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hey brother ☼ sick
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Jeu 23 Fév 2017 - 0:30
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in one another ?



SUNNY



SICK

Ça va bien se passer. Ses jambes s'agitent et se retiennent de courir, il les balance  au-dessus du sol pour ne pas fuir. Ça va bien se passer. Il a chaud tout à coup mais reste confiant. Ça va bien se passer. Ce n'est pas la première fois qu'il est convoqué dans le bureau du proviseur, ce ne sera pas la dernière. Sunny est cet élève dissipé plein de bonne volonté dont la concentration frôle le zéro. Il faut le tenir loin des fenêtres, loin de ses amis, loin du radiateur ; même sans cela il réussira à s'endormir ou trouvera de quoi occuper ses pensées. Pour le tenir en cours, il faudrait l'enchaîner. La politique de l'école n'est pas aussi stricte. Sunny se rassure en pensant que tout va bien se passer.

C'était avant de voir son frère arriver.

Le dos soudain droit et les épaules en arrière, il se lève au passage de son ombre. La démarche est mécanique et les mains tremblent un peu. Il le suit dans le bureau du proviseur.

Ils se sont assis et ils n'ont pas échangé un mot.

Sunny sent comme une tension tout d'un coup. Pourtant, l'aîné sait à quoi s'attendre avec lui, et vice-versa. Mais Sunny attend quelque chose qui ne vient pas. Pourquoi ?

Vous savez pourquoi vous êtes là, Yamamoto ?

M-mmh.

Vague hochement de la tête pour exprimer l'approbation, alors que ses doigts jouent nerveusement entre eux et qu'il a les yeux rivés sur les lacets qui tressautent à chaque mouvement de jambe impatient. Ce n'est pas le proviseur qui lui fait peur.

Votre frère a ramené un chat en classe.

L'homme précise à l'attention de son tuteur. À partir de là il semble à Sunny que la discussion va se faire sans lui. Des adultes qui discutent au-dessus de sa tête, il en a l'habitude. Sick a l'avantage de le connaître et de comprendre les idées folles qui lui passent par la tête. Au moins de les lui pardonner. Alors quand le proviseur se met à expliquer que son professeur s'est plaint des nombreux animaux que Sunny ramène à l'école – il devrait préciser qu'il s'agit la plupart du temps d'insectes, ce n'est pas comme s'il dévalisait des zoos – et de ce chat qui a été la goutte de trop, Sunny se redresse bravement sur son siège :

Il était perdu, monsieur. Je ne pouvais pas l'abandonner et je ne pouvais pas sécher mes cours non plus. J'ai fait ce qui était le plus juste... monsieur.

Bref rappel de sa position sociale, histoire de. Adoucir l'arrogance de ses propos ? Il n'ose toujours pas lever les yeux sur son frère. Le proviseur lui fait des gros yeux, mais Sunny l'ignore. Il attend le verdict de Sick.
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Ven 24 Fév 2017 - 0:44
hey brother do you still believe in one another ?
Musique

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
- Victor Hugo

Si on lui avait dit qu'il reviendrait un jour sur les bancs de l'école en tant que "parent d'élève" ; sans doute que Kyo' n'y aurait pas cru ; parce que l'idée d'avoir des enfants un jour ne lui avait jamais traversé l'esprit. Cependant, aujourd'hui, c'est un peu plus spécial, il est là en tant que "tuteur légal" de son frère, d'Hiroki ; du soleil qui illumine sa vie au quotidien de par sa présence et en usant de ses sourires aussi chaleureux que l'astre solaire lui-même. Convoqué par le proviseur, en ces temps sombres, au pire moment de sa vie ; il y avait de quoi être blasé ou même fâché ; cependant, aucune émotion n'était lisible sur son visage. Les traits étaient figés, un peu tirés par la fatigue et la peine qu'il déversait en silence dans son lit ; la langue était collée à son palet, les sourcils froncés et la mâchoire serrée. Nul doute qu'on venait de le convoquer pour une raison dérisoire, Kyo' en avait "conscience" ; ou plutôt qu'il s'en doutait grandement. Une main vient se nicher sur sa nuque alors que son regard ne daigne même pas se poser sur toi, son frère, trop peur que tu puisses y lire à travers les veines de ses yeux ressortis et son teint un peu trop pâle qu'à l'accoutumer.

Il prend place sur une chaise et tu en a fait de même alors que le proviseur s'adresse à toi plutôt qu'à celui qu'il a convoqué. "Yamamoto" ; cela faisait bien longtemps que Kyosuke n'avait pas entendu la sonorité de votre nom de famille ; il ne s'attendait pas à ce que cela soit fait en de telles circonstances... Qu'as-tu bien pu faire de si terrible Hiroki pour que ton frère soit convoqué aujourd'hui ? Un coude posée sur la table, le photographe s'y appui, poing fermé contre sa joue, le regard dirigé vers son interlocuteur. Il avait déjà hâte que cela se termine. Tu n'es pas très heureux et tu ne joues pas Hiroki, tu n'es plus "Sunny" pour l'heure actuelle ; mais bien un adolescent qui a peur de se faire réprimander... Mais par qui ? Par ton frère ou par ton proviseur qui semble exaspérer ? Se grattant le sommet du crâne, Kyosuke attend que la conversation tourne vers lui ; ce qui arrive bien plus vite qu'il ne l'aurait imaginé. "Votre frère a ramené un chat en classe."

...................... Un sourcil est arqué, un coin des lèvres se redresse furtivement comme pour esquisser un sourire ; mais le sérieux reste finalement bloqué sur son faciès. Sérieusement ? On l'a convoqué pour ça ? Juste pour un chat en classe ? Cela ne peut pas être vrai, une moitié de journée de travail bloquée pour ça ? C'était une bonne blague, impensable. Néanmoins le proviseur prend ça plutôt à cœur ; bordel, s'il l'avait connu étant adolescent, il ne l'aurait certainement pas convoqué pour ça. Ah, le système éducatif, ça pleure pour pas grand chose finalement. Hochement de tête sur les côtés comme pour montrer son mécontentement, non pas à cause de ton comportement Hiroki, loin de là, car Kyo' pouvait très bien imaginer ce qui t'étais passé par la tête. Un chat sans défense, tout ça tout ça, ta logique ressemblait parfois à la sienne, vous n'étiez pas frère pour rien en soit. Et c'est au moment ou le grand frère veut entrer en scène et dire quelque chose que tu te lèves de ta chaise et que tu confirmes ses soupçons ; ainsi il avait eu raison. Un chat errant, comme il en existe des milliers, mais qui meurt très souvent par manque de générosité... Ce n'est pas condamnable, ni même quelque chose qu'un adulte peut blâmer. Profond soupir avant de claquer ses mains comme pour calmer le jeu, réfléchissant quelques secondes avant de lâcher sur son ton nonchalant, un sourire factice sur les lèvres.

Bon, monsieur le proviseur, ce n'est tout de même pas la mort ; je m'attendais à un sujet bien plus grave à vrai dire... Mais un chat... Silence, Kyosuke fait mine de réfléchir, levant les yeux au ciel l'espace de quelques secondes avant de les diriger vers son frère. Tu l'as trouvé pas loin et tu comptais le ramener chez lui ensuite c'est ça ? Dans ce cas tu aurais dû le faire dès le début Hiroki ; quitte à arriver en retard. Il s'en voudrait presque de te dire ça, parce que dans le fond, malgré ce qu'il peut dire Kyosuke, il aurait sans aucune doute agit comme toi... Mais bordel, pourquoi le proviseur en fait autant des caisses pour un truc aussi futile ? Devant un truc vraiment grave il agit comment ? Sepuku ? Harakiri ? Haussement d'épaules furtif à cette pensée futile, c'est en s'accoudant de nouveau au bureau, les mains jointent devant le visage que le photographe reprend. Et d'ailleurs, où se trouve cet animal ? J'espère que vous ne l'avez pas jeter dehors... Parce que cela rendrait ma venue véritablement futile. Agacé, ça y est, ça se sent, il le sait, il s'entend ; sa voix change, son intonation n'est plus la même, son regard plus amer, sa langue un poil trop tranchante. Il n'arrive plus à contrôler sa colère, il n'arrive plus à intérioriser, à garder cacher. Si je puis me permettre monsieur, c'est une raison bien étrange pour convoquer quelqu'un... Je me demande bien ce que vous faites quand la situation est grave ou désespéré. Ouais, franchement, ça me rend curieux.

Et il le sait bien qu'il va trop loin, mais Kyosuke n'arrive plus à s'en empêcher. Sourcils froncés d'avantage, son dos vient taper avec violence le dossier de la chaise dans lequel il s'enfonce sans aucun ménagement ; son cœur tape fort contre sa cage thoracique... Quelqu'un devait prendre pour son grade aujourd'hui, quelqu'un devait subir sa mauvaise humeur ; ce ne serait pas toi Hiroki, hors de question, alors c'est le proviseur qui allait prendre ; c'était bien plus facile ainsi. Franchement, il n'y a pas mort d'hommes, Hiroki aurait frappé quelqu'un ou eu des notes déplorables, j'aurais compris... Mais pour un ou plusieurs animaux... Voyez ça comme une classe verte sans avoir à débourser de sous ; je sais pas. Oui, Kyosuke ne sait pas, mais il est agacé, il sent la rage monter peu à peu. Et il aimerait bien savoir où est le matou de cette histoire, juste pour voir sa bouille, juste pour voir s'il aurait succombé lui aussi. Son pied tape sur le sol, battant le rythme de son cœur qui tape, tape et tape encore plus fort ; il a hâte, hâte de rentrer, de partir et de ne pas revenir ici avant longtemps. Excuse toi Hiroki, comme ça on pourra partir...

Il n'agit pas normalement, il n'est plus lui-même ; Kyosuke le sait et il se doute bien que tu t'en rends compte, que tu captes qu'il y a quelque chose qui cloche ; une couille dans le potage, une faille dans le processus... Tu fais bien de te méfier Hiroki, tu fais bien...

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Dim 26 Fév 2017 - 14:12
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SUNNY



SICK

Comme il n’ose pas un regard en sa direction, Sunny ne sent l’incrédulité de son frère que lorsqu’il prend la parole pour la première fois. Et Sunny connaît ce ton-là et sait très bien ce qu’il veut dire. Ça ne veut pas dire oh, ce n’était qu’un chat, je m’attendais à pire, non, c’est une question dissimulée qui demande si on l’a fait venir pour rien. Sunny déglutit. Il sait très bien que c’est de sa faute, mais il ne s’attendait pas à ce que l’on convoque son frère, quand même... Parce qu’après tout, oui, ce n’était qu’un chat. Tu l'as trouvé pas loin et tu comptais le ramener chez lui ensuite c'est ça ? Sursaut puis hochement de la tête, frénétique, en osant enfin lever les yeux sur ce frère qui le comprend ; évidemment qu’il comprend. C’est Kyosuke. Sunny s’en veut un peu. Pas seulement de l’avoir fait venir pour rien. Plus seulement. Il hoche la tête plus sérieusement en l'écoutant, fronce les sourcils. D’accord, d’accord. La prochaine fois il suivra son conseil. Il sait bien qu’il a tendance à s’éparpiller, à vouloir courir deux lièvres à la fois – en l’occurence, deux chats. Sick est plus posé, il sait s’arrêter pour observer, avant de prendre une décision et foncer. Alors Sunny hoche la tête et sourit, un peu embêté de n’avoir pas réfléchi mieux que ça. Mais content que son frère ait cette réaction compréhensive, plutôt que la leçon de morale d’un parent. Il ne sait pas comment auraient pu réagir les siens. Ça remonte à loin... Peut-être qu’on l’aurait puni ? Privé de sortie ? Peut-être qu’on aurait crié aussi. Peut-être qu’on aurait... Et d'ailleurs, où se trouve cet animal ? J'espère que vous ne l'avez pas jeter dehors... Parce que cela rendrait ma venue véritablement futile. Les yeux de Sunny s’agrandissent et il ouvre la bouche pour parler, mais le regard du proviseur est agacé. Pas autant que celui de Sick, il parie. Mais il se tait quand même. Il ferme la bouche et gonfle les joues. C’est vrai ça, où est le chat ? Il fouille dans ses poches pendant que le proviseur répond, un sourcil arqué :

Ma secrétaire s’en est occupé.

Pauvre secrétaire, pense Sunny. Il n’ose pas demander de détails, son frère enchaîne et son ton est de plus en plus sec. L’animosité n’est pas pour lui mais le cadet a quand même très chaud. Le malaise est palpable. Sick s’énerve. Et si le proviseur s’énerve aussi ? Et s’il le renvoie ? Et si...? Il sursaute quand Kyosuke cogne sur le dossier de sa chaise. Il ne l’a pas vu dans cet état depuis longtemps. Pas vu réellement, tout court ; depuis quelques temps il lui semble que Kyosuke se fait discret et n’est pas tout à fait... Il n’ose pas penser "lui-même". Alors il dit "comme d’habitude". Dans sa tête, c’est ça. Sick est... comme d’habitude.
Pas aujourd’hui.
Regard en biais. Sunny a une mauvaise impression. Mais ce n’est pas le moment de penser à ça. Il a assez d’ennuis là tout de suite. Surtout que le proviseur hausse un peu le ton à la petite pique :

Une classe verte ? Monsieur Yamamoto – Oh, ça commence avec des monsieurs, ça n’augure rien de bon. Sunny se liquéfie lentement sur sa chaise. – j’espère que vous plaisantez. Pricefield est une école, pas une ménagerie !

Certains professeurs désapprouveraient. Sunny esquisse un sourire nerveux, qu’il cache immédiatement devant une main un peu tremblante. N’aggrave pas ton cas, Kyo est assez énervé comme ça.

J’apprécierais que nos élèves restreignent l’utilisation des animaux à leurs cours de sciences naturelles.

L’utilisation des animaux... On parle d’un chat, pas d’un cobaye – autre sujet de débat auquel Sunny n’est mentalement pas prêt là tout de suite. C’est le moment de s’excuser. Il déglutit.

Mpf. Le premier son qui sort de sa bouche est étouffé par la pression qui s’accumule entre les deux hommes. Deux adultes qui discutent au-dessus de sa tête ; c’est exactement ça. Quoiqu’à ce stade, on dirait plutôt deux chats. Deux chats pas très contents. Sunny se lève de sa chaise, très droit : Je... je m’excuse très sincèrement, monsieur.

Il se penche en avant, par réflexe, par respect aussi. Il n’ose pas relever tout de suite la tête. Cette fois, c’est le verdict du proviseur qu’il attend. Peut-être que ses jambes tremblent un peu. Un tout petit peu. Il serre les poings. Il veut courir.

Que je ne vous y reprenne plus, Yamamoto...

Non, je vous promets que ça ne se reproduira pas.

Bon... Il soupire. Il a l’air aussi pressé qu’eux d’en finir. Sunny se demande un instant si la convocation était son idée. Vraiment. Mais qui l’aurait souhaitée, alors ? Même son professeur avait semblé plus blasé qu’autre chose quand il l’avait vu débarquer en classe avec le chat. En parlant du loup... ... je crois que votre professeur de biologie a besoin d’aide pour nettoyer les bocaux en fin de semaine.

Sunny hoche la tête, conscient qu’il a de la chance de ne pas se prendre des lignes. La torture ultime. Puis il regarde son frère, cherche l’approbation dans le regard, l’accord avant de partir. Il ne veut pas pousser sa chance, mais il doit aussi savoir. Il prend son courage à deux mains et demande :

Monsieur, le chat... vous l’avez rendu à ses propriétaires ?

Il sort le papier chiffonné qu’il cherchait plus tôt dans sa poche et le déplie sur la table : c’est un avis de recherche. Brève explication, sur un ton de plus en plus pressé – il sent son cœur cogner dans sa poitrine :

Je l’ai vu hier sur le chemin de l'école alors je l’ai gardé, parce qu’il y a un numéro de téléphone. Et le chat que j’ai trouvé ce matin lui ressemble, je suis sûr que c’est lui !

Il y a une photo et un gros minou gris à l’air bien nourri. Sunny peut confirmer qu’il valait son pesant de croquettes. Mais la patience du proviseur a atteint ses limites :

Voyez avec ma secrétaire, Yamamoto.

C’est sec, ça brûle comme une gifle et ça sonne franchement comme un renvoi : l’excitation de Sunny retombe d’un coup. On ne s’étouffe pas avec la politesse, dans ce bureau... Et comme s’il se rappelait qu’il avait convoqué deux personnes, l'homme ajoute :

Merci d’avoir pris le temps de passer.

Alors le garçon replie son avis de recherche.
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Ven 10 Mar 2017 - 0:22
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
- Victor Hugo

Les souvenirs de Kyosuke à ton âge Hiroki lui reviennent en mémoire ; lui aussi avait enchaîné les conneries sur les bancs de l'école, ne comptant même plus les nombreuses heures passées à attendre la venue de votre mère ou de ton père ; admirant souvent le dépit sur le visage du proviseur ou des professeurs. Il se rappelle qu'à part ses bêtises, on ne lui avait jamais reproché ses notes ; bien trop excellente pour être contesté. Cet aspect du Japon, votre terre natale, ne lui manque décidément pas ; ni même le système scolaire et cette ascension à être le meilleur dans tous les domaines... Il se rappelle la pression qu'il avait sur les épaules quant à la profession de votre mère ; et ici, assis devant ce proviseur exécrable, il se rappelle de tout ça. Et il aimerait tellement lui déblatérer tout ce qu'il a vécu, l'oppression dans les salles de classe et tout le reste ; le harcèlement et ce qui va avec. Il ne doit pas être au courant, il ne doit même pas l'imaginer ; mais faire déplacer un parent pour un animal ? Sérieusement ? L'argument de l'école prestigieuse lui fait serrer les dents alors qu'il tapote de son doigt le bureau sur lequel il est encore accoudé, son regard furieux affrontant celui plein de dépit de son interlocuteur. Kyosuke avait de quoi être furibond, il avait de quoi avoir la haine ; mais lui ? Pour un chat ? Juste pour un pauvre chat perdu ? Et il aimerait l'assommer le proviseur, pour ensuite le perdre en forêt sans téléphone, sans aucune aide... Qu'il se mette à la place de l'animal, il ne rechignerait plus sur de tels agissements par la suite... Ou peut-être pas.

Il écoute Kyosuke, restant silencieux ; ne pas taper d'esclandre ; ce serait mal vu, et ce n'était clairement pas le moment pour lui de partir en vrille ; pas avec ces soucis du quotidien, non. Inspiration, expiration. Tu t'excuses Hiroki et c'est con à dire, mais ça l'ennuie presque que tu doives baisser la tête pour ça, pour un acte généreux et bienveillant. C'est un peu révoltant quand il y pense... Ce n'est pas une valeur qu'on est censé apprendre à l'école ? La solidarité ? La tolérance ? Et cætera ? C'est un profond soupir qui s'échappe de sa bouche qui vient détendre ses muscles ; ne pas s'énerver, ne pas péter de câble, juste, rester zen. Son cerveau se retrouve un peu déconnecté de la réalité alors que le proviseur requiert ton aide pour le nettoyage de bocaux... Et en plus pour un truc aussi minime, on te fait laver la merde d'autrui. C'est inouï. École prestigieuse, mais bien sûr oui... Dans un mouvement lent, Kyo' se redresse, levant ses fesses de sa chaise, son regard parcourant le bureau, attendant impatiemment la fin de votre échange. Non, il ne dirait rien de plus ; car la situation ainsi que la tension venaient de monter crescendo et il préférait ne pas en rajouter ; jouer la carte de l'abstention. Les nerfs, en ce moment, ses émotions étaient un poil trop négatives, Kyosuke en avait conscience, mais il s'était promis de ne pas les diriger sur n'importe qui. Autant ne rien dire, rester de marbre, faire comme s'il n'avait rien entendu et attendre ; judicieux. Un sourcil se retrouve dressé à l'entente de ta question concernant le chat, mais la réponse cassante du proviseur le fit froncer aussitôt. Souffle bref passant à travers ses narines ; il ne dit rien de plus ; se contente d'un hochement de tête à la phrase qui lui est destiné avant d'ouvrir la porte pour quitter le bureau.

Une cigarette, il lui fallait très clairement une cigarette ; mais l'interdiction de fumer dans les établissements scolaires lui revint aussitôt en mémoire... Les yeux rivés sur le bureau de la secrétaire, il constate avec amertume qu'il est vide, qu'elle est sans doute parti conter fleurette quelque part. Mais il ne dit rien Kyosuke, il se contente de se mordre la langue, plongeant dans un silence de plomb avant de se diriger vers la sortie. Viens Hiroki. Non, il n'allait pas te laisser derrière lui, certainement pas ; de toute façon, les cours étaient finis... En vérité, Kyosuke n'en savait rien, mais pour lui, c'était bel et bien fini ; alors il allait s'imposer à toi, comme à son habitude ; quel piètre grand frère il fait parfois. Ses pas se font rapide alors qu'il rejoint la sortie aussi vite qu'il était entré dans l'établissement. Ah, la scolarité, de quoi vraiment lui rappeler de mauvais souvenirs. Tu dois t'en rappeler d'ailleurs, pas vrai Hiroki ? Des mois au lycée que Kyosuke a passé à l'hôpital plutôt que devant son pupitre... Le bon vieux temps ? Non, il ne dirait pas cela ainsi ; certainement pas. C'est bien la période qu'il aimerait effacer de sa mémoire ; malheureusement pour lui, ce n'est pas ce qui fut oublié. Devant l'entrée, l'homme dégaine une cigarette de son paquet, l'allumant avec rapidité, son regard sondant les lieux à la recherche d'une secrétaire. Ce proviseur me......... Ouais, non, je vais rester poli. Pourtant, ce n'est pas son genre ; il explose quand il doit exploser Kyosuke, qu'importent les circonstances ; c'est d'ailleurs ce qui lui apportait son lot quotidien d'emmerdes. La prochaine fois, tu ramènes le chat fissa ; je t'en voudrais pas si tu rates les cours pour ça ; compris ?

Sans doute qu'il aurait fait pareil ; parce que la bouille d'un animal abandonné à le don de l'émouvoir ; peut-être parce qu'il s'identifie à eux ; abandonné par l'amour d'une mère et tout ce qui va avec... Sa main vient se poser sur le sommet de ton crâne, toi, son salvateur, le soleil de sa vie ; toi, Hiroki, qu'il a surnommé Sunny, parce que t'es la seule lumière de son monde pourri. On va attendre un peu et on va retourner voir la secrétaire pour savoir ce qu'elle a fait de l'animal, d'accord ? Mais avant ça, il avait besoin de sa dose de nicotine, pour se détendre les nerfs, pour oublier tout le reste. Une bière n'aurait pas été de trop, sans doute qu'il en prendrait une en rentrant à la maison ; fort probable... Puis il se rappelle de son travail, des travaux qu'il doit rendre, des photos qu'il n'a toujours pas développées, du book qu'il doit encore peaufiner... La journée, pour Kyosuke, était loin d'être terminée. Soupir amer, c'est en laissant s'échapper la fumée de ses lèvres que le jeune homme reprend sur un ton un peu blasant. Vraiment, Hiroki, recommence plus ; j'ai franchement pas envie de le revoir un jour ce type. Pas besoin de le dire, ça se voyait clairement sur sa face. Énerver comme pas permis, Kyosuke doit penser à autre chose, ne pas cogiter, juste respirer un bon coup et tourner la page. Plus facile à dire qu'à faire.  


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