mauvais rêve chez le coiffeur.
feat leander winchester


Qui n'a pas peur du grand méchant loup ? Question existentielle bien peu inspirée, je dois bien l'avouer. Si je n'étais pas déjà mort, Charlie me tuerait pour ce genre de propos. Après tout, dans cette vie, c'est lui le grand méchant loup, plus jamais il ne sera la bergère devenue proie, l'agneau que l'on peut aisément sacrifier.

Fumée blanchâtre à l'odeur boisée, crinière balayant son dos au rythme du martellement de ses pas sur les délicats pavés du centre. Les talons de ses bottines impeccablement cirés, la moitié de son visage dévoré par cette moitié de masque. La subtilité n'a jamais été ton fort mon tendre ami.

Il avait pris rendez-vous sur un coup de tête, il y avait une semaine de cela. Déjà, une semaine se dit-il. Le temps passe si vite quand on se fait chier. En effet, il n'y avait rien eu de grandiose à Pricefield durant ce laps de temps. Des fois, Charlie se demandait s'il ne devait pas provoquer lui-même des catastrophes pour s'occuper.

Un rire malsain et désabusé aurait pu s'échapper de ses lèvres carmin qui pinçaient avec agacement le filtre de sa cigarette. Bien, il était arrivé, il était temps pour lui de reprendre son air charmant, son regard joueur, son maniérisme rieur. Rien de tel pour délivrer son délicieux poison et maintenir sa réputation d'être charmant et bon. Bon, sous tous rapport.

Aujourd’hui, Léander s’était vêtu d’un jean rouge bordeau et de sa veste favorite, celle bleu ciel avec des petits ronds blancs. Il n’avait pas peur de paraitre multicolore, ça faisait partie de son style et probablement la touche personnelle de sa futur marque de vêtement. Il n’était pour le moment que styliste en formation en recherche de stage mais il avait de beau espoir et juste très hâte d’entamer les démarches aboutissant à ce projet d’avenir.

En parlant de stage, il était en bonne voix d’en trouver un merveilleux, il lui fallait néanmoins faire bonne impression devant Madame XXX qui, par téléphone, lui avait donné un rendez vous.

Non pas qu’il stressait à mort mais il avait ressenti le besoin d’aller se faire couper les cheveux juste après s’être vu dans le miroir de sa salle de bain…il était donc sorti en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire : direction, un salon de coiffure !

Et non pas qu’il stressait à mort vous dis-je, il avait juste aussi ressenti le besoin d’acheter un petit porte clé avec des petites perles que vendait une boutique de breloques sur le trajet. En fait, ce n’était pas la première fois qu’il achetait des choses sur un coup de tête. Stressé ? Bon peut être un petit oui alors… mais chut !

Il ne se souvenait plus de son prénom mais lorsqu'il entra, ce fut cette charmante demoiselle d'environ son âge qui s'approcha de lui.  Il lui expliqua qu’il voulait couper quelques pointes à sec et il fut très vite invité à s'assoir pour attendre son tour lorsqu'elle aura terminé. Sauf que depuis qu’il s’était assis et qu’il la regardait, elle n’arrêtait pas de faire tomber ses affaires par terre.

mauvais rêve chez le coiffeur.
feat leander winchester


Quand Charlie se décida à franchir la porte du salon de coiffure, son œil libre pu balayer l'espace en quelques instants, regardant s'il ne voyait pas un visage familier ou quelqu'un qu'il aurait préféré éviter.

Plutôt qu'un faciès détestable, il remarqua la maladresse d'une des coiffeuses. Elle devait débuter, ou être à l'essai. Pauvre brebis égarée. Se déplaçant avec la grâce et l'agilité d'un fauve, il rattrapa la paire de ciseaux qui venait de tomber pour l'énième fois. Il se plut à le rendre avec un clin d'œil charmeur à sa propriétaire, avant de lui souffler un ridicule :

Attention, ça coupe ces choses-là.

Puis, après s'être assuré que la pauvre brebis piquait un fard, il se dirigea vers le comptoir de l'accueil pour signaler sa présence. En passant à côté du client dont la maladroite devait s'occuper, ou du moins, essayait. Il plaça un insolent index devant ses lèvres, lui intimait de garder un silence mutin. Personne ne devait savoir. À moins que cela dût rester entre eux.

De là où il était assis, Léander pouvait observer tout à loisir la jeune coiffeuse, son client actuel, mais aussi le comportement du tout nouveau énergumène qui venait de faire son entrée.

Avec l’agilité d’un félin, ce dernier arrivant lui avait ramassé son ciseau. Une telle agilité, ce n’était pas sans lui rappeler son chat soleil, probablement en train de faire sa sieste à la maison, à moins qu’il ne soit allée jouer avec Minuit, osef oui on s’en fout, revenons à ce grand bonhomme qui vient d’arriver et qui s’est aussitôt octroyé le privilège de détourner l’attention de sa souris !

Pas qu'il soit possessif mais après tout, c’était lui qui déstabilisait cette jolie mignonne petite fleur. Ce ciseau n’aurait pas été par terre qu’autrement que grâce à son manège pour la rendre instable et déconcentrée. Mais soit, il venait visiblement de passer au second plan en quelques secondes à peine. Arborant toujours un éclat rouge coquelicot après s'être remise au travail, elle en retenait visiblement encore sa respiration. Serait-elle en train d’être foudroyé à répétition par des flèches en forme de cœur rouge ?

Puis tout de même.

Léander finit par se rendre compte de l’identité de l’homme. Mais ça alors, oui c’était lui ! C'était !

Comment avait-il pu ne pas reconnaitre immédiatement son directeur de Pricevaley Academie ?! Lui pourtant si reconnaissable ! (et adulé par Leander mais chut) Charlie Wolf arborait une magnifique chevelure, très magnifique, vraiment très magnifique, longue et très magnifique, rouge et très magnifique ; une centaine de ‘magnifique” ne tardèrent pas à flotter dans le salon et tout particulièrement autour du rougeâtre, à tournoyer comme des aimants.

Blip.

Ben quoi ? Il se devait de prendre une petite photo ! La main de Léander s'était porté directement jusqu’à sa poche pour en retirer son smartphone.

Blip. Blip. Blip Blip. Blip. Blip. Blip Blip.

À tout bien considérer, il appuya frénétiquement sur son bouton photo // blip blip // car grand dieu, il ne savait pas quelle coupe Charlie Wolf avait en tête en venant dans ce salon de coiffure // blip blip // alors au cas où il en ressortirait coupé court et bleu turquoise (va savoir ce qu’il avait envie d’expérimenter après tout! ) // blip blip //  il était bien déterminé à immortaliser une toute dernière fois le Charlie qu’il connaissait depuis trois années maintenant, à savoir celui // blip blip // qui avait la crinière d’un sapin lion sauvage. Maintenant qu’il y songeait, il l’imaginait chaque matin avec une crinière à faire peur tellement elle avait gonflé durant la nuit, à être maltraité par un ou deux oreillers...

- Bonjour Monsieur le Directeur. Veuillez excuser cet instant de folie, vous me prenez au dépourvu, je vous ai reconnu et j'ai réalisé que nous étions dans un salon de coiffure alors j'ai été frappé par le doute, allez vous radicalement changer votre coupe, avez vous pris suffisamment de photo de celle que vous avez ??