| |
|
|
|
| | Sam 18 Nov 2017 - 16:40 | | Une ombre rose et bleue et jaune et verte et grise sous la lueur étouffée des luminaires du cirque. Clown plonge sa truffe dans son pelage bigarré, laisse échapper un gémissement à demi-étouffé par les poils et les paillettes et finit par poser sa tête entre ses patounes meurtries. Son unique oeil parcourt les enclos autour de lui et quand Clown voit les barreaux des lions son collier lui parait soudainement plus léger. Il en oublie presque le poids de sa chaine attachée au poteau, à l'entrée réservée au personnel du cirque. Clown est un drôle de gardien avec ses jappements cocasses et ses airs burlesques mais il connait sa place et sa place est dehors avec les autres bestiaux dont il est le dominant. Car ici, même les fauves le craignent quand il fait gronder sa grosse voix dans les crânes, claque ses crocs, retrousse les babines, dévoile le grand Monstre, celui ou plutôt celle qui autrefois fut humaine à son tour, la terreur blonde des chapiteaux. Et qu'est-ce qu'un roi sinon le défenseur des petites gens ? C'est Clown. C'est Clown. C'EST MOI. Là. Dans le froid de Novembre, sous la bruine de l'hiver et OH. Une odeur. Étrangère. Inédite.
Qui ose, qui ose pénétrer dans la zone gardée du cirque ? Oh qui est-ce, qui est-ce qui sent le sucre et la terre - ah non ça c'est lui. Clown s'est redressé, il bat de la queue, tourne sur lui-même, tout content. Vient-on lui apporter à manger ? Qui c'est, qui c'est dont les pas font clop clop sur le chemin boueux. Qui c'est, qui c'est OH que sent-il, à quoi ressemble-t-il, a-t-il la voix grave ou aiguë, la démarche gracile ou pataude, qu'apporte-t-il avec lui ou elle ? Des effluves nouvelles, des histoires inédites, des bras chargés de mets et vivres ? Son flair n'est plus ce qu'il était, aussi ne trouve-t-il pas encore les bons mots pour décrire cette senteur inconnue qui lui prend le museau. Neuve. Excitante. Alors c'est qui, c'est qui, qui vient, qui arrive. Qui c'est, qui c'est. Montre-toi donc étrANgeR. Qui c'eST. QuI c'ESt. QUI SAIT. COMBIEN CLOWN EST CONTENT DE VOIR. DE LA CHAIR. FRAÎCHE.
▬ WHIF. Jappe-t-il nerveusement.
|
| |
| | Lun 20 Nov 2017 - 19:03 | | l'œil du clown Il reluque la bâtisse d’un oeil morne.
Est-ce le froid de novembre qui mord dans tes joues ? Ou tes propres crocs trop tristes de n’avoir rien à croquer?
J’ai Dans la joue un gout de fer Et de froid sur le bout de la langue.
Il reluque la bâtisse d’un oeil morne, car elle se fait de plus en plus proche à chacun de ses pas. sploch sploch la boue sploch embrasse ses chaussures tendrement car son pas est lent. Et calme.
J’aime ces grand edifices, il ont la couleur des mystères, la teinte de la foi.
Tu observes le cirque dans la brume de l’hiver, il se donne des airs d’église et de lieu païen où viennent les fidèles avide de quoi ? sensation ? peur, rire, pleurs, angoisse; t r a n s c e n d a n c e. Dance. dance dans le cimetière circassien : cotillons crottés qui traînent dans la boue rivière de peinture entre les rigoles de terre tu vois les couleurs se mélanger à la fange et tu souris : voila les vestiges de la farce, quand tout le monde et parti.
Ici tu ne cherche pas l’extase, le spectacle, le guignol. Tu ne recherches pas une sensation perdue. Tu cherche les monstres ceux que l’on laisse dans les cages ceux qui crient au désespoir ceux qui ont besoin de toi.
Et c’est ainsi que les pas te mènent dans la jungle. Une jungle où tu n’es plus le roi et où le dirigeant factice trône dans la boue. l’aboiement te fait relever la tête et tu observes intrigué devant cette apostrophe canine, sifflée, soufflée du bout des babines.
Tour, sur toi même, dance circulaire, tu prends conscience de ce qui t’entoure. où es tu ? dans cette cour animale tu sembles être celui qu’on juge tout animal se tait sentant peut être sur toi l’odeur de la chaire pourrie ou respectant silencieusement leur roi.
Gros chien, gros chien, beau chien à la face comme une farce sur laquelle on aurait trop pleuré petit roi dans ton monde au cou enlacé de fer J’aime tes crocs et comme ils brillent; j’en dévoile les miens.
Tu t’amuse comme un fou dans cette ménagerie, ce lieu interdit où tu n’as pas lieu d’être mais tu viens de nul part et est partout chez toi. Alors que fais-tu ? Quand tu croises le regard de cet unique oeil qui te fixe, tu vois briller une chose qui t’attire, te tire et te tient. Tu sens quelque chose, une odeur enivrante de souvenir.
Alors tu t’accroupis dans la fange, pose tes bras sur tes genoux, savamment protégé par la longueur du collier-couronne qui retient ce roi fiévreux aux dents acérées.
« Salut » Tu découvres ton émail et tu caches le noir au fond tout au fond de toi. Tu plies les morceaux de ce toi dégoutant pour mieux faire paraitre un sourire qui coupe « C’est toi le chef ici ? Je me suis perdu. »
Il reluque la bâtisse, mais son oeil n’est plus morne; Oh cela promet d’être intéressant.
|
| |
| | Jeu 23 Nov 2017 - 1:40 | | Et du whif aux waf, aux acclamations des chameaux, aux chuchotements des fauves, au silence brusque des bêtes, il n'y a qu'un pas, un seul. Car à l'instant même où la botte de l'étranger a frôlé le sol maculé de paille et de confettis, toute la ménagerie s'est tue. Clown y compris. Oreilles dressées, queue basse, langue sortie, le cabot goûte l'air, savoure l'atmosphère la truffe bien haute tendue vers un ciel tout gris. Et les murmures apeurés du petit zoo se sont confirmés quand l'arôme gâté du nouveau venu remplit son museau, remplit son cerveau, hérisse son poil, fait perler la bave entre ses crocs. Ce n'est pas l'heure de la récré.
Hum, ça sent, ça sent le SANG, le sans. Le sans scrupule, sans retenue, sans attache, sans âme. Salut. SANG SALUT pour toi. Pas de seigneur pour les saigneurs.
▬ Grrrrrmmmmbbbbrrrrr... Vrombit doucement Clown en guise de réponse. Mère de ventre lui a appris à ne pas parler aux inconnus.
Mais nonobstant les avertissements des animaux et le chien en lui qui voudrait gémir, fuir et fléchir, le cabot s'est timidement rapproché. Sa chaine tinte quand il s'assoit entre l'inconnu et les cages, l'air faussement nonchalant. Assez pour bondir en arrière s'il tente de s'approcher. Brave Clown. Assez pour bondir en avant s'il tente de s'approcher. Stupide Clown. On entre pas impunément sur le territoire défendu du cirque sans montrer patte blanche à son gardien. Même devant Hercule lui-même, Cerbère n'a pas reculé. Pauvre bête, petit chiot. Clown n'a pas besoin de retrousser les babines, ni de de gonfler sa poitrine. Il sait que l'autre sait. De quoi IL serait capable. Il se fait sérieux, Clown, mais voudrait que l'autre devine, devine oh oui devine qui d'entre les deux a les dents les plus LONGUES quand le type révèle les siennes dans une grimace qui n'a rien d'humain mais rien de bestial non plus.
Clown a tendu l'oreille mais pas pour mieux écouter les paroles de ce sinistre hère. Il entend, il entend, par-delà les susurrements du vent et les gazouillis des gouttes de pluie, par-delà les claquements des drapeaux et les appels étouffés du pneu des voitures. Il entend, il enTEND... Dans ses veines COULE en cascade le sang de cent hommes, deux cent, trois cent, mille peut-être. Un sang vieux comme l'univers, sage comme le bruissement des forêts, sauvage comme le ruissellement des rivières. Se précise alors l'odeur faisandée, presque délicate, mûre comme un fruit sur le point de pourrir. Ça fait frémir les moustaches, titiller les babines, gronder l'estomac. Ce n'est pas l'odeur du boucher qui jette ses restes, ni celle du Tout Puissant Fouet - amen, qui fait gicler les cicatrices. Non. C'est celle d'un mulot qui gigote sous la dent, d'une gorge, d'un coeur qui bat contre sa langue. Tendrement. Pendant longtemps. Fascinant. Répugnant. Chhhuuuuuuttt, les cRiS se dessinent. Il entend, il enTEMPS normal voit plus que tous les humains avec son oeil unique, orphelin. Derrière le sourire, derrière les dents et les gencives, loin, loin dans les intestins, un cimetière de chairs, une panoplie carnée chantante et grouillante comme un choeur muet et battant qui fait PULser le péché dans chaque mouvement, chaque millimètre de sa peau, chaque goutte de sueur ou de salive, chaque mot.
CANINEBAL qu'on lui dit enfin. La danse des quenottes au rythme des craquements d'os. Mangeur d'hommes. De femmes et d'enfants. Non. Plus. C'est une hérésie qui traverse les époques, les races et les continents. Immortelle. Vieille comme le monde. IL EST
▬ MANGEMONDE. Résonne la voix grave et caverneuse de Clown dans la tête du tout fraîchement baptisé.
|
| |
| | Dim 17 Déc 2017 - 22:58 | | l'œil du clown Sur sa bouche vient fleurir un sourire carnivore Et les dents bien humaines font écho aux crocs qui se dévoilent.
La voix gutturale, grognante et spectrale, résonne, déraisonne dans les parois de son crane.
« Intéressant… »
Le sourire factice, le postiche décollé tombe en decrepitude sur le sol desséché. Ce n’est plus la peine de mentir car tu sens l’unique oeil comme un millier de dards sur ton échine : ce gros chien ce loup piteux te dévoile sans problème. il creuse le masque de la gentillesse feinte comme il creuse dans la terre et il trouve non pas les os, non pas la chair. Mais l’horreur de ton être par cent fois constellé des piques amères de l’envie dévorante Ce noir au fond de toi qui fait fuir les bêtes.
J’aime ce surnom dont tu m’affubles
« Mange… Monde » Alors je le répète à voix haute, puisqu’il sonne dans ma tête, autant le faire courir sur ma langue et se délecter de l’arôme si étrange d’être à nouveau nommé. Mange-monde les syllabes rondes coulent dans la gorge comme miel pour mes cordes vocales. « Mangemonde »
Il a peut être senti sur lui odeur de la chair. Mais Dieu n’est pas un vorace charognard, il n’est pas un carnivore nécessiteux comme ceux en face de lui dans ces cages rouillées. Non Dieu est affamé Bal de canine par canibal affamé.
Dieu cache Dieu mord à mort ou par amour peut être. Dieu marque et laisse couler le sang dans sa gorge il n’en demande pas plus et délaisse ses proies. Une proie vivante est toujours meilleure. Un proie qui porte sur elle un souvenir frais comme la chair malmenée. Je ris mais le son a quelque chose de sinistre, alors je trace de mes pas nonchalants un grand cercle autour de toi le chien. C’est un cercle de vide qui me protège bien car la couronne de fer à ton coup enserrée étouffe ta rebellion contre tes maitres adorés
« Oh… je serais percé à jour ? »
Ses doigts courent sur le fer des cages, rouillé sous les doigts, orangé sur la pulpe. Et les bêtes apeurées, même les plus voraces, se tapissent dans l’ombre sans ne plus faire de bruit. La cour du roi regarde apeurée le monarque enchainé dont se joue le bouffon.
cricricri
Font ses doigts qui grattent sur le fer
cricricri
Alors comme ça le chien fait parti des purs.
Avide dieu j’ai toujours voulu ajouter un cerbère à mon panthéon.
cricricri
Il observe la bête et s’accroche aux details. Ses yeux se font perçants, se sachant tout puissant. Il y a sur le pelage des traces de fouet. Petits traits si simples. Petits traits d’apparences Racontez moi vos histoire je sais si facilement vous faire parler.
Le fouet claque. Il C L A Q U E, cingle vibre fend scie, l’air compact et humide et plein de sucre et de sueur et de peinture et de torpeur. Il suit des yeux, lui au milieu de la foule, il se fait spectateur. Il suit des yeux le fouet qui semble sans fin et remonte le flot des souvenirs dans lesquels il a plongé ses mains. Sous le fouet c’est un lion, non ce n’est pas le chien. Ou est-il alors ? Il est là là À l’autre bout du cuir claquant, des muscles tendus. humain. Il est la.
cricricri Continue de faire le doigts qui racle la rouille. Et sa couine, et sa piaille mais dieu n’entend que le passé, alors dans le présent dieu dit :
« Il t’allait bien tu ne crois pas ? Ce bustier rouge. »
|
| |
| | Lun 25 Déc 2017 - 17:08 | | La pupille rivée sur Mangemonde, Clown s'est figé, laisse l'intrus se délecter de son nouveau nom. C'est bien humain, c'est bien mortel, de s'enticher d'un nom, d'un mot. Clown s'appelle Clown comme il pourrait s'appeler Médor ou César ou Hannibal ou Dio, il n'en restera pas pour le moins le même : un tas de fourrure et de peinture sur deux rangées de crocs qu'on étrangle sous le collier. La dernière chose dont il a besoin serait d'un nom pour mieux l'enchainer. Tant mieux si tu aimes ta nouvelle - ou ta vraie peau Mangemonde, Clown n'en a guère que faire. Il le laisse l'encercler, tracer un cercle dans la terre en trottinant tranquillement comme les chevaux trottinent sous les chapiteaux. C'est un numéro qu'il connait si bien, jusque sur le bout des pattes. Sa queue se balance dans la gadoue puisque ses grognements deviennent excités. DAnse, danse, étranger, dans ce cirque qui n'est pas tien, qui est à moI, à MOI. Il te fera DANS ses crocs valser.
▬ BOARF
Clown s'élance sur la piste, sa chaine s'allonge, se tend, le retient, doucement quand il se met à se pavaner dans l'ombre de Mangemonde comme il le ferait si Mangemonde était un cheval, un lion ou un tigre. Quel drôle de slow. Il voudrait tourner lui-même, que l'autre le suive à la façon des autres animaux quand il ses demi-tours et ses roulades sous les cris émerveillés des enfants. Clown est Roi, Clown est Suzerain, Sa Majesté des Bêtes. Et au royaume de la ménagerie, même les inconnus deviennent ses sujets. Mais le chant de Mangemonde sonne faux, fait siffler ses oreilles jusqu'à en faire résonner ses chicots. Faux, faux, faux pas. Faux, faux, faux crissement. Le métal froid se renferme sur lui. C'est le bruit de la cannette de pâté que Maître éventre sauf que la cannette c'est lui quand Mangemonde le fixe, plonge ses doigts dans sa tête pour mieux l'ouvrir en deux.
▬ WORFP. STOP. Qu'on sonne l'alerte, réveille tous les soldats, de plumes, de poils, de griffes, qu'on l'aide face à ce crime de lèse-majesté car Clown sent ce torrent électrique, animal, chaud et grouillant courir sous son pelage, milles et une petites fourmis. Fourmille, pullule, frétille. STOP. Clown roule. Il ne veut pas. STOP. ÉTEIGNEZ TOUT. Clown jappe. Il ne faut pas. STOP. Clown se tortille. Il n'aime pas qu'on réveille Gisella. Qu'on la laisse dormir en paix. ON ME TUE. ON M'ASSASSIGNE. SINE NOMINE. Clown ne veut pas te montrer. Des flashs. Signe. Saigne. Sème. Cygne. AU MEURTRE. Les leurs des chasseurs, la clameur du public, la lueur des projecteur, l'odeur de la sueur, des couches de paille de son petit peuple, la blancheur des dents de Bobby la dernière fois qu'il lui a souri. Pour une demi-seconde seulement. Où sont les lions, où sont les tigres et les éléphants. Où sont les dromadaires, les otaries et les ours quand il a besoin d'eux. Où est Maître, où est Mère, où est-Elle. Clown n'a jamais été que le Prince de rien, le Monarque de personne. STOP. cricricri C L A Q U E C R A Q U E LE COU DE B O B B Y.
ARRÊTEZ TOUT. (non) (encore une fois) (puisqu'il faut bien danser)
C L A Q U E C L A Q U E ment de pattes, de gants, de doigts. Gisella, dans son costume rouge à paillettes, ses boucles d'or et ses talonnettes. Gisella qui rit quand le lion vient chercher les caresses et frotte sa tête contre ses jambes sous la mélodie du fouet qui chante et siffle sur les gravats, entre les cerceaux enflammés. Gisella qui lève la tête, bien haut sous la voute lactée de la tente, contemple un instant les acrobates qui s'échouent et se rattrapent sous les étoiles qu'on a grossièrement peint en doré et en argent. Les cris des hommes et des bêtes n'ont jamais été aussi semblables entre les éclats de voix du ténor italien qui rythme la fête. Puis soudain :
▬ STOP.
Le temps se fige, les huées et les applaudissements aussi. Les fauves deviennent statues, les flammes même ne tremblent plus. Il ne reste que Gisella, droite dans son bustier, le regard rivé sur ce malotru qui sans demander, sans même frapper à la porte, s'est invité dans son empire, l'a tirée de son sommeil sempiternel sans même se présenter. Elle descend de son tabouret comme elle descendrait de son trône, saute par-dessus par la barrière qui la sépare de la foule et déjà elle est là à montrer lui crocs et grogner.
▬ DÉGAGE. dégage dégage dégage . En écho à Gisella, le chant de Clown si profond et si grave.
Elle le saisit à la gorge, ses yeux bleus ne deviennent plus qu'une pupille unique et ses mains se recouvrent du pelage gris et sale qui déchire les gants blancs puisque les ongles sont devenus griffes et la crinière d'or longue chevelure d'argent. POUF. D'un geste, elle le POUSSE. Pousse pousse pouce STOP. ARRÊTEZ TOUT. ÉTEIGNEZ TOUT. Hurle Gisella.
▬ WHAF. Un glapissement guttural, un aboiement qui sonne comme un dégueuli puisque Clown a vomi Mangemonde de sa tête, a la bave qui dégouline en écume entre ses canines, les babines bien retroussées et les oreilles redressées.
▬ PARS.
Il n'est plus le bienvenue ici. Ne l'a jamais été. Éteignez tout, éteignez tout, éteignez tout. Geint une dernière fois Gisella.
|
| |
| | Jeu 28 Déc 2017 - 23:22 | | L'oeil du Clown Ton rire porte la mort des sanités Alors que tes yeux s’accrochent aux furies des boucles blondes et le visage poupin qui implose de rictus torsadant les traits tantôt doux et fiers.
Ce sont les fantômes que l’on redoute tant.
Pauvre petit chien je te regarde te tordre, comme un serpent vicieux qui se mord la queue, ta bave est l’écume sous la vague des souvenirs.
« Gisella » C’est le nom de celle qu’il ne faut pas faire sortir. Il faut la taire et la terrer dans les méandres de la memoire. On me somme d’éteindre mais j’aime braquer les lumières sur les plaies purulente de ton esprit abscons. Tu brillais si bien sous les projecteurs. Dans ton bustier rouge. Dans la cage de ta tête, le chien, Gisella tourne comme un lion.
C’est la rage intime qui rage dans ses dents, tandis que le garrot sur son cou se ressert.
Clown-Gisella, Chien-femme, mordant-mordue, présent-perdue. Dieu sait que tu aimerais planter tes crocs dans sa jugulaire quand il rejette la tête pour rire. Car tu l’amuse clown et n’est ce pas la ton but ? Ici il n’y a plus de scène sur laquelle te pavaner quand tu roules à terre sous le coup de ses yeux. Qui raclent ta tête, comme ses doigts sur le fer. Mais ta cage intérieur est si friable, elle s’effrite sans problèmes contre ses griffes humaines.
« Alors Roi des bêtes ? Pourquoi caches tu la Belle ? » Il observe ses doigts rougis par la rouille, elle aurait surement un gout de fer. « Elle est toujours là je le sais. C’est son fouet qui t’apeure ? »
Je me tourne et hume l’odeur de la peur chez les bêtes enfermées. Je ne t’ai pas touché le chien, du moins pas de mes mains et pourtant tu te cabres devant moi comme un corps hystérique, comme électrisé et hurlant et rageant et il sentent la peur qui coule entre tes crocs. Tu me fermes ta tête mais j’en sais déjà trop. « Tu n’es pas comme eux Clown » Ce n’est pas un insulte, je n’abaisse pas tes sujets, mais je ne sens pas ici d’autres de notre acabit« Tu n’es pas comme eux non plus. » et ma main rougie porte un geste leste sur les roulottes qui fument, celles où vivent les hommes ceux qui portent les fouets « Sais-tu ce que tu es au moins ? Mi chien Mi homme ? »
Je m’abaisse vers le sol, accroupi a moitié et je noue mes mains rougie de sanglante rouille. Voila pour toi le chien ma plus belle révérence. Ton piquet crisse dans ta rage souveraine quand j’entends dans mon être raisonner ta voix. Chaque syllabe de cette voix inhumaine m’attire un frisson d’intérêt peut être. « Tu veux que je parte ? Soit. » Je laisse trainer mes mots, je ne suis pas pressé de partir, et tu peux bien m’ordonner des choses de ta grosse voix, aboyer, japper, expulser ton écume enragée sur moi. Je n’ai pas peur de ceux qui menacent de vous prendre à la jugulaire. J’en fais partie, crois-moi. « Mais dis moi alors, avant que je parte, pourquoi as-tu si peur de Gisella ? Elle gratte dans ta tête et tourne en rond et hurle, n’est-ce pas ? » Je fixe mes yeux dans le tiens, ne me force pas encore une fois à perforer ton âme. « Je sais tout ça. Je connais les douleurs de la chose en cage dans ta tête »
|
| |
| | Sam 27 Jan 2018 - 23:07 | | Et heureusement que Clown n'a pas vraiment de voix, heureusement que notre seigneur ici bas ne parle pas car ce ce serait un rire plus qu'un grondement, une déferlante de ricanements qui jaillirait de sa gueule, ricocherait sur les crocs, noierait la langue qui pend quand il halète nerveusement. Il faut se contenter alors d'un râle profond, un son guttural et comique mélange de BoARf bORF et de MwIF mWiF qui explose contre son museau puisque Clown s'assoit à son tour, l'oeil et la truffe humides, lavés de toute lâcheté car l'inconnu s'est trahi et chien poli rend sa référence au Mangemonde.
Qui ne sait rien. Mais qui saigne de tout. De partout. Regardez ses mains. Sème. De petites graines. De doute. De peur. De colère. Qui voudraient prendre racine, bien au chaud dans son cerveau, sous le pelage et les aboiements. Mais le jardin de Clown est lui tout aussi barbelé que miné. Clown le voit bien. Lui connait bien par coeur tous les tours de manège et les entourloupes bien léchées car il est le plus vieux des forains, le plus aguerri des magiciens. Mais il n'est ni Homme, ni Chien, ni même Gisella. Clown est Clown, Clown est personne et Clown est tout le monde à la fois. Mais Clown n'est surtout pas Clown car Clown c'est un nom d'humain. C'est pourtant simple à comprendre, pas vrai ? Clown c'est le reflet de la lune dans la rivière, Clown c'est le sifflement des vipères au milieu de la nuit, Clown c'est l'odeur du humus après la pluie, Clown c'est toi mon ami. Clown est un engrenage, infime, rouillé, parfois grinçant, un fragment de fourrure dans le manteau de la vie. Toi aussi. Sauf que lui sait et s'aime comme ça. Mais Clown n'a pas les mots pour t'expliquer, ni l'envie d'ailleurs. Il en sait plus car il est bête, assez bête pour être sage là où l'autre se croit prophète. Merci messie de rien car hé bien si lui fait des miracles tu peux m'appeler Jean-Baptiste.
▬ FAUX. Perdu perdu perdu perdu perdu. GISELLA. SANS SOUFFLE. DORT BIEN. La Perséphone orpheline, la blonde qu'on a laissé six pieds sous terre puisqu'elle le mérite, puisque telle est sa place. Froide et immobile et poussière de paillettes dans son cercueil italien sous une tombe que personne ne fleurit plus. Joliment très passée dans son trépas pour mieux laisser sa place aux asticots et aux drôles de cabots.
▬ GISELLA préfère qu'on frappe à la porte et qu'on s'essuie les pieds avant d'entrer. C'est une chose d'arriver à l'improviste, une autre de défoncer la porte à grands renforts de cris CRIs cricririrciri. Gisella est de mauvais poil quand elle se réveille du mauvais pied. TERRITORIALE. Et peut-être que si Mangemonde regarde bien, bien dans l'oeil du Clown, qu'il plisse les paupières et plonge dans les reflets jaunes de l'iris qu'il verra Gisella hocher de la tête. Car Gisella n'aime pas les goujats. Il faudrait être fou pour croire qu'on peut l'enfermer.
▬ TOI MANGEMONDE (en revanche) SENT LE DÉTENU PLUS QUE LE GÊOLIER. Car il fou e t t e à plein nez l'emprise au nez emprisonné autant que les problèmes et la venaison malsaine.
Mangemonde est tout le monde lui aussi, aussi vieux qu'il peut bien être. Il n'est ni Humain, ni Chien mais il est Clown également. Comme Clown il a bien mangé quelqu'un en tout premier. Et son petit doigt lui dit que ce n'était pas un mulot ou un rat mais plutôt quelqu'un qui cricricriCRIE un peu plus fort que les autres dans ce concerto si rondement mené de plaintes à peine voilées sous ses quenottes et ses airs fort résolus. Voilà que le bâtard lève solennellement une patte bien moite qu'il vient poser sur les mains jointes de son interlocuteur.
▬ TOUCHÉ. Coulé. Perdu perdu perdu perdu. C'est toi le prisonnier. QUI SAIT QUI C'EST QUI S'EST LAISSÉ RONGER PAR MANGEMONDE ? AMEN.
Heureusement que Clown n'a pas vraiment de bouche, heureusement que notre suzerain à poils n'a pas de sourire sinon ses babines s'étireraient de parts et d'autres, fendue pour dévoiler un sourire qui tiendrait plus de l'horreur que du comique. Mais Clown n'est qu'un pauvre canin dont la tronche est restée celle d'un clébard jobard qui bave et qui pète dans la boue mais dont le regard devenu moqueur veut tout de même tout dire.
Puisque Clown est rien et tout à la fois.
|
| |
| | Jeu 8 Fév 2018 - 12:55 | | l'œil du clown
Alors c’est ainsi, l’instant des grands calmes ? Prenez garde à ne plus déchaîner les foules, c’est le roi et le bouffon qui se regardent dans le blanc de l’oeil.
Cela m’amuse comme tu me résistes. Et comment tu vois à travers moi pauvre bête. Tu sembles bien plus homme que les hommes et ne comprends-tu pas que je desire te sauver. Ton attachement bestial aux hommes est pitoyable quand tu pourrait lacérer de tes crocs ceux qui veulent te mettre en cage. Moi aussi
Ton rire canin sonne homme à mes oreilles et je ne peux m’empêcher de reveler mes crocs dans des arcs de lippes qui s’étendent vers le ciel. Mais mes sourires sont mauvais et ils sont poisons plus violent que les serpents.
« Oh ce n’est pas la peine de me rire au nez l’ami » L’affection dans mes mots à des airs de hache qui vient trancher le ton normalement jovial de cette apostrophe. « Elle pourrait bien revenir d’entre les morts crois moi. L’inconvénient avec eux c’est qu’ils n’ont rien à perdre, seulement leur place dans les souvenirs. »
Je passe mes mains sur mon menton dans l’imitation d’une moue pensive mais je n’ai pas besoin de penser mon discours car les mots coulent de ma bouche avec facilité. Ce n’est pas la rhétorique éculée ou le poids de la repetition qui m’affuble Je ne suis pas des chiens qui apprennent les mots par coeur. Mes mots sont miens et sortent de ma rage, et de mon martyr De mon fardeau de la croix que je porte. Que je porte pour toi.
« Et c’est ceux qui aiment le plus les paillettes qui ont du mal à être oubliés. C’est que la scène pourrait lui manquer. Elle aimerait pas qu’on l’oublie, Gisella. »
La voix de la bête est comme des crocs dans les parois de son crane, ils viennent griffer comme un chien enragé, faire résonner les rires, et les aboiement, les jappement. Est ce qu’il marque sont territoire ? Mais Dieu flanche à peine, car il n’est pas chez lui non plus. C’est le rire cocasse qui agite ses côtes, le rire, mauvais, fou.
« Oui, oh oui c’est ça. Je suis prisonnier, mais je règne quand même. Mieux vaut être captif mais puissant. » Je dépose ma main sur ma poitrine et fait pianoter mes doigts là où devrait se trouver mon coeur. Mais il n’est pas mien je le sais. chaque battement me rappelle ce corps immonde dont je suis affublé. Que je rêverais de le déchirer, de le mettre en lambeau. J’ai je l’avoue bien des fois ragé, déteste, haïs, imploré, demandé pourquoi ce qui nous dépasse avait réduit ma perfection à une âme dans un corps abjecte. Et puis, la resignation est passé comme une vague, la comprehension après la detresse. Déjà tué une fois, je suis re-né d’une presque mort, j’ai endormi les méfiances, j’ai étranglé ce Tim dans les limbes de sa conscience et ai laissé son âme pourrir et pleurer dans un coin de sa propre tête. Oh oui voila, j’avais tout compris. De divinité je devenais martyr car ils étaient en détresse, mes fidèles à venir. Qu’allait-il faire sans leur berger ? Alors d’un geste du pouce, et d’un mouvement leste je tranche mon coeur.
« Je ne suis pas chez moi ici, mais j’ai des choses à accomplir, j’ai des aspirations plus grandes. » Les mains se lèvent à hauteur de mon visage, comme si je les voyais à nouveau tachées de sang. « J’ai réclamé mon bien et étranglé celui qui logeait ici, oui, Mangemonde l’a dévoré.C’est d’une tristesse n’est-ce pas ? Ahahahaha. »
Je me redresse, dans un craquement sinistre, dans le contre jour je projette mon ombre sur toi le chien, dans la grisaille je ne suis que plus sombre, dans l’éclat sale des cieux blanchâtre et obstrués de froid. Je te toise de mes hauteurs. Pourquoi faut il que ce soit si dur. Si triste. Vous me faites de la peine.
Je tourne le dos et embrasse la vue des cages, et des cris et des tremblements des animaux de foire qui tendent à se faire oublier dans la confrontation mauvaise de leur roi au diable.
« Songes-y le chien, la liberté, la grandeur, nécessitent juste qu’on tranche des cous, qu’on tranche sa laisse. » Je fais claquer ma langue, mauvaise contre mon palais, chaque mouvement de ce corps, je le vole et le dévore. « Ou qu’on s’en attache une autre. »
[/color] |
| |
| | Dim 18 Fév 2018 - 21:09 | | Ça ne l'avance pas plus que ça tout cette histoire, Clown. Chien tend les oreilles, avale les paroles du Mangemonde qui se parade, tout beau tout fier devant les cages, sans laisse et sans attaches. Mais s'il est un élève attentif, il n'en est pas pour autant un public facile car il est loin de se lever pour applaudir. À vrai dire, l'animal ne peut retenir un grognement lorsque le mot « paillette » car oui c'est vrai, les paillettes se font rarement oublier. Elles restent, collent, s'insinuent, se cachent sous les pattes, dans les oreilles, accrochées à un brin de fourrure, perdues sous un oeil aveugle. Elles prennent la forme gracile d'un chat coquin et grincheux, d'un félin mauvais et taquin qu'il ne connait que trop bien mais qu'il voudrait co-naître encore un peu plus. Car ils viennent du monde, sont nés sûrement ensembles dans les mêmes vices et les mêmes vertus. Car ils sont pareils, bêtes et hommes du cirque, hommes et bêtes du chapiteau.
Mais ce n'est pas de Paillette qu'on parle, c'est d'autre chose. Que Clown ne comprend guère. Ce qu'il comprend c'est le geste théâtral de l'étranger qui ne laisse rien à l'imagination. Peut-on se dévorer soi-même ? Oh que c'est poétique, que c'est tragique, que c'est :
▬ NON. BEAU. Et il le pense sincèrement. Mais faut-il le croire ? Les hommes ont le poison des reptiles dans leurs mots, dans leurs façons de faire et lui aussi, ne déroge pas à la règle puisqu'ils un et mille à la fois, là-dedans. Tout profond.
Mais un prisonnier qui croque son geôlier ne reste pas moins qu'un prisonnier comme un chien qui mord son Maître ne reste pas moins qu'un cabot indiscipliné. Et qu'est-ce que tu y connais à la liberté dans ton corps sur deux pattes, toi qui n'entend pas les murmures des arbres, les ballades de Mère Lune, tout les susurrement langoureux des torrents des rivières ? Toi qui ne sait pas ce que ça fait de sentir la pluie perler sur sa fourrure, le vent souffler sur son museau, l'étreinte d'une génitrice à coups de crocs sur sa nuque, les poèmes passionnés de frères et de soeurs de sang et de poils ? Tu ne restes qu'un bipède coincé dans tes mètres carré de peau rose et lisse sous tes vêtements en synthétique avec ton odorat atrophié et tes ongles limés. Et lui ne connait pas l'Amour, l'Amour avec un A, celui du bâtard à son Maître, celui d'un canin à son propriétaire. L'Amour c'est si simple, c'est tout lui donner, lui obéir, parfois se révolter pour mieux revenir encore. L'Amour ce sont les coups et les insultes sans rien demander en retour, l'Amour c'est le regarder dormir tout les soirs et rêver que ce soit lui et pas un autre qui un jour lui brisera le cou. L'Amour c'est pleurer quand il a fermé la porte, quand il est parti trop longtemps et faire la fête et faire le fou quand il revient, quand il daigne passer une main rugueuse sur sa tête, son oeil qu'il lui a lui-même retiré. Par Amour. Parce que le Maître a raison, le Maître ne veut que son bien, le Maître est tout pour lui. Et le Maître a Dieu entre ses mains et ô que Dieu l'Aime et l'Haine. L'Amour c'est plus beau que la Liberté et ça c'est Gisella qui lui a appris, oh oui, Gisella qui n'a jamais pu aimer comme lui il haime.
Alors Clown, il faudra le persuader mieux que ça car Clown ne comprend pas. Qu'un Mangemonde humain lui suggère l'idée même d'un jour quitter la laisse. Il s'impatiente, tape de la patte dans la boue et gronde à nouveau :
▬ MANGEMONDE VEUT QUOI ? Qu'il lui dise à la fin quelle est cette mascarade, ce joli morceau de théâtre car ici rien n'est jamais gratuit et les artistes d'Arcadius ne jouent pas pour rien. À la faim.
|
| |
| | Sam 10 Mar 2018 - 1:32 | | l'œil du clown
Il sent dans son dos l’unique oeil de la bête comme un foret là, cinglant et chaud entre ses vertèbres
jusque dans l’échine il sent gronder le râle amer dans la gorge poilue, le grognement mêlé aux crocs jaunis qui rrrrrrrrrrrrrrraclent les uns contre les autres.
Je me détourne du spectacle de la peur devant moi, il m’ennuie si vite j’aime qu’on me résiste, j’aime voir l’autre sous moi se tortiller et mordre et hurler et penser qu’il peut me vaincre, moi mais je connais si bien les hommes qu’ici on m’offre un chien et tout un nouveau royaume se dévoile à mes conquêtes toute une nouvelle haine qu’il me faudra avaler pour mieux la comprendre pour mieux la chanter.
Il se laisse choir contre un poteau nu, branlant là les pieds dans la boue, son épaule embrasse la rouille car il se sait proche des crasses et de ce gout de fer.
« Beau ? » il minaude, un grand sourire découpant son visage « Beau… Peut être. À bien y réfléchir. Il n’y a pas meilleur larcin que celui qu’on dévore. » Et sur ce mot roulant de R et coupant de V il fait claquer ses dents CLAC D’un coup sec Pâle imitation de crocs, les autres bêtes pourraient rire, de cet humain si bestial. Mais il aurait tôt de se tromper à sous estimer l’homme quand dans cette carcasse il n’y a plus rien d’humain.
« Ce que je veux ? Tu ne pourrais pas comprendre » Et je ne crache pas cela comme la médisance des hommes face aux bêtes car je sais que tu ne connais point ma langue celle millénaire et nitescente même les hommes ignares n’y comprennent rien. « Non tu ne comprendrais pas. Ce n’est pas ta faute, personne ne comprend»
J’observe ma main striée de ces traces de vie si humaines, je l’observe avec force puis replie mes doigts comme les crocs du serpent replie et serre comme si la simple vue de cette main (volée, je l’ai volée, j’ai tout volée ici) m’insultait sans vergogne, dans une langue gorgée de fiel que moi seul peux comprendre.
« Mais je ne veux que votre bien, seulement votre bien… Et-ce si difficile à comprendre ? »
Je n’ai pas d’’amour à offrir ni d’âme à donner que mon martyr ma devotion
pour vous.
Et vous restez ingrats, ignare dans votre inanité dégueulasse et vos babillages qui se perdent en aporie vides.
A nouveau je m’accroupi me laisse tomber près de la fange, celle qui nous compose, à ces quelques pas de toi. Si proche, si loin. Car je ne suis pas fou je connais les morsures.
« Vois-tu je recherche les gens comme toi, ceux-là qui ont une âme double. Nous sommes pareils toi et moi, même si tu ne le pense pas » un silence un instant , c’est peut être bientôt la fin de la scène.
« Mais je ne suis pas là pour te forcer la main… »
Lentement sa main coule sous son t-shirt et saisie le couteau qui dort toujours comme une force sage contre son dos, le carcan de l’objet chauffe contre ses fièvres. Et la larme n’a de larmes que les perles carmines quand aux creux de ses paumes elle scinde les chairs, dans une caresse aimante.
« pour me présenter, tout au plus. »
Et l’odeur du sang d’exciter les bêtes à clown il offre le salut de ses égaux les libations d’hémoglobines dans les terres assoiffées plocplocploc
Entre les doigts, des confettis rouges.
|
| |
| | Dim 25 Mar 2018 - 23:43 | | Dévore, dévore, dévots des voeux d’efforts. D é v o R e. Voilà quelque chose qui parle au Clown quand les mots claquent sous les crocs et s’éteignent en étirant les consommes sous les gémissements des voyelles. Parfois Mangemonde parle en animal mais souvent il sonne comme un démiurge. C’est compliqué pour le clebs.
Clown ne sait pas ce que c’est que le bien car s’il le savait sans doute qu’il ne serait pas là. Bien ce n’est rien d’autre que lorsque Maître passe une main entre ses oreilles en lui chuchotant « bon chien » et ce n’est pas avec des caresses qu’est venu Mangemonde. C’est quelque chose de plus grand, plus BEAU qui échappe à Clown et ce qui se passe ensuite finit par le convaincre car les actes parlent plus fort que les mots.
Le sang qui bouillit dans ses veines parle plus fort que n’importe quelle promesse quand les lèvres de l’étranger s’étirent et qu’un rayon de lumière fébrile vient faire scintiller une canine. Tandis que les mots ricochent sur sa cervelle, les odeurs elles ne trahissent pas et celle du fer le submerge soudainement, plus puissante que la senteur de la pluie, du pop-corn qu’on fait griller au loin, de l’essence des voitures ou de la chlorophylle crachée par la forêt. C’est l’hémoglobine, l’adrénaline, la sauvagerie qui soudain s’éveille, galope, remonte jusqu’à sa bouche, sa truffe, ses oreilles, descend jusqu’au coeur, réchauffe l’estomac, chatouille les pattes, s’en va même jusqu’à redresser sa queue. Tendre et suave quand elle lui susurre des serments de mille ans même pas avant de s’éteindre dans la boue où elle se mélange à l’eau des flaques, revient à la terre là où tout a commencé. Ce sont des globules qui en ont en traversé des moussons et des torrents, sans doute jusqu’au bout des mondes pour arriver là avant même que la pluie cesse. Cela ne le laisse pas indifférent, le touche au plus profond de son abîme abimée. L’unique pupille de Clown semble pulser, soudain ravie et ravivée tandis que ses naseaux s’écartent et que le pelage s’hérisse.
Oh que Mangemonde le connait bien quand il lui fait la plus belle des offrandes, la parfaite marque de respect. Le roi s’incline alors, s’échine à faire la révérence, honoré et dévoré par un tel geste. Il serait assurément bête et impoli, indigne d’un suzerain, de ne pas accepter pareil présent. Alors Clown essuie ses babines dans des coups de langue voraces car la bête a toujours faim et Gisella dans son corset à paillettes, toute femme qu’elle est, n’a jamais autant rougi d’un tel plaisir bestial. C’est l’un des plus beaux cadeaux qu’on ait pu lui faire que de faire couler le rrrrrouge juste pour elle.
▬ OUI. Ses pattes martèlent la boue d’excitation. JE SUIS.
Content de le rencontrer. Prêt à le re joindre. MorD d’envie de faire partie de sa meute.
Pour peu que ses crocs ne se cognent pas contre sa gorge. (Pas trop violemment du moins) (Jamais que pour lui dire combien il l’aime) (C’est comme quand il lui ouvre le crâne) (C’est sans doute juste pour lui dire combien il l’adore) (Et le vénère) Clown y croit à présent avec une ferveur féroce. Et sa foi suffit à l’ériger en idole. Il ne se trompe pas. Car Chien a la verve des batards battus. Et la hargne du leader de troupe.
N’est-il après tout pas le roi ?
▬ ENTENDONS-NOUS.
Ainsi Clown veut pactiser avec celui qui pourrait manger le monde. Il espère bien avoir sa part du butin.
Bon chien. Mauvais chien.
|
| |
| | |
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|