser en tragédie.

Les paupières collées, j'entends le silence qui se brise, emporté par la farandole des infirmiers qui vont et qui viennent dans les couloirs, dans un festival de portes closes qu'on frôle, le bruit des chariots mécaniques qui se traînent, les roues grincent, des bips qui carillonnent dans le lointain des chambres voisines. L'agitation nocturne est d'une timidité douce, presque invisible. Les mouvements tournent lentement, le ralenti est presque un apaisement. Un instant, je crois, que le monde s'est mis sur pause. Un instant, je crois, que pour la première fois de ma vie j'ai le temps pour prendre le temps. Sans saveurs sans envies sans buts. Juste moi et le vide dans ma tête.  

Léo dans ma parenthèse inattendue aussi.  

Inspire. Expire.  

Du coin de l'œil, je devine le sourire du lanceur de couteaux, un peu émoussé peut-être. Et je ressens enfin un peu de peine pour moi, l'ironie maladroite qu'il y a, à se dire, que les plus jolis mots qu'on m'ait dits viennent de lui. Dommage. Ma gratitude est en deuil, et je suis avare ce soir, avare d'un caractère qui me caractérise. Je ne me reconnais pas. J'ai la peau de chagrin de quelqu'un d'autre. J'ai des émotions qui flétrissent, des cauchemars qui peuplent mes rêves.

-Je sais.  

Et je ne connais que trop bien la solution. Mais courir après une paix de l'esprit me fatigue. C'est ma fougue qu'on a crevé aux pieds du chapiteau. Le cœur a frappé.
 
-Mais je peux pas. J'y arrive pas. Demain peut-être. Je sais pas, je crois que ça m'aidera pas.
     
J'ai la mémoire empoisonnée, des lèvres au goût d'abandon, le bleu sans artifice dans le fond de l'œil, une voix dans ma tête qui murmure des sortilèges. La douleur anesthésiée lance des rappels au bord des fils cousus qui chevauchent mon estomac. Du délire parmi mes brumes fantomatiques.  

J'ai les doigts capricieux, les doigts du refus. Poing fermé, je saigne l'espoir, je saigne la paix. Je me noie depuis trop longtemps pour comprendre comment nager, des bronches embourbées. L'océan est noirci d'encre.  

Cette nuit, j'ai une pensée pour la fatalité. Cette nuit, j'ai l'orgueil de croire que je vais sombrer. Et c'est pas grave au fond, si tu savais Léo, comme j'ai l'habitude de tomber. Mes larmes dansent sous leur propre amer. Elles ont jamais été belles à regarder. Je me sens à vif. On m'a jamais bercé dans la délicatesse. On m'a jamais appris à pleurer pour émouvoir, à rester digne dans la souffrance. Je pleure des larmes noires qui trouvent toujours le moyen de m'enlaidir. Je déteste. Je déteste cet état, état de douleur et de souffrance. Je hais plus encore le souvenir de sa silhouette. Je n'ai pas besoin de me poignarder encore ; je meurs en pensées. J'ai des échos de désespoir noyés dans la rage, la sauvagerie éclatée au seuil de ma figure. Les affres sont de cruelles amitiés. Je m'englue dans ma vanité. La vanité du drame.  

-Peut-être qu'on mérite pas d'oublier. Peut-être qu'on mérite de se souvenir, peut-être qu'on mérite d'avoir mal.    

 
   
☾ anesidora
Le Lanceur de couteaux
 
hellébore
hellébore
Le Lanceur de couteaux
sunny afternoon ≈ Salome 180115060143147335
Messages : 71
Pouvoir : sensation
Symbole : De la lingerie
Occupation : Lanceur de couteau au cirque Arcadius
Avatar(s) : Jean Kirschtein - Shingeki no Kyojin
Lun 15 Jan 2018 - 19:18


Quel pouvoir as-tu, Leo ?
Il se voile de sa froide parure d'ordinaire, pour répondre à ça, avec son sourire filé en doux danger et ses doigts sauvages des villes. Et il dit à l'éclat de jour qui le défie : ah ! mon pouvoir c'est de mordre les chevilles de la mort, et de me prélasser au soleil. Mais quel pouvoir as-tu, Leo, là où il se fait trop d'amour pour parjurer la vie comme toi au bord du sable ? Quel pouvoir pour les larmes vraies ? Quel pouvoir pour l'amour sincère ? Quel pouvoir pour les bras aimants ? Tu n'en as aucun : ton coeur nu est celui d'un petit garçon qui déteste le mot "non".

Leo, outré, referme le don de sa main, et la reprend à l'abri contre son coeur. Une pulsation lui dit que la cruauté des pluies ne passera pas par lui. Il se sent avoir trop souffert ici, au recoin des artères encore juvéniles ; sa poitrine bat encore le rythme des cours de récré, et sa chair est tendre d'avoir trop aimé. Trop aimé, trop aimé l'air sucré, de Chicago et des dames. Il prend sur lui une offense d'amour, une blessure de délicatesse à son talon - car d'Achille il a la mesure -, qui tarit à ses veines le nectar des dieux : il n'est plus qu'humain. ‹ T'es bête ou quoi ? › Sa voix est nue et s'entend mieux. Lorsqu'elle n'est pas riche d'arrogance, on sait qu'elle est chaude et d'agate. Que reste-t-il des mines d'or, lorsque tout à coup l'or est de la boue : l'éclat devient doux lorsqu'il est vain. ‹ T'en as pas marre d'avoir mal ? › T'es bête ou quoi, Salome ? De marcher comme ça sur les pieds de son apparât : tu ignores que sans douceur, Leo n'est vraiment plus rien. Il est sourd aux larmes et devient cynique de trop avoir été battu. Son sourire disparu laisse le sillage d'un sourcil froncé. ‹ On a pleuré pour deux vies, on mérite la paix de tous les paradis. ›

Dis, dis Salome : n'en as-tu pas marre ? D'avoir mal des chardons à tes pieds. Tu pleures à grosses larmes : le bord de tes yeux doit être sec pour pouvoir allumer des feux. Ne veux-tu pas les sécher ? Sinon pourquoi réclamer ta première jeunesse d'incandescence : Leo se perd entre les mondes pour toi ; il a un pied sur la fournaise et un autre dans le vide. Pourquoi dire des choses pareilles : il n'a pas mérité le désamour. ‹ On ne mérite pas la fatalité. › Sinon, pourquoi couvrir ses mains d'ambroisie - et pourquoi, Salome, te faire si assoiffée de cocagne ?



Invité
 
Invité
avatar
Lun 5 Fév 2018 - 22:55
sunny afternoon
everybody wants to go to heaven but nobody wants to die
Mon teint un peu trop livide ce soir, la nuit qui s'étend dehors à l'infini. Mes yeux dans tes yeux. J'ai la chaire à vif. Ca sent la pacotille. J'suis bête ou quoi. J'me sens à l'étroit.  

"De tous les paradis." Ca me rend un peu dingue, ça me rend un peu tout. Je ferme les yeux, et je ne sais pas si je pleure ou si je ris. C'était presque la fin du monde ce soir. C'était presque la fin de tout, j'y ai presque cru. J'ai failli y croire. La paix de tous les paradis. C'est trop beau pour être vrai, c'est trop beau pour qu'on la laisse seulement filer.  

"Viens. On se casse." Après tout, ils vont me laisser crever. Ce serait trop bête, après s'être poignardé. Je veux pouvoir montrer ma cicatrice au monde entier, je veux m'enfuir au moins jusqu'à l'autre bout de la ville. Viens, Léo. La vie dans un cadre est un peu trop ordonnée, un peu trop lisse, pas assez rapide. Je veux devenir une fugitive, claquer des portes, tourbillonner encore. Des fois, j'ai besoin d'avoir mal pour me sentir vivre. Des fois, j'ai besoin d'avoir mal pour me rappeler qui je suis. La fille qu'on a allongé dans un lit d'hôpital, c'est pas moi, juste une version pauvre qu'on a abandonné là.  

C'est l'heure des fous, l'heure des virées en solitaire. On va pas rester là. Les gens ne guérissent pas toujours dans les hôpitaux, y'en a qui s'oublient, d'autres qui s'éteignent. Je veux pas souffler mes bougies. C'est l'appel du grand air. Est-ce que tu le ressens aussi ?  

"On se tire. Ils s'en rendront pas compte, on se tire et on revient jamais. On va ailleurs, n'importe où, on retourne au cirque, on va se bouffer une glace, on va dans la forêt, se perdre sur une départementale. Je sais pas, juste, on se casse."  

 
hrp : je suis en retard excuse moi en plus c'est court et pas le meilleur bref je serai d'attaque pour le prochain promis 8D
   
☾ anesidora
Le Lanceur de couteaux
 
hellébore
hellébore
Le Lanceur de couteaux
sunny afternoon ≈ Salome 180115060143147335
Messages : 71
Pouvoir : sensation
Symbole : De la lingerie
Occupation : Lanceur de couteau au cirque Arcadius
Avatar(s) : Jean Kirschtein - Shingeki no Kyojin
Ven 9 Fév 2018 - 1:29


Ah, ah - voilà qu'il se refait soleil à la perle des scissures, c'est une belle aube que tu as là sur les plaies Salome. Dont les premiers rayons décochent un sourire coruscant à ses lèvres coupables, sous les nouveaux jours fanent les fautes crédules, et s'éveille la passion de toi. Leo, giflé par la dilection, s'arrache sans regret à cette morne terre, et couvre ses souillures de malice. On se casse jolie minette : on nous attend là-bas. Les bals ne s'ouvrent pas sans la rougeur de ton exubérance. Là, là, on retrouve Salome, un petit drame farde sa peau de jouvencelle, et enjolive les vertiges de sa grande gueule. Le monde c'est là où on valse : il conte à l'ourlet d'un sourire une fierté sage, et le soupir secret d'une accalmie dorée. ‹ J'préfère ça. › Il se lève comme on triomphe - à l'arrogance d'une dignité, et tend à la fillette les fripes qu'on lui a confiées. ‹ Tiens, le monde n'est pas prêt pour te voir cul nu. ›

Il n'est plus temps pour eux là où la mort rôde : dos tourné, il passe sur ses épaules une cape de soleil pour aller chasser les horizons. Son col blanc est bien prêt pour les bars et les ailleurs, n'ont-ils pas une jolie gorge à faire embrasser - et de la peau à se poignarder encore ? Ah, ah, Léo revit voyez-vous, il n'a jamais trop peur des éclipses : les cycles qui passent lui donnent raison. On se casse des tombes, désolé les morts-vivants : c'est sur la scène qu'il faudra leur faire verser le sang. Un regard drôle guette le cerbère d'une sévérité sans âge, désolé, désolé, les lions aux crinières dorées n'attendent pas. ‹ Prends ta perf jusqu'à la sortie, on a qu'à faire comme si je t'emmène fumer. Ils nous fileront pas comme ça. › Et après c'est l'empyrée, l'air est plus bon lorsqu'on n'y meurt pas : c'est bien mieux d'entendre les jolies filles vouloir rire. Comme il s'éclaire bien joliment à leur ombre : et comme Léo aime sourire aux abysses qui le réclament. Il tend un bras qui sent bon le grand air, et glisse à sa paupière un clin d'œil qui ne connaît que les excès. ‹ T'inquiète pas, ce soir je t'emmène rire un peu. ›


Contenu sponsorisé
 

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-