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hellébore
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Lun 19 Fév 2018 - 21:58


si j'ai toujours raison tu sais,
j'ai pas toute ma raison
Il ne lui manquait point.
Cette rousse couronne vautrée dans une stupre nouvelle, lui renversé sur une ivresse indigeste. Ça ne lui manquait point. En tous les cas pas ces cils imbibés de venin, ni ces mains trop vertes de froid, en tous les cas pas cette hanche minable abattue par les saisons, percée par quelques cœurs au bout des lèvres et des jours sans auréole : Daehyun contemple un enfant rejeté par des berges d'éthanol et songe que ça ne lui manque point. Il croise les bras sur la poitrine et demande de l'eau pour l'effondré, du whisky pour celui qui ne l'est pas encore. Il attend.

Au premier ressac du rivage, il le hèle sans le presser : ‹ Réveille-toi. ›, car il se doute que sa voix seule peut se faire retirer toutes les mers. Ce n'est pas assez d'alcool ni assez de patience pour le faire sourire de la situation. Pourtant c'est vrai, il ne connaît pas ces incartades, mais, connaît-on aussi le cresson violet à son cœur, ou sa lassitude au bout des vertèbres de fer : n'y a-t-il pas un an qu'il a méconnu les côtes nivéennes de Coquelicot, il ignore ce qui est advenu des pavots de sa deuxième enfance, et
ça ne lui manque point.

Daehyun tapote sur la table un rythme absent qui parlait encore d'amour, en guettant une réplique à la première secousse de cette terre qu'il n'a pas spécialement envie de voir. Il n'a pas songé aux rideaux d'avant ni aux fleurs d'après, il y a longtemps qu'il a décidé qu'il avait dévoré ce genre de racines, et il voulait un autre tête à tête qu'avec ce qui a roussi aux regrets mordus. ‹ Réveille-toi Coquelicot › il insiste, ‹ tu te donnes en spectacle. ›

Coquelicot
 
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Coquelicot
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Mar 20 Fév 2018 - 1:07
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Reste а savoir si on trace
un trait un point dans notre espace


Oh Ariane
Ariane

Ariane tends moi ton fil
tends moi ton fil que je l’enserre autour de mon cou,
tandis que mes pieds tanguent loin dans le grand appel du vide.


La fleur ballotées au gré des eaux a les racines qui trempent dans l’éthanol. Et le coeur détrempé des moussons salées.
Et les yeux sec comme sable.
Comme tous ces grains dans ces rouages d’automate rapiécé.

Il s’en était fallu de peu, de pas grand chose, de rien.
Et déjà les hontes viennent fleurir ses joues et l’écho des Erinyes s’ébruite à ses oreilles. Sans cesser de susurrer dans leurs souffles syncopés ces sales sermons. Il se ferait sourds aux sifflets de ces sycophantes s’il pouvait seulement.
Mais il lui manquait tant.

Mais il lui manquait tant qu’il était parti à la chasse aux souvenirs : ses pas dans les fantômes de ceux tracés il y a un an déjà. (Un an, c’est tout, et c’est si long à la fois) il avait battu les pavés à la recherche des riens qu’il avaient peut être laissé.
Et dans l’ombre de l’alcôve, et les jambes tremblantes sous le banc vide d’autre chose que de lui, il recherche la présence absente. Il chercher sous la pulpe et le bois humide et collant de la table la sensation presque oubliée de ce derme qu’il avait longtemps parcouru.
L’enchevêtrement des côtes, comme flanc et vallons agités par milles tempêtes.
Cet endroit secret où la gorge s’étreint à la tête, dans la courbe du cou là où vient naitre le pouls.
Et les cils à demis-cl dans les secrets du soir.

L’écobuage est passé depuis longtemps déjà mais rien n’a poussé des cendres mortes. Seulement un vide. Et le vide prend tant de place. Le vide est si grand, si plein.
Si effrayant qu’on voudrait le remplir.
C’est un vide comme un champ où deux camps se font guerre, un Verdun cabossé où s’affrontent des frères : d’un côté les tendresses, de l’autre les poisons.
Et perdu qu’il était dans les no-man’s land il préfère s’abandonner au sommeil.

C’est le corps fondu contre la table,
le méfait encore entre les mains
Les doigts contre la chaleur des touches
Et l’écran qui vient vomir son bleu sur son visage endormi.

Rien.
Rien que le tumulte et l’écho maladif des sons contre son crâne.
et la brulure dans son estomac
et cette voix qui le tire.

Il a les lèvres qui saignent le tanin et des sulfites en milliard contre les millésimes qu’il ne goute plus.
La tête empoisonnée, trop déjà, si lourde
lourde
lourde
il était aisé de le réveiller
avant
il s’éveillait à l’écho de son nom
avant.
Il était ravis d’ouvrir ses yeux et de le découvrir, lui
avant.

Mais maintenant il a le sang trop pourri aux poisons et tout son corps n’est que flasque de chair remplie d’arsenic.

Et peut être si je vous embrasse ? Si je vous embrasse je vous entraine à la tombe ?
Je      suis      toxique
Connaissez vous le sommeil ? oh lui m’aime bien
il m’aime trop
si je vous touche ? fanez vous ?
trop
si je vous griffe ? fanez vous ?
trop
et dans mes bras ? Mourrez vous ?
trop
et s’en est assez
Coquelicot.

Coquelicot.

Ah. Son nom dans cette voix, son nom dans cette voix vient rincer sa tête comme l’écobue coupante, un glissement de terrain entre ses deux côtes.
Les doigts se raidissent et viennent griffer la table. (dejà ? Déjà la rigor mortis ? elle a des accents froids dans la colonie vertébrale.)
C’est l’éclosion violente des oeillets jaunes comme la bile dans ses tripes. Un composte parfait pour toutes les buglosses et les viornes délavées.

C’est le grand frisson, la plongé et le fantôme enfin devant lui après un an passé.
« Qu’est c-c——ce que t-tu fais là ? »
Mais ça ne peut pas être lui
pourquoi viendrait-il ?
il ne le sait pas.
Alors c’est le rêve
la vision de l’alcool qui vient jouer sur ses yeux
et dans sa tête.
Oui c’est cela
c’est encore le sommeil.
Le rêve trop vrai perché sur ses épaules.


« Tu-t-tu n’aime pas le s-spectacle  ?» un cracha au bord des lèvres, un vilain champignon, une plante carnivore qui n’attire que les mouches. C’est ce babillage ethanolé.
Tu n’aime pas le spectacle ? fermes les yeux et vas-t-en. Tu sais si bien le faire. Tu l’as déjà fait. Ne regarde pas le teint jaunis et les violettes et les bleuets qui viennent embrasser ses yeux, et les oeillets rouges au fond du globe vide.
Dont tu appréciais le bleu
il n’y a pas si longtemps.

Mais il lui manque tant.



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hellébore
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Mar 20 Fév 2018 - 3:38


‹ Tu m'as envoyé des messages ›, il parle comme on est désolé de traîner encore à ce genre de rivages, ‹ tu avais l'air ivre. › Alors, donc, il est venu quoi, drapé d'hiver, sans honte pour les ronces qu'il connaît à ses doigts. Maintenant il ignore quelle fleur est allée mourir devant lui, et à quel chemin de terre il l'a trouvée. Daehyun a le soupir des gens qui n'ont pas le temps de jouer à l'amour, pour balayer ces tristes épices et ces paupières larmoyantes ; bien sûr il n'en est pas dégoûté, en trop d'années il les a embrassées (pour oublier le goût rieur des fleurs), mais enfin il en est lassé, ces petits arômes qui tordent le cœur se sont perdus. Sa tête bascule sans patience au bord de son épaule, mais il ne se prépare pas non plus à être cruel, en tous les cas pas plus que la belladone qui ceint sa tête, pas plus que la colchique amère des amours battus, enfin Coquelicot, il ne t'aime plus : voilà tout. ‹ Tu ne trouves pas ça un peu ridicule ? › Un soupir s'éteint au bout des ans, il hausse un peu les sourcils. ‹ Enfin bien sûr, je crois comprendre. › Bien sûr, bien sûr. Coquelicot a toujours sangloté plus que lui sur les tombes.

Ses os se rompent à la faute impardonnable du sentimentalisme, en fait il ne sait pas trop pourquoi être venu, en fait il ne va pas en parler, mais il y a eu un empressement d'enfant au bout de ses jambes, étrange et aviné de ces petits souvenirs mal semés, au sillon noir de la nuit, qui dévident des ombres amoureuses - maintenant il ouvre les mains sur ces oiseaux de papiers qui sont venus mourir sur leur sang violet, et il les trouve idiots de s'être choisi ce nid. Daehyun hausse une épaule et boit un peu ; le whisky brûle gentiment, comme toutes ses fautes d'humilité. ‹ Écoute, il va falloir arrêter. › Il ne le regarde pas trop, car ce genre de cieux est triste à voir, il a pitié de ces azurs ecchymosés où il a connu de fous albatros. ‹ Tu fais peur à voir. Tu devrais peut-être parler à quelqu'un. › Sans pudeur la déception fleurit à sa gorge. Deux sentinelles sévères ont reposé leurs phares sur ce feu follet, en tous les cas maintenant il est bien certain n'est-ce pas : ces pétales mordus ne sont pas ceux qu'il a embrassés, et elles ont des teintes qu'on a appelées désamour. ‹ Bois ton eau, tu te sentiras mieux. Tu ne devrais plus te mettre dans tes états pareils. › Car où trouves-tu donc ta peine, fleur sauvage : même les parfums ici ont changé, et ceux-là ne lui donnent plus envie de danser.

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Sam 24 Fév 2018 - 23:49
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Il est vrai que ses charmes venimeux n’attirent plus les insectes.
Les plumes tombent des masques et des loups,
Les racines s’enivrent à l’aune des opiacés; elles ont déjà la sève pourrie
et plus rien n’arrête un palpitant plein de lierre.
Un coeur qui se gangrène.

Car sa voix n’a plus rien des douceurs et du miel
sa voix n’a plus la malice des pollens
Sa voix n’est plus ce que le rosée était à ses pétales.

« Ah oui…o-oui p-p-personne n’aime les fleurs fanées hein ? C’est ridicule une fleur fanée. Ça…C’est vilain, ça ne sert à rien. Oui…»
Et il rit, du moins il pense. « Il vaut mieux les couper. » et ses mains maladroites empêtrées dans le miel mimant comme un enfant le claquement glacés des ciseaux.
Les mains grattant encore le bois sale et humide et collant et poisse de la table, comme s’il pouvait en déchirer les épines et les plantes à ses doigts, pour se réveiller de sa transe.
Mais la peur vient prendre vite la place de la bile. Ou c’est une humeur des plus noires. quand il sème les grains dans le vent pour les oiseaux gourmands : les fausses considérations, les obligations. La logique
froide.
De vous deux il avait toujours été le plus réaliste.
Parce que tu le sais Coquelicot il est comme l’hiver. Celui que tu aimais tu l’avais toujours considéré comme le manteau de neige où dorment les crocus. La froideur, pensais-tu, cachait les herbes naissantes et les extases du printemps prêt à naitre.
Peut être t’étais-tu trompé ?
Et cette épaisse couche de glace que tu aimais tant n’était peut être que le gel brulant
infertile
Dans lequel tu t’étais jeté corps et coeurs entiers.

L’inanité le gagne et le menace à nouveau alors il garde ses yeux baissés comme caché derrière les arbrisseaux, un rideau de cils pales venant baiser ses joues tachetées à chaque clignements timides et plus lent, plus dur toujours au fur et à mesure que s’égrainent les minutes. Il observe de loin la forme rotonde et cristalline, l’eau qui brille dans la pénombre et les lumières. Et qui reflète cette image bizarre et changeante du visage au dessus de lui.
Il ne lui a pas encore accordé un regard.
Les caresses des yeux sont timides et apeurées surtout. Les regards du rêveur n’ont que trop peur des visages; c’est leur donner la chair, le sang, les os : c’est les rendre trop réels.
Il est le faucheur aux serpes acérées, qui d’un coup d’oeil morne lui coupe les tendons. S’il n’était pas déjà plié entre la table et le banc, il aurait surement chu à genoux. L’épiphanie de cette rencontre n’en est que plus douloureuse alors.
Et il s’offre l’extase de regarder à nouveau ces traits si souvent admirés. Prêt à s’énucléer pour en arracher les douceurs et la familiarité. Il reconnait les courbes droites et lisses des joues et des pommettes, et les cils, et le port de tête.
« Tu as vieilli » dit-il quand il passe enfin ses doigts contre le verre et le porte à sa bouche. Il avait peut être fallu du temps pour qu’il voit enfin se dessiner sur son visage ces striures au coin des yeux, légères, si légères. Et cette moue près de la lèvre.
Alors
Il
Passe ses mains
passe ses mains sur son visage et repousse les cheveux roux
passe ses mains sur son visage
elles collent un peu à sa peau diaphane et brulante
passe ses mains sur son visage
et traîne ses doigts enfoncés dans sa peau

Et soudain le masque des ans vient aussi jouer à ses yeux, le visage juvénile se fendille de fissures et de traces du temps.

Mais un instant, rien qu’un instant.
il joue de son masque
de son masque de monstre car il ne sera jamais humain.
Alors

Il passe ses mains sur son visage et tout redevient comme avant.
J’aurais pu vieillir avec toi, faire semblant, j’aurais pu mourir avant toi, si tu me l’avais demandé gentiment.

« Non je devrais pas. Mais c’-c’est pour ça, il vaut mieux se cacher. Ne pas en parler. » Il pense un instant aux messages de sauge, de vito
auxquels il n’a pas répondu car il ne saurait pas quoi dire
car il honte
et peur
qu’on puisse le voir ainsi.
Et de toutes ses peurs il fallait que ce soit la plus bleue qui viennent lui vomir ses adonis aux visage
Et lui cracher dans les yeux les déceptions,
cette véritable image de lui qu’il cache à tout le monde
Mais c’est qu’il avait toujours su le mettre à nu d’un regard.
Et couper à travers toutes ses parures, toutes ses floraisons.
Pour ne laisser que les pistils nus.
Sa main tremble quand elle approche le verre de ses lèvres il lui semble peser si lourd, et glacer son sang.
L’eau fait rouler sa pomme d’Adam dans sa gorge,
il a les lèvres sèches
comme les terres arides.
« Tu ne m’as pas répondu. » il a mal au ventre alors il presse ses doigts dans sa chair, sous son t-shirt. Et ils s’y enfoncent comme dans de l’argile friable sous la pulpe. Mais se n’est pas l’alcool.  « Tu as l’air de passer un mauvais moment, de t’ennuyer au sss-spectacle. P-p-ire. Tu le trouve idiot ah- » Il couine urgé par la bile qui ronge ses entrailles et le poison comme une fange et une brume dans ses yeux « A-alors, pourquoi tu es v-venu ? »








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Lun 26 Fév 2018 - 18:56


A ses cils Daehyun défie l'ignorance crasse de l'ivresse, qui lui demande quelles lèvres baiseraient des sépales pourrissants. Au secret feutré du bar, il hume trop puissamment ce jardin putréfié, et sur son regard s'assèchent des récifs sans anthères. Il accepte d'y ouvrir le val aride de dix ans de floraison, bang bang, une balle tranquille et mortelle qui est venue se loger à sa tempe pour y éclore des vérités aux bourgeons verts, sans avoir eu la riche idée de le tuer. Il recueille la brutalité de ce cœur chancelant et en accepte les vomissures sacrées d'amour, et d'un je ne sais quoi d'abandon. ‹ Tout le monde vieillit › il est laconique par manque d'intérêt pour la réponse.

Une grimace de dégoût vague a sillonné son visage de voir l'autre se plier à cet exercice de faux sang pulsé, et en se demandant pourquoi faut-il se rendre plus répugnant encore il a regardé ailleurs. Il a nimbé son bon foie d'alcool pour y diluer le haut-le-cœur des fantômes de printemps, ni homme ni quoi, pas même le luxe d'une poussière d'étoile à ce menton d'enfant. Cette comédie humaine lui est pénible ; puis dans un soupir bref, et à l'invitation de la vaste plaine à son regard, il a découpé la torpeur de sa plate indifférence.

Voilà.
C'est tout.
Il le juge en silence, désacralisé de ses pétales de pierre, et à la riche embrasure de ses mains vermeil. Il n'a pas de mensonge à lui fabriquer au seuil de ses vices. Coquelicot est une jolie erreur, toute dévouée à la perdition de ses chemins, et qui a la balistique bien fleurie tout près du cœur (lorsque le cœur est dans la tête). C'est tout : il ne peut pas le détester. La courbe de cette gorge fraîche est bien connue ; il y roule des vents d'ouest qui ont trop érodé ses rochers. C'est son erreur à lui : il ne peut pas s'empêcher de la trouver bien tendre. ‹ Je me suis inquiété alors je suis venu ›, il tranche comme s'il ne l'avait pas gardé sous sa langue, de toute façon il aurait bien fini par le dire. ‹ Ça ne veut pas dire que je ne m'y ennuie pas. › Après tout, personne n'aime les fleurs fanées (à part toi Licot), et il a si tôt fait d'en mordre les rameaux creux, snip snip, bang bang. Mais soit, soit : ainsi est-il armé, ses yeux sont tout ouverts à ce royaume déliquescent maintenant, d'un mouvement de chaise il s'invite où ces anges barbares tombent. A ses doigts siffle un serpent serein dont il tolère la rumeur trouble car il n'en a guère le choix, et il écarte sans pudeur les poignets blancs.  ‹ Tu as l'air d'avoir mal. Qu'est-ce que tu as fait ? ›

Coquelicot
 
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Jeu 8 Mar 2018 - 11:54
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Sa prise est hiémale et serpentine, rapide
clinique
chirurgicale,
precise.
Il arrache ses doigts à leur ardeurs de griffes et leur prise sur la chair des tripes malades.
La respiration étranglée dans le fond de sa gorge ne trouve point d’exutoire sur ses lèvres gercées et le corps s’arc-boute comme le remous dans les vagues, puis se gèle en un instant quand le froid le mord.
Oh ta main est comme le tison de blancheur maculée, de chaleurs glacées que tu plonges sans merci là, dans ses veines. Et il fait couler ses ravages comme dans un sol assoiffé.
C’est toi le poison,
c’est toi
c’est TOI
T O I
Daehyun.

Voilà un an
un an révolu, regretté, ravagé
un an
voilà un an que qu’il ne l’a plus touché.

Et maintenant, voila qu’il le frôle, l’enserre et fait sien ce qui qu’il avait laissé
il y a
T r o i c e n t s o i x a n t e c i n q j o u r s

Coquelicot les membres raidis, les muscles tendus qu’on voit tressauter sous le diaphane de la peau
Coquelicot figé comme prit d’une gelée soudaine.
Il est hyalin sous ces doigts qui entourent son poignet
une pression de plus et il éclaterait.

Ah voilà maintenant le temps de détourner les regards, voiler les globes parmi les cils et les rideaux de chair.
TU AS PEUR DAEHYUN ?
TU ES DEGOUTÉ ?
MAIS ALLONS REGARDE ENCORE ?

il était
comique et laid

Il voudrait haïr si fort les regards dégoutés et lui hurler au visage qu’il le déteste de tout coeur, qu’il aimerait qu’il disparaisse, qu’il ne soit plus rien. Rien plus rien, même plus les images fanées et sepias déflorés du vilain souvenir.
Il aimerait, il aimerait, il aimerait tellement pouvoir le haïr de tout son être.
Cracher les poisons au lieu de les couver.

Mais connaissant ces tendresses qu’il ne peut tuer, il musse les horreurs. Il tremblerait plus que tout s’il voyait fleurir la peine dans ses yeux
car il aime toujours
si désespérément
Car il ne sait pas
arrêter d’aimer
jusqu’a distiller les douceurs
en alcool tannique et âpre

« J’ai mal au ventre. J’ai du attraper froid. C’est tout. »

S’il te plait ne pose pas tes yeux vide sur cette figure humaine, ce petit Pinocchio qui avait voulu être trop humain. Il y a longtemps qu’il est dévoré par les termines.
Il est creux en dedans. « lâche-moi. »
il voudrait pouvoir mouvoir son bras mais la peur le paralyse
risible n’est ce pas
il a peur de toi.
Peur de voir dans tes yeux ce reflet de lui.
De voir ce que tu as avais laissé.
« Lâche-moi s’il te plais lâche-moi. »
Est ce la peur à nouveau ? Le muscle s’emballe, tremble et se tord et pourtant reste stoïque.
La peau fait des vagues. Le le ventre le brule et les formes sont floues
floues floues floues
« Lâche.Moi. »
Comme on ouvre les vannes son bras prend une force qu’il ne lui connait pas et s’arrache de cette prise qui lui brouille l’esprit.
Encore un peu de cette peau contre la sienne et il pourrait se jeter à ses pieds, chercher son contact qu’il se maudit de connaitre encore par coeur.
Savoir delinéer du bout des yeux ce corps maintenant étranger.

Dans un mouvement vaste et ample
un peu désespéré
il renverse le verre
rotonde cristalline qui en larme éplorée renverse ses ondes hyalines sur le bois de la table.
Et les flots s’étendent.
Ne les retient pas.

« pardon ! pardon ! je suis désolé, pardon ! »  ses mains tremblent et paniquent, ramassent le verre avant qu’il ne se brise. « pardon… »  puis elles se portent à son front chaud où vient dormir la rouille détrempée de ses cheveux
il fait vraiment chaud
entre deux forets de cils, il regarde en chancelant l’eau se répandre
bangbang
manger les centimètres de table sale
bangbang
ploc ploc
couler entre ses doigts.

il baisse les yeux trop peureux des colères ?
(il sait qu’il n’y a  a pas de colère. Il n’y a pas de colère chez lui il n’y a que le froid le froid le froid et les regards froid et les mains froides, froid froid sans amour sans rien.)
Il aurait préféré la colère.

Dans l’ondine nitescente il voit son portrait drôle se dessiner

Daehyun,

C’est toi après tout, c’est toi, c’est toi, c’est ta faute, c’est toi qui a planté les graines. Tu as planté les graines dans son coeur, c’est toi même qui a creusé ces sillons qui maintenant se gangrènent. C’est toi qui a soutenu, arrosé, ces fleurs luxuriantes.
Et du jour au lendemain tu avais laissé la friche libre
libre de se dévorer de douleurs anthropophage
Les fleurs ont fané
les racine pompant ce qui restait de ce coeur
avant de jaunir.
Et de tomber.


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Sam 10 Mar 2018 - 15:02


Combien de temps cela fait-il - est-ce un an ou, des centaines de milliers, d'années éclaboussées à ces récifs aplatis par trop de ces larmes inutiles, toutes jetées en cascade d'une fraîche source cordiforme qu'il ne comprend pas - comme cette petite sédition à la commissure des chairs : un revers houleux du poignet et voilà que depuis la mer charnue, Daehyun est rebattu sur une plage de mystère.
Il n'aime pas ça.
Reprenant son poing de discorde près de lui, il remarque à peine le verre qui s'accroche à la petite furie bleue de leur mouvement, commun dans sa largesse, et il n'entend pas les excuses. Silencieux près du basalte, il les digère avec toutes les fanaisons, amères de trop creuser dans les falaises : ces fleurs sauvages qui se rebellent sous les ponts, il ne les connaît pas. Ah, c'est bien de les avoir toutes parcourues du bout des lèvres, et d'y avoir embrassé des ombres à leurs encoignures - mais : ce n'est pas assez.
C'est trop, ça n'a jamais été assez.
Il le regarde comme ça, dans une contemplation d'impuissance, rougi sous les néons et étranglé d'émotion, comme le font les enfants qui ne connaissent pas leur mystère. Des lèvres palpitantes jusqu'au secret de ses viscères, c'est un coquelicot de danger qui ne fane jamais : et poussé depuis des racines de cabale.
Il écrase une tumeur d'émotion sauvage sous son index. ‹ Arrête de t'excuser. › C'est l'amertume de dix années passées qui viennent tempérer là. Pour cet abscons chardon de la brume : Daehyun est tépide.  

Ses poumons de plomb viennent réclamer un peu d'air. A son poignet, il garde le stigmate d'une semailles sibylline : et d'un premier revers de cœur, il y reconnaît les dix autres. C'est cinq pour chaque main, une pour tous les avertissements outremers, aucune au bout de ses doigts. Elles ne restent jamais et se retirent des côtes avant de pouvoir se murmurer à son sang de corail ; à la lacune de leur consistance, il ne lui reste que des conjectures stériles et la lactescence d'une peau indéchiffrable. Car au bord de la pinède Coquelicot, as-tu jamais été sien : il ne sait pas si les fleurs de mythe tombent malade, ou si leur ventre rugit juste de tous les noirs mensonges qui y sommeillent.  
Il est très las de ces cavalcades aveugles sur le cœur.  
Ses iris se serrent méchamment sur l'absurdité d'une eau qui ruisselle en des terres aussi sèches, ou déjà submergées - partout ses yeux tombent sur le désert lacustre de Coquelicot, des paupières au creux des poings, où aucun baiser ne peut fleurir vraiment. Tous les remous corollés viennent sceller l'ombre douloureuse de dix ans de distance, et lui réveillent une colère froide. Il déplie le manteau et se lève sans délicatesse. ‹ Lève-toi maintenant. Je te ramène. › Il s'empresse de trancher les résistances mal poussées : ‹ Pas de discussion. Tu as assez gâché ma soirée comme ça. › C'est l'heure de quitter la côte, maintenant : il y a bien assez perdu de temps à se laisser troubler par les vagues.


Coquelicot
 
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Mar 13 Mar 2018 - 15:29



Ton invitation



Les fanaisons sont délicieuses n’est ce pas ?  Lentes, chaudes, dans leur morne cocon, elles viennent naitre à ses tempes et dans la sueur de son front pâle moucheté de taches brunes.
il pense parfois aussi à y fleurir l’hémoglobine.
Y penser seulement car il n’est que la graine lâche des trop grosses bêtises.
Entre les mèches rousses il n’y a plus d’être, seulement cette petite chose informe qu’on nommait
Coquelicot.
Et Coquelicot ris et trouve cela drôle
il a le sang comme la sève des pissenlits; amer et blanc, qui poisse sur le bout des doigts. Les pétales éclatés jaune comme la bile, piétinés par les jeux des enfants.

Entre les paupières lourdes comme les sépultures, il sent rouler ses globes comme hors de leurs gonds, les cils opalescents et clairs sont comme une haie épaisse d’ifs et d’arbrisseaux
du laurier roser aux baisers mortels sur ses joues, caressant les rousseurs, rougies de honte et de tristesse.
Il rejette la tête en arrière sur la banquette et exposant son cou comme prêt a laisser son bourreau lui trancher le cou. Dans un angle aigu le pale gosier se tend et la pomme d’Adam roule avec chaque deglutition difficile et salée. Il le laisserait fleurir le fer et le carmin autour de sa peau, dans le creux de sa mâchoire, dans un abandon certain. De ceux qui se nomment au sommeil des plus beaux noms.
Mais la gorge est agitée d’un son amer et pâteux (qui devait être un rire, mais dans cette figure de polichinelle rien n’est plus certain) et les cils s’embrassent et s’écartent, le bleu vitreux des yeux narguant cette silhouette floue, caché derrière les paupières violacés embrassées de poison.
« Ah pardon, je ne pensais pas que tu avais quelque chose à faire ce soir. »
Regarde ce que tu as fait de moi, un être amer et méchant.
Mais confrontant ses yeux flétris d’amour à ceux de Daehyun, il se sent monter la mer et le vague et l’écume salée aux coins des globes, comme un acide brulant le long de ses cils.
« Je ne comprends pas pourquoi tu es comme ça. Même maintenant j’ai l’impression de porter de la peine pour deux ce n’est pas juste. Ce n’est pas juste.»

La respiration se bloque ça et la dans un hoquet toujours plus bref et court et affolé, mais non. Non il n’a pas fini, il s’est tus un an durant (pendant 10 ans même) et maintenant la tête lui tourne et le ventre le heurte et il a envie de s’arracher le coeur pour le lui lancer au visage. Pour voir si quelque chose enfin, autre que le froid, pouvait se peindre sur ce visage.
Coquelicot commençait à douter des sourires dans ses folles fièvres. Peut être avait t-il tout rêve, passé dix ans en hypothermie entre tes bras Daehyun,
endormi et inerte aux vérités.
Il avait rêvé les sourire et les je t’aime.

« Parfois…. je me demande….. si tu ne m’as pas effacé » adieu coquelicot adieu souvenir de tendresses, lui aussi voudrait trouver cela facile, en un claquement de doigts oublier ces morceaux de verre dans son coeur.
L’astrée et la pastorale s’étaient alors finies dans la froideur du silence. Dans le vide. « Ou si…. » Il pose sa paume brulante contre le plat de la table maculée des ondines, poussant comme il peut son corps lourd. « J’avais été trop…. naïf pour te croire. »
Car je te faisais confiance.
Même dans la froideur de tes mots et dans les regards vides, je te croyais jadis quand tu disais je t’aime
je buvais tous les mots rassurants car je pensais te connaitre
et peut être alors m’étais-je trompé. Je faisais aveuglement confiance à tes caresses, elles n’était peut être que mécaniques.

Les jambes chancellent comme les cotons faible qui bourrent les marionettes.

« J’aurais préféré…. » Ah quel dommage, il aurait pu continuer à se taire. « j’aurais préféré que tu me détestes, et que tu partes en criant en me jetant des choses et des mots au visage, que tu casse tout chez moi, chaque os de mon corps, que tu m’accuses de choses que je n’ai jamais faites et de celles que j’aurais pu faire mieux….Tout, tout sauf ça… » et il gesticule un peu trop fort et tremble le geste de la main embrassant tout ton être, Daehyun « tout sauf le froid et le vide, et rien.. rien .. RIEN … Oh mon dieu je me sens si vide… je ne sais plus comment … remplir.. ça.. vide..» Sa main revient rencontrer la chair de son ventre, juste sous les côtes qui lui griffent les doigts.
Il ne remarque pas sa voix qui monte et tremble et craque étranglée quelque part entre un sanglot et un cri rageur. il ne remarque pas les yeux sur eux dans le bar. Il ne remarque pas qu’il a chu en avant, il a les doigts crispés dans la chemise de Daehyun, comme cherchant a se raccrocher. il ne voulait pas, il sait qu’il déteste ça. Il espère la froisser juste assez pour que le pli marque, qu’il soit embêté, que quelque chose
QUE QUELQUE CHOSE VIENNE ENTACHER LE GRAND VIDE SUR TOUT SON ÊTRE.
Mais la douleur dans ses tripes et dans chaque fibre de son corps urge ses doigts de se crisper toujours plus, comme ceux d’un mort.
Puis il remarque tout, d’un coup, et s’en est trop, il se plie voudrait, disparaitre se recroqueviller quelque part, jusqu’a ce que tout passe
s’endormir peut être.
Il oublie un instant comme respirer et vivre.

Les charmes de la belladones sont si intoxicants, comme les extases de la muscade, et les douceurs des pavots somnifères fratricides. De ces noyaux d’abricots que l’ont croque doucement.
Les intoxications sont foudroyantes
Bang Bang, il imagine deja le bruit de sa tête morte sur le sol.



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Dim 18 Mar 2018 - 15:54


Il y a bien longtemps que Daehyun s'est désintéressé des ravins ; de trop en avoir dessiné les escarpes du bout des doigts, il n'a plus de patience pour les falaises doléantes. Les cris tombent avec la froideur des fers de lance entre ses côtes : sa chair est crue d'une factuelle brutalité. Du bout de son œil sans flamme, il défie brièvement la petite assemblée qui s'est tournée vers eux. Aucune honte n'est venue coucher là ; sa pulpe a déjà brûlé par deux fois, on ne le prendra plus jamais à frissonner. Non Daehyun garde simplement à sa langue un serpent de justesse, qui ne mord que les mauvaises aventures, et qui a un venin goût force de la nature. Ses yeux se reposent sur Coquelicot pour lui offrir un linceul. ‹ C'est bon ? Tu as fini ? › Il vient battre les vagues comme ça ; il se désintéresse bien qu'elles s'élancent à la Lune sur le talus, car au final la berge leur reste toujours. C'est là qu'il réside. Sa voix sans intention coupe net dans le drame, et il enfonce les mains dans ses poches. ‹ Tu as raison, ce n'est pas juste. › Il se garde le paternalisme bien rouge : mais oui, Coquelicot, même aux champs la vie est injuste.

Et c'est donc vrai qu'il n'a plus de main à faire courir à la côte folle de cette nuque, ni de phalanges à perdre sur les herbes rousses. C'est vrai que maintenant ces lèvres ont un goût de solitude, et qu'entre ce corps qu'il a trop chéri et le sien il y a maintenant un gouffre d'indifférence, un silence, un pays, où ces yeux brouillés ne le touchent plus. C'est peut-être lui qui a le cœur trop engorgé de raison : mais Daehyun a toujours été ensablé, sous les pavés il y a toujours eu la plage morte. Il est las de ces polémiques du bout des regards, il lui semble qu'il n'y a plus rien à dire. ‹ Je ne te déteste pas. › Vraiment, il n'est pas armé lorsqu'il le lui dit, il se déleste de ces mots comme on abandonne là des bagages inutiles. ‹ Donc, je n'aurais rien fait de tout ça. Je ne suis pas en colère contre toi Coquelicot. › Ça ne le gêne pas de le regarder d'ainsi haut, lui à l'azur et l'enfant à la terre - n'est-ce pas là que poussent les fleurs ? A ses yeux ondule juste le foyer tranquille de l'ordre des choses. ‹ Je ne t'aime plus, c'est tout. › C'est tout. Ça ne lui fait pas mal de te mordre de froid.

‹ Lève-toi donc. Tu ne rempliras rien en t'obsédant avec du néant. › On n'a jamais fait pousser de fleur dans la poussière.


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Dim 1 Juil 2018 - 19:51
Ton invitation



Peut être que le poison n’est pas celui qui lui coule dans les veines et pourrit de ses sucs avec tant de véhémence.
Peut être que le poison c’est simplement l’indifférence qui vient étouffer chaque pleur, chaque colère, chaque soubresaut d’un corps qui s’ébranle et qui crie pour se dire en vie.
Peut être que le poison c’est simplement toi.

Il entend presque siffler le vent aux bords coupants de ces mots qui tombent, leur chute irrévocable à peine déviée par ses grands signes, ses gestes de bras. Ces appels au secours et au regard qu’il s’évertue à lancer

« Ça a l’air si simple quand c’est toi qui le dit. »

Je ne t’aime plus.

Quelques mots lancés là, un constat sans appel, une sentence, une condamnation.

Je ne t’aime plus.
Il le sait, il le sait bien pourtant, ne le comprend pas seulement.
Coquelicot ne sait pas arrêter d’aimer.
Il a le coeur à fleur de peau, qui suinte comme un pot-pourri humide au creux des mains tendues : Il pourrait aimer pour deux tu sais. Mais peut être qu’il ne s’aime pas assez pour ça.

« Je ne te demande pas de m’aimer. » Je ne te le demande plus. Tu t’es assez forcé.

Je ne te demande rien, peut être que alors que je t’appelle à l’aide. Ou peut être que je me suis deja noyé.


Il baisse les yeux sur sa main qui tremble, encore accrochée dans la chemise. Il a assez de fatigue dans le coeur et dans les os, d’exhaustion fanées, pour dormir tout un siècle d’un sommeil de pierre. Pas de fleurs, pas d’herbe, pas même une graine : il se ferait sterile comme une mer de bitume. Il en assez de se jeter corps et coeur contre un mur de marbre froid et de perfection qui jamais ne s’entache. Malgré les larmes, malgré le sang.

« J’aurais aimé que ça finisse autrement c’est tout » pas dans l’indifférence la plus totale. Peut être que ça aurait pu finir doucement, sans les mensonges et les faux je t’aime, sans se faire mal. Sans vide et sans absence. Coquelicot sait que même les plus belles fleurs se fanent, mais elles meurent toujours le sein chargé de graines. Leur fleur à eux est morte coulée dans le béton «  que tu ranges derrière toi en partant. »
Sa main dans la chemise se décrispe doucement, comme une vieille mécanique rouillée, comme un automate elle reprend ce geste domestique tant de fois répété dans les matins d’éveil :

Lisser
le plat de ta chemise,
Juste
la ou siège ton coeur (je crois)
glisser
mes doigts sur le col
juste pour être sûr
qu’il soit bien droit (il l’est toujours)
pour te présenter au monde dans cet écrin de perfection que tu aimes tant

« Mais tu as toujours détesté te salir les mains »

Il regarde les siennes qui ont quitté le col, c’est assez de souvenirs. Des phalanges usées aux ouvrages de la terre, il y en avait toujours sous ses ongles.  Ces mains là autrefois étaient aimées et fertiles.
Mais elles sont maintenant imprégnées de poison. Il avait touché du bout des doigts et des lèvres assez de mort pour les porter jusque dans ses souffles et dans ses étreintes. Peut que maintenant, quiconque gouterait à la fleur des champs finirait par crever la bouche ouverte dans la bile et les larmes.
C’est innocent,
c’est mortel et fatal.

Il ne dit rien c’est fini, peut être qu’il n’y a plus rien a dire. Il est fatigué, fatigué, fatigué
las d’attendre et d’espérer.

« Porte-toi bien… s’il te plait. »
Dis-tu en te levant, car au fond tu te soucis encore du sort des plantes carnivores.
Mais tu préfère les fuir et prendre tes jambes à ton cou
car ces yeux là te peinent
et cette peau aussi
et toute cette silhouette te porte au coeur et à la tête.

Pars.
C’est tout ce qu’il se dit quand il récupère sa veste et marche vers la prote.
Pars.
Il n’y a pas d’autre idée que celle-ci qui anime son corps quand il marche dans la rue.
Pars.
Pense t’il quand ses doigts engourdis et tremblant se heurtent au clavier de son telephone.
Pars.
se murmure-t-il quand il abandonne finalement pour prendre en photo nom de l’Abribus ou il s’échoue, quelques mètre après le bar.
Pars
se chante-t-il comme jeté là sur le banc quand sa tête se pose contre le plastique terne.
Il sait que Sauge viendra, et il n’a qu’une envie; se jeter dans les bras familier immuables et constants. De dormir jusqu’au printemps.

Pars
et il ferme les yeux.




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