Dans les vapeurs absconses des antalgiques il n’y a que des formes brunes.
Et
des mouvements sourds,
des
silhouettes hurlantes.
Dans ces limbes de sommeils et d’extases, de douleur surtout il fait chaud comme au plus près des saisons humides de l’équateur. Dans les moussons empoisonnées la torpeur règne en maitre.
Il lui semble que de l’arsenic coule sur ses paupières, qu’il leur intime de se presser l’une à l’autre. De s’embrasser comme des amants trop longtemps séparés ; car les bruits se meuvent et les formes hurlent encore.
Est-ce la rigor mortis qui s’installe dans ses chairs ? La paralysie délicieuse mordant tout son être. Il s’est deja trop usé à l’usage de sa langue,
Trop alangui dans les mots langoureux, lancé faiblement comme un appel à l’aide.
‘Plume.’
Il n’entend plus les voix si ce n’est leurs vibrations infimes qui viennent tendre ses tympans. La voix de plume a toujours dans son coeur un echo sans pareils.
Même quand il n’en saisi pas les mots.
Est-ce un été torride qui brule sous sa peau ? Une canicule qui vient ronger ses verdures même au fond de ses clairières les plus gardées.
Mais ce n’est pas la fièvre ce sentiment nouveau qui roule sous ses veines.
C’est la culpabilité plus violente encore que le plus insidieux des poisons.
Et dès qu’il entend sa voix il la sent se distiller dans ses veines
Brulé son coeur, comme le sucre dans la cuillère;
recouvert d’absinthe.
Mais il semble que tout à coup le deluge se déchaîne sur ses brasiers ardents et c’est la morsure des ondines partout sur sa peau.
« ah ! » Il ouvre grand ses yeux opalescents et troubles quand les gouttes d’eau coulent et perlent à ses cils. Les cheveux roux carmins inondés de ces flots, décorés de diamants aqueux et de petals de fleurs qui lui tombent sur les joues
dans le dos
dans le cou
Un éclair dans la colonne vertébrale l’anime comme un diable sortant de sa boite, et il choit en avant les coudes à terre et les mains contre son front brulant. C’est ses entrailles qui se plient, l’estomac au bord des lèvres, comme un trop plein de sève qui lui brule l’oesophage.
Mais rien ne semble vouloir sortir de cet être vide qui se tord sous les coups fantômes de ses organes.
Dans le silence de la boutique la respiration rageuse sonne comme un cauchemar et comme la bête à l’aube de sa vie dernière il se laisse choir sur le flanc, le front contre la fraicheur de sol de pierre
Il reste quelques gouttes qui glissent de sont front, contre ses joues et
le long de son cou
Celles-ci se mêlent au sel des larmes qui perlent à ses yeux, celles de douleur des brulures dans sa gorge en feu,
dans son être ravagé
et dans son coeur mort.
Calmant ses souffles essoufflés et son coeur battant dans ses tempes humides, il bat des paupières comme pour faire filer la torpeur qui amoindri son corps. Et ses yeux malmenés embrassent les blancheurs immaculées de plumes.
Au milieu de taches floues de couleurs, ces mille fleurs suspendues arborant la boutique brille l’éclat de cette âme si douce.
De cette présence qui apaise comme un baume
comme une fumée
comme les narcotiques.
C’est plume.
Mais plume a le coeur frêle et les mains précipités de tremblements, alors que Coquelicot lentement étend la sienne.
Il cherche a attraper celle de sa soeur et comme une caresse fantôme pourtant brulante, mêle leurs peau laiteuses.
Il lui semble que tenir sa main un instant le ramène des limbes de torpeur où il s’est perdu à trop errer.
De son bras libre il tente de se relever mais ses muscles tremblent encore des assaults du poison. Il lui faudra attendre le passage de la grêle.
Ses habits trempés lui collent à la peau, il frissonne quand le souffle glacé du dehors vient lecher son dos.
Mais il n’a pas peur car sa main dans celle de plume le garde de toute misère.
« Plume…. Ne t’en fais pas Plume…. » C’est le gout des mensonges qui pique comme la cigüe. De ta bouche Coquelicot tombent les digitales.
« Excuse moi je t’ai fait peur je… Je vais bien… » La toux revient racler les parois de sa gorge, il a les lèvres sèches comme les terres arides et les substrats assoiffés. Il cache les dernières douleurs entre ses dents serrées, mais force sur ses lippes des sourires dont les douceurs ne sont pas fausses pour autant.
« Pourrais-tu… Ramasser les orchidées petite plume ? Elles vont avoir mauvaise mine à rester par terre comme ça. » au moins autant que lui.