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Remember the night • Charlie |
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| | Dim 23 Oct 2016 - 17:36 | | Le soir venait de tomber. Le dernier patient à quatre pattes, un alligator venait de partir avec sa propriétaire. Sa collègue avait déjà déserté la clinique depuis une dizaine de minutes. Kaleo aimait bien fermer la clinique. Il aimait bien être seul de temps en temps à vrai dire. Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas eus d'urgence après le sauvetage de Dusky. Plusieurs jours également, qu'il n'avait pas souffert de ses bouffées de chaleur et nausées soudaines. Il y aurait-il quelque chose de nouveau dans la vie de Kaleo ?
Quelque chose ou plutôt quelqu'un. Il s'agissait du propriétaire de Jame le chat. Bien que, connaissant James, il était difficile d'imaginer le félin appartenir à qui que ce soit. Toujours était-il que désormais, Kaleo et Charlie se fréquentaient. C'est pourquoi, Kaleo ne fut pas surpris lorsqu'il vit de l'autre côté de la porte vitrée, la stature du directeur de Pricefield Academy, qui lui faisait signe. Même si Kaleo officiellement, n'était pas sensé savoir qu'il était directeur. Ils n'avaient pas encore atteint le stade de la petite discussion basique. En fait, tout s'était enchaîné rapidement. Pour faire simple, ils avaient échangés, avec leurs langues, mais pas que des mots .... très peu de mots pour être exact.
Kaleo se sentait légèrement embarrassé, le cœur commençant à battre la chamade pour une raison inconnue. Enfin, c'est ce qu'il essayait de se dire pour cacher son excitation et sa joie à l'idée de voir sa seigneurie Wolf. Il lui fit signe qu'il avait bientôt fini. Il devait juste enclencher l'alarme et pourrait se diriger vers ce rendez-vous qui aurait dû arriver, bien avant que l'échange de fluide n'arrive. Mais il n'était jamais trop tard pour bien faire, n'est-ce pas ? |
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| | Dim 23 Oct 2016 - 18:23 | | Les mioches avaient évacués les lieux. Pricefield Academy était vide. Un homme se tenait prêt de la fontaine. Une ombre du passé, que l'on avait pas daigné effacer. Un train de fusain aurait suffit à le rendre plus réel. Une tâche d'encre de chine l’aurait percé à jour. Charlie était de ceux qui marchent parmi les vivants sans vraiment se mêler à eux. Du moins, c'est qu'il aimait se raconter.
Odieux observateur à la décadence débridée. Arnacoeur de première. Ce soir, il allait retourner auprès de son nouveau jouet. Toujours plus scandaleux, de plus en plus dangereux. Charlie dansait sur une frontière fine comme un ligne. Il dansait au bout d'un fil. Allait-il tomber ? Allait-il l'entraîner dans sa chute ? Que pouvait-il bien espérer trouver en le faisant succomber ?
Le vétérinaire était un être intriguant aux yeux du directeur. Il n'évoquait pas le mal. Il semblait tristement bon. Pas d'amertume, pas de désespoir. Non, rien de tout cela. Il était propre. Trop propre. Il faisait écho à son autre lui. Cette autre qui avait eu le malheur d'aimer un homme comme cela. Charlie ne le savait pas. Il ne pouvait le savoir, après tout, il l'avait effacé. Ce bout de femme qui l'avait hanté dès les prémices de son existence.
Il avait eu du temps avant son rendez-vous. Le temps de se parfaire. D'assagir cette crinière. De la tresser, laissant une natte serpenter autour de son cou, comme un bijoux de pendu. Son demi-masque et ses demi-vérités, prêts et affutés. Il s'était drapé d'une odeur noble, oscillant entre le bois de santal brûlé et la douceur d'un caramel au beurre salé, le tout noyé dans un lourd soupçon de violettes fanées.
Il arrivera légèrement en avance. D'ordinaire, il aimait suivre le principe d'être légèrement en retard afin de se faire désirer. Cependant, il s'était trouvé à avoir envie de surprendre son cadet. Il ne savait pas vraiment pourquoi, il n'avait pas le cœur de le faire attendre. Peut être parce que ce dernier avait déjà assez attendu. Attendu qu'on le libère de ce piège que l'on nomme réalité.
Un simple hochement de tête, un sourire en coin sans pour autant le quitter des yeux ; il venait de répondre à la salutation et à la gestuelle gênée du médecin. La perspicacité du loup venait encore de frapper. Le jeune homme serait-il inquiet ? Cette pensée déclencha un faux-semblant de malaise dans le flot de pensée de l'aîné. Avait-il raison d'être là, et d'avoir donné suite à ce qui s'était déroulé la dernière fois ? |
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| | Dim 23 Oct 2016 - 19:41 | | Les lapins étaient nourris. Les félins avaient eu leur litière changée. Tout était en ordre. Il pouvait fermer et s'évader. Il éteint les dernières lumières et se dirigea vers la porte, clés en main. Il se sentait un peu ridicule par rapport à l'homme qui lui faisait face. Charlie était. Il était séduisant. Kaleo n'aimait pas cela. Enfin, pas exactement. À vrai dire, il adorait.
Cependant, il n'aimait la maladresse que cela réveillait en lui. Il ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Non pas qu'il était novice en la matière. Juste qu'il n'était pas aussi à l'aise que de faire naître une portée de porcins. Son odeur. L'atmosphère qu'il dégageait. Kaleo ne faisait pas vraiment le poids avec sa tenue de travail.
Il aurait aimé pouvoir faire un crochet chez lui, histoire de se rendre présentable. Visiblement, Charlie avait décidé autrement. Kaleo se passa une main distraitement dans ses cheveux, alternant entre-regarder Charlie dans ses yeux aux teintes carmin, ou regarder ailleurs, autour d'eux. Reprends-toi Foxy, ce n'est pas comme ça que vous allez passer un bon moment.
Bonsoir Charlie.
Un moment passe avant qu'il ne se reprenne et continue. Abus de politesse oblige, il ne peut s'empêcher de tenter de rectifier le tir. De le remercier, mais sans vraiment le faire directement. Sans le dire clairement. Excès de confiance ou l'inverse. Peu importe. Kaleo ne savait sur quel pied danser.
C'est attentionné de votre part de venir ici, mais on aurait pu se rencontrer ailleurs.
Il ne savait pas où. Mais n'importe où. Parce que même si la clinique était son territoire. Il se sentait exposé. Comme un animal traqué. Nausée. Ça faisait longtemps. Pourquoi maintenant ? Il avait eu toute la journée pour se sentir mal. Et c'était maintenant, face à lui qu'il se devait de sentir sa gorge se serrer, ses yeux s'humidifier. Pourquoi devait-il perdre la face dès que quelque chose d'important devait arriver. Kaleo se maudissait. |
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| | Dim 23 Oct 2016 - 22:31 | | Il ne savait pas, il ne savait plus. Ce n'était pas l'important. L'important était le présent. Cet instant qui s'échappe, qui les caresses et les flattent avant de filer entre leur doigt. Au cœur de la tourmente qui l'agitait, Kaleo lui avait adressé la parole. Il l'avait salué. La gêne qu'il avait perçue auparavant se confirmait. Le loup mettait mal à l'aise le renard. Heureusement qu'il n'y avait pas de belette dans cette histoire.
Bonsoir Kaleo. On aurait pu, mais je n'ai pu résister à la curiosité de voir où vous évoluez.
Il le trouvait attentionné. Son cœur aurait pu manquer un battement, si Charlie était un temps, soit peu honnête envers lui-même et l'intérêt qu'il nourrissait pour le jeune homme. Cependant, un contretemps vint couper court à cet échange. Quand il vit l'air contrit qui se formait sur le visage de Kaleo.
Il ne semblait pas bien, mais vraiment pas bien. Qu'est-ce qui pouvait troubler ainsi le vétérinaire ? Son instinct lui disait qu'il n'allait pas être déçu. Il n'avait pas signé pour ça. Il s'attendait à ... En fait, il ne s'attendait pas à grand chose. Discuter avec le vétérinaire, boire un verre et inévitablement finir quelque part. Préférablement avec le véto dans ses bras.
Kaleo, est-ce que vous allez bien ? |
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| | Ven 4 Nov 2016 - 22:39 | | La douleur. Ces crocs froids qui lui lacèrent sa patte arrière. Il n'avait pas été prudent. Une fois de plus. À force d'être le plus malin de tous, on en vient à oublier qu'il y a toujours plus malin que toi. Pauvre petite boule de poil rousse, te voilà victime d'une haine viscérale, d'une vengeance bestiale.
Le piège à loups entraînait une perte de sang, conjointement à la douleur et la terreur qui l'oppressait, il n'allait pas faire long feu. Peut-être même, qu'il aurait la chance de s'éteindre avant que le trappeur ne le trouve. Finir en fourrure, ce destin aurait été bien plus clément que ce qui lui était réellement arrivé.
Il ne le saura jamais. Du moins, quelqu'un s'arrangerait pour qu'il ne puisse le savoir. Kaleo revenait à lui, les oreilles sourdes, un goût amer dans sa bouche, la respiration lourde et haletante, il était plié en deux. Son estomac s'était vidé. Tu parles d'une bonne impression pour un rendez-vous galant. Foxy, prie pour ne pas lui avoir vomi dessus.
Il n'eut pas le temps de se poser plus la question. Il fut embrasé par une nouvelle vision. Une version plus torride que jamais il n'avait ressenti auparavant. Une branche lui rentrait dans son dos. Des gens. Des humains. Tous rassemblés. Hurlant ... Non, riant. La sorcière est morte. Le mal s'en est allé. Pourquoi ? Pourquoi m'avaient-ils donc condamné ?
La question traversa les âges, dissipant la brume de sa mémoire manipulée. Il se souvenait à présent. Ce qui avait été caché, était de nouveau libre, libre de révéler un passé entravé. Un profond mélange de souffrance, de haine, et de dégoût envahi Kaleo. Peu importe ce que l'autre lui disait. Il ne voulait pas. Il ne pouvait pas être là. Kaleo devait fuir. Fuir, loin de cette affreuse vérité. Loin de se souvenir de mort immolé. |
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| | Ven 4 Nov 2016 - 23:16 | | Visiblement, ça n'allait pas. Encore moins lorsque le souvenir le frappa de plein fouet. Ce n'était pas la première fois que le vétérinaire expérimentait un de ses rappels de son ancienne vie. Et à chaque fois, Charlie avait pris soin de l'effacer. Charlie, ne savait pas, il ne pouvait pas savoir ce qui les reliait. Pourtant, lui aussi était là. Enfin lui, elle était là. Charlotte était la cause de tout ça. Comme une calamité, elle avait tout détruit sous son passage.
Elle courrait, elle courrait jusqu'à n'en plus pouvoir dans les bois ce soir-là. Elle fuyait les villageois. N'aurait-elle jamais de répit ? Ni dans cette vie, ni dans l'autre. L'univers devait aimer la voir souffrir. Alors que tout ce qu'elle avait demandé : c'était une chance de recommencer. S'établir quelque part sans histoire. Vivre tranquillement, et oublier. Se noyer dans l'oubli de la triste vérité. Hélas, l'union l'avait retrouvée.
Il avait rêvé. Oh oui, un de ces rêves éveillés qui vous arrache de multiples soupirs, vous faisant miroiter un paradis artificiel, des désirs tant convoités. Alors que tout cela est faux, faux comme tu l'as été Charlie. Pensais-tu vraiment qu'un beau jour, il arrêterait de se souvenir. Que par un heureux hasard, vous vous étiez trouvé miraculeusement à Foxglove ? Que nenni mon ami. Tu es victime de ta destinée. Alors, vite, hâte toi, essayes de réparer tant bien que mal ce qui plus d'une fois a été brisée.
Kaleo !
Le voir se tordre de douleur à tes pieds. Habituellement, tu aimes ça. Combien de fois l'as-tu regardé, souffrir, revivre cette torture de sentir sa propre chair le tromper ? Ressentr la vive chaleur de ta traîtrise du fond de ses os, sans même comprendre. Comme s'il pouvait comprendre. Parce que toi, tu sais Charlie. Depuis enfant, tu le sais ; Charlotte n'était pas une sainte, mais tu n'es pas un saint non plus. Tôt ou tard, tout fini par se payer. |
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