J’ai le crâne qui bourdonne au bord de l’océan meuble
le calme résonne : j’ai mal à la gueule.
Une tristesse infinie
coule sur moi
comme autant de rideau de plomb
qui suintent en éclatant ma peau
j’ai la cage thoracique en feu
l’acide coule à flot
je n’ai pas le courage de me perdre
alors je erre
depuis des nuits
« Aleks, donne moi de la morphine »Il est appuyé dans la commissure d’une porte que l’obscurité dévore. Une tête blapharde, qui semble léviter au milieu du malheur. De la transpiration sur ses joues émaciées. De la transpiration ou des larmes déchainées ?
Combien de jours ?
Tout semble sec
Cette ville est devenue un désert
Cette ville ou mon âme
Il y a un petit ange qui ne sourira plus
pareil.
La vie est une pute.
Une pute.
Une pute.
Hiro est las
Hiro est là : sur le bord aquatique
l’herbe sèche pique sous ses mains
son dos est courbe
son regard est perdu
Hiro est là sans être
il guète
plus rien
non plus rien
Combien de temps, depuis qu’il n’a pas vu Kye ?
/ Ce serait trop dur. /
/ Ce serait trop moche. /
Combien de temps, depuis sa première injection ?
Il plane, Hiro
non
il s’’écrase.
Il y a des mains autour de ses jambes : elles sortent du ruisseau
qui est une rivière
qui devient une mère
océan de tourments
Il y a des mains
proches
pas loin
des mains qui glissent
La chaleur et le parfum
elle sourit et ses dents sont acérées
de diaphane sa peau
se ternie, un vert moisissure
Hiro se demande ce qu’il voit, depuis les reflets irisés du liquide
est-ce son passé ? son futur
Hiro, Hiro, Hiro
il y a des mains qui se rapprochent
qui sont témoins
bientôt
il sent quelque chose qui touche à sa nuque
Hiro a des frissons
la chaleur d’un bain
la chaleur d’une maison
le parquet de lattes de bois
elles claquent sous ses pieds menus
Une main qui se tends
une main à sa nuque, une caresse, un amant ?
baiser ou baffe ?
qui de…. qui est-ce ?
Et là, vif, vif, vif !
Un serpent qui s’enroule autour de sa gorge
Un serpent fluet mais un serpent
serpent-venin
venin-mal
Hiro sursaute :
Hiroréagit
Ses mains puissantes filent sur ce serpent de chair qui à son cou a jeté ses écailles
Il les attrape, CRAC
les serres, et ouvre la bouche
mais ses mâchoires sont closes
de sa gueule semble dégouliner
un semblant de salive, qui se mêle aux larmes
Un gémissement : le sien
Hiro proteste
Ce contact, contre sa gorge, il le hais.
Et à des bras, même de serpent, se rajoutent toujours un corps.
Hiro lève le membre qui lui reste de libre, et tourne la tête en arrière
des yeux révulsés : les siens
/ qui ose, qui es-tu, JE ME SOUVIENS DE TOI /
Je ne te laisserai pas
me reprendre
ce que je suis
tu n’as pas le droit de disposer de moi
comme ça.
Son étau se ressere. Il va bientôt briser la colonne du serpent
la faire ployer sous le poids de ses griffes
une brindille
pauvre brindille
meurs, brindille.
son élan de rage abouti
sa tête est retournée, sa main agrippe une tête
pas la sienne
il tombe nez à nez avec le visage fin
cerclé d’une nappe d’or
Mais dans ses rêves réels
Hiro ne sait plus trop
qui es-tu vraiment
si tu es
vraiment