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[FINI] STAY ft. Calum
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Sam 4 Nov 2017 - 1:56


Tu sais pas ce que tu fais, tu sais pas ce que t'es entrain de foutre actuellement alors que la soirée se prolonge, alors qu'il fait si tard, si tard qu'il est tôt, alors que t'es toujours avec lui dans cette ambiance, étrange, dans ce malaise qui vous définit tellement depuis un moment -- putain, qu'est-ce que tu fais ?!

T'es chez-lui. T'es chez-lui avec lui. Pas chez-toi, surtout pas chez-toi, parce que chez-toi il serait là. Pas question, n'est-ce pas ? Alors t'es chez-lui. Tu sais plus si c'est toi oui si c'est lui, mais ça a été dit, tu crois, sur ce parking trop froid et t'es chez-lui, t'es chez-lui et t'es face à lui - t'es tellement stressé que t'as du mal, t'es au bord de la crise de panique et tes doigts bougent, tes mains n'ont plus de contrôle, tu baisses la tête, les yeux, tu retrouves son regard et le fuis à nouveau -- putain, qu'est-ce que tu vas faire ?!

Il t'a dit que ça irait, il t'a dit de souffler, peut-être même de prendre ton temps tu sais pas vraiment, tu sais plus trop ce qu'il t'a dit, tu sais plus trop ce que vous avez fait mais vous êtes rentrés et t'as pas réfléchis, tu t'es assis sur le lit, le visage enfouit dans tes mains trop grandes, trop fines, parsemés d'inscription dont tu as perdu le sens ; puis ensuite, ensuite vous avez peut-être parlé ou peut-être pas mais tout ce que tu sais c'est que ça fait une bonne vingtaine de minutes que t'essaies de prendre ton courage à deux mains, d'organisés tes pensées mais ça vient pas et t'es terrifié, t'es terrifié de le décevoir une nouvelle fois, t'es terrifié à la simple idée qu'il s'impatiente, t'es terrifié qu'il s'en aille, qu'il parte et ne revienne jamais, t'es terrifié à l'idée qu'il se souvienne, à l'idée qu'il t'en veuille parce que ça serait justifié, n'est-ce pas, ça serait justifié mais tu veux pas, tu peux pas, c'est redevenu ton centre de gravité et au final, au final il l'a toujours été, tu t'es juste éloigné, en sachant pertinemment, fatalement, que tu le retrouverais -- et c'est le seul, le seul dont la simple idée de le décevoir te donne la brusque envie de pleurer.

T'inspires beaucoup d'air puis tu fermes les yeux, te mord la lèvre et fuis son regard, tu fuis toujours, t'es mortifié -- mais il faut que tu parles, il faut que tu lui dises, tu lui as promis, tu lui dois et plus encore que cela, c'est tout simplement un fait ; il le faut.

Ce jour-là, c'est le jour où je suis parti... mais, pas le jour que tu crois... tu... tu sais, j'ai la possibilité de faire plein de chose dans mon état ((et tu ris jaune)) comme retourner dans le temps, ces trucs de malade quoi... souffles-tu finalement et tu sembles déjà manquer d'air, tu veux pas voir ça, tu veux pas voir la déception, la colère, le dégoût, l'incompréhension -- c'est la première fois, la toute première fois que tu ne veux pas voir son visage, que tu ne veux même pas l'imaginer.

Et... merde... je...

arrache le pansement
sur la plaie ouverte
(béante)

Tu vas tellement, tellement, tellement, me haïr...

((t'as les larmes dans la voix))

Mais j't'ai effacé la mémoire, Cal...

ce jour-là, c'est celui que t'oublies pas

-- et il se haït tellement, tellement, tellement.






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Sam 4 Nov 2017 - 8:26

Stay ; feat. Reese



Il t'avait dit, pas maintenant, pas ici, pas comme ça, et sa réaction t'avait donné envie de le prendre dans tes bras, t'avait donné envie de lui dire de laisser tomber, de pas te dire, que pour lui, t'étais prêt à pas comprendre, toi qui comprenait toujours, toi à qui rien ni personne n'arrivait à dire non, toi qui rien ni personne ne te faisait flancher.

Sauf Reese.
Toujours Reese.

Il t'avait dit, pas maintenant, pas ici, pas comme ça, alors tu lui avais dis de venir chez toi. Et si la route a été longue, elle a surtout été silencieuse, dévorante, et tu avais l'impression que la nuit allait vous tuer, qu'elle allait vous dévorer. Témoin de votre relation chaotique, la nuit reste silencieuse, la nuit est souvent silencieuse, témoin intemporel, qui garde et observe. T'as eu ta main qui a fait des allers-retours, qui a failli attraper la sienne, qui a failli la prendre pour le tirer contre toi, pour l'emmener loin d'ici, loin de tout ça. T'as eu ta main qui a fait des allers-retours, qui a failli attraper la sienne, qui a failli la prendre, pour quitter cette ville, pour recommencer autre part, quelque part où personne ne vous connaît, quelque part où personne ne vous reconnaîtrait.

T'as monté les marches de ton immeuble avec la peur au ventre, sans trop savoir pourquoi. Rien ne te terrifie, d'habitude, rien ne te fait peur, rien ne te fait avoir les mains moites. Et pourtant... Tu as ouvert la porte de ton studio, plus grand que la normale, et tu l'as laissé rentré, et il s'est assis sur le lit, et t'as fermé la porte, passé le verrou, parce que tu le fais toujours, parce que c'est instinctif, mais là, tu avais eu cette sensation qu'il fallait fermer le verrou. Comme pour l'empêcher de partir une nouvelle fois.

Tu sais, y'a ton cœur qui battait si fort, tellement fort dans cet appartement silencieux, et tu t'es posé à côté de lui. Y'a ta voix, si douce, toujours si douce quand tu es avec lui, qui lui a dit de se calmer, de respirer, de pas se prendre la tête. Parce que Calum, rien de ce qu'il ne pourrait te dire te fera fuir, n'est-ce pas ? Rien de ce qu'il ne pourrait te dire te fera partir loin de lui.... n'est-ce pas ?

Et t'sais Calum, t'as eu l'impression que ton cœur s'est arrêté de battre, quand il a pris la parole.

Mais j't'ai effacé la mémoire, Cal.

Le cœur ne peut pas s'arrêter de battre, s'il s'arrête, le corps meurt, donc le cerveau meurt, et la personne en elle-même meurt. Ton cœur ne s'est pas arrêté de battre Calum, parce que sinon tu serais en train de mourir. Et pourtant, pourtant tu as cette terrible impression que ton cœur s'est arrêté, qu'il a arrêté de battre, et que t'es littéralement en train de crever. Et tu sais, t'as l'impression qu'il s'est arrêté, et en même temps, tu l'entends battre à tes oreilles, comme si le sang pulsait trop fort. T'es en train de crever, putain. Putain Calum, il vient de te tuer.

Mais j't'ai effacé la mémoire, Cal.

Et tu regardes le sol de ton studio, assis sur ton lit, Reese si proche de toi. Et tu as envie de pleurer, et t'as envie de rire, parce que c'est horrible, et en même temps, c'est rien. Parce que tu t'attendais à pire, et en même temps, qu'est-ce qui peut être pire que ça ? T'as tellement merdé qu'il t'a effacé la mémoire. Calum... Calum t'as du être le pire des connards.

Et t'as effacé quoi ?

Un murmure qui s'échappe de tes lèvres alors que tu n'oses le regarder. Un murmure qui s'échappe de tes lèvres alors que tu as envie de pleurer. Un murmure si bas, qu'il n'entend peut-être pas, et qui semble pourtant si fort, que tu pourrais l'avoir hurlé. Un murmure si bas, tourné vers le sol, parce que tu n'oses pas, non tu n'oses pas le regarder.  




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Sam 4 Nov 2017 - 9:15



et t'as effacé quoi ?
hein, t'as effacé quoi, reese ?
qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé,
ce soir-là
ce jour-là
cette fois-là

((?))

Tu déglutis et t'as du mal à avaler, t'as cette impression littérale d'étouffer et t'aimerais, t'aimerais avoir le courage de le regarder -- mais tu ne l'as pas, t'as pas ce courage là, t'as pas ce courage là avec lui, jamais avec lui alors que t'as cette impression, t'as cette impression que tu pourrais tout surmonter avec lui, tu sais, tu sais que tu ferais n'importe quoi pour le combler en vérité, c'est simplement -- oh, c'est simplement plus compliqué.

Je t'ai effacé...

t'as envie de gerber
t'as envie de te tuer
t'as envie de t'arrêter
t'as envie de pleurer

J'ai effacé la soirée où on s'est vu pour la dernière fois...

comme une nécessité
comme un besoin de cacher
de cacher qu'en vérité
en vérité

... Je... je, je voulais pas, le faire...

oh, il est si désolé

Je voulais vraiment pas le faire mais... mais...

mais

Mais tu m'as obligé à le faire....

il a tellement de regret

-- et t'étouffes, t'étouffes dans l'anxiété.








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Sam 4 Nov 2017 - 9:32

Stay ; feat. Reese



Et il ouvre la bouche, il te répond, et tu n'oses pas le regarder, tu n'oses toujours pas le regarder. Tu caches tes mains tremblantes en les liant entre elles et tu les regardes, ces mains qui sont faites pour sauver des vies, ces mains qui vont devenir les mains d'un chirurgien. Tu les regardes sans les voir, et tu es perdu, perdu, perdu, tu ne comprends plus. Il a effacé la soirée où vous vous êtes vus pour la dernière fois, et tu as l'impression de crever. Tu pensais qu'il avait disparu, d'un coup, alors que vous vous étiez vu pour la dernière fois en cours, et tu t'en étais tellement, tellement voulu de ne rien avoir vu, et là, maintenant, il te dit que c'est faux ? Il te dit que tu l'as vu après ça ?

T'as envie de vomir.
Et tu regardes tes mains.
Et t'as toujours envie de vomir.

Tu entends sa voix, paniquée, apeurée, et il te dit. Il t'avoue enfin... que c'est toi qui l'a forcé, et y'a ton cœur qui flanche, t'as les larmes qui montent à tes yeux noisettes. Non, non ce n'est pas possible, tu n'aurais pas pu le forcer, l'obliger à t'effacer la mémoire, tu n'aurais pas pu le faire parce que, parce que tu chéris chaque instant avec lui, parce que tu chéris chaque souvenir avec lui, alors non, tu n'as pas pu lui dire de t'effacer la mémoire, ce n'est pas possible, même le sous-entendre... non. Non.

Et tu entends sa voix, sa respiration, s'accélérer, tu l'entends inspirer, et ne pas expirer. Et tu lèves enfin les yeux vers lui. Il panique. Il est en pleine crise. Pendant un instant, tu ne sais pas quoi faire, pendant un instant, tu as un moment où tu ne sais pas quoi faire, où tu ne sais pas comment agir, alors que pourtant, on t'apprend ça dès la première année de médecine. Ce n'est pas le futur médecin en toi qui agit, non, non bien-sûr que non, c'est l'ami, le mec amoureux, l'adolescent, le mec... le mec amoureux, Calum. T'es toujours amoureux de lui, putain. Tu l'aimes toujours autant qu'avant, et ça veut pas partir, ça partira pas, jamais.

Ta main glisse sur sa nuque, son front se pose contre le sien et tu l'obliges à te regarder.

Respire, respire, j'suis là, okay ? Je pars pas, j't'ai dis que je partais pas. Regarde moi, ça va. Ça va. Respire. Respire Reese, j'suis là, okay ? J'suis là.

T'as envie de pleurer. T'as les larmes aux yeux, et sûrement qu'il pourra les voir, peut-être qu'il n'y fera pas attention, peut-être qu'il le remarquera, mais tant pis, au final, tant pis, tu t'en fous.

Je suis là, je suis là.
Respire pour moi.
 




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Sam 4 Nov 2017 - 10:37


Tes yeux s'étaient posés sur les siens, ils s'étaient posés dans le marron de ses prunelles à l'image d'une terre brûlée, dans cette banalité qu'il n'y avait pas vraiment, tes yeux s'étaient posés dans les siens et t'avais su, t'avais su à cet instant que tu ne pourrais plus jamais, plus jamais le lâcher des yeux ; et vous n'étiez que des enfants, des enfants seulement âgés de onze ans, des enfants qui s'aimaient déjà passionnément -- puis vous avez grandis, vous avez ris, pleurés, chantés, hurlés, criés ensemble, jusqu'à transpercer le ciel, jusqu'à inscrire dans vos veines cet amour mutuel, puis cet amour fraternel et enfin, enfin, cet amour éternel.


-- puis, pour lui, tu l'as lâché des yeux.

Tu ne sens pas sa main sur sa nuque et en vérité, en vérité tu n'entends qu'à partir du moment où il prononce ton prénom, au moment où il te dit, il te dit qu'il est là ; qu'il est là pour toi -- et t'as toujours été là pour lui, t'as toujours, toujours été là pour lui et peut-être, malheureusement, un peu trop et peut-être, peut-être, bienheureusement, juste assez ce qu'il faut.

Tu fais une crise de panique et en vérité, ça doit bien faire des années, des années que t'en as pas fait -- alors t'inspires bien fort, sauf que t'y arrives pas, t'y arrives pas parce que c'est plus compliqué que ça et tu sais, tu sais que tu dois stopper ta respiration un moment, tu sais que tu dois retenir ton souffle un instant, mais t'y arrivera pas, t'y arrivera pas tout seul, t'arriveras pas à parler, t'arriveras pas à continuer parce que t'as pas de courage Reese, t'en as, mais t'en as pas, t'en as pas avec lui, t'en as pas pour ça, parce que c'est trop douloureux, c'est trop douloureux de garder ça pour toi, depuis quatre ans, depuis trop longtemps et peut-être qu'au fond de toi tu veux lui confier aussi, peut-être égoïstement, dans l'intérêt de pouvoir respirer, respirer un instant ; et tu suffoques tant, tant et si bien que t'ouvres les yeux, tu tombes et tu tombes...

...tu tombes dans le marron des siens, comme il y a dix ans, quand vous n'étiez que des enfants ; mais vous n'êtes plus des enfants, n'est-ce pas, Reese ? T'aurais aimé pourtant ; sauf qu'il y a de ça dix ans, vos yeux se sont accrochés comme une évidence, comme si c'était écrit, comme si c'était prédit et ses yeux, ses yeux étaient si beaux et là, là, ses yeux sont noyés dans cette eau salée, dans des perles que t'as de toi-même créée et ça t'es insupportable, ça t'es totalement insupportable, parce que t'acceptes pas, t'acceptes pas qu'il puisse souffrir, qu'il puisse souffrir pour toi, t'acceptes pas de ne pas retrouver ce regard, ce regard que t'as toujours aimé, adoré, choyé.

T'acceptes pas ça.
Tout.
mais pas ça

Alors tes mains s'animent, ton corps se tourne peut-être un peu plus vers lui et tu te redresses, légèrement, juste assez pour que tes mains puissent glisser sur la peau de ses joues, que tes paumes puissent accueillir sa mâchoire, épousseter les traits fins de son visage (ah, et ta peau est douce) alors que tu ne le lâches pas des yeux (parce qu'il n'y arriverait plus) et il inspire un peu fort (plus jamais, il te le promet) et tu te rapproches, tu te rapproches, brusquement, c'est vrai, mais tout semble aller au ralentit alors qu'en vérité, en vérité, tes lèvres se plaquent sur les siennes surement trop vite et peut-être trop lentement aussi.

Il ne pouvait pas retenir sa respiration seul, c'est-ce pas ? -- c'est la dernière pensée logique que glisse ta conscience avant de s'échapper, s'envoler alors que tes paupières se ferment et que le baiser, parce que s'en est un, c'est un baiser un peu étrange, un peu précipité parce que, parce que t'avais besoin de respirer, parce que, parce que, en vérité, c'était un besoin impulsif, une nécessité pour respirer quand bien même tu serais dénué d'anxiété.

Alors, alors, tes doigts caressent ta peau et tes larmes silencieuses se mêlent aux siennes alors que tes pouces brassent la peau de ses joues comme s'il était le plus précieux des trésors, comme si t'avais peur qu'il se dérobe, comme si t'avais peur de ne plus pouvoir sentir la chaleur de ses lèvres, la douceur de sa peau, son odeur sur tes mains, son cœur dans tes oreilles, son corps face au tien et, et... et doucement, lentement, oh, Reese, tes larmes redoubles, ça fait si mal, mais, doucement, lentement, tes doigts se rétractent alors qu'ils se cachaient derrière ses oreilles et, et doucement, lentement, tu poses tes majeurs et ton index sur ses tempes et tu trembles, tu trembles Reese, tu trembles tellement que t'as peur qu'à n'importe quel moment, qu'à n'importe quel moment -- oh, tu ne sais plus, tu ne sais plus mais t'as peur, t'es terrifié, rongé par l'appréhension.

Y a cette chaleur dans ton cœur, cette chaleur que produit cet échange, cette douceur, cette tendresse, cet amour que tu lui portes et qu'il t'a un jour, porté, y a ce bonheur trop grand pour être décrit, ce bonheur littéral, viscéral, abominable qui te donne, qui te donne ce courage, ce courage que tu n'as pas, ce courage que tu as eu une fois, ce courage de lui retirer tout ça et ce même courage que tu utilises une nouvelle fois pour lui donner ce qui lui appartient de droit.


Alors tu lui rends son souvenir ; tu lui restitues, tu le reconstruis, de bout en bout et tu ne penses qu'à ça dans ton esprit, dans ce lien que tu crées du bout de tes doigts, tu ne penses qu'à ce jour-là, ce jour pas comme les autres, ce jour qui fut la dernière fois -- et ton cœur Reese, ton cœur se meurt.



flashback -- 4 ans en arrière


((ce jour-là))

Aujourd'hui.
A cette soirée-là, t'es là, encore et toujours là et tes prunelles sombres parcourt le reste de la salle avec cet air morne, cet air qui ne te quitte plus, cet air que tu caches, que t'as toujours caché parce que c'est plus simple n'est-ce pas, moins compliqué de laisser les choses de côté -- sauf que t'as laissé pourrir ton cœur Reese, t'as laissé les idées noires prendre les devants jusqu'à évincer toute particule de lumières et t'es là, maintenant, t'es là sans l'être réellement - parce que t'es déjà mort, Reese, n'est-ce pas ? Tu ne sais pas.

Tu ne penses à rien.

T'as froid.

Tu sais au moins ça.

Puis, puis, puis ton regard accroche son regard, ce regard que tu connais que trop bien, ce regard, ce regard qui est la raison de ta présence ici, ce regard qui est le pourquoi du comment, toujours ce regard qui sera ta perte et peut-être, peut-être la raison d'un prolongement inattendu -- mais t'es pas encore là Reese, t'y es pas encore et pour l'instant, pour l'instant tu ne penses à rien, tu ne vois que son regard, ce regard qui - (ah) et ton cœur cogne, cogne violemment, brusquement et t'as cette impression, t'as l'impression de suffoquer et tu sais, tu sais que tu dois le voir -- pour pouvoir respirer.

Alors tu t'avances et tu le rejoins, évitant la foule dans laquelle tu ne t'intègres pas, tu marches, tu marches vers lui, t'as pas la force de marcher mais tu marches, pour lui, vers lui, seulement et toujours pour lui ; et tu te recomposes ce visage, ce visage serein, ce visage bien mais assez sérieux, comme si tu avais besoin de dire quelque chose d'important, mais sans plus, tu sembles juste, juste aller bien.

Tu ne sais pas vraiment comment tu vas.
Tu ne sais plus vraiment où tu en es.

T'as juste envie que ça s'arrête.


Alors tu le rejoins, tu le rejoins enfin et immédiatement tu captes son sourire et ton air légerement sérieux ne peut que s'éffondrer et ton sourire ne peut que s'élever -- tu n'es pas heureux, mais il semble l'être alors pour lui, pour lui tu le seras n'est-ce pas ?

Juste pour cette soirée-là.
Encore cette soirée-là.
Pour ce jour comme les autres.
Ce jour dont tu te souviendras.
Alors que tu embrasseras le vide.
Tu repenseras à ce regard là.
Ce regard, ce regard oh bon dieu, ce regard.

Heyy mec, ça va ? souris-tu et la question semble superficielle, il semble bienheureux mais t'as juste envie de l'entendre dire, t'as juste envie d'entendre sa voix, t'as juste envie qu'il te regarde, qu'il te regarde...

...juste pour une dernière fois.

Faut que j'te parle, ça te dit de t'poser ailleurs, comme d'ab ?






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Sam 4 Nov 2017 - 11:05

Stay ; feat. Reese



Il t'embrasse. De cette tendresse un peu bizarre, de ce besoin un peu viscéral, de cette envie impossible et improbable. Ton cœur fait une embardée, ta main se resserre sur sa nuque, et peut-être, peut-être que, toi aussi, de cette façon égoïste, tu l'embrasses aussi. Tu l'embrasses pour la première fois, tu l'embrasses avec tout cet amour que tu lui portes, te rapprochant de lui, le rapprochant de toi, si proche, tellement proche. Et tu aimerais que ça ne s'arrête pas, tu aimerais que ça continue, tu aimerais effacer tout le reste, ne pas penser à ce qu'il veut te dire, tu aimerais juste le faire taire, l'embrasser, encore et encore, effacer les traces sur son corps par tes lèvres, par ton amour. Tu aimerais l'aimer sur ce lit froid qui n'a vu que toi, qui n'a connu que tes révisions et ton sommeil agité. Tu aimerais l'aimer, lui montrer, l'adorer, ne jamais le quitter, embrasser sa bouche comme si c'était le plus précieux des trésors, caresser son corps comme si un seul frôlement pouvait le briser, l'aimer. L'aimer, encore et encore. L'aimer toujours. Et tu l'aimes, tu l'embrasses avec tout cet amour, même quand vos larmes viennent se mélanger à vos lèvres, même quand il suffoque, hoquette à cause de ses pleurs. Tu continues de l'embrasser même quand ses mains glissent sur ton visage, tu l'embrasses, l'embrasses, l'embrasses encore, comme un désespéré, comme un condamné, comme si c'était les dernières secondes de ta vie, comme s'il pouvait te sauver, comme s'il avait ce pouvoir divin, salvateur.

Comme s'il était tout ce que tu étais.
Comme s'il était tout ce que tu seras.

Et puis tu te retrouves là.
Quatre ans en arrière, sans pouvoir rien y faire.

T'as l'alcool qui vibre, t'as le rire facile, et t'as le regard qui vagabonde à la recherche de Reese. Parce que tu partais toujours à la recherche de Reese, parce qu'il y avait toujours Reese dans ton entourage, car c'était Reese et Calum, et c'était Calum et Reese. Car l'un ne va pas sans l'autre, et l'autre ne va pas sans l'un. Parce que vous êtes ces amis, indéfinissables et sans faille, parce que vous êtes ces êtres qui sont toujours ensemble, quelque soit la soirée, l'envie, le cours, la sortie. Parce que c'était Reese et Calum et que c'était Calum et Reese.

Un sourire, un regard qui s'échange alors que tu ris à une blague que tu écoutes à peine. Et y'a ton cœur qui tambourine, y'a tes lèvres qui s'étirent quand tu vois Reese se diriger vers toi, parce que t'es amoureux, Calum, t'es amoureux de ton meilleur ami, t'es amoureux à en crever, amoureux à t'en saouler. T'es amoureux de ce mec, de son rire, son regard, son corps, son sourire, son humour, son être tout entier. Sa voix parvient à tes oreilles, couvre la musique à la mode et tu hoches la tête, lui fait un clin d’œil. Oui, oui, tout va bien. Tout va bien, puisqu'il est là.

Faut que j'te parle, ça te dit de t'poser ailleurs, comme d'ab ?

Son ton fane ton sourire, à peine et tu hoches la tête, récupères ta bière sur le meuble le plus proche et tu slalomes entre les gens et abandonnes l'appartement, descends les marches et t'installes à l'extérieur, assis sur le trottoir, les jambes sur la route vide. Tu sors une cigarette que tu lui tends alors que tu en sors une autre pour toi, que tu allumes rapidement et tu le regardes après une inspiration de cancer, tu le regardes et lui souris.

J'suis là, j't'écoute. De quoi tu voulais qu'on parle ?

Parce qu'il n'y a pas que lui, qui parle, Calum. Parce que c'est toi et lui, parce que c'est lui et toi. Parce que ça a toujours été comme ça, depuis votre première rencontre. Il n'y a rien, rien qui puisse changer ça. Ça a toujours été Reese et Calum, et ça a toujours été Calum et Reese. Alors rien ne pourra changer ça. Même si c'est lui qui parle, c'est toi qui écoute, même si c'est lui qui parle, c'est toi qui l'abandonne pas.

Et t'as le cœur qui tambourine, et t'as peut-être, cet espoir infime, qu'il te dise, qu'il te le dise.
Hé, tu sais mec, j'crois que j't'aime.
De façon à ce que tu puisses lui répondre.
Hé, tu sais, j'crois que j't'aime aussi.  




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Sam 4 Nov 2017 - 11:40


Tu sais Reese, tu n'aurais pas du y aller et tu sais, tu sais tu n'aurais pas du lui dire, t'aurais du rester chez-toi dans ta chambre trop petite, t'aurais du prendre ton envole sans un mot, sans une parole, parce que, parce que tu vas lui faire du mal tu sais et tu vas le regretter, tu vas le regretter pendant des années mais tu ne le sais pas encore, tu ne le sais pas encore parce que, parce que t'es peut-être égoïste ou peut-être pas, tu sais juste que tu devais lui dire, tu devais lui dire parce, parce que c'était comme ça, c'était pas n'importe qui, c'était lui et au fond, au fond Reese, tu sais que ça à toujours été lui.

Tu l'aimes -- bien sûr que tu l'aimes. Tu l'as toujours aimé et tu l'aimeras toujours, mais avant, avant ça, tu l'aimais comme ton frère, comme ta famille, comme ton soleil et ta goulée d'oxygène mais depuis peu, depuis un moment, quand t'étais avec lui et t'étais toujours avec lui, t'arrivais pas à détacher le regard de ses lèvres, t'arrivais pas à contenir ton cœur quand son rire se répercutait dans tes oreilles, t'arrivais pas à retenir tes doigts de se mêler de gêne ; mais t'as jamais compris, tu comprenais pas, tu pouvais pas comprendre parce que ce qui était entrain de se créer, ce qui faisait pulser ton palpitant plus fort et monter ton sang brusquement, c'était quelque chose que tu ne connaissais pas, que tu n'avais jamais vraiment vu, que tu ne pouvais pas te l'avouer sans vraiment en avoir une petite idée -- et cette petite idée, cette idée qui a germé, tu l'as compris aujourd'hui.

Tu ne devrais pas être là.

Il ne te répond pas, pas vraiment, pas à voix haute et c'est débile hein, mais t'es déçu, t'aimes sa voix plus qu'aucune autre voix, elle a ce timbre, ce velouté qui te fait frissonner mais t'auras encore le temps de l'entendre n'est-ce pas ? T'auras encore le temps, juste un instant, un petit moment -- le temps d'une seconde trop longue ; une seconde assez longue qui te sauvera la vie, une seconde où tu verras ce regard, ce regard qu'elle n'avait pas, ce regard qu'elle n'avait jamais eu et qui l'aurait peut-être sauvée ; qui sait.

Tu aurais aimé la sauver.
Tu aurais aimé te sauver.

((tu devrais pas être là))

Tu t'assois à son tour, prêt de lui et acceptes la cigarette sans rechigner - tu n'y trouvais plus rien, plus cette vilaine forme de satisfaction et de déraison, mais à quoi bon maintenant, t'allais mourir, de toute façon.

Pas vrai ?

J'suis là, j't'écoute. De quoi tu voulais qu'on parle ?

Tu lui souris mais tu ne répond pas tout de suite, tu lui souris parce qu'il mérite mille et un sourire Calum, tu le sais, il mérite le bonheur, la joie, il mérite l'amour et tout ça mais tu ne peux pas lui donner Reese, tu peux pas lui donner parce que t'as plus rien, t'as absolument plus rien -- et c'est peut-être là que tu te trompes, tu as Calum et c'est suffisant, bien sûr que c'est suffisant.

Mais il mérite pas ça.
Pas lui.
(non)

...J'compte partir. avoues-tu en le regardant après une envolée de fumée - tu t'es répété cette conversation un milliard de fois, tu sembles connaître tout ce que tu diras sur le bout des doigts mais en vérité, t'arrives pas, t'arrives pas parce que au fond, t'as un peu peur mais t'as peur pour lui, pas pour toi, t'as plus peur pour toi -- c'est fini.

tu comptes partir
tu comptes mourir





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Sam 4 Nov 2017 - 11:48

Stay ; feat. Reese



Il fume, lui aussi, et y'a ce silence qui s'installe, ce silence qui t'embrase. Et peut-être que t'as vraiment l'espoir, que t'as vraiment cette envie qu'il te dise ces mots que tu n'oses pas lâcher. Peut-être que tu souhaites vraiment cette réciprocité, ne plus l'aimer à sens unique comme depuis de longs mois, quelques années, même. Tu sais, tu veux juste que vous soyez heureux, lui et toi, prendre un appart, vivre en coloc, faire des soirées à n'en plus pouvoir, vivre. Et peut-être, peut-être, qu'un jour, il sera amoureux de toi, peut-être qu'un jour, ce sera réciproque, peut-être qu'un jour, tu pourras lui dire je t'aime, et qu'il répondra moi aussi. Peut-être.

... J'compte partir.

Et tout se brise. Tout cet espoir, toute cette envie. Et tu baisses les yeux un instant, réfléchis à mille à l'heure. Okay. Okay, il compte partir. Quitter cette ville de merde, loin de toi. Tu comprends, tu comprends totalement, alors tu lui réponds :

Okay. Et on part où ?

Parce qu'il ne partira pas sans toi, tu ne le laisseras pas partir sans toi, parce que ça a toujours été lui et toi. Alors s'il part, Calum, tu pars avec lui, tu peux même partir maintenant, avec une main devant une main derrière, avec seulement quelques billets sur toi, ton téléphone et ta veste trop légère pour le futur hiver. Tu peux partir maintenant, casser la vitre d'une voiture, partir, ne plus jamais revenir. Tu sais, tu peux partir avec lui, là, maintenant, tout de suite.

On part ce soir ?

Parce que tu laisses rien derrière, parce que y'a que tes parents, mais que t'en branles, parce que y'a que ta richesse, mais ce que tu as de plus précieux, c'est Reese. Alors tu t'en fous, alors tu peux partir, n'importe quand, n'importe où, tant qu'il est là, avec toi, et tant qu'il reste là, avec toi. Tant que tu peux le regarder, tant que tu peux entendre son rire, voir son sourire. Tu t'en fous de l'endroit, tant qu'il est là. Tu peux être à rue que t'en aurais rien à foutre. Alors oui. Oui Calum, tu pars avec lui, tu pars n'importe où, tu pars n'importe quand.

Tu pars.
Sans hésitation.  




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Sam 4 Nov 2017 - 12:01


Tu fermes les yeux.

Tu te mords la lèvre.

Tu viens pas avec moi. ((cal)) y a ce surnom aux bouts des lèvres mais il sort pas, il sort pas parce que tu ne dois surtout pas craquer, tu fermes les yeux parce que son regard suffirait à te faire flancher, tu te mord la lèvre pour éviter, éviter de lui dire okay, viens, viens on part, on avance et on se retourne pas.

Mais tu peux pas.
Parce que tu vas mourir.
Encore une fois.

Même si je le voulais, tu pourrais pas me suivre... et tes paupières se soulèvent avant de tomber dans ce regard et tu sais, tu sais que t'es es toujours amoureux de son regard, Reese ? Même des années plus tard, tu y penseras quand il sera pas là, tu y penseras pour sourire et vivre, tu y penseras comme pour te dire n'oublie pas.

-- n'oublie pas cette soirée-là.


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Sam 4 Nov 2017 - 12:12

Stay ; feat. Reese



Tu viens pas avec moi.
... quoi... ?

Comment ça, tu pars pas avec lui ? Comment ça, il part sans toi ? Comment ça il part dans un endroit où tu peux pas le suivre ? Tu comprends pas, tu comprends rien. Tu abandonnes ta cigarette sur la route, dans le caniveau et tu te tournes entièrement vers lui, t'es paniqué, t'as peur, t'es terrifié. Pourquoi ? Pourquoi il veut partir sans toi ? Pourquoi il veut t'abandonner ? Qu'est-ce que t'as fais ? Pourquoi... pourquoi ça ne peut plus être lui et toi.

Tu ouvres la bouche, la refermes et tes mains viennent frotter sur son pantalon, et tu le regardes, viens te mordre la lèvre, ouvrir la bouche, la fermer. Tu ne sais pas quoi dire, quoi faire. Non, il ne peut pas partir sans toi, il ne peut pas partir sans toi, il ne peut pas te laisser. Sans lui, sans lui Calum, tu vis pas, sans lui, c'est que de la survie, sans lui, c'est pas une vie.

Tu peux pas partir comme ça, tu peux pas me laisser derrière. C'est toi et moi Reese, ça a toujours été toi et moi, c'est... c'est, j'sais pas, tu peux pas me dire que tu te casses et penser que je te suivrai pas. Putain Reese, j'te suivrai jusqu'au bout du monde bordel.

Une main tremblante passe dans tes cheveux, les emmêle et tu baisses les yeux. Il peut pas partir comme ça, il faut que tu le retiennes, il faut que tu le retiennes, ou si tu n'arrives pas à le retenir, il faut qu'il te laisse partir avec toi, il faut qu'il sache, il faut qu'il sache à quel point il est important pour toi, à quel point... non, non. Ton cœur palpite, et tu tentes de calmer ta respiration qui s'est accélérée si fort, si vite. Tu ne peux même pas te lever, tu n'es pas sûr que tes jambes te porteraient.

Reese tu... tu comprends pas...

Quel égoïste tu fais, Calum.

Tu peux pas, tu peux pas me laisser derrière comme ça, putain je peux pas te laisser partir sans moi, j'peux pas.

Non, tu peux pas. Mais peut-être que ce serait mieux pour lui ? Recommencer sa vie ailleurs, loin des personnes qu'il connaît, loin de toi. Et puis, y'a toujours internet, le téléphone, c'est pas comme s'il allait disparaître, n'est-ce pas ? Et pourtant, pourtant putain...

Reese putain... je t'aime, tu peux pas partir comme ça. Je t'aime, tu peux pas me laisser derrière. J'm'en fous, si c'est pas réciproque, je sais que c'est pas réciproque j'm'en branle, mais me laisse pas derrière, y'a que toi qui compte Reese, y'a que toi, tu comprends ? Et j'peux pas, j'peux pas te laisser partir comme ça, j'peux pas. J'm'en fous, j'te suivrai, j'en ai rien à foutre.

Et tu relèves ton regard embué de larmes vers lui, tes mains serrées sur ton jean. Il peut pas, il peut pas partir sans toi, il peut pas te laisser derrière, t'en as rien à foutre, si c'est pas réciproque, mais c'est ton meilleur ami, c'est ton meilleur ami putain, le seul, l'unique, celui à qui tu donnerais tout, c'est le mec que t'aimes depuis des années, alors tu peux pas, tu peux pas le laisser filer sans te battre, tu peux pas faire ça.

Reese putain je... okay, tu veux tout recommencer, mais s'il te plaît, s'il te plaît, ça a toujours été toi et moi... ça a toujours été comme ça, tu peux pas, tu peux pas....

Et tu le supplierais presque.
S'il te plaît je t'en supplie, ne m'abandonne pas.  




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Sam 4 Nov 2017 - 13:14


T'aimerais refermer les yeux, t'aimerais que tout redeviennes noir, t'as hâte finalement, t'as hâte que tout redeviennes noir, que tout se finisse, une bonne fois pour toute mais t'as pas le droit de fermer les yeux, t'as pas le droit de détourner le regard parce que t'es venu pour ça, t'es venu pour lui dire, parce que tu devais lui dire, t'as pas pensé aux conséquences ou juste un peu, mais qu'importe -- c'était dans tout les cas un devoir de lui dire, un devoir qu'il sache, parce que, parce que c'est lui et toi, c'est toi et lui et ça a toujours été comme ça.

Quand t'étais encore là.
Mais t'es plus là.

Contrairement à ton cœur qui bat la chamade, qui bat si fort comme s'il essayait à son tour de te frapper, de te faire du mal, de s'arrêter, comme s'il savait qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps, plus beaucoup de battement -- mais ça, ça c'est rien, c'est rien face à ce qu'il te montre, face à ses larmes, sont désarroi, sa peur, son désespoir, c'est rien face à tout ça et t'as cette impression, cette impression de mourir plus vite, t'as cette impression qu'on t'achèves une dernière fois, l'impression de déchirure dans cet organe qui ne t'es plus vraiment vital.

Et dans tout ça, il te dit qu'il t'aime.
Oh, tout ça te montre à quel point il t'aime.
Mais il te le dit, il le dit vraiment.
Je t'aime.

Oh non.
non, non, non, non
pas ça
Oh non.

Ça t'es impossible, ça t'es impossible de pas réagir et c'est presque un automatisme parce que t'existes déjà plus Reese, c'est poussé par ce besoin de le protéger, de le protéger de tout et surtout de toi, alors tes doigts plient la cigarette que tu tenais à bout de doigt avant de la laisser tomber, la laisser tomber pour pouvoir bien lui faire face sur ces marches d'escaliers avant que tes mains ne viennent se déposer sur ses joues, prenant son visage en coupe et tu sais pas vraiment ce que tu fais mais tu peux pas, tu peux pas le regarder pleurer comme ça, tu peux pas le voir dans cet état là, y a tout qui te rattrape et tu regrettes déjà, tu regrettes déjà de lui avoir dit, alors que - alors que vous étiez sensé tout pouvoir vous dire.

Non, non, non, Cal, c'est pas ça, je...

comment veux-tu lui dire
"je vais mourir"
alors que l'idée de partir
lui fait bien trop souffrir


Et merde... lâche-t-il bien malgré lui, alors que l'envie de pleurer se fait elle aussi ressentir et tes lèvres tremblent, tu le sais, tout comme tes doigts sur sa peau mais qu'importe, qu'importe, tes pouces viennent recueillir les perles glacées qui s'écoulent sur ses joues et ça t'es insupportable, insurmontable -- ça devrait pas faire si mal.

C'est toi qui comprend pas Cal, c'est plus compliqué que ça, je... C'est moi qui t'aime, c'est moi qui t'aime, inverse pas les rôles, t'as pas le droit de m'aimer, pas maintenant, pas là, surtout pas là, merde, merde, merde, t'as pas le droit... et t'arrives pas à garder ton calme, c'est impossible, alors qu'il est là face à toi et qu'il semble tant, tant souffrir, ça te semble impossible.

S'il ne supporte pas que tu partes.
Comment veux-tu qu'il supporte que tu t'écrases sur le sol, que ta mâchoire s'éclate sur le bitume et que ton sang se propage sur le trottoir -- t'as pas le droit Reese, t'as pas le droit de lui infliger ça, parce que tu sais, tu sais qu'il te lâchera pas, pas si facilement, tu le savais, tu le savais au fond de toi mais le besoin de lui dire, de toujours tout lui dire, t'avais semblé être essentiel, indispensable -- parce que c'était lui et toi, toi et lui, c'était Calum et Reese, c'était Reese et Calum.

T'as ce besoin soudain de retourner en arrière, de recommencer mais l'idée même de faire semblant, de reprendre quelques minutes de cette soirée, te semble totalement insurmontable -- et puis, et puis, il y a cette idée insidieuse qui se glisse, elle se glisse dans ton esprit jusqu'à ce que tu ne puisses penser qu'à ça ; pour le sauver, pour le sauver lui plus que pour te sauver toi.

... Okay... okay, okay, okay, d'accord... souffles-tu alors et tu sens quelque chose d'humide au bord de tes yeux et s'écouler sur ta peau alors que tu rapproches ton visage du tien, comme si t'avais envie, comme si tu crevais de l'embrasser, de le calmer, de vous calmer, et tes doigts glissent lentement vers ses tempes, lentement, doucement et t'as cette envie de te les arracher, de te les couper, t'as cette envie qu'il t'arrête, que tu t'arrêtes mais tu continues, jusqu'à arriver, enfin, à ses tempes et tu sens dans le bout de tes doigts, tu sens ce lien jusque dans les fibres de tes mains.

Je suis là... je pars pas... okay ? okay...

et puis, oublie-moi


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Sam 4 Nov 2017 - 13:49

Stay ; feat. Reese



Et il te dit non, et il te dit que c'est toi qui comprend pas, il te dit que c'est pas ça, il te dit, il te dit ce que t'as toujours voulu entendre, ce que t'as voulu entendre depuis des mois, ce que t'as voulu entendre, ce que t'as rêvé d'entendre, ce que tu t'imaginais, des fois, les yeux fermés. C'est moi qui t'aime. Et t'as envie de pleurer, et tu pleures, tu sais, tu pleures vraiment, tu hoquettes et tu pleures. Il peut pas te laisser, il peut pas te dire ça et partir, il peut pas t'abandonner. Tu peux pas vivre sans lui, ça va être horrible de vivre sans lui, vivre sans lui, c'est comme essayer de vivre sans soleil, c'est possible, mais tellement horrible. Tu peux pas, il peut pas te faire ça, il peut pas, il peut pas partir, il peut pas putain, il peut pas.

Et il te dit, Calum, il te dit que c'est faux, que tu l'aimes pas, que tu peux pas l'aimer, pas comme ça, pas maintenant,et ça sort tout seul, entre tes larmes de peur, d'amour, de désespoir :

Ça fait des années, des années putain, des années Reese... c'est pas maintenant, ça fait des années, ça fait des années Reese...

Et y'a ses mains sur tes joues, y'a son front contre le tien, et tu fermes les yeux, tu te forces à respirer, respirer, respirer encore et encore. Tu tentes, mais tu n'y arrives pas. Pars pas, pars pas, pars pas sans moi. Il peut partir, il peut partir au bout du monde, tu veux juste pouvoir le suivre, tu veux juste pouvoir l'aider, l'épauler, être là, toujours être là, avec lui, pouvoir l'observer, le voir heureux, tu t'en fous du reste, tu t'en fous s'il t'aime pas en retour, tu t'en fous, t'en as rien à foutre.

 ... Okay... okay, okay, okay, d'accord... Je suis là... je pars pas... okay ? Okay...

Et tu hoches doucement la tête, les yeux fermés, tes mains glissant sur sa nuque, et tu retrouves ton souffle. Il part pas, il reste là, avec toi, il reste là, il reste là, Calum, il reste là pour toi. Et t'as envie de lui dire que vous allez chercher un appart, dès demain, que vous allez trouver un boulot, que tu vas faire en sorte que tes parents vous paient tout ce dont vous avez besoin. Tu veux lui dire tout ça, tu veux lui dire, mais t'arrives pas, y'a juste ce souffle, cette envie, terrible, horrible. Et ton nez vient se caler contre le sien, et tes lèvres, si proches des siennes, tes lèvres, entrouvertes, à chercher l'air qui te manque, à chercher cet oxygène qui doit remplir tes poumons, cet oxygène qu'il est le seul à pouvoir te donner, le seul, l'unique. Et t'es terrifié, t'es terrifié qu'il t'abandonne, qu'il parte sans toi, qu'il te laisse derrière.

Je t'aime... je t'aime putain ça fait des années... des années...

Et y'a tes lèvres, qui cherchent l'air, qui cherchent l'oxygène, et qui n'arrivent à le trouver, seulement quand elles se posent sur les siennes, humides de vos larmes, humides de votre amour qui pleure. Et tu l'embrasses, Calum, comme un amoureux, comme un désespéré.

Comme un condamné.  




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Sam 4 Nov 2017 - 15:07



ça faisait des années que tu l'aimais

Mais tu l'oublieras n'est-ce pas ?
Il en est persuadé -- il en restera persuadé jusqu'à, jusqu'à ce moment où les pieds au bord du vide alors que sa mémoire, sa mémoire antérieur lui vrillerait les tympans, il se souviendra, se souviendra de la sensation, la sensation de légèreté, la sensation de liberté puis la déchirure, la brisure, le froid, le sang -- le noir, plus que noir, rien que le noir éternel et intemporel.

Avant de croiser son regard.

présent -- 4 ans plus tard.

Le baiser se brise.

Ton cœur aussi.

T'es plus qu'en larme, t'es plus que tremblant, t'es plus qu'effrayé et tu te retires, tu retires vite bien vite parce, parce que t'as pas le droit, t'as juste pas le droit et t'aimerais au moins, au moins pouvoir affronter son regard, mais l’afflux de tes larmes est trop important, c'est comme un débordement et tu sais pas trop ce que tu fais, tu crois bien que tu pivotes pour poser tes coudes sur tes genoux et juste, juste pleurer et pourtant, pourtant tes sanglots son silencieux comme si tu ne te permettais pas le droit de faire de bruit, comme si tu ne t'autorisais pas à pleurer, pleurer, pleurer en vérité.

Mais tu parles.

Tu parles, même si c'est incompréhensible, tu parles même si t'es pas bien sûr de ce que tu dis, tu parles même si tu devrais te taire, bordel tais-toi, ferme ta gueule mais tu parles, parce que tu peux pas retenir tout ça, ça doit sortir, là, maintenant même s'il t'écoute pas, même s'il est déjà parti, même s'il s'en fout, tu parles et parles...

Après ça... après ça, après ça je t'ai retiré tes souvenirs parce que... parce que je pouvais pas vivre à ce moment là, parce que c'était pas possible de te laisser là après ça et te dire... Je... Je suis pas parti Cal, je comptais pas partir, je comptais mourir et tu pouvais pas, tu pouvais pas me suivre Cal, tu pouvais pas... j'pouvais pas te dire ça, j'pouvais pas et puis, puis j'me suis pas tuer et j'suis pas rev'nu, j'suis pas revenu putain, parce que j'te méritais pas, j'te mérite pas et qu't'aurais été bien mieux sans cette merde et... et j'savais même pas si j'allais survivre, j'ai fallit crever des milliards de fois après ça... j'savais même pas, je... je vaux rien parce que sans toi je serais juste pas là.

Et tu te tais.

-- tais-toi, ferme ta gueule.

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Sam 4 Nov 2017 - 15:24

Stay ; feat. Reese



Ça vrille, ça brûle, ça fait mal. Ça fait si mal, d'avoir tout ça qui revient en tête, d'avoir tout ça qui est là, dans ton esprit, alors que ça ne t'a jamais manqué, alors que tu as l'impression que tu ne l'as pas vécu, et pourtant... pourtant bordel, bordel. Ce baiser qui se casse, ce baiser qui se brise, ce baiser qu'il t'a donné juste pour te faire taire. Il ne te l'a pas donné parce qu'il en avait envie, non, il te l'a donné comme pour te restituer ce souvenir, ce souvenir horrible, ce souvenir où tu t'es confessé, ce souvenir où tu lui as avoué, ce souvenir où tu n'as pas réussis à le convaincre de rester avec toi. Il t'a rendu ce souvenir, comme pour te dire que tu étais un incapable, comme pour te rappeler à quel point tu ne lui servais à rien.

Et tu sais Calum, t'as les larmes qui coulent, silencieuses et doucereuses, qui viennent créer des sillons sur tes joues qui rougissent à cause de les essuyer. Et tu sais, tu l'as embrassé, tu lui as avoué, et tu sais, Calum, il t'a embrassé, mais seulement... comme si, comme s'il y était obligé, pour que tu puisses te souvenir. Et t'as envie de vomir.

Et il se détâche de toi, si loin, tellement loin, et tu restes là, sans bouger, à pleurer silencieusement sans oser parler, sans oser faire le moindre de mouvement. Juste... tu pleures, silencieusement, sans hoqueter, à essuyer tes larmes d'un revers de manche et tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais pas, tu ne sais plus. Il comptait se suicider, Calum, il te le dit, te le répète, et il pouvait pas t'emmener avec lui. Et il continue, tu sais, il pleure, mais il continue de te dire tout ça : il te méritait pas, il a failli crever des dizaines de fois, il vaut rien. Et tu pleures silencieusement, toujours, encore, sans bouger, immobile.

Il t'a volé ce souvenir.
Il t'a volé ce désespoir, cet amour, ce baiser éphémère.

Il te l'a pris, il te l'a volé, piqué, il l'a gardé pour lui, il a fait en sorte que tu ne te souviennes pas, que tu regrettes éternellement de ne rien lui avoir dit... Oh et maintenant Calum, oh maintenant, comme tu regrettes d'avoir ouvert la bouche. Peut-être que si tu n'avais rien dis, il ne serait pas parti. Tu ne comprends pas, tu ne comprends plus. Et t'as besoin de comprendre, t'as besoin de respirer, de boire quelque chose. Tu ne sais plus, tu ne sais pas comment réagir, tu ne sais pas quoi dire, quoi faire.

Ton corps se lève tout seul. Tu as encore l'impression d'avoir les jambes tremblantes, d'avoir ses lèvres contre les tiennes. Tu as l'impression d'avoir vécu ce moment il y a de ça quelques secondes, alors que ça fait plus de quatre ans que cette scène s'est réalisée. Tu arrives à te lever, et tu t'enfermes dans la salle de bain, dans cette salle de bain si petite, sans lumière, sans fenêtre, et t'as envie de pleurer encore plus, alors enfin, Calum, enfin, le premier hoquet sort, les premiers sanglots viennent secouer tes épaules, et tu te laisses glisser contre la porte, t'asseyant par terre, adossé contre elle. Et tu pleures, Calum, tu pleures comme un enfant à qui on a tout enlevé ; tu pleures comme un adolescent à qui on a volé le premier et dernier amour ; tu pleures comme un adulte qui se rend compte de son inutilité ; tu pleures comme une personne qui comprend que tu aimes à sens unique depuis des années.

Tu pleures, Calum, parce que t'as pas été capable de l'aider. Tu pleures, parce que t'es tout simplement rien, et que ce baiser... ces baisers n'ont rien été pour lui, ils n'ont été présents seulement parce qu'ils ont été forcé, et ça te détruit le cœur, ça te détruit ton cœur d'enfant tendre, ton cœur d'adolescent amoureux.

Il a failli mourir, Calum, et t'as pas été capable de l'en empêcher, t'as pas été capable de lui montrer, de lui dire que t'étais là, t'as pas été capable de comprendre, et il ne t'a même pas laissé le choix de comprendre, il a tout supprimé, tout effacé. Il a effacé cette période de vie comme on jette à la poubelle une chaussette trouée. Et t'as envie de pleurer, Calum, de pleurer, encore et encore, et de ne jamais t'arrêter. Et tu veux rester enfermer dans le noir de cette salle de bain trop petite, et peut-être, peut-être même que t'aimerais ne plus jamais bouger, et juste t'endormir, et tout oublier.

Et t'aimerais juste arrêter de l'aimer. 




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Sam 4 Nov 2017 - 15:45



Il part.
Il part comme t'es parti.

Toi, Reese, tu restes-là, tu restes-là et tu l'écoutes, tu l'entends pleurer plus fort encore que s'il était là à côté de toi, tu l'entends pleurer jusqu'au plus profond de ton âme et sa résonne, ça résonne si fort, trop fort et toi, toi Reese, tu restes-là, tu sais pas ce que tu fais mais tu restes là, tu sens cette humidité sur tes joues mais t'es juste-là, t'es toujours là et c'est peut-être ça le problème, c'est peut-être ça qui va pas au final, t'aurais vraiment du t'écraser la cervelle, il aurait pas eu à souffrir encore et encore, à souffrir encore et toujours - toujours à cause de toi, toujours toi Reese, alors tu restes là et tu l'écoutes.

Tu ne sais pas comment tu fais pour ne pas vomir.

Tes jambes ne peuvent très certainement pas te porter pourtant tu te lèves, lentement, doucement, sous ses pleurs qui te donne envie de t'arracher les tympans pour devenir sourd -- oh, t'aimerais perdre ce sens, t'aimerais ne plus entendre, plus jamais, tant que tu n'entends plus ses pleurs qui te brisent le cœur.

Un pas, puis deux et trois et tu t'avances, tu t'avances vers la salle de bain, toujours les larmes encore et toujours et tu laisses ta main se poser sur la porte, glisser légèrement et t'ouvriras pas, t'ouvriras pas parce que t'as pas le droit, peut-être ne veut-il plus de toi, peut-être ne veut-il plus avoir affaire à toi, peut-être que tu devrais disparaître, mourir, souffrir mais disparaître une dernière fois.

Tu feras tout ce qu'il te demandera.
En vérité, pour seulement arrêter ses pleurs, tu ferais n'importe quoi, tu serais presque capable de remonter dans le temps, presque capable de lui effacer une nouvelle fois tout ça, ces retrouvailles, ce vous que t'as pas su protéger -- et ça te semble absurde, un peu fou, mais si t'es capable de te crever, tu sais, tu sais que si c'était pas toi la cause de ses larmes, tu sais, tu sais que t'aurais pu tuer ; tu pourrais tout exterminer, t'exterminer toi-même simplement pour le combler.

Et tu l'aimes tellement Reese, tellement, que t'as préféré souffrir, t'as préféré prendre le risque de le perdre à jamais, de le perdre maintenant, plutôt que de le faire souffrir bien plus si tu n'avais pas agit ; tu veux qu'il soit heureux, avec ou sans toi et peut-être, peut-être que le mieux serait sans toi.

Tes doigts viennent glisser sur la poignet comme pour montrer ta présence et t'as envie de défoncer la porte pour pouvoir le prendre dans tes bras et t'excuser, t'excuser encore et encore mais c'est trop tard pas vrai ? T'as tout fait foiré -- alors, peut-être pour la dernière fois, toujours en pleurs, toujours le cœur qui se meurt, tu lui dit, même dans cette réalité-là :

Je t'aime...

je t'aime encore...
mais c'est trop tard.


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