Oh la voila l’ombre douce de l’après midi qui se rétracte lentement. Coquelicot la regarde l’ombre sombre, le bleu de ses yeux jouant sur le vert de l’herbe qui se dévoile, son râteau à la main il essuie son front. Le fer embrasse les quelques feuilles mortes qui jonchent le sol.
Et il fait encore bon.
C’est le manque d’agitation de ces fins d’après midi qui le plongent dans une douce torpeur. non, c’est le calme de cette cour qui lui souffle un vent tiède sur le coeur non c’est faux. C’est l’acide, c’est l’amer, c’est l’âpre, des poisons qui dorment comme un lion dans ton estomac. C’est là, le corps au bord du sommeil dans lequel tu menaces tout le temps de te jeter et parce qu’il t’attrape
Mais il est plus doux de penser autrement n’est ce pas ? L’illusion est mère de tranquillité contre les turpides de l’existence. N’est ce pas Coquelicot.
Mais coquelicot, Licot doux Licot en a assez de penser et un bâillement secoue son corps. Il délaisse ses travaux pour bailler aux corneilles, pour s’offrir un instant au soleil de l’après-midi. Ses rayons tombent juste alors dans cette petite cours, dans ce carré de verdure. Ils abreuvent les plantes qui se tordent le cou, gourmandes qu’elles sont, pour le regarder en face.
Il tombe avec plaisir dans l’herbe qui l’accueille
Au milieu des plantes il sent le thym le romarin la sauge. porté en effluves par les brises emprisonnées entre ces quatre murs il l’aime tellement cette prison de verdure.
Ses cheveux en couronne, son halo rougeoyant comme des coquelicots parmi les brins d’herbes. Il tourne la tête, la joue contre la terre et ses yeux tombent alors sur l’autel grisâtre : Sur la grosse pierre plate. il l’avait posée là; cette pierre chauffée par les rayons malin. Il l’avait poli avec tout ses espoirs, espérant que la pierre dans son immobilité garderai avec elle ses souhaits enfantins. Peut être que si, un instant brave et fort, il fermait les yeux, et pensait très fort Il verrait se dessiner sur son trône de calcaire, les écailles brillantes de l’être attendu. Depuis longtemps. longtemps.
Belle au bois dormant, aux épis endormi sa respiration se tait dans un soupire las, nullement dérangé par la brise ou les rayons vilains. C’est un somme pour un pantin allongé sur le sol. Alors les minutes (les heures?) passent et le jardin grésille de sa vie propre, l’ombre recule encore jusqu’à se terrer dans les recoins des murs de briques chaudes.
Des cils incolores battent les paupières. Comme des éventails qui chassent le sommeil. Et de ses yeux sommeillé, encore glacé de rêve il croit fantasmer pourtant voit, la forme allongée sur la pierre plate. Et il avait dans sa tête tant fois joué ce scénario Il avait tant de fois rêvé cela entre deux brumes sédatives qu’il a du mal a y croire. Alors il déplie sa main et l’avance doucement sa main tiède et vivante pour que la pulpe de ses doigts vienne caresser les écailles du serpent Il n’a pas peur des morsures il n’a pas peur du venin il se sait plus nocif il lui offre sa main.
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Lun 18 Déc 2017 - 13:09
depuis quelques jours ma rétine est opaque. je vais bientôt muer. la saison est aux vives floraisons et comme les fleurs au printemps je me renouvelle. je pense qu’il est l’heure de faire mes adieux à la forêt (même s’il n’est jamais d’adieux entre nous car la forêt pulsera toujours dans mes veines). je me meurs. mon être entre à l’automne de son existence. il est temps de retourner parmi les miens comme un loup solitaire retrouverait la meute pour ses dernières aubes. je me meurs. je ne veux pas mourir. j’ai planté mes racines dans l’humus odorant des étés humides, mais il n’y aura pour moi point de renaissance. je me sens retourner à la terre.
ma rétine est opaque mais je sais où je vais. l’effluve suave de nos émois me mènera pour toujours à la maison. je me laisse glisser entre tes sauges enivrantes et tes romarins parfumés. j’aime ton jardin car il a le goût de ma nostalgie (bien que ma mémoire soit érodée il est en ton affection une chose que je ne puis oublier)
tu hantes mes souvenirs,
et c’est là une belle preuve d’amour car vois-tu j’ai fait table rase du passé. dans tes coreopsis désordonnés je retrouve de vieux amis. ma vision est trouble mais je vois avec clarté. je te découvre dans l’herbe comme si au passage des lunes tu m’avais attendue. je me couche au soleil comme une bête au soir de sa vie. aux aspérités de la pierre, ma mue se détache. aujourd'hui encore j'atteins le nirvana du renouveau mais bientôt je me ferai trop vieille. j'aimerais pouvoir vous aimer dans mes derniers instants. je me love sur la pierre et me gorge de sa chaleur qui trouve un écho dans la tienne. tes doigts sur mes écailles ont la tiédeur réconfortante du soleil matinal. tes mains ont l’amère odeur d’aconit et la suave fragrance de la terre. pour toi je me métamorphose. j’embrasse mon humanité longtemps étouffée. mes doigts se mêlent aux tiens.
les coquelicots m’ont ramenée à la maison.
Coquelicot
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C’est un petit soleil sur sa peau sur son corps. Un petit soleil dans le creux de ses doigts.
un instant il ne croit pas à la douce caresse des écailles qui s’étirent, qui se meuvent sous ses phalanges. Il regarde sans y croire le corps se transformer dans ce ballet de chair qu’il connait si bien. Une peau contre la sienne Des doigts dans les siens. Les mèches blanches comme les lys venant se mêler au capillaires coquelicots. Rouge et blanc comme l’habit des oeillets.
Un instant interdit il ne dit plus rien ne respire plus peut être qu’un souffle embraserait ce moment ?
Mais, Mais bientôt le sourire fend la porcelaine, dans cet arc de chair et de lippes douces qui cherchent à atteindre le ciel. Et comme le plus doux des poisons Il lui coule de la bouche pour atteindre ses globes : Le liquide du bonheur dans le bleu de ses yeux.
Alors. Alors coquelicot reveille toi. Attrape le rêve qui s’étend à tes côtés. Tu enfouis ta tête dans les jupons-qui-n’en-sont-pas-et-sans-ages. Tu serres dans tes bras comme une statue de verre la silhouette maligne juste révélée. Comme si tu avais peur qu’elle t’échappe encore. Contre ton oreille tu entends le coeur qui vibre vibre et te fait trembler. Tu tremble beaucoup est-ce que c’est le poison ? Celui de la joie, oui, peut être celui qui a un gout de bonheur
« Tu- »Es là. revenue. Ne m’a pas abandonné. Tu le sais ? je n’ai jamais cessé de croire, et de penser et d’espérer, tu sais parfois c’était dur, et ma tête, non ma pauvre tête elle n’était pas claire, mais regarde cette pierre elle était là pour toi, comme le jardin c’est en pensant à toi. J’avais pensé voir un jour la couleur de tes écaille et ta chaleur dans mes bras. Tant de choses que tu veux dire Coquelicot, tant de mots sur le bords des lèvres et en fièvre dans le coeur. Tant, si vifs, que tu ne peux rien dire et que ta gorge se serre et que tu sens les larmes picoter tes yeux clairs.
Tu tente de les cacher dans les tissus râpeux, entre les bretelles qui soutiennent la culotte de ton invité. Mais tu ne lâche pas sa main.
Les instants silencieux des pleurs tus passent rapidement
« Je suis heureux que tu sois là. »souffle t’il en se redressant « Est-ce que tu as faim ? Ou soif ? je n’ai pas grand chose mais je t’offre tout.»
Sa reserve Se fleurs Son logis Ses yeux Et son coeur Mais ça, tu le sais déjà.
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Mer 3 Jan 2018 - 17:15
mon sang est froid mais il se réchauffe à la douceur de ta peau. j'aimerais rester là pour l'éternité, à me gorger des effluves de menthe poivrée qu'exhalent tes cheveux mêlés aux miens. je me trouve apaisée par la suavité des arômes fleuris alors que mon coeur est une tempête. dans nos mains nouées je trouve le repos que ma mort si proche ne me permets plus. j'ai oublié comment être. je suis depuis si longtemps un serpent que j'ai perdu ce qui faisait de moi un homme. (il y avait si peu à perdre) mes effrois se meurent quand je te serre dans mes bras, et même la mort qui plane en vautour au-dessus de mon âme à l'agonie ne me fait plus peur. ma chair est faible, mais je trouve le réconfort dans ton souffle régulier. mon hibernation est terminée, le printemps a dégelé mes vieux os, ancrés au fil des ans dans le sol de la forêt, dans le bois des pins. je pensais être un loup pour l'homme, mais l'homme a plus que jamais besoin de moi. mais j'aime croire que je reviens pour toi.
je suis là désormais.
l'étreinte s'achève et je laisse les larmes mourir dans la terre. que les pleurs nourrissent les asters et les teintent du bleu éclos à nos cils. je ne voudrais jamais dénouer nos doigts.
je ne veux rien sinon vieillir à tes côtés.
de mes cendres fleuriront des chrysanthèmes. j'ai peur de vieillir mais mon inquiétude est moindre quand je suis avec toi. car il n'est personne d'autre pour me comprendre au soir de ma vie. les décennies ont érodé mon coeur, mon corps et mon esprit, mais ma tendresse pour toi est intacte.
je n'ai pas l'impression d'avoir faim ni soif. mon esprit est engourdi.
ne lâche pas ma main car le poids des ans m'assaille. mes lèvres s'étirent en un sourire et mes yeux sombres se perdent dans les eaux troubles de tes iris. la noyade est douce et rien ne pourra m'en sauver.
et toi comment vas-tu ? j'espère que tu vas bien, j'espère que tu es en bonne santé. je m'inquiétais pour toi parfois, quand j'étais encore là-bas.
auprès de ma mère la forêt. je caresse tes cheveux aux pétales pivoines avec une bienveillance que je m'étais oubliée. j'aimerais pouvoir offrir aux hommes un peu de l'amour que j'ai pour toi.
Coquelicot
magnolia
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Il frotte ses yeux trop rougis de pleurs et de sommeil. Ce dernier laisse toujours la marque de son étreinte sur ses globes fatigués, comme des violettes venant fleurir ses regards opalescents. Des bleus, des contusions, des coups frappés par Morphée sur son opiacé enfant. Coquelicot. Embrassé de peurs, de longs sommeils, c’est l’étreinte du poison comme des narcotiques. La douceur du songe qui pousse son dos et lèches ses paupières.
C’est le trop plein d’amour qui gorge son coeur, il n’a plus assez de racines pour en absorber les eaux qui roulent encore sur ses joues. Il en efface les preuves avec ses mains. Et son regard tari les flots pour se glacer un instant. Devant toi l’être sans âge répond à ton étreinte. Mais tu sens entre tes doigts les branches fanées et les feuilles morte. Ivre de joie de l’avoir retrouvée tu voudrais retenir à toi cette vie qui lui échappe et qui file entre tes bras. Mais c’est une pensée que tu sais égoïste. Coquelicot ne peut rien contre l’hiver. Coquelicot ne peut rien contre la mort. Il connait les sommeils et l’éveil si absent. Et le cycle de choses qui finissent inexorablement par mourir.
Ils sont êtres de nature, de poussière d’étoile.
Mais ils sont mortels.
Passe ses doigts tremblant sur la courbe de sa joue Perdu un instant dans les cheveux blanc. Elle à la beauté des begonias, de la fleur d’oranger qui enivre son esprit. Mais c’est deja l’automne, c’est deja l’hiver.
Coquelicot la regarde et voudrait lui dire
« Je ne veux pas que tu meures » C’est triste, c’est bête à en pleurer, Coquelicot est comme un enfant dans le giron de sa mère. Coquelicot est encore jeune et n’a pas le poids des ans. Coquelicot échappe cette plainte qu’il sait égoïste entre deux sanglots bougons. Mais il sait qu’il ne peut lutter. « Mais je serais là. »
Pour t’offrir mes bras dans lesquels t’étendre à l’aube de tes dernières aurores. Pour le crepuscule de ton savoir mes oreilles seront là, comme pour garder précieusement toutes traces de toi. À l’hiver de ta vie, rassures-toi, la neige ne sera pas ton linceul. Tu seras bordée de couffins de pétales, au plus chaud de la terre qui compose notre chair. J’aurais surement des larmes pour laver les dernières traces de toi. Des flots déraisonnés, enfantin, que je ne pourrais retenir. Et mon amour pour toi, celui-ci, qui palpite et m’anime sera le vrai drap que je poserai sur toi en même temps que mon dernier regard. Avant que tu disparaisses. En poussière entre mes doigts.
« Je… serais là »
Il pense chaque chose, chaque mots de toute les fibres de son être, et il sait qu’elle entend : ce tiraillement ténu de son âme. Ce cri assourdissant de silence entre-eux. Il ne lâche pas ses phalanges entre les siennes ne veut pas quitter ce bout de rêve de peur qu’il s’échappe et s’offre a la caresse prodiguée par ses mains. Elle semble calmer toutes ses angoisses.
« Je vais b-… » Les mots buttent sur sa langue comme un oisillon apeuré à l’orée du nid. Pourquoi ? Pourquoi ? Cette phrase Je vais bien ces trois mots Je vais bien coulent habituellement avec aisance JE VAIS BIEN Il ne veut pas l’inquiéter J E V A I S B I E N Mais il ne peut pas mentir, il n’arrive plus, il n’a plus envie peut être. « Je vais. » laisse-t-il dans un sourire fatigué. Il sait bien que son apparence ne lui aura pas échappé. Il a le teint morne et les yeux rougis. Il a les lèvres brulées par les poisons qu’elle connait bien. Il a au fond de l’oeil l’ombre du sommeil, de la mort et la peur de l’éveil.Il a les côtes qui perlent comme flanc et vallons à force d’avoir vidé ses entrailles. A quoi bon mentir quand il se sait vulnerable. Il baisse les yeux, c’est un sentiments de honte qui l’envahi soudain. Il s’était fait son élève apprenant les herbiers, connaissant sur le bout des lèvres les plantes. Il se savait deception. Elle devait être déçue. L’aimerait elle moins alors ? Il frissonne à l’idée, frissonne de tout son être de tout son coeur et resserre inconsciemment son étreinte sur sa main. Se coulant un peu plus dans ses caresses comme un animal apeuré. « Dis moi… » souffle-t-il tandis que ses yeux s’accrochent au vide, fixant un néant, une chimère qu’il est seul à voir. « Raconte moi ‘la-bas’. J’ai l’impression de te connaitre au delà de tout les mots. Mais tu ne m’as jamais rien dit. S’il te plait. Qui es tu ? Raconte moi ces choses que je pourrais chérir quand… » Tu ne seras plus là.
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Lun 12 Fév 2018 - 19:47
j'ai en désamour les moires de l'aconit qui fleurissent ton visage, il n'est pas de plante que je hais sinon les fleurs bleuies écloses sur tes paupières. mes lèvres cependant ne sauraient se délier en sermon ; alors que je me suis gorgée pendant de gargantuesques décades de mon propre poison, assoupie d'égoïsme dans les bras des nymphes. la liberté est mon ivresse, je l'ai goûtée depuis l'éveil du siècle alors comment t'interdir d'embrasser le sommeil paisible des poisons amers.
j'accueille ta main qui frôle mes cheveux, champ nouveau d'asphodèles à la couleur que je ne reconnais plus. je ne sais plus qui je suis coquelicot mais moi non plus, je ne veux pas mourir. car il me reste tant de choses à faire avant que la nuit embrase ma vie usée de désinvolture.
il le faut pourtant. l'éternité n'est qu'un mythe qui hante les songes des hommes.
ai-je encore le temps ? de voir tes cheveux aux échos jeunes de l'aurore flotter dans l'été, d'aimer les hommes comme s'ils étaient ma chair et mon sang, d'offrir mon savoir à mes frères et soeurs magnolias - ceux-là même que j'ai délaissés quand j'aurais du les voir naître.
j'ai parfois peur mais je ne suis pas triste. je ne veux pas que tu le sois non plus.
je ne suis pas triste d'apercevoir le crépuscule. je suis mélancolique car j'ai dévoré mon temps de futilités. qu'il serait triste de cesser d'exister comme si jamais je n'avais effleuré cette vallée où j'ai gâché ma vie toute entière. je sais coquelicot que je suis égoïste car je te demande de nourrir mon souvenir et de partager ma peine, alors même que j'ai fui plutôt que de partager la tienne. je pense avoir échoué en tant que magnolia. je pense que je me fane alors que jamais ma floraison ne fut complète.
c'est difficile parfois d'aller bien.
et je me dis que sans doute j'aurais du rester à tes côtés, comme un preux chevalier couvert de narcisses qui survivrait à tous les hivers. il y a dans ta tendre honnêteté un courage que je chéris.
j'aimerais tant que tu sois heureux, toujours.
j'aimerais voir éclore à tes mains des hortensias, pour t'évader du spleen doucereux des colchiques. il y avait tant de fleurs là-bas dans les clairières, dans ce monde qui était mien. je pense qu'un part de moi est restée là-bas. au coeur des bois.
là-bas, c'était si calme. le silence et la solitude étaient enivrants -- oui, je m'enivrais du bonheur égoïste d'être seule, de n'avoir personne à protéger. j'ai oublié qui j'étais, là-bas, et je crois que l'oubli m'a préservée. ma mémoire s'est troublée au gré des saisons. je ne sais plus qui je suis. je me suis perdue dans la forêt.
je me tais car je brûle du désir de repartir.
et toi coquelicot, qu'as-tu fait pendant toutes ces années ? je ne sais plus combien de temps est passé depuis la dernière fois. quel âge as-tu désormais ?
Coquelicot
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Au crépuscule des jours se courbent les plantes de chair quand leurs soleils meurent dans les fleurs de coton la-bas, tu sais, où le bout des champs rencontrent le ciel Dans la grande horizontalité des repos et des morts. Des fleuves et des flots.
C’est comme cela, quand le disque brulant embrasse la terre et embrase les blés. C’est rouge et chaud comme le tison et la braise, et ça a une odeur de printemps. Alors toute les fleurs aux pieds des champs, pâquerettes, bouton d’or; Coquelicot, roulent en boule, closent leurs pétales contre le froid de la nuit. S’endorment.
L’enfant dans le creux des bras de sa soeur-âme sans âge, à l’instar de ses âmes-fleurs se courbe sur lui même, se fane pour la nuit.
« Oh, je serais surement triste, on ne peut rien y faire hein ? » Il enserre son coeur comme il cueille les roses à pleines mains. ça pique. « Mais c’est bien la tristesse non ? C’est… La douleur de se souvenir des choses heureuses. Si on est triste c’est qu’on a été heureux , je suis heureux près de toi. Mais j’ai un peu peur que… qu’elle ne parte jamais. »
Il parle ainsi, de la mort comme de l’abandon. Mais peut être que l’abandon est pire. La mort est inévitable, si elle se fane ce ne serait pas de sa faute, n’est-ce pas ? Il saura se faire fertile, fructueux pour elle. Il saura être l’extrême onction, le dernier sacrement, la terre et le tombeau. L’abandon est autre, il en est la seule cause. On ne lui rien laissé, qu’un vide dans son coeur rempli par les regrets. D’une tristesse figée dans une infinie floraison.
« Je te comprends tu sais, parfois…; Parfois c’est dur et j’aimerais aussi, disparaitre dans la terre et me cacher au creux de la mousse, dans la forêt comme avant mais… » Sa main dans la sienne, comme des fruits de bardane, pensif un instant il a envie de la rassurer. Parce qu’il croit assez en elle pour rallumer tous les feux. « mais tu sais quand je vois » Et il voit le visage d’Ivan, de Lola de Vito et d’autres De ces Myosotis, de ces fleurs dont il cultive les sourires « Quand je vois cet éclat sur leur visage j’ai l’impression que je n’ai que ce but, les faire briller à nouveau. Il fleurissent mon coeur, mieux que les pluies de printemps. Je ne doute plus alors. »
Qu’a tu fais toutes ces années Coquelicot ? Qu’as tu fais ? Qu’as tu fais ?
« J’ai, trente années peut être ? je ne sais plus je… je ne veux plus compter. »
Son jardin s’est écroulé en si peu de temps. Il avait passé tellement de temps à cultiver ses amoures. En semant son coeur il n’a récolté que tempête.
« Oh … » A nouveau il enfonce sa tête contre son ventre (là où il sent la chaleur de ses entrailles) et ses guenilles et il la serre plus fort entre ses bras. Parce que tout son corps tremble et la terre est engorgées d’eau. Il se sent malade, avec l’amer de la bile et le sel des larmes au bord des lèvres. Car le masque tombe si aisément entre ses doigts. « J-…J’ai.. » Les mots lourds d’humus et de regret et de peine et de honte J’ai si honte de moi et ils se forment avec peine à travers les sanglots. « J’ai le coeur p-pleins de pucerons » il est plus là mais il est continuellement accroché à ton coeur. Et ses doigts de s’enfoncer dans sa poitrine, sous sa chemise ocre, ses phalanges viennent dessiner des demie-lunes rougeâtre dans le laiteux du derme. « J’ai aimé. Il… Il…est parti ? Je ne sais pas pourquoi ? Je ne l’ai pas sauvé ? Et je reste là avec ce mal dans le coeur, et je repense à toutes les choses et à dix ans de vie et à ce que j’aurais pu faire et…oh.. je suis si fatigué. J’ai l’impression d’être si idiot et inutile et de me courber quand tout le monde se tient droit.»
Il ne sait plus si il pleut ou si c’est seulement lui.
« Regardes, je suis triste. Je devais surement ê-être ..très… heureux. »
murmure
« c’est très bien d’être triste. »
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Mer 11 Juil 2018 - 0:33
on peut oublier la mort à l'éclat solaire des jours, mais le soir venu il ne faut plus lui tourner le dos. j'ai assez dénigré le poids des magnolias qui poussent sur mes épaules, j'ai voulu noyer mon coeur dans les denses feuillages et pourtant, pourtant il est toujours là, battant au rythme effréné des saisons pour mieux refleurir quand vient le temps des coquelicots.
non, on ne peut rien y faire.
on ne peut rien y faire : la forêt donne mais elle prend aussi, gargantua de vie et de mort qui fait de nous le terreau des anthèses à venir. il y a de nos cendres dans les florescences juvéniles.
elle ne part jamais vraiment, non ? on peut l'enfouir au fond du coeur mais elle est toujours là.
c'est fou comme la vie me coule entre les doigts comme de l'eau, c'est fou comme j'ai l'impression de pourrir : est-ce que toi aussi tu penses que c'est cruel, d'être revenue seulement pour déposer dans tes mains des pétales de gentiane ? nous n'avons rien des hommes, et à notre mort il n'y aura pas de tombeau à fleurir.
moi aussi je suis heureuse avec toi.
c'est facile pour moi : je dis je t'aime car je n'aurai pas à pleurer ton absence. je sais que dans ton coeur fleuri bien des clématites recouvriront le vide de mon départ (il est des plantes nourries par les éclipses).
tu es courageux et ça me rend fière. je suis sûre que tu fleuris aussi leurs coeurs en retour.
en trente années d'homme et bien plus de saisons on cultive bien des amours, bien des affres aussi : mais peut-être que pour nous cela ne veut rien dire, car on va parfois dans le temps à contre-courant. je te serre un peu plus fort contre mon ventre pour noyer tes larmes dans ma chaleur renouvelée. au creux de mes entrailles il est toujours un peu d'été dont je voudrais te baigner ; pour, même dans la tristesse, laisser fleurir le pavot.
on peut toujours chasser les pucerons. tu sais... parfois on ne peut pas tous les sauver, peu importe combien on aime. ça ne fait pas de toi un idiot, et encore moins quelqu'un d'inutile, parce que pendant ces années tu as été heureux et lui aussi sans doute.
je passe dans tes cheveux une main bienveillante, mes paumes sont encore froides pourtant. je voudrais panser toutes les plaies creusées par les ronces mais je n'en ai pas le pouvoir.
parfois ça doit l'être. mais au bout d'un moment les larmes doivent bien s'épuiser, non ? enfin je ne sais pas. les serpents, ça ne pleure pas.