Pour aimer les coquelicots, et n'aimer que ça, il faut être idiot.
Coquelicot:
Consolation
Paix
Sommeil
Petite fleur dans les champs, qu’on ne touche pas
petite fleur sur les bords de route, qu’on ne hume pas
Petite fleur dans la boue
petite tache de rouge
petit souvenir à la boutonnière des soldats.
Coquelicot tu es,
Petite poupée blême
Pathétique pantin brisé
comme
la porcelaine.
On voit bien sur ses traits les traces grossières des morceaux recollés. La mélasse noire et immonde qui tient tout l’ensemble de cette architecture bancale. Qui avait peut être quelque chose d’humain.
C’est l’aride et la terre striée qui se forment dans un coeur. Un sable si fin qu’il file entre les doigts. Un sablier dans les tripes qui coule, coule, coule.
Genévrier, Amarante, Crocus Il se souvient de la forêt et parfois de ces cicatrices arides dans le vert de son duvet. Il se souvient d’avoir tant de fois soigné ces plaies de petites attentions, passage de mains douces sur les sols rêche. Ses mains sont fertiles, ses sourires l’étaient aussi.
Vigne vierge, MyosotisIl se souvient des douceurs de ses frères-soeurs, se souvient des ces couronnes de fleurs qu’il nouait pour leur cheveux, choisissant les parures, connaissant leurs secrets, les couvrants de tendresse tant leur amour lui insufflaient la vie.
Et maintenant que son coeur lâche, et sombre, qu’il coule dans la mélasse et se noie dans la poix il n’y bien que cela pour lui garder la tête hors de l’eau.
Puisque vivre est une noyade constante, reprends ton souffle, bel enfant, vis à travers les autres et l’amour que tu leur porte.
Même si tu sais combien ceux à qui tu offres ton coeur en prennent plus qu’une miette, mordent dedans à pleines dents, tu continues pourtant à leur ouvrir tes portes et tes bras et tes lèvres et tes sourires. Tu donnerais corps et coeur pour protéger celui-qui te frappe. Si on te gifle, tend l’autre joue. Peut être que la piqure reveille ? toi qui a si souvent sommeil. Elle a le même attrait que le feu qui danse. Imbécile. Tu aimerais pouvoir le caresser et le garde près de ton coeur, adoucir ses peines, pourtant il te consume, comme les feuilles morte qui qui n’en finissent plus de gésir.
Tu ne peux pas tout guérir et ton apathie constante excitent les feux de ceux qui voudraient te voir réagir.
Alors,
Tu confectionnes les onguents, les tisanes chaudes, les cataplasmes sur les petites plaies, les antalgiques pour étouffer les souffrances, pour soigner les maux et les coeurs tout aussi brisés que le tiens.
Glycine, Heliotrope, Cyclamen.Ses lippes ont le gout des poisons qu’il ingère. Doux cyanure, amère, qui croque comme le noyau d’un abricot tendre. Tu embrasses la digitale du bout des lèvres. Et tu aimerais, peut être que son baisé soit mortel.
C’est le sommeil qui l’emporte le grand sommeil peut être ? celui qu’il cherche à tous prix dans les feuillages, les bourgeons, et les pétales. Les plantes.
C’est les sèves sur ta langue
et les
résines dans tes poumons.
Qui ont ce gout mortel qu’on ne sent pas.
Parce qu’on ne sent plus rien.
Il sait fabriquer avec innocence des venins plus mortel que celui des serpents.
Mais il est le seul à en gouter les délices :
Tu aimerais être de ces choses qui se brisent en instant. Un ardent feu de paille qui se consume. Une corde que l’on tire, une cachette qu’on presse.
Mais tu n’es rien qu’un cri sous l’ocean. Le poids des années qui courbe un dos. L’agonie silencieuse d’une mouche dans le miel.
Colchique, « Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne »
Digitale, If, Bruyère.
Lotus.Il donne des bouts de coeur comme des miettes dans le vent pour les oiseaux fugaces, ceux plus affamés éreintés des errances migratoire. Il porte pléthore de douceur pour ceux qui en sont sec, prenant soin des pousses comme un oasis dans le desert.
Mais il a fait l’erreur
par une fois
son coeur
de le donner
de se donner.
Geranium rougeCe myosotis avait de si belles couleurs dans le coeur et dans les yeux. Et dans la voix cette façon de dire son nom. Coquelicot. Et dans ses silences ces discours amoureux qui touchent l’âme aussi bien que le corps.
Inconnu à l’amour et ivre d’un sentiment nouveau
car il n’était pas humain, lui :
Amaryllis rouge, Lilas blanc, le Coquelicot s’est laissé cueillir.
Et il avait cru, pouvoir tant donner, tout les morceaux de son coeur à cette bête affamée.
Mais le myosotis a fané et de son humus putride est né une fleur de rage, un hellebore.
Coquelicot tu as échoué, souvent l’amour ne suffit pas à panser les blessures, à soulager les coeurs.
Mais ça tu ne veux pas l’entendre.
Fini coquelicot, piétinés les pétales qui s’effritent entre les doigts. Ils laissent une sève rouge qui colle la pulpe.
Et le souvenir d’une douceur.
Volubilis majeur
Oeillet rouge.Des bouquets de coquelicots dans les bras dans le coeur. Qui se fanent, éphémères, intangibles.
Vaniteuse idée que d’essayer de les cueillir. Aimez vous les voir mourir ?
Dans vos vases, loin des champs
à votre boutonnière
vous portez une douceur morte près du coeur.