le visage impassible, glaçon dans le désert, la beauté infaillible céleste et singulière
monsieur n'est qu'élégance et prestance monsieur insinue par ses sourires et ses airs une hypocrisie cordiale il gare son bolide allemand non loin de la librairie sans jamais rater son créneau ((monsieur ne chute point ne se trompe monsieur n'est que perfection millimétrée)) même en déambulant dans la rue ses pas sont alignés sous son masque de miel il cache déjà son agacement et son irritation car il doute qu'un homme comme vous veuille discuter avec un comme lui pourtant si aujourd'hui là il est n'est pas question de vous réellement- mais de ce il effacé depuis si longtemps l'ombre enfantine à jamais oubliée dans des dossiers archivés mais lui il est là pour pointer du doigt ces cauchemars du passé il pousse la porte et le carillon chante de sa douce mélodie il parcourt nez levé yeux impérieux- inspire discrètement l'odeur des livres qui lui manque dans son environnement stérile il sourit brièvement- milieu d'après midi personne tout est vide lui et vous monsieur müller c'est bien ça ? vous auriez un instant à m'accorder ?
Entre ses mains les pages s’agitent et les couvertures caressent la pulpe de ses doigts et les cartons pèsent entre ses bras, contractent ses muscles et tendent son dos. et créent de la poussière en retombant sur le sol.
Pas un bruit entre les papiers vieillis, ceux plus jeunes qui ont la clarté contrastée de l’encre encore fraiche et du papier naguère vierge. Il est seul, pauvre bouffon, dans ce royaume de tranches sages et de reliures qui sans leur reine sont déjà orphelins. Partie on ne sait ou pour une missive urgente elle lui laisse les clefs, heureusement pour lui pas de clients à l’horizon par delà les douves. C’est qu’il abhorre les voix et les demandes, les mains qui fouillent et dérangent ces livres qu’il passe tant de temps à organiser. Parce que ça occupe ses mains Parce que ça occupe sa tête parce que.
Mais là il n’y a plus de cartons, il y a le calme de la librairie et la plainte ronronnante lancinante humide et brulante de la machine à café qui dégobille son liquide noir. Cosmo s’accoude au comptoir maculé de dépliants, cartes et petites notes avec lesquelles ses bras tatoués semblent se confondre. Papiers aux écritures diverses qui se mêlent et qui s’emmêlent sans espoir de démêler les mots qui y sont inscrits. Portant le café brulant à ses lèvres les vapeurs qui s’en échappent vient obstruer sa vue et couvrir ses lunettes rondes d’une épaisse buée. Un instant aveugle il y a les formes, monstrueuses taches de lumière et de couleur. Puis il y a le bruit qui le fait sursauter. Le cri aiguë et rond des clochettes qui tintinnabulent, s’agitent. Et puis il y a la voix, que déjà Cosmo déteste. Monsieur Müller C’est une apostrophe bien formelle, et qu’il a entendu un bon nombre de fois. Nerveux il pose son café, retire ses lunettes et les essuies d’un geste bref sur un pan de son T-shirt. Remises sur son nez, passant une main dans ses cheveux blancs, il fixe l’intrus. Le client?
Scanner le nouveau venu. Il coupe il tranche il est propre sur lui méticuleux immaculé rien ne dépasse le dos est droit le costume tombe juste. La perfection est effrayante il n’y a pas de défaut auquel se raccrocher, pas d’accroc rassurant dans l’apparence. Il n’y a rien à lire et tout est dit. Cosmo desserre les dents mais ressert sa prise sur son café. À quoi bon mentir ? ils voient bien tout deux que personne ne se presse aux portes de la librairie et que le seul tenancier s’apprêtait à prendre son café, son paquet de cigarettes à la main. Souffler par son nez et relever la tête. « Lui-même. Vous désirez ? » les mots lui arrachent la bouche. « Si c’est à propos de l’individu qui a forcé la porte de la station électrique, je ne sais rien à ce sujet. » Cosmo, ça sonne coupable. Que veut il ? Ça y est la CIA est venue l’assassiner en personne. Parce qu’il en sait trop. Il ne sait pas quoi mais il le sait. Comme dans les films, l’homme va porter sa main à son veston, en sortir un petit calibre et boom sa tête ira repeindre les murs et écrire de nouveaux poèmes sur les pages blanches.
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Jeu 14 Déc 2017 - 22:12
le visage impassible, glaçon dans le désert, la beauté infaillible céleste et singulière
cosmo sentinelle du mal- tout votre être à ses yeux dégage cette aura malsaine de la donation et de l'abandon au mal rien que dans vos explications à vous justifier comme un enfant pris au piège- il n'est pas venu pour ça ici et ça lui dégage un léger sourire qui n'a rien de sympathique car monsieur est un homme grand et fort car monsieur est idéal taillé de glace- et ça n'a rien d'humain il avale vos paroles d'un hochement il y'a erreur. réveillons les démons du passé- il s'approche qu'ils dansent et qu'ils ne brûlent- qu'ils touchent le ciel sans jamais l'atteindre nous avons besoin d'eux d'un instant pour élucider l'horreur du goût acide de la mort il s'approche tend sa main, solennel et soldat menton levé et dominant- il rentre de partout et absorbe l'espace vital sans aucun remords yeux dans les yeux monsieur campbell, agent du fbi du département de washington. je suis à foxglove pour élucider les histoires de morts d'enfants répétées dans les alentours. ça vous dit quelque chose, sûrement ? il se poinçonne impassible et fait taire les oiseaux dans cette ville où il fait maintenant tout le temps nuit- que nyx vous accueille dans ses bras pour résoudre votre cauchemar cosmo car monsieur, ça fait longtemps qu'il n'a plus peur de rien
Oh c’est pire que tout. Pire que tout ce qu’il aurait pu imaginer. Pire que le revolver que l’on sort de sa veste Pire que les bombes qui tombent sur les champs de bataille. C’est pire que le feu ou sa tête qui exploser pour aller repeindre les murs. C’est pire que tout c’est… il connait deja la réponse. Sait depuis le moment où l’homme a posé son pied ici. Il sait, il le sent. Celui-ci ressemble aux hommes de ses cauchemars ceux dont on ne peut lire la face. Ceux qui posent les questions dans leurs costumes sombres. Ceux qui sourient la mort entre leurs dents blanches.
Tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi. Je ne veux pas t’entendre prononcer son nom. Tais-toi. Ne m’entraine pas encore là-dedans. Tais-toi. Ici les gens ne savent pas. Ils ne savent plus.
Disparition d’enfants
C’est un mot qu’on entend à la télé dans les journaux dans les livres d’épouvante. Pour Cosmo il a un gout d’horreur ce mot.
Ses jambes menacent un instant de se dérober sous lui. Tu trembles. Tu paniques ? Serait-il au courant de …? Saurait-il pour … ? Pour les mots dans sa tête et les messages étranges et ce Clyde fantôme qui lui parle chaque nuit ? non non c’est impossible il ne peut pas savoir. respire Cosmo respire.
Il regarde la main tendue devant lui, il la regarde comme une insulte. Il n’a qu’une envie c’est de lui cracher au visage et de regarder ça couler sur sa petite tronche parfaite. Goutter sur son beau costume tiré à quatre épingles. Il regarde la main et porte son café à ses lèvres. Baisse la-donc je ne la toucherai pas. Ce n’est pas la caffeine qui va calmer ton coeur. Ou peut être que tu cherches à le faire lâcher ? Emporter tes secrets dans ta tombe voila qui serait drôle.
« Vous savez ce que je pense ? » Il s’en fout surement , mais Cosmo refuse de céder « Je pense que vous êtes un bon petit élève qui a bien révisé sa leçon. Que vous la connaissez même sur le bout des doigts. Ça tombe bien moi aussi. » Il repose le paquet de cigarette sur la table, hurlant intérieurement pour un brin de nicotine en intraveineuse. « Donc épargnez moi les bavardages. Qu’est ce que vous voulez ? »
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Dim 7 Jan 2018 - 2:15
le visage impassible, glaçon dans le désert, la beauté infaillible céleste et singulière
il vous sent vous décompenser il observe analyse et interprète il est une machine à qui on a dit de faire preuve de patience et d'indulgence d'une pointe de compassion pour ne pas brusquer l'ensemble car souvent ces gens qui ont vécu des drames ainsi ils terminent mal (timides ou déglingués il en a vu de toutes les couleurs) et c'est parce que monsieur reste inflexible qu'on l'a envoyé ici dans la ville de malheur où il fait maintenant tout le temps nuit il penche un poil son visage sans jamais lâcher ses pupilles- laisse retomber par la même occasion sa main jusque là tendue et se tait pour le laisser parler il n'est que spectateur et vous un ancien acteur- il ne connaît que le script par le biais du synopsis sur la brochure de la pièce il est infiniment indifférent à la douleur qu'expire votre être: elle semble irréelle et dénuée de sens pour un homme de son envergure qui ne connaît point les douleurs de la vôtre vos paroles ne lui déclenchent qu'un battement de cil et sa respiration il a entendu et vu bien pire bien entendu votre réaction, ce rejet est normal dans ces circonstances. il se veut conciliant et peu agressif- peut-être y'a-t-il un rien de condescendance involontaire j'ai besoin des informations que vous possédez sur le décès de clyde. vous êtes l'unique témoin recensé alors votre parole nous est précieuse. il sourit à nouveau ses pattes d'oie se plissant sans aucune mauvaise intention
Et voila dans le fond de la gorge l’âpre mesure de la bile et son goût écoeurant qui lui dissout le coeur Clyde Vous ne devriez pas avoir le droit de prononcer son nom Clyde vous le salissez de votre bouche Du haut de votre costume, de vos chaussure cirées de votre horrible visage vide, vide, vide si vide que Cosmo aurait envie de le griffer, de planter ses doigts dans vos orbites pour qu’il se baigne d’un peu de couleur, d’un peu de rouge qu’il soit déformé par des cris.
rejet, normal
la langue est aseptisé et sèche c’est le pantin qui répète bien ce qu’on lui a apprit C’est le chien qui se courbe pour un sucre Cosmo ne sait pas qui lui donne le plus envie de vomir le souvenir ou l’homme devant lui.
Car son ton le ramène à des heures oubliées, des lits d’hôpital, des yeux vides. Des faits. Nous voulons des faits Cosmo. Répondez à la question.
Et il avait peur si peur parce que dans sa tête il n’y avait que le vide. il avait 10 ans et avait peur. Il avait si peur de leurs costumes noirs et de leurs regards froids (comme celui-ci en face de lui) et de tous ses regards sur lui arrêtez s’il vous plait, arrêtez de me regarder Nous avons besoins d’informations ? je ne sais pas Que s’est-il passé ? je ne sais pas Vous êtes le seul témoins. Le seul témoins. Le seul. Seul. Seul. Seul. je ne sais pas jenesaispasjenesaispasjenesaispasjenesaispasjenesaispasjenesaispasjenesaispasje-
C’est tout ce qu’il avait toujours été, l’écrou défectueux dans la grande machine, bon à rien, à jeter, vide d’informations mais rempli de cauchemars. Des longues heures à essayer de lui faire dire ces choses qu’il n’avait jamais pu toucher, ces souvenirs que quelque chose avait dévoré.
« Informations. » Et le mot sur sa langue est salé comme une larme. Et ses bras se raidissent quand il passe ses doigts, par delà les encrages, sur les traces brûlées de son derme sombre. « C’est tout ce que je suis oui. Une information. C’est tout ce que vous voulez. C’est tout ce que vous avez toujours voulu. Rien, je n’ai rien à vous offrir. » Il balbuties les mots qui se perdent dans les sueurs froides et les litanies embrumées et l’angoisse qui lui tord les tripes et les jambes, comme un grand glaçon dans sa tête et au milieu de son ventre parce que tout bouge autour de lui car il n’a pas envie de se souvenir, et qu’est ce que c’est que ce bruit ? ah oui juste le coeur qui bat à ses oreilles, qui pulse comme un diable là ou se rencontrent son cou et sa mâchoire serrée qui crache des mots, corrosifs et brulants. « Je ne sais rien. Je ne sais rien mais vous n’en avez rien à foutre. Vous vous en fichez des gens n’est ce pas ? Vous arrivez, vous extirpez des semblants de réponses, les faits qui vous font plaisir sans écouter les gens. Vous détruisez tout. Et puis après vous repartez, quand vous avez bien abusé de vos témoins chéris, vous repartez et vous laissez tout en ruine. »
Plus bas, si bas, mais tout aussi dur entre les lippes qui tremble et le palpitant qui hurle : « vous me dégouttez. »
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Mar 6 Fév 2018 - 23:59
le visage impassible, glaçon dans le désert, la beauté infaillible céleste et singulière
il est désabusé et laisse couler sur lui vos crachotements de défense c'est un peu triste mais c'est ainsi les gens comme vous c'est un peu triste mais il n'y peut rien il ne peut pas révolutionner votre monde il peut le changement d'une manière infime- soulever des draps pour dépoussiérer et enfin cirer le cuir d'un vieux fauteuil abandonné dans votre grenier le grenier de votre corps oui et pour cela il faut franchir les portes- vos mâchoires serrées et remonter jusqu'à votre cervelle bien durcie par le rejet vous le voyez inhumain alors que monsieur est john (mais même lui l'oublie vous savez il est vêtu de l'emprunte de ce monsieur depuis maintenant des années- ça lui colle à la peau et lui retourne le cerveau) il vous dégoûte ? son sourcil tique involontairement se rehausse un maigre instant comme pour répondre à l'affront il ne s'excusera pas il ne cessera pas c'est des paroles en l'air tout ça monsieur müller vous le savez que ça sert à rien ce genre d'injonctions à part essayer d'atteindre l'humanité sous la chemise bien taillée mais il ne soupire pas il file une de ses mains dans sa poche pour faire glisser une carte de visite sobrement lui à contrario de ce que vous pouvez penser, je ne suis pas là pour vous arrachez les mots de la bouche. je vous laisse cette carte avec mon adresse e-mail et mon numéro si vous souhaitez me contacter. si cela vous revient subitement, par exemple. il paraît que foxglove valley est une excellente thérapie pour la mémoire. il pivote et va pour déjà s'en aller- si le destin le décide vos chemins se scindent distinctement tout aussi vite qu'ils se sont liés
Et il a l’impression de hurler dans le vide De cracher dans le vent De griffer de ses les mots le rien rien rien.
Parce que rien n’entache la perfection distillée dans les traits d’un visage, rien ne heurte les idées vissées collées alpaguées dans ces cranes aux cheveux PARFAITEMENT PLAQUÉS CAR AUCUN CHEVEUX NE DEPASSE non pas une mèche non pas un épis.
Claque la porte et dringdring la clochette qui annonce les entrées comme les sorties de scene. Et puis voila il n’y a plus de personnages et le rideau tombe et la pièce est finie.
Et puis la carte qui reste là sur le comptoir qui le lutine l’oeil morne et sourit
J o h n C a m p b e l l
Et sa main comme une serre qui tremble fond sur le papier l’écrase dans sa paume, pour le réduire en rien de papier, de brouillon jusqu’à ce que les ongles rencontrent la peau, jusqu’à ce que les jointures craquent et blanchissent
Le poing solennel au dessus de la poubelle prêt à laisser choir en son sein le souvenir de John Campbell
Mais dans le reflet des lunettes vient se mirer le papier blanc, l’image désolée d’un petit « J », d’un petit « p » de quelques petits « l » et l’instant d’après c’est le poing dans la poche qu’il en retourne à ses cartons contre la cuisse la brûlure du papier chiffonné. Qu’il regrettera surement.