histoire«
Affaires classée sans suite;Rapport de Police du 2 Janvier 2000.Disparition de Clyde Johnson.
La disparition de Clyde Johnson (11 ans - type caucasien- corpulence et taille moyenne - cheveux roux) et Cosmo Müller (11 ans - mate - corpulence et taille moyenne - cheveux blonds - lunettes) à été signalée par leurs parents (Adélaïde et Pete Johnson - Gloria et Wim Müller) dans la nuit du 31 décembre 1999. La disparition deux enfants, déjà connus des services de police pour des cas de fugues et de tentatives de pénétrations en lieu prohibés, n’a d’abord pas attiré l’attention de leur parents. Une fouille de la ville a été organisée par une partie des effectifs à 3:00 AM et, s’avérant être un échec, elle s’est étendue au bois de salem avec un appel aux volontaires dans les environs de 5:00 AM.
C’est vers 8:00 AM que Cosmo Müller a été retrouvé inconscient au bord de la rivière longeant la forêt. L’enfant présentait un debut d’hypothermie, des brûlures au second degrés profond sur les mains et avants bras ainsi que diverses contusions et griffures dont une plaie plus profonde et potentiellement grave au niveau du front. Le saignement de celle-ci a su être endiguée par l’équipe l’ayant retrouvé. Il fut transféré à l’hôpital dès l’arrivée des secours. Aucune trace de Clyde Johnson n’a été retrouvée. Après presque 2 jours de coma le fils de la famille Müller s’est réveillée aujourd’hui, 2 Janvier 2000, à l’hôpital de Foxglove Valley et, avec l’avis favorable des médecins, l’inspecteur en charge du dossier a questionné le témoin, Cosmo Müller. Celui-ci semble souffrir de séquelles dues au choc éprouvé, occasionnant une amnésie partielle quant au déroulement de la nuit, ainsi que la tenue de propos délirants. Face à ce qui semble un traumatisme, les déclarations du témoins Cosmo Müller ne peuvent être certifiées exactes et relevante pour l’enquête. Les équipes de la police de Foxglove Valley ratissent la forêt et ses alentours à la recherche de pistes pouvant mener à Clyde Johnson. La piste criminelle n’est pas exclue.
Edition du 01/01/2001 :Après 1 an de recherches dans Foxglove Valley et ses alentours, aucunes traces n’ont permis à la Police de retrouver Clyde Johnson, aucune connexion dans son voisinages ne laisse penser à un meurtre prémédité. Les enquêtes menées dans les Aéroports, ports, gares laissent penser qu’il n’a pas quitté le pays. L’affaire est déclarée comme abandonnée à comptée de ce 1 Janvier 2001. »
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C’est de ta faute.
C’est ta faute s’il n’est plus là. Toujours à vouloir l’entrainer dans tes sales petites affaires, dans tes aventures farfelues.
C’est de ta faute tout ce qui arrive. Tu es fou, fou à lier. Mais regarde ! Regarde un peu le monde comme il est vraiment, arrête de te cacher derrière des fables. Tu es complètement malade Cosmo.
[
Les mains brulent, elles brulent encore, même après les docteur et les onguents, même après les années, elles continuent de bruler. De paralyser tes muscles. Tu détruis tout ce que tu touches. Tu ne devrais plus toucher personne ]
Pourquoi t’es encore là ? Alors que lui n’est plus. [
Les voix redoublent encore, il les entend partout, dans la bouche de madame Johnson qui boit beaucoup depuis que son mari l’a quitté, parfois dans les bouche de ses parents. Les voix sont partout, chez le docteur, dans les couloirs de l’école.] C’est toi qu’on devrait faire disparaitre, t’enfermer chez les fous. C’est toi peut être. C’est toi qui l’a tué ? Regardez le… En même temps, il est bizarre vous trouvez pas ? Ma mère me dit de ne pas rester près de lui. C’est un garçon qui cause des problèmes. Les pauvres, se sont des gens si bien pourtant, qu’ont ils fait pour mériter un fils ça ?
Qu’ils se taisent tous, ils ne savent rien.
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Cosmo aimait Clyde. Son premier vrai amour. Il aimait Clyde plus que tout, de cet amour passionnel et chaste que seuls les enfants savent se porter, comme un dialogue de l’âme à l’âme dans ses formes les plus simples. Clyde était un soleil, une veritable étoile tout comme lui, une boule de chaos et de fièvre qui lui réchauffait le bout des doigts, qui faisait battre son coeur, éblouissait ses yeux, lui laissant une marque blanche dans les rétines qui changeait sa vision du monde. Avec Clyde Cosmo n’était plus seul. Clyde c’était son univers.
Il n’est pas mort. Il ne peut pas être mort. Ils mentent tous. Même après toute ces années. Ils étaient sorti en secret ce soir là, en quête de mystique, en décembre 1999 le soir du changement de siècle, pus propice que jamais à la réalisation de leurs théories les plus farfelues et aux évènements mystérieux.
Mais Clyde était la seule force immuable qui soutenait la vie de Cosmo, la seule chose qui faisait que la terre tourne, que la nuit tombe. Si Cosmo est toujours là que la terre tourne toujours, que la nuit tombe sans cesses, c’est que Clyde est encore là quelque part.
Et qu'il ne peut pas le laisser seul.
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On raconte que Cosmo est parti. Nous sommes en 2004. Il haït de tout son corps Foxglove valley, cette maudite ville.
On raconte qu’il est parti en Allemagne peu après le décès de son père. Chez sa famille paternelle à Berlin.
Là bas il vit, il n’est plus le type étrange que tout le monde connait et regarde de travers. Le gamin dans la cour qui doit se frayer un chemin entre les messes-basses. Il est juste un individu parmi toute une foule, une goutte dans l’océan. Dans la chaleur des clubs, quand il crame sa tête aux acides, il n’est personne. Rien d’autre qu’une âme en peine qui comme toutes les autres cherche à oublier. Dans les rues glacée de Berlin en hiver il retrouve une forme de sérénité. C’est dans cette ville, dans la partie ouest, que ses parents se sont rencontrés à la fin des années 70, il a l’impression de se trouver face à quelque chose stable, de continu pour une fois dans sa diable de vie. Sous le coup des aiguilles il encre ses bras brulés. Il pense toujours beaucoup à Clyde, il n’a jamais cessé d’y penser.
Cosmo est resté 5 ans à Berlin, avant de revenir dans cet endroit maudit. C’est sa pauvre mère restée seule la-bas qui l’a fait revenir. Enfin, c’est ce qu’il dit. Ce n’est pas totalement faux, mais la vérité est plus ample. Il a réussi à pardonner à Foxglove Valley, à moins mépriser cet endroit où il a grandit. Ce qui le rappelle à la terre natale, c’est ce grand vide à l’intérieur de lui que rien n’a su combler, ni le voyage, ni la drogue, ni l’amour. Rien. C’est le grand vide laissé par Clyde, le grand vide laissé par l’incompréhension de ses pairs : c’est le grand vide de l’absence de vérité.
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« Bonsoir individu de Foxglove valley, ici Antinoüs,
Il est 00h, l’heure du crime. Tu es peut être dans ton lit, installé dans un fauteuil, où bien courbé sur un ouvrage quelconque. » Tu avais allumé la radio par hasard. Et en te baladant sur les ondes tu venais de capter une nouvelle fréquence, assez intrigante. La voix est calme, douce. Elle crépite comme un feu, comme un roulement de vague au creux de ton oreille.
« Laisse donc ce que tu fais et écoute moi plutôt. Je ne cherche pas à te forcer, mais je t’offre en revanche une oreille pour t’écouter et une bouche avec qui dialoguer. Oui je m’adresse à toi le marginal, celui à qui on ordonne de se taire. Tu te sens obligé de cacher tes opinions, n’ai plus peur l’ami je suis là pour toi.
Il n’y a pas de vérité plus fausse que la « version officielle » et toi plus que quiconque devrait être amené à douter de toutes chose, et d’embrasser l’impossible.
Si tu pense que nous ne sommes pas seuls. Si tu reste de marbre face aux récits de la police. Si tu pense que dans la forêt qui nous borde il y a des choses qui se terrent. Eh bien tu es au bon endroit. »L’adresse directe et le ton assuré, fiévreux de l’animateur ne te laissait pas de marbre. Cette dédication de prédicateur et la ferveur mise dans les mots te donnait envie de rester là a écouter. Tu peux presque entendre le souffle de l’homme sur son micro, un souffle dont tu te prends à imiter les intonations entre ces longues plages de silence. Et ce mélange a quelque chose de presque érotique.
« N’ai pas peur l’ami, d’affirmer que des choses étranges se passent autour de nous dans la petite ville de Foxglove Valley. Tu le sais aussi bien que moi. N’ai plus peur de finalement croire que certaines choses dépassent notre entendement. N’ai plus peur, la peur vient de l’ignorance et tu as le droit de savoir.
Tu n’es pas fou et je suis là pour te le montrer.»La voix s’est coupée et elle te manque déjà, remplacée par une playlist musicale assez obscure, un mélange d’electro lancinante et de sonorités 80s. La voix t’intrigue et t’attire. Ses pseudonymes et ses mystères. Ce gout d’aventure et ces murmures qu’elle a déposé comme un pollen à l’orée de oreilles.
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C’était toujours la même scène qui se déroulait sous ses yeux. Toujours la même scène et il semblait impuissant. Ça le prenait parfois comme ça, ces flash backs. Il revivait cette même scène de décembre 1999 : Lui et Clyde préparant leurs sacs en secret, comme deux aventuriers se préparant à un grand voyage.
Cette nuit on change de siècle, s’entendait-il dire fièrement, les mots traversant sa bouche sans qu’il puisse les empêcher. Se rejouant encore et encore.
C’est un moment propice à l’apparition de phénomènes dans la forêt, l’approuvait son compère, tout aussi ivre que lui de mystère et de bêtes fantastiques.
Il se revoyait nouer ses chaussures avec application. Et dans la lenteur de cette action banale, il avait envie de hurler. Arrêtez, n’y allez pas, arrêtez vous. Restez là. S’il te plait Clyde, écoute moi.
Il était spectateur devant la farce de sa propre vie, impuissant et condamné à la passivité. Mais pourtant ce film, qu’il connait malheureusement par coeur tant il a essayé de se souvenir, se coupait toujours au même endroit : devant eux se dressait la forêt de Salem, dans leur dos les lumières de la villes joyeuse et naives dans cette période de fête, inconsciente du drame qui secouerait Foxglove Valley dans la nuit. Cosmo se souvenait de tout à la perfection, du bruit de l’eau de la rivière en contre bas, de l’immense silence de la foret, de l’humidité du sol glacé sous ses chaussures, du froid de décembre et le ténu gout de fer sur ses lèvres gercées, de la buée sur ses lunettes, des reflets des lumières urbaine sur le visage de Clyde, de l’étincelle de curiosité qui flottait dans ses yeux. Il se souvenait de tout pourtant à ce moment là la scène changeait, ce n’était plus celle de ses souvenirs, des choses neuves venaient s’inscrire dans le vieux. Clyde se tournait vers lui :
«
Qu’est ce qui c’est passé cette nuit Cosmo ? »
Et puis un grand flash blanc venait tout brûler, le visage de Clyde, la foret, les souvenirs.
Ses bras. Brûlant.
Il se réveillait souvent comme cela, sans souvenir de s’être endormit, les bras crispés, tordus de douleurs fantômes comme si on les brulait encore. S’il n’arrivait pas à se souvenir, une chose restait certaine : Clyde était toujours là quelque part, essayant de lui parler. Et cette pensé l’obsédait chaque jours de sa vie depuis qu’il avait commencé à avoir ces « flash-back ».
Un chat noir en mauvais état sauta sur ses jambes pour s’y rouler en boule, dérangé par l’agitation de son propriétaire. Cosmo l’avait trouvé sur le bord de la route, en mauvais état après avoir heurté une voiture. Quelque chose chez ce chat à la gueule balafré, l’avait marqué au point qu’il l’avait récupéré de chez le vétérinaire et adopté sans se poser de questions.
Il ne trouvait pas étrange que l’arrivée ses « visions » commencent peut après cette fortuite adoption.