▲ tu es né ici, en oregon. tes parents quant à eux, viennent de munich.
▲ tu as toujours été fasciné par le lac près de la maison de ton enfance.
▲ en général, tu n'as jamais causé de vagues, tu étais même plutôt sage.
▲ même si tu es parti tôt de chez tes parents, la ville tient une certaine place dans ton cœur.
▲ tu voulais suivre ta passion, et malheureusement, foxglove valley ne te permettait pas de t'épanouir.
▲ alors tu as déménagé à new-york, alternant les petits boulots pour payer tes études et poursuivre tes cours de ballet.
▲ tes efforts ont porté leur fruit. tu as tapé dans l'œil d'un directeur artistique qui t'as proposé un contrat. plaquant tout le reste, tu as foncé.
▲ c'était difficile, de suivre le rythme, mais tu n'as pas baissé les bras.
▲ tout s'est bien passé pendant des années, alternant entre les pratiques, les spectacles et les tournées.
▲ puis, ton père est décédé. c'était inévitable et tu l'avais visité plusieurs fois à l'hôpital. tu t'étais convaincu que ça arriverait tout ou tard et que tu y serais préparer. rien ne prépare à cela.
▲ tu es retourné en oregon, pour les funérailles. en errant dans la maison, tu es tombé sur de vieux albums photos. tu les as tous feuilletés, un par un. images par images. souriant bêtement en observant les scènes illustrées par les vieux clichés.
▲ puis tu es tombé sur une photographie. de ta mère sur la berge du lac, le visage tourné vers l'appareil. c'est là que tu as vu le cygne, en arrière-plan.
▲ un faux mouvement et voilà, ta première vraie blessure. on t'as dit de prendre ton temps, de t'en remettre et que tout allait bien se passer. et toi, tu ne savais pas quoi faire de ces souvenirs qui continuaient de te tourmenter.
▲ ton deuil s'est fait dans la solitude de ton appartement à manhattan.
▲ tu n'as jamais vraiment récupéré de cette vilaine fracture. même si tu affirmais le contraire. quand tu dansais, ta cheville t'élançais. ce n'est pas grave, ce n'est pas grave, que tu répétais à tout va, quand ton expression concentrée laissait place à une grimace.
▲ et à force, elle a empirée. au point où marcher était un vrai calvaire. c'est à ce moment là que ton monde a commencé à vaciller.
▲ depuis, tu attends le verdict. dans la ville qui t'as vu grandir et qui semble prête à te voir mourir. la danse, c'était toute ta vie.

(...) le vent dans tes plumes, l'eau qui glisse contre ton corps. ton envol sonore et te voilà, ailes déployées dans le ciel.
(...) dans un lac qui t'es familier, le cou tendu pour observer la berge. lorgnant avec méfiance les drôle de bipèdes qui étirent l'une de leur patte dépourvu de plumes en ta direction.
(...) à manger ce que tes voisins t’ont lancé. ça t'évite de plonger sous l'eau pour trouver ta nourriture.
(...) un flash de lumière qui t'aveugle et tu ne sais plus quoi faire, t'enfuir ? trop tard, douleur lancinante puis le noir complet.