Mélodie.

Tu es seule, chez toi, ce soir. Ton père est sorti jouer dans un bar avec son frère. Oh, tu ne lui en veux pas. Tu te débrouilles très bien toute seule et puis, tu sais combien ton père les aime, son frère et sa guitare. Et puis ce n'est pas si terrible d'être toute seule. Même si la maison est grande, et semble un peu morne lorsqu'elle est vide, tu sais comment y amener la joie. Tu as la musique.

Et tu chantes, tu chantes, tu chantes.

Dans le grand salon dont tu as déplacé les meubles pour faire de la place, au parquet rayé par l'habitude des pieds de la table qui y sont traînés. Devant tes petites enceintes, une télécommande à la main en guise de micro, tu t’entraînes. Pour ton prochain concert, ou juste pour exécrer ta voix et garder la ligne. Ou par simple plaisir de vivre la musique que tu aimes.

Dehors, il fait déjà nuit.

Ça fait maintenant plusieurs heures que ton père est parti. Tu ne t'inquiète pas, tu sais qu'il rentrera tard. Voire même qu'il ne rentrera pas, qu'il passera la nuit chez son frère et qu'il reviendra demain. Peu importe au fond, tu sais qu'il finit toujours par revenir. Tu sais qu'il ne te laisserait pas tomber.

Tu aimes fort ton père, Adélaïde.

Mais peut-être que tu voudrais aimer quelqu'un encore plus fort.

Tu transpires et tes muscles sont endoloris ; c'est le signe qu'il est temps de faire une pause. Tu t'affales sur le canapé que tu as reculé contre le mur, près de la grande fenêtre. Ta bouteille d'eau à la main, tu observes l'extérieur. Étrangement, tu as un drôle de pressentiment... Comme si quelqu'un était en danger... Quelqu'un de cher pour toi.

Mais qui ?

N'y penses plus, tu te fais sûrement des idées. Tous ceux que tu aimes vont bien... Ça ne peut pas en être autrement n'est-ce pas ?

Mais tes pensées sont vite interrompues par un bruit sourd bien significatif ; quelqu'un frappe à la porte. Qui ça peut bien être à cette heure ? Intriguée, tu poses ta bouteille sur la table basse et va tranquillement à l'entrée pour ouvrir la porte.

Mais ce que tu vois te coupe presque la respiration.


- Théo ?!


Ton ami est couvert de sang, et ta voix d'ordinaire si mélodieuse s'est tordue d'inquiétude,

Que lui est-il arrivé ?