Désolé chérie, tu sais, j’fais des trucs bizarres
Mais dis-toi qu’j’lui laisserais même la dernière part de pizza
M’lever à quatre heure du mat’ pour aller l’dépanner
Lui prêter ma chambre pour un mois et qu’il y reste des années
J’pourrais faire tout ça pour lui, même si c’est un con
tom, j'trouve que t'as la tête souvent grise comme ce maudit anthracite, la tête rarement blanche comme le linceul d'un sombre lendemain et la tête toujours bariolée d'un bleu argenté, comme un timide ciel de novembre que les nuages s'obstinent à dissimuler.
parfois j'la trouve même un peu trop plongée dans les cieux, ta jolie sale gueule, un peu trop noyée sous tous tes maux marécageux, toi mon espèce de pisseux, toi mon fils d'incestueux et mon impétueux petit morveux que j'aime à m'en sentir affreux.
ouais, parce que tu pourrais sans doute penser que c'est pas le cas, mais j'sais qu'entre nous, y a pas de secret ombrageux, pas de promesse futile ni de déclarations hautes en couleur, tom le môme, tom mon p'tit homme.
tu vois, j't'embête, j'me fous de toi, j'te ris à la gueule, j'te prends dans mes bras et j'te traite de sale faible, mais tu sais, moi j'l'aime ta sale gueule, j'la peinturlure souvent quand t'es pas là, j'lui ajoute quelques teintes et j'la nuance de trois-quatre arc-en-ciels, quatre parce que tu me fais un peu penser à la mort, quatre parce que toi et moi, ça fait pas deux, mais bien plus encore.
et comme je t'aime, que je suis un homme bon, être de mille et une couleurs et d'une infinie bonté à en rendre jaloux jésus lui-même, je m'occupe de toi, je te ramène ton goûter et t'attends patiemment, toi le gosse sans défense et tout innocent des cours de récréation. parce que c'est vrai que t'es pas encore indépendant, mon petit tom, et qu'il faut prendre soin de toi, t'éduquer et venir te chercher à la fin des cours, hein ? hein ? mais oui. après tout, t'as huit ans mon re-fré. ou cinq. ou dix, qui s'en fout ?
je t'avoue, je sais plus, mais tout le monde sait que t'es un peu perdu, que t'es tout mignon et, surtout, que t'as terriblement besoin d'entendre mon nom pour colorer tes fins de journées, pour montrer au monde entier que le soi-disant fils de sheitan digne de sarko veille sur toi. tout le monde le sait, ça, que t'aimes quand je viens te chercher au portail, que tu refuses d'aller à la garderie pour vite rejoindre kyo, kyo ton fréro, kyo ton ultimate bro. allez, j'te connais par cœur, je te sais et y a pas meilleur jeu de scène, n'essaie pas de me mentir mon salaud, ce serait juste mettre mon cœur en lambeaux.
toujours là à attendre, toujours là à patienter, et quand j'm'approche près de ta prof l'air de rien, l'air d'un parent aimant et responsable, je me retiens de toutes mes forces de hurler de rire. qu'est-ce qui a tom, t'as peur ? tu as besoin qu'on te console ? kyo est là. mais kyo est un peu excédé, que tu veuilles de lui te cacher. alors il t'attrape par le bras, sous l’œil avisé de la prof, et dans sa tête, il gémit comme un dément les nuances de son impitoyable moquerie.
n'écoutez pas ce sombre fils de p- de tomkita, il est un peu perturbé. ce matin il n'a pas voulu manger son gervais et il a encore confondu les cases de son coloriage magique. il m'inquiète vraiment, mais je crois que ça lui passera... merci à vous et bonne journée ! et je t'attrape par le sac, un peu brusquement, et t'as l'air tellement con que si je peignais ta gueule sur le sol que nous foulons à l'instant-même, picasso m'adulerait pour mon succès inégalable.
allez, bouge ton cul ! une tape derrière la tête, comme avec un gosse, en sachant pertinemment qui tu es et d'où tu viens. mais c'est si réjouissant...
t'es privé de parc, tom, et de pain au chocolat. tu me fais un scandale devant tout le monde ? tu veux te faire bolosser à la récré par tes propres profs, c'est ça que tu veux ?! on rentre, et on va discuter sérieusement. ça peut plus durer comme ça. et sur mon visage, l'ombre colorée d'un rire narquois qui se glisse furtivement, alors que tes sourcils se froncent déjà.
TAG: ----