step aside coffee, this is a job for alcohol ▬ cole “ beurrette ” bishop
Invité
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Jeu 4 Mai 2017 - 12:34
i swear to drunk i'm not god
La porte claque une fois ton dernier patient congédier. Tu t'enfonces ou plutôt te laisser happer par le cuir tendre de ton fauteuil derrière ton bureau et rejette la tête en arrière. Un long soupire s'échoue sur tes lèvres puis tu viens masser superficiellement l'arrête de ton nez entre tes deux yeux. Aujourd'hui a été une journée éreintante sans pour autant être d'une complexité folle, au contraire.
Tout s'était déroulé comme prévu, aucun retard, aucun patient récalcitrant, rien. Ton âme toutefois, se trouve fatiguée pour on ne sait quelle raison. Alors, tes pas t'emmènent jusqu'au boxing club auquel tu es adhérent. Durant une petite heure, bien qu'elle t'aie semblé infiniment plus longue, tu frappes, décoches des uppercuts, pratique tes low kicks et ne t'arrête qu'après avoir ressenti que la presque quasi totalité de ton énergie t'avait quitté. Sans t'avoir sincèrement soulagé, l'exercice t'a au moins permis de t'épuiser.
Si bien que tu empruntes finalement le chemin jusque chez toi, dans l'appréhension la plus totale d'y retrouver ton jeune frère. Tu ne te sentais décidément ni d'attaque, ni d'humeur à composer avec lui. Pas ce soir. Tout ce qui te faisait envie était de t'assommer à coup de whisky et laisser les émanations d'alcool embrumer ton esprit pour t'entrainer dans un délicieux état d'asthénie.
Une fois la porte de l'appartement passée, tu envoies valser tes chaussures et dispose ta veste de costume à l'entrée sans réel soin. Tu te libères légèrement de la chemise que tu avais parfaitement reboutonnée à la sortie du club après avoir pris une douche dont la température devait s'approcher des cascades de lave en fusion de l'enfer et dénoue également ton élégante cravate. Sans annoncer ton arrivée comme tu aurais pu le faire si aujourd'hui avait été un jour lambda, tu ne fais que t'affaler dans le canapé et ébouriffe tes cheveux noirs de jais. Pourvu qu'il me foute la paix, tu incantes alors en toi-même tout en espérant qu'il ne t'ait peut-être seulement même pas entendu rentrer. Pourvu que j'ai la paix ce soir.
Step aside coffee this is a job for alcohol - frérot alcolo
Mais une journée avec moi n'est jamais une journée banale, frérot. Que croyais-tu, qu'un soir seulement j'allais te laisser le loisir d'entrer dans le dangereux chemin d'une vie banale? Je tiens trop à toi pour te laisser tomber si bas. Râle autant que tu veux, même d'en bas, je t'entends. Je roule des yeux, mais cette fois-ci je me redresse de ton lit, une de tes précieuses bouteilles de whisky en main. Elle est presque finie. Une bouteille en moins avec laquelle tu n'entretiendras pas ton alcoolisme que je suis le seul à connaître.
Tu me critiques, tu craches sur mes achats mais les tiens n'ont pas plus grande valeur. Entre des habits de marque et des bouteilles aux prix se comptant en centaine de dollars. Heureusement que t'es psychiatre. Heureusement que Papy est pété de tunes. Heureusement qu'il va bientôt crever. Heureusement qu'on a cette vie. Tu te plains mais tu ne réalises même pas la chance qu'on a. Tu craches dans la soupe et c'est moi l'ingrat?
"Ah."
J'ai la tête qui tourne. C'est donc cette sensation que tu aimes tant? L'alcool plein le sang, la brume plein l'esprit, le feu plein la trachée. Ça me fait pitié. Toi l'homme parfait, à la coiffure irréprochable, le costard bien repassé, psychiatre de génie, mais t'es un frère à chier. Et je dis même pas ça pour être méchant. T'es le pire frère que je connaisse. Si seulement il existait un guide pour en être un peu meilleur. Si seulement il existait, est-ce qu'au moins tu le lirais? Je ris, euphorique, sans trop savoir pourquoi et je me regarde. Pas maquillé, habillé d'un kugurimi licorne bien trop confortable, ton seul cadeau de Noël. Il est doux, contrairement à toi. Il est une enveloppe douce et rassurante, contrairement à toi. Ce soir, je n'ai même pas envie de t'en vouloir, pour toutes les erreurs, tous les tords que tu m'as fait subir. Ce soir Jeff, ou plutôt f r é r o t je veux m'amuser, parce que même si toi t'es loin d'être parfait, je veux profiter de mon frère, tant que j'en ai un. Avant que tu ne crèves d'un coma éthylique, tiens. T'en fais pas, je t'apporterais des bouteilles sur ta tombe.
"Ahahah...AH!"
Je saisis mon portable avec hâte, je pianote dessus et active par la magie de l’électronique les basses qui sont en bas. Profite je n'ai pas mis de Lady Gaga, pas ce soir. Non un peu de funk, un peu de fun, September, apprécie. C'est une petite intention de ma part. Un peu gentille, un peu moqueuse, c'est une vieille chanson, un peu comme toi. Je ris et je sors de ma chambre en dansant alors que la musique démarre. Je ris aux éclats alors que je manque de finir aux urgences en tombant dans les escaliers. Je me rattrape comme je peux, je m'approche enfin de toi en chantant, le bassin d'humeur dansante.
"Do you remember? As we danced in the night, Remember how the stars stole the night away?"
Merde... ça t'échappe. Pas la peine de lutter, September allait rester imprimer dans ta cervelle éreintée pour le reste de la soirée. Malgré la qualité de ce choix musical, ça n'en restait pas moins pour toi cruel en ce soir teinté d'une mélancolie qui te pousse à l'agonie. Tes sourcils froncés creusent un peu plus les prémices d'une ride féline sur ton visage résolument mécontent. S'il te trouve pathétique, tu lui trouves un quelque chose de tout aussi ridicule, à ton frère. Ton frère qui se pavane fièrement après avoir descendu ton alcool. Tu le sais. Tu n'es pas dupe. C'est le tien. Lui n'en a pas. Tu le sais. Tu fouines parfois dans sa chambre lorsqu'il la quitte. N'est-ce pas un juste retour des choses que lui en fasse de même ? Ne serait-ce pas une belle illustration de ce que l'on appelle le karma, Jeff ?
Mais le courage te fait défaut ce soir. Je peux savoir ce que tu fous ? tu te contentes de demander sans lâcher du regard cette licorne qui venait d'apparaître presque comme par magie et qui ondule ses hanches sous tes yeux. Dire que le voir enveloppé de ton cadeau que tu juges ridicule te pince le cœur. Comme c'est dur de l'admettre Jeff, que cette vision réchauffe presque un peu ton cœur gelé. Que pour un peu tu pourrais presque oublier tout ce qui vous éloigne et ne penser qu'à ce qui pourrait vous rapprocher. Peut-être qu'allumer un feu de flammes dansantes vertes de chartreuse dans ton estomac t'aidera ? Quelle bonne idée. De toute façon, vu son état, il n'y a rien à espérer. Tu n'auras pas la paix. Mieux vaut se laisser porter par la vague, pour ce soir.
Si tu vas siroter mes bouteilles, la moindre des choses ce serait quand même de me proposer un verre. tu grommelles comme seul toi en à le secret. Puis tu fais ce qui doit être fait. Tu te hisses hors du canapé pour aller attraper quelques bouteilles dans le bar du salon avant de les disposer avec deux verres sur la table basse. Et tu fredonnes tout du long. The bell was ringing, aha. Our souls were singing. Do you remember ? Never a cloudy day... Tu te sens bien partis. Ce n'est pas pour la soirée que cette chanson va te rester en tête, mais pour les jours à venir. Merci, tendre frère.
Bon, j'te sers quoi ? Pour toi c'est vite vu. Un bon verre de chartreuse tout droit venu de France. Ton œsophage anesthésié depuis bien trop longtemps fait descendre les gorgées du feu verdâtre comme du petit lait si bien que s'en est inquiétant.
Step aside coffee this is a job for alcohol - frérot alcolo
Je me laisse guider, te suivant comme un petit caneton. Hilare, je ris à cette pensée et vient entourer ton torse de mes bras, le temps de me laisser penser, que tu me retiennes pour ne pas tomber et utiliser les seuls petits neurones pas encore engourdi par l'alcool pour réfléchir à cette situation. Mais rien ne sort, pas de ma bouche en tout cas, le sujet restera clôt pour la soirée, car il faut s'amuser. C'est du tac au tac que je réponds, sans vraiment y réfléchir, les mots mangés par ma joue collée contre tes omoplates.
"Une piña colada pour moi, tu sais si bien les faire..."
Toujours aussi aimable sarcastiquement et pourtant si aimable ce soir, je ne peux même pas m'empêcher de sourire. Je te regarde, toi et tout ce petit manège sans m'arrêter de rire à une seule remarquer, comme si tu venais de sortir la blague de l'année. J'ai l'impression de m'amuser mais j'accuse l'alcool de tout manigancer. Je me surprends même à me dire que tu as une jolie voix.
"Tu devrais aller à America got talent je te jure, bro...tu chantes troooop bien. Je serais ta groupie numéro 1 et puis tu mouillerais les culottes de beaucoup de filles tu sais~"
Je ris, une énième fois, blottissant mon visage dans ton dos pour étouffer de petits couinements heureux, pas vraiment moi. Mais ce qui compte c'est d'être heureux non?
Je crois que je commence à comprendre pourquoi tu aimes tant l'alcool finalement.