Naï s'arrangeait en général pour venir en début d'après midi au Flower's Seed. Voir le café rempli était pour lui un veritable cauchemar. En grand habitué des fêtes, cela n'aurait jamais du lui poser problème. Mais comment circuler en fauteuil dans un lieu déjà pas très large lorsque toutes les places sont prises et que tout le monde afflue de tout les côtés? La pitié des gens, le bruit et le chaos général étaient devenu un poison, et s'il parvenait à éviter ce genre d'ambiance, il acceptait avec grand plaisir. C'est donc tout naturellement qu'il y venait aux alentours de 14 heures, apaisé par le calme et la chaleur d'un Chaï Latte maison.
Il y a cinq ans de cela, il aurait largement préféré une bière, riant aux nez de ces culcul-la-praline et leur petit cappuccino luxueux qu'ils buvaient sans doute pour se donner un genre de riche. Mais il critiquait trop souvent sans connaitre ou experimenter ce qu'il jugeait, et depuis son accident, l'alcool l'écoeurait. Il s'était donc tourné vers les boissons du Flower's Seed, qu'il ne pouvait de toute manière éviter, puisqu'il s'agissait du repère principal des Hellébores. Il y avait finalement prit gout, appréciant même plus qu'il ne l'aurait imaginé les boissons proposées à la carte.
Ce jour là, il était venu sans raison particulière. Pour se changer les idées, sans doute, cherchant à oublier le quotidien et ses aléas. Les réincarnations et l'idée de cette notion le dérangeaient continuellement. C'était étrange tout de même, de penser que venir au repère de ceux qui cherchaient à effacer tout cela permettait de faire un break sur la réalité. Mais il n'y pensait pas plus que ça, trop absorbé par son bouquin - La Passe Miroir, le protagoniste était une fille mais bon, c'était un livre fantastique, donc ça restait cohérent - pour se rendre compte de la moustache de mousse qu'avait laissé sa tasse.
Le vent mordant de l'hiver qui s'échappa de l'entrebâillement de la porte lorsque quelqu'un vint briser le calme et la chaleur en pénétrant l'endroit.
Naï fronça les sourcils, agacé, mais n'en prononça pas mot. Il ferma son bouquin, plus assez concentré pour se plonger dans l'univers, et se mit à siroter son Chai Latte bruyamment.
C'était qui, déjà? Sa tête lui était familière, mais il peina à remettre un nom sur ce visage. Une Hellébore, c'était certain. C'était le nom d'une matière du lycée. Philo... Philomène, voilà.
Qu'est ce qu'elle venait faire là, celle-ci? Ça ne le regardait peut être pas - il ne pouvait pas savoir - mais n'en demeura pas moins curieux. Alors il rangea sa paire d'écouteur dans la poche de son manteau, prêt à écouter quelques réponses qui pourraient satisfaire sa curiosité - mais pas plus. De toute façon, il ne tarderait pas. L'heure ou l'affluence battait son plein approchait de façon critique, et il ne voulait certainement pas y être confronté.
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Mer 17 Jan 2018 - 23:09
amen à tout n’amène à rien
il y'a un accord tacite entre philomène et ilan- elle ne franchit jamais le pallier de l'arrière malgré l'amour qui les traverse comme une flèche toujours cliente presque impersonnelle gardons l'intimité à deux qu'elle dirait elle vaque pour combler l'ennui en ces temps froids même les oiseaux ont arrêté de chanter ils sembleraient même que pour certains la sentence soit irrévocable il n'y'avait plus de spectacle et plus d'enfants à faire sourire alors quel intérêt elle avait terminé l'entretien et elle avait froid de haine et d'amusement- elle avait froid d'être frivole et gamine de s'amuser du malheur des martyrs elle écrase d'un pas imposant de son talon de dignité le parquet craquant du café embrasse la chaleur dans un soupir de contentement- la reine qui retrouve son empire philomène et ses grands airs époussettent tous deux sa jupe de laine et elle repose son manteau ainsi que son écharpe comme une vieille habituée, une chanson qui revient incessamment en tête elle est de ces paroles entêtantes qu'on adore détester elle observe autour et remet ses cheveux en place reine de glace déjà sur le minois et dans l'allure elle cherche sa cible oh naï- que vous semblez doux oh naï- saloperie de sportif ses lèvres se tordent dans un ricanement mutin et silencieux ((dites vous n'êtes plus grand chose, dans votre bolide à quatre roues)) vous choppez pas mal de donzelles ainsi ? elle s'approche aussitôt clac clac clac le rythme est régulier et lent sa main manucurée s'écrase à plat sur la table non loin de vous et elle vous jauge non sans cacher son mépris suintant elle voit vos regards de saloperie- elle a les mêmes vous savez sa langue claque comme celle d'une vipère- petit volatile qui se pense reptile bonjour naï. (le nom sonne comme une insulte dans sa bouche écarlate) avez-vous fait le rapport à emmi de tout ce que vous avez aperçu d'étranges suite à l'éclipse ? enfin la question est idiote puisque votre réputation d'odieux incapable vous succède. regardez comme vous êtes incapables ainsi dans votre fauteuil inconfortable (il aura beau avoir un cuir précieux rien ne vaudra le plaisir de deux jambes valides)
Naï regretta sa curiosité à l’instant même où Philomène posa sa main sur la table. Son air hautain, sa méprise constante, tout chez elle, jusqu’à ses foutus doigts vernis lui donnait la nausée, et aujourd’hui plus encore que d’habitude, sans tellement savoir pourquoi. Pour qui elle se prenait au juste? La reine d’Angleterre?
Philomène était le genre de femme - exterieurement, il me semble essentiel de le préciser - très belle. C’était indéniable. Outre une potentielle correspondance aux canons de beauté actuels, sa tenue en société était toujours impeccable et elle semblait y accorder une importance majeure, à cette apparence. Trop, peut-être. Selon Naï, cette image faisait surtout office de cache misère. Comme le beau tapis indien sous lequel on cachait la poussière et autres déchets qui trainaient au sol, car soit on en avait honte et on ne voulait pas que les invités le voient, soit car on était trop paresseux pour se déplacer jusqu’au local de nettoyage pour sortir le balai et le ramasse-poussière et nettoyer tout ça. Oh, il n’allait pas la juger sur ce point, il était pareil, et appartenait à la catégorie des feignants. Il le savait très bien, puisque le simple fait de lire la préface des livres d’éthique l’ennuyait à tel point qu’il ne faisait même pas l’effort de poursuivre la phrase suivante. Mais dans laquelle était-elle, pour sa part?
Philomène était un tapis sous lequel se cachait un monstre hideux. Un amoncellement de tout ce qui pouvait être mauvais, masqué par un merveilleux travail d’orfèvre, une oeuvre aux fils d’or et d’argent par lequel n’importe qui se laisserait tenter.
Mauvaise idée.
Une petite voix dans sa tête lui disait de planter une fourchette dans cette foutue main. La même qui vous dit de balancer un bébé au loin pour voir ce que ça fait. (non???)
Son sourire était incroyablement irritant, et si l’on pouvait le comparer au soleil, c’est parce qu’il brulait la rétine.
- Bonjour Naï - il lui répondit par un même sourire. Avez-vous fait le rapport à Emmi de tout ce que vous avez aperçu d'étranges suite à l'éclipse ? Enfin la question est idiote puisque votre réputation d'odieux incapable vous succède. P’tin elle a ses règles ou quoi? grommela-t-il à voix basse. - La question est idiote oui, mais s’il n’y avait que ça, ce serait un bon début. J’ai fait mon rapport mais, maintenant que tu me le dis… Il marqua une pause, prenant un air pensif, presque exagéré. Il n’en avait rien à faire, n’avait rien d’important à dire, et pour cause, il n’était pas venu au Flower’s Seed dans l’objectif de penser à tout ça. Il voulait marquer une pause, prendre du recul, et était sur la bonne voie. Jusqu’au l’arrivée de Philomène.
- J’ai entendu dire que l’Éclipse avait affecté les capacités cognitives de certaines personnes, fit-il d’un air sérieux. Tu devrais peut-être consulter, Philomène, on est jamais à l’abri de rien.
Dernier regard moqueur. Peut être que ce serait suffisant pour l’achever, renforcer son idée déjà bien en place qu’il était un cas désespéré et la faire partir. Poursuivre son chemin. La pousser à l’oublier - rien qu’une fois, lui qui haïssait être oublié - pour que lui aussi le puisse. Qu’il rentre chez lui, s’écrase sur son matelas pour pleurer quelques minutes et se consoler avec un livre et un chat, pour oublier de se rappeler sa misérable existence. Philomène lui rappelait à quel point il était misérable.
Il n’aimait pas ça.
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Lun 29 Jan 2018 - 0:35
amen à tout n’amène à rien
l'affront est grand et cuisant- ses griffes crissent sur le bois d'agacement quand elle plie ses doigts. ses sourcils se froncent dans une moue désabusée et sa langue claque : tout en elle sonne avec une irritation trop grande pour être invisible. le dialogue l'ennuie déjà face à cet adolescent qui a mal grandi ; philomène aime les enfants mais vous n'avez plus le charme des mauvais garçons, pour cela il faudrait pouvoir marcher et courir- et même avec toute l'audace dont vous pourriez faire preuve vous ne pourrez plus jamais te tenir droit. l'insulte est facile mais elle ne flanche pas, l'oiseau continue de voler non loin des pattes du chat qui ne peut plus bondir comme une dernière provocation, et garde son sourire braqué comme un flingue sur la tempe. vous enchaînez là et elle hoche de la caboche- j'entends ! qu'elle dit en silence, j'enregistre et je m'apprête à répliquer qu'elle pense- vous armez de vos impolitesses son chargeur de balles traîtres. c'est triste de donner des munitions à l'ennemi(e) ainsi. en tout ce n'est pas moi qui ai besoin d'une infirmière quotidiennement car visiblement cette éclipse ne vous a pas rendu vos jambes en tout cas, vous n'êtes pas trop triste de ne plus pouvoir courir ?
Il aurait adoré rester de marbre, comme elle. Mais quand bien même il s'en efforçait, il ne pouvait pas garder son sourire. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il l'avait perdu, à vrai dire, trop concentré à ne pas s'énerver ou pleu - les garçons ne pleurent pas. À la place, il sert juste des dents, mais ne baisse pas son regard. - Arrête de sourire comme ça, on dirait le grinch, marmonna-t-il.
vous n'êtes pas trop triste de ne plus pouvoir courir ?
Cette question tourne dans sa tête, encore et encore. Naï l'a entendu trop de fois. Prononcé par les proches, la famille, les médecins. Mais quel était l'intérêt? La réponse n'était-elle pas évidente?
- J'vais pas faire la fête parce que je sais plus courir ducon, évidemment que j'étais tr-
il ne le dira pas.
- Au moins l'infirmière est mignonne et agréable c'est toujours ça de gagné, conclut-il dans un haussement d'épaule.
Triste? Non, jamais. Ou du moins, il ne l'admettrait pas non plus. Naï se disait qu'il était fort et allait de l'avant, comme ces héros des films ou des livres dramatiques qui étaient tellement optimistes qu'ils pourraient soulever des montagnes même sans leurs jambes. C'était horriblement faux. Il se laissait abattre, rongé par le remord et la culpabilité, pleurait le visage enfoui dans le pelage d'EAP et paniquait tous les matins en l'absence de réflexe dans ses jambes, puisqu'il rêvait qu'il courrait. Il rêvait qu'il courrait, qu'il gagnait, puis tombait au milieu de l'alarme des ambulances. Puis il se réveillait en sursaut, hurlant à en faire fuir Edgar, et cherchant désespérément une emprise pour s'y raccrocher.
Il n'y en avait pas. Il n'y en avait plus.
Il n'y avait plus que des idiots pour lui demander s'il n'était pas trop triste, face auxquels il se sentait obligé de dire que non, tout allait pour le mieux, et qu'il irait de l'avant. Le tout en regardant toujours en arrière.
Sans quitter Philomène des yeux, Naï donna un coup dans sa tasse pour renverser le peu qu'il en restait sur sa jupe. Il espérait qu'elle était neuve et chère à ses yeux. Même si ça partait au lavage, contrairement à une paraplégie, c'est tout ce qu'il pouvait faire pour se venger de lui avoir rappelé à quel point il était
triste.
- Oh, mince, je suis vraiment désolé, fit-il sur un ton désintéressé.
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Lun 19 Mar 2018 - 0:03
amen à tout n’amène à rien
elle plisse des yeux face à votre connerie- elle rit de votre arrêt et de votre fierté malplacée c’est moqueur c’est vilain mais ça l’amuse de vous voir vous enfoncer vous-même sans qu’elle n’ait rien à faire de plus elle vous écoute parler sourcils levés avec affront vous défiant de parler plus répondre à ses provocations mordantes et quand vous parlez de cette infirmière elle se permet sourire en coin eh bien, c’est sans doute de la pitié. qui n’en n’aurait pas en vous voyant ? elle ne voit pas le mouvement se faire sous ses yeux car elle a toujours les vôtres attrapés dans ses prunelles elle pousse un petit cri aigu de surprise et d’indignation en sentant le liquide s’étaler sur le tissu propre et elle rumine avant de lâcher une insulte qui vous est dédiée petit salopard. elle fait demi-tour et s’empresse de récupérer son manteau et de quitter le café- d’une porte claquante