#1 - Ne prenez pas le bus.
Bonsoir Foxglove,
Il est… 00h20, la nuit est déjà bien entamée et tu es au chaud chez toi. Seul peut être. Est ce que tu n’arrives pas dormir ?
Est ce le remord, la peur ou les questions qui te tiennent éveillés ? Ce n’est pas mes affaires n’est-ce pas ? Mais ne t’en fais cela pourrait le devenir. Je sais que tu as vu quelque chose un soir, à l’orée de la nuit et que cette apparition te taraude et t’obsède et te tourne dans la tête sans que tu puisses en parler. Parce que tu aurais l’air fou… n’est-ce pas ? Et les gens, les autres, ils se riraient de toi, hein ? Alors tu as peur et tu te tais mais ne t’en fais pas, je suis la pour toi.
Aux nouvelles de la nuit, aux brèves effrayantes; On me murmure que qu’il se passe des choses étranges au sein du réseau de transport en commun de la ville.
Vous êtes vous déjà retrouvé à ces heures où la ville dort, à l’ouest de l’observatoire, à l’angle de King street et Cross street ? Que feriez vous là me demandez vous. Je ne juge pas les errances de ceux qui me rapportent leurs dires. Toujours est-il que, il arrive que certains soir, toujours à la même heure et si vous vous armez de patience, vous puissiez voir le bus n°7 passer devant vous.
Jusque là rien de bien étrange, mais réfléchissez un instant. Si vous êtes un habitué des transports en communs de la ville (dont le service laisse à désirer, franchement mais que fait la mairie ? Enfin, bref, là n’est pas le sujet) vous savez pertinemment que le réseau ne comporte que 6 lignes.
Les seules occurrences d’un bus numéro 7 remontent à la création du réseau un peu après la seconde guerre mondiale, et d’après quelques recherche le service fut suspendu au debut des années 70 suite à des coupes budgétaire, nous dira-t-on… En fouillant dans les archives j’ai pu retracer le chemin suivit par cette ligne et malgré quelques trous dû au manque d’informations dans les archives municipales, il semble que cette ligne desservait l’ouest de la ville, fort foyer d’habitation entre 1940 et 1970, servant plus précisément au ramassage scolaire des élèves de la Pricefield Academy.
On raconte que le bus passe. Qu’il ne s’arrête pas. Qu’il n’allume pas ses phares mais que, pourtant, son intérieur reste illuminé d’une lumière blanchâtre comme un vieux néon. On murmure que dans ce halo se découpent quelques silhouettes qui parfois s’agitent contre les fenêtres embuées, mais restent calmes la plupart du temps. Il a toujours l’air rempli du même nombre de personne ce bus et, s’il vous passe devant sans vous voir, vous aurez beau courir après, lorsqu’il tourne l’angle de la rue : il a déjà disparu.
J’ai dernièrement trouvé un article de journal datant de l’hiver 1969, un petit fait diver qui avait secoué la ville : un accident de bus à cause du verglas. Un soir, rempli d’écoliers rentrant des cours, le bus n°7 s’est renversé sur la chaussée : très peu de morts furent à déplorer, parmi eux le chauffeur. Le bus n’a jamais atteint son prochain arrêt et terminus : King street.
Si jamais vous voyez le bus de la ligne 7 évitez peut être de trop trainer dans son sillage. Et si jamais il s’arrête ne songez pas à y monter. On ne sait pas ce qu’il pourrait vous arriver. Ne prenez plus le bus: marchez.
Encore une histoire étrange pour une ville étrange. Ne crois pas tout ce qu’on te dit; tu n’es pas obligé de me croire. Doute de moi, je te le demande, mais tu n’es plus obligé de te taire. Il est tard et la nuit s’étire, s’étend, s’étiole. Il faut bientôt rejoindre le monde des vivants.
Je suis Antinoüs, tu écoutes digitalis et en attendant d’autre brèves, j’aimerais te souhaiter une bonne nuit…Même si j’en doute.
#digitalis