histoire

Lock myself in the dark, try to fake some security
Where the better things are and my shadow can't follow me



Les genoux sales et écorchés, elle n'a même plus de larmes à pleurer. Elle fait demi tour, quittant ces rues de malheur où elle se plaît à se promener, les lèvres tremblantes mais les yeux vides. De ses mains serrées en poings, de ses tremblements incessants, elle se morfond encore une fois sur son sort et le fuit ; puis se roule en boule dans ses douces couvertures et se blottit dans les bras de Morphée, y ronronnant comme un chaton, y pleurant comme un nourrisson.



Après la nuit, quand Morphée l'a quittée, elle enfile de nouveau ses chaussures et file dans la rue. Le ciel est rose, les chats rentrent chez eux. Le sang est toujours étalé sur le goudron, comme une petite flaque de larmes rouges tant bien que mal essuyées. Sybile s'est encore battue, encore pour rien.
Elle arrache les pansements de ses genoux avec ses petites mains, et court. Elle ne sait pas où, elle ne sait pas quand s'arrêter, elle ne sait plus. Elle a juste besoin de courir, loin de tout ça, loin du vide et de ses erreurs.

Ses pieds glissent, comme au bord d'un ravin sans fond, et elle se ramasse en roulant dans un tas de feuilles oranges et craquantes. Les yeux fermés, la respiration coupée, son corps qui a lâché durant l'espace d'un instant si délicieux. Elle inspire l'odeur des feuilles mortes, du sang et des larmes. Elle se sent vivante.



Et elle sort à peine la tête de l'eau - ou des feuilles plutôt - qu'elle a atterri à Foxglove Valley. Elle ne sait pas trop comment c'est arrivé, ou pourquoi même cet endroit ; sûrement le besoin de changer d'air, d'être seule, au milieu de nulle part, de fuir encore et toujours. Sybile se plaît à penser que cette petite ville bien particulière est son tas de feuilles à elle, là où elle se ramassera mais se sentira chez elle.

Alors elle continue de courir, la nuit dans les rues, avec ses genoux écorchés - mais cette fois elle est libre, libre de tout, libre de sa colère qui la ronge. Oh Sy, si tu savais ; tu n'es à l'abri de rien dans cette petite ville paumée.
Pas même ta colère ne t'oubliera tant que tu ne la saisira pas par le cou sans te défiler pour la défier.