Tu ranges Olga dans ta poche.
C'était encore parti trop loin putain.
Pourquoi ça prenait toujours des proportions infinies avec toi ?
Avec lui ?
Merde Yong !
Pourquoi c'est toujours avec toi, hein ?
Tu reprends Olga.
Tu écoutes, encore une fois les messages.
Tu caches ton visage avec ta main.
Putain.
Comme tu as honte.
Autant Lyh, tu t’en tapes

– En fait c’était assez marrant
Fin
Tu n’arrivais pas trop à expliquer qui que quoi donc

Mais tu aimerais tellement supprimer ton dernier message.
Pourquoi ?
Tu suais même un peu de tant de décadence.
Ça y est, la maison close te bouffait, sa luxure et son odeur te pénétraient.
Tu y travaille que depuis une semaine bon sang.
Respire Nina.
C’est juste un message vocal.
Lyh est con.
Toi tu es

– stupide et faible

Forte et autonome.

Répète le dans ta tête.
Tu es Nina.
Tu es

– une larve et insignifiante

Véhémente et décente.

Répète.

Tu n’aimes pas Lyh.
Tu le trouves bête et gamin.
Tu le trouves
tu
oh

Pourquoi tu te mens toujours à toi-même

Tu cours le rejoindre.
Tu avais besoin d’une présence quelconque, rien de sérieux, rien de folichon.
Lyh, c’était un peu ton médicament d’urgence quand ça n’allait pas et que la douceur de Ray ne suffisait pas à te calmer.
Satané Lyh.
Connard de Lyh.
FILS DE PUTE MEME.

Tu te dépêches, avec ta vitesse d’escargot, d’aller au parking du centre commercial.
Y a du monde.
Merde.
Tu es incapable de savoir qui est quoi.
Où est Lyh ?
Il serait bien capable de.
Ah non.
Pas de blague comme ça.
Tu l’appelles directement avec Olga.
T’entends.
Sa.
Sonnerie de merde.
Chill.
Calme ton cœur ma belle.
Marche COOL.
Sois COOL.
RELAX.


Je suis là, maintenant on fait quoi ?

Tu te plantes devant lui.
Tu croises les bras de façon COOL.
Tu ne lâches pas de flow cependant.
Tu n’as pas bravé le froid juste pour sa voix

– voix d’indien robotisée

Tu as forcément préparé un truc pour MOI.

Tu prépares toujours quelque chose Lyh.
Il est asiatique, il est forcément louche…
Tu plisses les yeux.

Nop, tu n’as pas confiance en lui.
Nop, tu ne l'aimes pas.

Répète-le
Avoue-le

Tu raffoles de ses bêtises

Dis-le

... Tu fixes le bitume.
... Tu fixes la zone de lumière qui éclate ta vue.
... Tu regardes Lyh dans les yeux.
On peut aller dedans, j'ai froid.

Faible.
FAIBLE.
FAIBLE PUTAIN

Mais quel petit con.
Il est intenable.
Il est ce genre d’adulte qu’il faut tenir avec une laisse.
Sinon, il s’amuserait à vous pisser dessus durant votre sommeil.
Elle plisse les yeux.
Ouaip, il a dû le faire c’est obligé.
Vivement que tu puisses récolter tout l’argent nécessaire pour ton opération.
Vivement que tu te barres pour ça.
Et on verrait bien ce qu’il adviendra de toi ensuite.

Écoute, je vois pas à 2 millimètres, mais je sais que tu fais le con. Alors.

Prend ton souffle, tu vas t’étouffer.
Prend sur toi, ne le frappe pas tout de suite.
Plus tard si tu veux.

Arrête. De faire. Le con.

Tu agites ton index devant lui comme si Maman prévenait son sale rejeton qu’elle allait prochainement lui mettre la rouste de sa vie.
Même si toutes les fois où tu avais pu le défoncer étaient accidentelles ou complètement par surprise, ce qui rendait la possibilité de le toucher assez faible.
C’est qu’il était vif le salaud.
Ça t’étonnait vraiment pas qu’il soit serrurier.
C’est un travail de filou, de voleur.
Et ça lui allait très bien.

Au moins tu commences par bonjour, fils de viol.

Ils ont le chic, le choc dans les mots.
Ils aiment s'embrasser avec la douceur des poings.
Tu ne sais pas s’il s’agit là aussi d’une forme d’amitié, mais tu l’admets.
C’est amusant.
C’est plaisant.
Tu as le même ressenti avec Nowaki, c’est perturbant.
Il serait grand temps que tu te lis d’amitié normalement avec des personnes normales en ayant tous ensemble des activités normales.
Que tu nettoies toute ces marmots qui geignent une bonne fois pour toute.
Et que tu changes aussi.
Ainsi, tout irait vraiment bien pour tout le monde dans le meilleur des mondes.

Hun, génial…

Il est vrai que c’était toi qui lui avais donné rendez-vous.
Il était donc logique que ce soit TOI qui ait préparé quelque chose.
Mais tu y allais qu’avec Harland ou Winnie à ce satané centre commercial.
Oh, t’aurais mieux fait de rentrer et de rester bien au chaud chez toi.

Non, ça va merci.

Il est bizarre.
Non tu n’en veux pas.
Ça suffit, elle a dit non.
Tu traficotes quelque chose, ce n’est pas dans tes habitudes d’être naturellement gentil.
Parce que tu es juste un petit fils de pute.

Mais.

Bah voilà.

Je t’ai rien demandé gros con.

Bah oui on ne t’avait rien demandé gros beta.
Inutile de vouloir paraitre malin de cette façon sérieusement.
Elle le retrouvait son petit Lyh.
Elle pouvait déjà volontiers lui tordre la nuque et l’enchainer avec un german suplex.

Essuie ton cul avec s’il te plait.

Ce n’est pas nécessaire, vraiment.

On y va okay. Mais où ? Faire quoi ?

Tu devais préparer quelque chose ne l’oublie pas, ne pose pas trop de questions.
Suis-le et c’est tout.
Tu t’accroches à son bras comme pour être sur qu’il n’ira pas bien loin.
Tu le lui brises sinon, ce n’est pas bien grave.

T’as pété quoi pendant le Black Friday ? Est-ce que tu as eu plus de clients que d’habitude à ce moment ?

C’est vrai que toi t’étais punie de ce calvaire.
Tu ne pourrais pas ouvrir quelques cranes afin d'obtenir quelques incroyables trésors à 5 dollars au lieu de 35.
C'était vraiment du gâchis !
Mais ce n’était pas plus mal car tu avais tout de même une incroyable styliste, Harland.
Ton intention est là au moins.
Tu essayes – difficilement – de le connaitre un peu.
Mais il est vrai que si vous restiez de parfaits inconnus aux yeux de l’autre, ça n’y changerait rien.
Vous resterez bornés.
Vous êtes tous les deux bêtes et méchants.

Arh….
Les enfants sont horribles…
Il est terrible…
S’il vous plait n’importe quoi une prise d’otage un anti-asiatique un massacre un attentat une crise cardiaque.
Il n’arrête pas de jacter de sa voix fluette tout douce toute joie si insupportable arh.
Pourquoi tu ne l’aimes pas ?
Pourquoi tu l’aimes ?
Pourquoi tu ne le frappe pas ?
Pourquoi tu restes – étonnamment – stoïque face à ses bêtises ?
Il n’y a rien à faire, il n’arrive à décrocher chez toi – pour l’instant – que des soupirs, des rires, des sourires et des insultes.

C’est ça, fais le malin Long.

C’est ça, profite bien d’être léger et agile, de pouvoir sautiller dans tous les sens.
Profite car si ce n’est pas elle qui te mettra à terre quelqu’un autre d’aussi bon qu’elle s’en chargera avec un infini plaisir.
Et ce jour là – même si elle ne voit rien –   elle sera première spectatrice d’honneur et elle se régalera.
Tu te crois vraiment capable de ne pas réagir à la violence injustifiée, avec laquelle on fouette brutalement les innocents – il n’est pas innocent – resteras-tu les bras croisés ?

Si elles sont confortables, tu peux t’en servir comme pantoufle.

Tu n’offusques pas d’un tel gâchis.
Même si c’est vrai que tu trouves tout ça bien dommage, tu n’es pas sa mère, pas sa sœur, pas sa fille.
Tu n’as pas à critiquer hein ?
Car tu es tolérante, que chacun est disposé à faire ce qu’il désire de ses biens.
Car tu n’es pas jalouse des biens possédés par les autres et que si leur désir réside dans les ordures…
Nan en vrai – si tu pouvais – tu brulerai ses chaussures.

Euh, du détergent, de l’alcool à bruler, du papier abrasif, de la paille de fer…
Tu réfléchis, il manque un truc.
Ah ! Et une pierre à aiguiser.

Tout ceci ne semble pas être destiné à un usage conventionnel des outils de jardinage, on se trompe ?
Il ne manquerait plus que l’indispensable sac de chaux vive et tu obtenais le starter pack de l’assassin.
Mais non, ce n’était rien – pas pour toi – pour ta pelle, car l’entretien d’un tout en un nécessite du temps, de l’amour et le must des produits d’entretiens.
Les petits plaisirs personnels pouvaient attendre – encore décalés d’un an – et de quoi avais-tu donc besoin ?
Hormis un logement décent, de vrais repas, de chauffage, d’eau chaude, de soins médicaux.

Baisse le ton, tu pourrais tomber sur l’un d’eux.

Oh oui, vas-y, crie-le plus fort !
Que tout Foxglove se réveille, les torches à la main, prête à incendier ses vilaines sorcières !
Oui c’est de toi dont il s’agit Long !
Alors vas-y, crie plus fort, coupe donc toi-même la corde sur laquelle tu fais le singe, la chute te fera un grand bien !
Et tu t’étonnes – de cette preuve de galanterie – de cet acte, bien trop aimable, bien trop, courtois, pas du tout Long.
Tout ceci sentait bien mauvais, n’est-ce pas ?
Car Lyh, même s’il n’est pas fondamentalement mauvais, avait la connerie ancrée - tellement profondément - dans son génome que n’importe quelle occasion était bonne pour l’emmerder.
Oh seigneur, que quelqu’un lui fasse regretter son arrogance !

Un verre de…pff…
Que prendre, de mémoire il y a trop de choix, les apéritifs, la vodka, le rhum, le scotch, les bières, les sodas.
Que choisir ?!
Un verre de Grey Goose s’il y en a, s’il vous plait.

C’est bien ça, un bon verre de vodka à 40%, un bon petit shot de lave pour se réchauffer, l’alcool qui danse le tango avec le cerveau.
En réalité il n’est rien, ce verre ne saurait qu’à peine de réchauffer, bien trop habituée – l’alcool c’est mal – aux multiples effets.
Non contente de nourrir les terribles clichés sur les russes, tu t’assieds – putain de tabouret qui tourne ! – comme tu peux, le plus confortablement possible.
Aurais-tu pris du poids pour ne pas réussir à t’installer convenablement sur un bout de tissu clouté sur un cube de bois ?
Ah non, rien n’y fait, tu pourrais dormir à même le sol, mais pas moyen, tu poseras pas ton musclé fessier sur cette planche infernale.
Alors tu décolles, avec ton verre dans la main, trainant - broyant – lentement Lyh par la main dans un coin plus isolé, les cris de la télé dévorant le lieu.
Tu bois – pardon tu sirotes – ton verre, car l’envie de boire n’est pas là, tu ne bois que par politesse, tu ne bois que parce que tu feras payer – avec beaucoup de poigne - Long, tu ne bois que parce que tu t’ennuies – mauvaise habitude – tu ne bois que pour boire, car tu n’y trouveras jamais aucun plaisir là-dedans, par non nécessité, pas par addiction, parce qu’il faut quelque chose pour alourdir ton haleine, comme un apéritif à ta voix grave, pour remplir – un peu – ton estomac vide.
Tu bois, parce que comme toi, ça sert à rien.

Quel insupportable spécimen.
Il y a bien des gens à l’esprit espiègle, presque comme lui, mais Lyh a quelque chose en plus, ou plutôt en moins. Une sorte de barrière à ne pas franchir.
Il n’écoute jamais.
Il n’en fait qu’à sa tête.
Il traine toujours avec les pires de Fox.
Il finira découpé violé 20 fois sous un pont dans une dizaine d’années.
Tu ne peux pas t’obstiner à sauver tous les non-saints de l’Amérique quand même !

Merveilleux,
embrassons-nous maintenant.

Tu repousses lentement ta boisson, dégoutée, comme si elle avait glissé sournoisement ces mots sur ta langue. Quel affreux évènement avais-tu imaginé. L’amour était une bien mauvaise amie et tu refusais tous ses cadeaux moqueurs. Alors te ramener un vulgaire chiot malpropre et abruti...
Tu n’étais clairement pas assez patiente pour ce genre de conneries.

...

Mais il n’est pas bien ce mec !
Qu’est-ce qui lui prenait d’hurler, à déblatérer des conneries sans sens, dans un bar, à toi ?
Mais ça ne lui ressemblait pas. Pas de crier de rage. Lyh avait l’âme des chiens qui n’avaient pas reçu d’éducation, sauvageon un peu foufou qu’on peine à contenir en l’absence de règles communes.

T'as pas pris de drogue pourtant.

Il ne sentait pas spécialement plus que d’habitude, tu n’avais même pas besoin de porter ton nez à sa nuque pour le deviner, Lyh n’était jamais avec toi dans ces moments-là, quand bien même tu l’aurais envoyé prendre l’air sur une quelconque terrasse jonchée de bouteilles et de corps inanimés.
Pourquoi continuais-tu à le voir, lui qui avait l'irritable don de finir dans les pires bourbiers des Etats-Unis ?

J'en sais rien moi putain ! Tu fais chier, t’es vivant, arrête de pleurer !

Quel détestable enfant tu as en face de toi !
N’oublie pas, n’oublie pas que sa pelle est brillante, limée, tranchante, n’oublie pas ses poings qui pourraient s’abattre sur toi si le pire venait à venir.

C'est quoi votre problème à tous à être déprimé en ce moment ? Je vais te dire la même chose que j'ai dit aux autres : TU TE PRENDS LA TETE POUR RIEN. Maintenant bois et ferme ta gueule.

Tu t’affales contre le mur aussi, plus par envie de rejeter ta force contre un mur porteur que contre lui.
Pourquoi les gens se posaient-ils toujours des questions existentielles inutiles ? C’était un quotidien commun à tous ? Avoir un handicap permet de grandement relativiser sur les petits tracas de la vie, même si toi au contraire, tu t’y attachais encore plus que quiconque…
Tu ne veux que passer une soirée tranquille, même si celui qui t’accompagne fait partie de la pire race, tu espères, juste un peu, que ses blagues cesseront.
Tu saisis sa main et la secoue avec violence, comme un gamer qui s’énerve sur un freeze.
Ça suffit Lyh, il faut grandir.
Lyh, sors donc de cette satané bulle de bêtises et ouvre-toi au monde.

Non non, tu as raison, tu chiales pas.

Non non, c’est vrai, il n’y a pas l’air d’avoir des larmes qui coulent le long de ses joues de bébés ; les reniflements bruyants de nez sont des bons indicateurs sonores pour savoir si les gens indiscrets souffrent et tu n’en entends pas pour l’instant ; mais ce sirotement acharné d’une traite éclaire ton oreille d’une peine secrète dont tu ignores tout.
Et puis, il y a cette odeur. Qui pique ton nez. Qui te prend la tête. Qui enrobe votre bulle. Pourquoi putain ? N’est-ce pas l’équivalent d’un dé à coudre qu’il vient d’ingérer ? N’a-t-il pas déjà fini – et commencer - des bouteilles à lui tout seul ?
Qu’est-ce qu’il a ?
Qu’est-ce qui lui prend ?
Mais comme il est chiant !

Mais putain, je connais pas ton mec !

Oh, tu le savais, ça bouffait tes tripes !
Ce mec n’était qu’avalanche de problèmes qui se succédaient sans jamais avoir le moindre répit, qui vous entrainait ici et là pour son petit plaisir, pour des petits caprices et vous abandonnait lâchement dès que les responsabilités pointaient le bout de leur nez.
Puis tu l’entends. Tomber par terre comme une merde.
Vraiment.
UN DÉCHET !

Tu as besoin d’un.

Tu te lèves avec la plus grande peine – pas que tu appréciais la soirée non plus – essayes de trouver ce triste sac en donnant des coups de pied ici et là, attrapes une portion de vêtement qui tombe sous ta main, tu cherches le corps qui se trouve en dessous, pour bien le saisir, pour mieux le soulever.
Il te parait étonnamment si lourd, si massif, tellement instable.
Tu as l’envie de le trainer par le pied, cet insupportable enfant qui hurle des choses insensés pour toi.
Tu le portes comme une princesse. Comme ça il se vomira dessus.

GRAND BOL D’AIR.

Il y a des gifles qui se perdent dans le néant, que tu aimerais tant attraper et les lui distribuer par douzaine de bouquets, mécaniquement comme un robot programmé pour ne jamais s’arrêter.
Tu te dis, encore une fois et inutilement, qu’il serait grand temps d’arrêter de le voir.
Tout ce temps gâché avec lui, si seulement on pouvait te le rendre.