« Je sais, je sais que tu ne m’aimes pas, Nana (pas comme ça). Mais peux-tu comprendre ? Peux-tu comprendre comme il fait mal de savoir que ça ne sert à rien. J’ai beau aimer, j’ai beau tendre la main… À quoi bon, si au final on ne me le rend pas ? Si on ne dit pas oui, si on ne me sourit pas. À quoi bon aimer si c’est pour se retrouver tout seul, à quoi bon être ici si c’est pour ne rien partager. Et je te regarde doucement, peut-être un peu tendrement : « C’est bien là notre différence, Nana. » Et il me faut me tirer une balle dans le pied (dans le coeur) pour que tu comprennes : « Tu es aimée. »

Moi non.

Alors j’ai envie de m’énerver j’ai envie de te secouer j’ai envie de te dire d’arrêter de pleurer. Arrête de dire que tu es seule arrête de dire que tu vas mal : car c’est faux. Tu es entourée, des gens sont là pour toi, moi-même t’aime mais ça ne suffit pas. Rien ne te suffit.

Et j’ai envie de crier que moi tout m’irait.
Mais ce n’est pas la même chose mais je n’ai pas le droit de faire ça, n’est-ce pas ? Ce serait égoïste, ce serait te blesser pour que tu ressentes, peut-être, la même chose que moi. Mais je ne suis pas comme ça je ne peux pas (je le veux) je ne le ferai pas.

Ma main quitte la table et se cache, se serre, se serre dans ma poche alors que je me force à sourire.

J’ai mal (putain).
Je me redresse, mon thé n’est pas fini mais déjà je le devine froid.


Je m’avance de toi, m’avance m’avance et sors ma main pour venir la poser sur ton épaule : « Tu n’es pas seule, Nana. » (J’ai envie de pleurer) « Tu n’as pas à être triste. » Serre serre les dents et souris gentiment : « Pas toute seule, pas comme ça. » Et j’ai envie de passer ma main dans tes cheveux, d’effleurer de mes doigts ta joue mais je ne le fais pas (car je n’ai pas le droit).

Je me retire, m’efforce de rester droit, te dit au revoir (te dit d’être heureuse) et m’en vais car je crois que c’est
mieux comme ça.

Tant pis.