Elle tourne en rond en rond en rond
La grosse araignée et ses bébés
Après des millions de petites morsures
Dans la chair
Il y en a un qui s’est effondré
Le poison ayant fait cent fois le tour de mes artères
Je croyais qu’un jour je réussirais à le cracher, l’éliminer
M’en débarrasser à force de m’ouvrir les veines, partout des entailles, partout des coupures Oh non quelle horreur quelle horreur
Tout tenter et ouvrir grand les robinets rouges
Voir que seul le plus vital de moi s’échappe, laissant portes ouvertes et grande place à l’acide dévorant ma tête
Et moi
Je suis fatigué fatigué de lutter et d’essayer de me sauver
Un sauvetage qui cabote chaque jour chaque semaine chaque moment
J’essaye de me sortir de là
J’essaye d’appeler à l’aide
Mais il y a quelque chose en moi qui m’en empêche
Je les sens ces fils qui lient mes lèvres
Mais est-ce que je peux vraiment me plaindre, c’est moi qui les a posés là
Et je pleure – encore… –  en tremblant dans le silence toxique qui furieusement me hante
Et j’ai tellement tout essayé que je pense – encore – que c’est fini
Et pourtant je suis entouré, d’amours d’amis !
Qu’ils me trainent dans les rues, les folies dans une bouteille à la main
Un juron puis une gorgée, un baiser puis une coulée
Je l’aime et l’a hait cette incertitude d’une vie sans rien au petit matin
Ce sursis d’une existence vide de tout
Mais quelle épave…
J’ai trop pleuré, j’ai trop crié
Je suis fatigué de funambuler
Quand est-ce que le clown que je suis chutera enfin ?
Car il s’agit bien de la plus belle – non –  fin que je veux là
Suicider tout chez moi !
Car enfin là, quand mon crane sera éclaté dans sa propre mare
ELLE s’en ira ENFIN de ma tête
Et moi
Et moi…
Moi je serai mort.
Sous ce beau ciel étoilé qui n’arrive plus à napper mes tristes spectres
J’aurai peut-être le courage de le faire ?
Il y a tant de façon de le faire, tant que je n’ai pas essayé
Ce n’est pas grave si une rate, peut-être qu’une autre réussira…
Est-ce que j’y crois ?
…
Est-ce que je fais est bien ?
Est-ce là un bon moyen de fuir…
Peut-être que…
…
Je ne crois plus à ces peut-être
Je veux cette fin
Je la veux depuis trop longtemps
Je la veux brutale et infame
Je veux que pour la dernière fois, je me sente vivant
Avant de m’éteindre avec la fumée
Avant de m’évaporer avec la fumée
…
Je ne sais pas….
Mes larmes se mêlent à cette pluie pétrolière que je me verse
…
Est-ce que…

.........

J’ai dragué suffisamment l’illicite pour comprendre l’horreur de ma vie
J’ai trop flirté – après CA – j’ai perdu tellement d’énergie, j’ai tellement dévoré la déchéance
Mais le nirvana est là !
À la portée de mes doigts, j’arrive à l’effleurer
En réalité – je le sais…– je l’ai toujours eu dans le creux de ma paume
Je suis juste
Je suis un imbécile.
C’est simple et même simplement là, ça coule à flot sur moi depuis toujours
Et moi je…
Je….
Oh…
…
Si un jour je veux atteindre l’Olympe, il faut tout simplement que

.........

Mais…
J’ai peur
J’ai toujours peur
J’ai toujours tellement peur
Est-ce que j’y arriverai ?
Je n’ai jamais réussi jusqu’à maintenant
Trente années
Ça fait si longtemps…
Cette boite d’allumette signera-t-elle mon salut éternel ?
Je…
Oh
Mes mains ne tremblent pas.
Mais ma tête entourée des odeurs de mort
Je me sens à l’agonie.
Rien qu'une seconde pour un geste fou
Pour enfin retrouver la paix
Éternelle.

Si je l’agite dans le vide elle s’embrasera
Si je la frotte contre sa pair elle me couronnera
Donnez-moi le courage qu’importe qui vous êtes
Quelque chose, un son, qui m’apparait comme une corde jetée dans mon tourmenté puit
Une voix, un humain, oh non…le caissier
Pourquoi pourquoi pourquoi
Je, non !
Ça va encore recommencer, c’est ça ?
Je ne vais pas encore réussir, c’est ça ?
Comme d’habitude, je vais échouer hein ?
Je le connais ce scénario !
Je vais pleurer…je vais essuyer mes larmes…je vais rentrer
Puis tout ira temporairement bien
Comme une bulle de nirvana, qui éclatera à cause de mille facteurs que j’aurai moi-même crée
Ça se passe…
Toujours…
Comme ça
Il semble
Si calme
Comme si c’était normal, comme si je n’étais qu’un passager et qu’il y en aurait d’autres après moi
Combien de personnes ont eu la même idée que moi
Combien sont-ils à avoir réussi ?
Est-ce que moi aussi j’aurai le droit de les rejoindre ?

Je...

Des déflagrations, dans ma tête, déjà, trop tôt
Que faire, que dire, comment réagir
Fuir, courir, pleurer, abandonner, agir
Faire danser mes doigts avec cette mort en bois
Si faible, si mince, si faible, si douce, si mince, si
Pourquoi le caissier est là ?
Je connaissais ses horaires, ses pauses, alors pourquoi pourquoi saint dieu sainte mère, est-il là
Pourquoi les instances divines se refusent-elles autant l’envie d’abattre leur fléau sur moi ?
Aurai-je trop réclamé mon dû ?
Suis-je puni comme les enfants qui sautillent et s’énervent dans les supermarchés ?
Combien de gifles de ces parents là-haut ai-je du recevoir ?
Moi aussi, je ne retiens pas les leçons
Moi aussi, je m’attarde dans ma bêtise
Pourquoi suis-je encore embourbé dans mon marasme illusoire ?
Pourquoi je m’asphyxie dans cet étang d’éthanol ?
Je la vois partout autour de moi, à rire, à me tourner autour et quand je sens son parfum m’effleurer

Alors que dois-je faire ?
Je sens mes chaussures s’abreuver de cette horreur
Je sens mes pieds gonfler de ce poison
Étrange mort, par absorption !
Vais-je m’enivrer, sentir chaque cellule de vie crever une par une ?
Qu’est-ce qui serait le plus horrible ?
Un brasier ou un étang ?
Mais je refuse
Ce soir, c’est fini, je veux être fini, je suis fini
Je recule
Je recule
Tout ceci ne concerne que moi n’est-ce pas ?
Pourquoi n’ai-je pas fait ça dans ma forêt, loin de tout ?
Pourquoi ai-je l’impression d’être un exhibitionniste, je ne cherche pas la pitié des autres pourtant…
Alors je m’éloigne, le plus loin possible, dans un silence qui nous lie
Je ne veux pas que tu vois ça, je ne veux pas que tu sois là, oublie tout et retourne vivre ta vie s’il te plait
Sois de ces gens qui dégaine leur portable pour capturer les dernières secondes de souffle
Laisse-moi, tout ira mieux après, c’est promis !
Ne fais pas attention à moi, sois heureux, fonde une famille, que sais-je
J’ai fui, trop fui, mais le monde urbain m’a rattrapé et m’a coincé entre ses murs
Tant pis
Le tout pour le tout
Je m’excuse mille fois
Pardon mais je ne veux plus attendre
Pardon de cette atroce vision
Pardon pour tout
La tête rouge se racle sur la peau noire rugueuse
Elle se brise
Elle ne s’allume pas
Oh…
Mes sanglots muets eux jaillissent et déchirent l’air
Je le savais
Je le savais
Mes émotions se conjuguent à l’irrespirable kérosène
Elle n’a pas brulé mais absolument tout chez moi crie