Éternel solitaire, être aux mille et un visages. Es-tu vraiment seul ?

Perdu dans des pensées relatant un passé qui n'était pas le tien. Quelque chose venant d'une autre époque. Vague sensation, profondément ancrée dans un esprit emboité dans des poupées russes. Nombreux sont tes similis de rêves, ou cauchemars insipides, sentimentaux, et pourtant tant destructeurs.

Ô grand gardien. Ta mission qui te fut confier par le divin. Restera toujours celle dont tu ne pourras jamais te délier ni même la briser. Une promesse. Celle qui te fait vivre à cet instant parmi les hommes. Cette même quête qui te renverra en temps voulu, à l'état de poussière.

Ô éternel embrouilleur. Ne serais-ce pas les larmes d'un autre dont ton esprit se perle, cet autre "toi" ou simplement ... Celui de ton souverain ? ... Mais quel était son nom déjà ?

Tu n'as pas pu l'oublier, cet être si cher. N'est ce pas ?

...

Fixant les nuages sinueux, comme si tu étais à l'étroit parmi eux. D'un geste profond et pourtant tant tortueux, tu voudrais juste t'accrocher à eux, dessinant de la surface de ta main, la sortie de secours de tes songes.
Cette torpeur ne pouvait pas durer, une seconde de plus.
Qui es-tu bon sang pour être dans un tel état ?

Cela ne te ressemble pas, toi, le grand "Lucifer", tel est la façon dont tu nommes à ce jour.
Ou peu importe quel est ton véritable nom. Tu as rejeté bien des parties de celui dont tu étais autrefois. Ou les as-tu simplement cachés quelque part où personne ne pourra le trouver?

Ton mythe et les légendes que colportent tous ces humains depuis des décennies existent car tu l'as choisi. Dieu autoproclamé, vile serpent de la genèse, archange, être déchu ou roi démoniaque. De tous ses noms, tu es un être à part, quoique disent ce monde et ses règles stupides.

Te redressant, bombant le torse, pour montrer une certaine fierté, ton regard ne pouvait défier cette logique si primitive. Orgueilleux et cupide, sont les mots justes pour te définir dans ta globalité. Quelque soit ce personnage que tu jouera aujourd'hui. Jeune garçon androgyne, aux cheveux de blés. Jusqu'a ce look, ce fut bien toi qui l'a choisi. D'une beauté plus que féminine. Tu ne perdais pas le nord, le désir des hommes est leur plus grand pêché et tu savais comment le manipuler.

Mentir, trahir, sacrifier, tromper étaient ta philosophie, là où d'autres actions pouvait trouver un tout autre sens pour toi. Tu es bien un être incompréhensif,  et sournois, Lucifer.

Ton mystère reste entier.

Du toit où tu te trouvais à ... méditer. Tu t'étire un peu avant de remettre correctement tes écouteurs. Tu allais sans doute passer cette après-midi à marcher sans réel but ... Tu te dois après tout de continuer ta quête pour retrouver la totalité des "élus" tant attendus. Oui, eux-même.
Tu avais déjà localisé et été rentré en contact avec une d'entre elle, une humain, du nom de Nina.

Mais récemment, lors d'une de tes "promenades régulières", tu avais ressenti cette énergie si caractéristique chez une autre humaine, noyé dans la foule d'énergie à la fois impure et inutile de la population de Foxglove Valley. Terre sacrée, profané en partie bien avant ta naissance. Ton territoire.

Trêve d'explication inutile et futile ... Rumination d'un autre âge.
Du peu de ce que tu en sais, elle devrait bien réapparaître bientôt. Elle n'a pas pu se volatiliser. Il te faut, ne serais-ce qu'un visage pour faire tes recherches. C'est si malheureux que la dernière fois, tu fus interrompu par cette femme à la cécité presque totale. Tu espère si fort que tous les élus ne sont pas du même calibre que cette "Nina". Mais tes craintes ne sont pas du tout fondées.
Tous sont décrits comme des êtres spéciaux.
Des êtres précieux.
Tels ils ont été décrits ...
Même toi, tu ne sais que peu de choses d'eux. Et pourtant leur avenir est si grand. N'est ce pas ironique de t'être confier une tâche comme celle-ci, ou est-ce juste ton orgueil et ton avidité qui t'a fait faire ce choix. Tes critères, comme tu les appelles.

Mais peu importe, c'est toi le boss.
Ton culot est grand et tu te sens chanceux encore aujourd'hui.
Dés que tu ressentira cet même "odeur", tes crocs et tes griffes se planteront sur elle. Rien ne pourra t'arrêter et encore moins, cet idiot répondant au nom de "Dieu".

Tu essaye alors de te concentrer sur ce que tu avais senti la dernière fois. Tu visualise dans ton esprit, la forme, l'odeur mais tout autant la couleur qu'elle semblait laisser émaner d'elle, tant féminine. Cette aura.

Et pourtant... Rien.
Une fois.
Deux fois.

Rien ne t'a jamais arrêter durant toutes ses années, mais serais-ce bientôt venu ce jour fatidique tant redouté, celui ...
??

Juste en fermant les yeux, une dernière fois, tu continuais ta marche, comme en transe, tu la ressenti alors.
Un doux sourire aux lèvres fit son apparition, sur ce minois si délicieusement féminin.  
- Alors ... Tu étais là.

Tu te mets alors à courir dans sa direction, pendant un court instant.
Sans éveiller les soupçons, tu la fila, tout tes doutes si inutiles avaient disparus. Dés que tu la vis, le temps semblait se fractionner en plusieurs pellicule, tu pouvais l'observer dans les moindres détails. Son apparence te plaisait déjà. Et pourtant, tu semblais au fond de toi, quelque chose avait détonner. Mais tu ne semblais pas y avoir fait grandement attention, au premier abord. Mais une larme tomba d'un de tes yeux, soudainement.

Tu semblais déjà quelque peu troublé. Tes mains tremblèrent légèrement. Avant de cesser après quelques secondes. Le souffle coupés, en apnée ... Tu ne comprenais pas trop la situation. Mais cela ne devait pas t'entraver. Tu redonna un coup rapide vers elle.

Elle semblait chercher quelque chose.
Ton ombre semblait si effrayante, mon cher. Dévoilant toutes cette source de péchés dont tu faisais preuve. Ce miroir au sol faisait bien état de cette malice si insistante. Comme si des cornes t'avait poussés sur ton crâne.
Mais cela ne t'empêcha pas de continuer à osciller entre divers formes. Une forme de chat pour te déplacer plus aisément sur les toits et celle humaine pour la suivre dans la plus grande discrétion, dans la foule.
Mais tu avais beau, être d'une intelligence et d'une ingéniosité rare, tu ne comprenais pas trop ce qu'elle semblait chercher avec autant d'insistance.

- Mais que fait-elle au juste ... ?

Interrogation.
Incompréhension à la fois incomplète et déplacements hésitant voir presque latents.

L'observant de loin, tu décidais alors de te rapprocher d'elle avec une pointe tantôt de méfiance légitime et tantôt cette insouciance qui t'était propre. A ses yeux, tu devais n'être qu'un gamin parmi tant d'autre. Sans doute.

A quelques pas, pourtant, elle s'éloigna une fois de plus de toi. Non, elle ne te fuyait pas. Aucun signe visible de sentiment de peur, aucune précaution à signaler ? La voyant le sourire aux lèvres, elle forçait le passage de son poids plume et sa stature de jeune étudiante. Sa blouse la rendait presque comme angélique, de sa blancheur presque immaculée, scindant avec ses cheveux, te rappelant la terre qui t'avait vu naître. Cette glaise de couleur chaude.
Dansant devant toi, comme quelque chose t’hypnotisant.
Une deuxième larme coulait de ton œil si perçant.
Cela n'était pas le moment d'avoir des souvenirs de cette personne.
Et pourtant, elle te la rappelait tant, à travers elle.
Non. Ne sors pas de ton rôle.
Garde sous contrôle cette part d'humanité non consentie.

...
Expire.
Inspire.
Expire.
Sèche cette larme.

Deux tapes sur le visage et te voilà déjà reparti.
Ce n'est pas le moment. Non.

Un regard, gauche, droite.
Où est-elle passée ?
Elle n'a pas pu disparaitre aussi vite.
Alors rattrape la, continue ta course jusqu’à la trouver.
...
La voilà donc.
Elle court vers son curieux objectif.
Elle traverse la route, insouciante poupée de cire.
Pourquoi est-elle aussi pressé, aussi soucieuse de rattraper ce pourquoi elle court autant.
Et le danger gronde.
Et cela n'est pas celui dont tout le monde se doute.
Une voiture qui surgit.
Un coup de frein, des pneus qui crient.
Au fond de toi, tu comprends parfaitement la situation.
Pas besoin de te le dire deux fois.
Ton esprit n'a pas les clés pour faire bouger ce corps qui est le tien.
Tu réagis d'instinct, poussée d’adrénaline, que tu sois magnolia ou humain, rien n'a jamais fit la différence à cet instant.
Mais même si tu dis, être immortel, a tue-tête.
La réalité est tout autre.
Et pourtant, tu risque cette vie, oubliant un instant, tes objectifs si importants, tu mets ainsi ta vie en jeu, quitte ou double.
Mais rien ne te fera changer de décision.
Tout cela n'est que l'affaire d'une poignée de secondes.
De tes mains puissantes, tu attrapais alors par la taille, la jeune femme.
La protégeant de ce destin si funeste et irréversible.
La serrant contre toi, pour vous propulser sur le trottoire d'en face, baissant ton sens de gravité pour prendre de plein fouet le moindre dégâts.
Idiot que tu es.

Un choc.
Rien de grave pour elle. Blessures superficielles pour toi. Tu avais déjà vu pire, autrefois.
Peu importe.
Changeons de rôle alors.
Une foule de gens nous encerclent.

- Tu n'as rien de grave ? On t'a jamais appris à pas traverser sans regarder à gauche et à droite ?!

Un soupir sonnant quelque faux.
- Me voilà, rassuré. Allez, je te laisse. Ces gens vont t'aider. au pire ... Et me remercie pas.

Partant ainsi, la main gauche levé pour clairement dire, pour l'air ... Cool ?
Ouais, un truc du genre que j'ai du voir dans un film.