Mes oreilles bourdonnaient, mes jambes étaient lourdes et vrillaient à chaque deux pas.
Le cris de rage que je lui avais lancé résonnait toujours dans ma tête avec le vrombissement de moto qui l'accompagnait. J'oubliais déjà son visage crispé de déception qui s'éloignait pour devenir une silhouette floue qui rushait sur la route, si vite qu'elle ne devint plus qu'une étoile filante désinvolte.
« A jamais connard ! » Avais-je crié contre le vent, en suspension entre le trottoir et la route.
Mon corps dansait encore au son de la musique glacée de la rave que j'avais abandonnée plus tôt que prévu, profitant de m'échapper avec un garçon inconnu qui finalement m'avait déplu —un demi-motard mièvre que j'avais rembarré violemment durant le trajet— et déposé sur le bord de la station service paumée de "FoxTown".
Les puissantes basses, réminiscences de la forêt qui me manquait déjà, frappaient l'intérieur de ma tête embourbées d'alcool et de souvenir flous. Des visages, des rires, des cris joyeux, une foule compacte... Flou. Impossible de dire définir quel le genre de produit faisait battre mes veines aussi fort.
Après l'obscurité enivrante, venaient les imposantes et puissantes lumières trop claires de l'établissement. Après les entêtantes mélodies de la fête, venaient les musiques trop douce qu'une radio obscure proférait sur les ondes. Pas désagréable, mais bien trop douce pour le cœur vif qui battait dans ma poitrine.
Un instant, je errais non loin du parking, là où l'odeur de l'essence me procurait des tournis plus puissants et enivrants que d'ordinaire... Peut-être était-ce davantage de la nausée que tu plaisir que je ressentais alors, mais mes pas fous et gluants ne semblaient pas vouloir me mener autre part.
Il y avait un vent doux et il me suffisait de lever le nez pour que mes cheveux soient soulevés par une brise légère. L'idée de rentrer à la maison n'avait pas encore germé dans mon esprit coloré.