❝ no one's around to help

Pas te mordre, pas te griffer, pas te renifler, pas te, pas te ça fait beaucoup de pâtes et de pattes que le Maître a commandé au Clown que la faim tiraille puisque la pâtÉ qui le nourrit suffit à peine à combler son appétit et manque cruellement de sucré. Alors en pauvre hère, Clown se retrouve à errer, faire cent fois le tour du pâtÉ de caravanes et de roulottes. Et plic et ploc, ça clapote, ça gigote et ça éclabousse. Des bruits de pas et de pattes que Clown ne reconnait pas. Trop légers pour être ceux du tigre ou de l'ours ou du chameau. Il grogne quand l'odeur d'un mammifère étrange lui chatouille le museau. À cette heure-ci, les spectateurs sont déjà partis ou bien pas encore arrivés et des bêtes en liberté dans le cirque il n'y en a qu'une seule puisque c'est le bouffon de basse-cour Clown le roi sauvage des lieux. Et que prenne garde celui qui viendra fouler de sa patte le territoire fort convoité de Clown qui de sa jeunesse en a fait voler des plumes et de poils des chiens, chats, corbeaux et que ne sais-je encore, qui ont eu l'indécence de le provoquer.

Ni une, ni deux, ni trois, Clown fait demi-tour, truffe dans la fange et oeil fermé. Le canidé suit la trace tant olfactive tant des petites silhouettes de pattes dans la boue et c'est en un rien de temps qu'il se retrouve devant le stand de sucreries, sans doute l'attraction qui lui est plus le cher dans tout ce petit royaume.
Sacrilège, outrage et chat qui ment châtiment, quelle est cette chose à fourrure qui ose convoiter le rose défendu des barbes à papa ? Clown ne se prive pas d'exprimer son mécontentement à grands coups de « GRRRRRRRRRR » menaçants qu'il prend soin d'agrémenter de son plus beau dévoilement de canines, le poitrail gonflé et la queue hérissée.

Puis ça lui frappe comme une évidence, un coup dans le mufle entre les notes de sucre et de pas-chien et de pas-chat.

▬ ODEUR DE SAUGE ! Qu'il s'exclame, plus pour lui-même que l'inconnu parce que l'autre sent comme cette vipère sans l'être et il n'a pas la gueule du chien errant, encore moins du chat d'appartement. Il sent comme sa presque Maman, celle à écailles, qui vient de la Forêt.

Mais ce n'est point parce qu'il a le même fumet qu'Elle qu'il est pour autant pareil. Ceci dit, Clown se retrouverait bien penaud s'il devait terrasser un de Ses enfants alors il se fait un tantinet plus doux, mais pas assez pour ne pas montrer qu'ici c'est Lui le Dominant. Il faut dire que le nouveau venu a le dosmignon des dominés. Le chien pose alors une patte curieuse sur l'échine du pas-chien, le pattepatte un moment dubitatif puis d'un grand geste aussi rapide qu'inattendu le fout sur le dos et vient renifler son ventre, sans gêne et sans peine.
Les bonnes manières, il a laissé ça aux humanidés.