les rideaux referment leurs battants de pourpre d'or et d'argent sur une énième représentation désormais terminée et bruyamment ovationnée ces marques d'émerveillement et ces regards brillants, l'on s'en nourrit encore essoufflés dissimulés derrière ces tentures ces portes qui n'en ont pas l'aspect car c'est ce dont il s'agit en réalité – des portes devant lesquelles on peut se présenter en toute facilité, mais qu'on ne franchit qu'en ayant payé un tribut bien précis en faisant partie de cette grande famille qui fait fi des liens du sang en portant sur le corps les ineffaçables marques du temps et de l'entraînement (les ampoules du labeur) en reniant l'acquis en demeurant perpétuellement en quête de sens et de transcendance en somme, rien dont vous ne me semblez témoigner, vous qui osez franchir ces portes que nous n'avez aucune légitimité à ouvrir on vient de m'avertir au creux de l'oreille que vous rôdiez dans le camp une fois de plus une fois de trop (cette fois, j'exige de savoir) sans me départir de ma tenue de scène je me dirige vers le coin du camp où, m'a-t-on dit, vous évoluez et je vous trouve en effet à l'abri de la plupart des regards sûrement persuadé d'être infiniment discret j'aimerais savoir ce que vous faites ici. je crois les bras sévère comme beaucoup ici et surtout harland m'ont déjà vue le faire ce n'est pas la première fois que vous venez. vous n'êtes pas un voleur, puisque vous repartez toujours sans rien prendre. vous n'espionnez pas non plus pour le compte d'un autre cirque, sinon c'est pendant les entraînements qu'on vous surprendrait sur le camp, pas les représentations. les faits sont là, bien que flous, mais l'instinct ne me renvoie pas l'aura d'une menace c'est étrange aidez-moi à comprendre et si pour cela je dois vous bousculer veuillez me pardonner je n'ai pas appelé la police car vous ne nous avez jamais réellement nui, mais je pourrais bien changer d'avis.
Occupation : Libraire // Animateur d'une radio louche
Avatar(s) : Cecil Palmer - WTNV
Sam 7 Juil 2018 - 17:31
Lueurs de verité
Les cirques ont cet attrait passionnant de magie et de peur. Sous leurs jupons de toiles rouges et dorées, dans l’odeur de sciure, de sueur et de liesse. On y entend mêlés les éclats de rire et de peur. Les mugissements d’animaux.
Cosmo avait l’impression de l’avoir toujours connu ce cirque, comme une tache de lumière et de bruit réconfortante, là cachée au creux de la plaine. Mais s’il avait été terrain de son émerveillement il était maintenant plus apte à assouvir sa curiosité dévorante.
Dans ses fables, celle qu’il se chante dans les lueurs d’acide et les heures claires de la nuit (celles où personne ne vit), il y a des histoires sombre et pleines de trous. Des choses voilée au regard qui appellent à la découverte. Des disparitions, des histoires de successions, des conflits d’intérêts. Qui sait, peut être il y avait-il des ossements cachés sous la sciure de la piste, là où frappe le monsieur loyal et les polichinelles.
Ses yeux brillent de mystère et et d’admiration pour les secrets des forains, il entre par les portes dérobées dans les sanctuaires circassiens, dans les tombeaux de paillettes là où les confettis se mêlent à la boue. Au loins il entends la liesse et la fureur du spectacle. Il ne sait pas ce qu’il cherche, peut être attend-t-il que le mystère lui tombe sous le nez. Il s’agit d’observer et de se mêler à la boue, de se perdre dans la foule et accrocher ses yeux aux details criants, aux portes closes et au tapis bombés.
Et si ses pas ont souvent parcouru ces chemins de traverses entre les cages et les caravanes c’est peut être qu’il cherche à s’attirer les foudres des seigneurs.
La voix, rigide et ferme, le fait sursauter. Il n’est pas une menace, seulement animé de curiosité.
« Ah … » Il ne peut pas s’empêcher, même malgré lui, de prendre cet air de gamin contrit. Après tout c’est ce qu’il est, et infiltrer un cirque avait toujours été un rêve d’enfant, trop perdu dans les livre et les écrans. Il lève les mains devant lui comme celui qui se rends et montre pate blanche. « Pourquoi toujours appeler les condés pour gâcher la fête ? Et puis vous m’avez déjà attrapé. »
Il mouille ses lèvres, elle sont sèches et craquent quand il parle. Il s’y reprend à trois fois pour sourire, drôle de pantin naïf au sourire de requin. « Je suis juste curieux Madame Ruggieri » Il ne voit pas la peine de mentir, d’ailleurs Cosmo brulé par le feux (jusque dans sa peau) de sa soif de mystère tord le coup aux mensonges. Il a révisé ses leçons comme un élève sage, les yeux rougis et piquant à trop parcourir les archives et articles, à s’en user les globes. Boulimique de mots et avide d’histoires. Il ne faut pas longtemps pour mettre un nom sur un visage et une voix qui se tiennent droits et fiers comme une montagne. Il est un lecteur trop avide qui connait le noms des personnages avant qu’ils ne s’introduisent. L’une de ses jambes tressaille à un rythme nerveux tandis qu’une main vient gratter sa nuque « Enfin, excusez moi je ne voulais pas vous faire peur, je cherche juste des informations sur la disparitions du précédent gérant. » Cosmo ne juge pas. Il cherche les réponses, aussi sibyllines soient-elles.