ma poitrine s’abaisse et remonte beaucoup trop vite
peine à suivre la cadence je cache mon visage dans mes mains quand tu te glisses
j’essaye de reprendre en vain ma respiration
faisons
semblant
comme au bon vieux temps
imaginons que le ring est carré d’herbe et que nous revoilà allongés là à contempler les étoiles
transformons les fissures du plafond
en constellations
je vais t’expliquer avril
reprendre tout à zéro, de toute manière je crois que je n’ai pas le choix
j’ai perdu je suis censé agir comme tu le souhaites
((mais on sait aussi bien toi comme moi))
que je le ferai par volonté et que je me cherche des excuses
tu es
mon amie je crois avril
mais mon ennemie aussi un peu
c’est pas pour te protéger
c’est pour me protéger moi
c’est car ma fierté s’est brisée en mille morceaux, car il m’a cassé et que j’en ai honte c’était si facile pour lui de le faire
tu te rappelles de jack ?tout le monde se rappelle de jack
enfants adultes magnolias réincarnés innocents
il est mort sur scène à un spectacle d’école
ce sont encore des histoires qu’on murmure dans le creux d’une oreille qu’on fait tourner
en recherchant cet éternel frisson d’adrénaline celui qui nous fait écarquiller les yeux
tu te rappelles de la nuit, où on m’a retrouvé devant le moulin ?celle-là aussi, je pense que beaucoup s’en rappelle
toi aussi
((mais j’ai refusé de te voir))
un futur roi du monde ne pouvait pas se présenter à sa reine ainsi
je m’assieds en soufflant de douleur repasse une main sur mon visage endolori rougi par tes coups
je flatte d’une main ton ventre plat
il m’a frappé ici.t’observe et prend ta crinière délicatement dans ma main un peu tremblant
sans tirer mime un mouvement arrière avant avec juste assez doucement pour ne pas emmener ta tête avec
ma voix n’est plus qu’un simple souffle de honte elle se casse et je crois que les larmes vont bientôt couler
il a cogné ma tête, comme ça contre le mur du moulin. ferme les yeux.j’attends que tu obéisses pour venir parcourir de mes doigts maladroits tes joues
j’ai tenté de l’attaquer ici comme ça, en le griffant.je prends ta crinière te l’entoure autour du cou
il m’a étouffé comme ça.et je crois que je commence à sangloter
je prends ton bras sans force le laisse échapper d’entre mes mains et le reprend pour le placer sur mes jambes
il a déboité celui-cireferme ta main en poing
et arraché les ongles de l’autre.je me relaisse tomber et je sanglote rien qu’en me rappelant c’est dur mais j’en ai parlé peut-être deux ou trois fois de cette histoire le pire c’est de ressentir la douleur de revoir son sourire
d’imaginer que peut-être un jour
il reviendra sous un nouveau corps
il me donnait des surnoms ilje renifle
il était gentil, tendre.je sais pas si tu vas comprendre ce que je te dis
il m’a- m’a appris quelque chose plus que tous les autres gens et il me fait peur avril- avril il me fait peur c’est horrible c’était qu’un gosse-je dépose mes mains sur mes lèvres souvenir du baiser de cet horrible baiser
je ne peux pas te le dire
je suis théâtral je sais avril
mais comment je peux faire autrement
alors que lui l’était
alors que lui mettait tout en scène
comment je peux te décrire ce moment sans adapter mon comportement au sien
je me redresse à nouveau
dépose mes lèvres sur les tiennes une fraction de seconde
((rien d’érotique d’amoureux juste un rien désespéré))
il a fait ça, aussi.et je me relaisse tomber complètement à bout