caractère
C'était une sorte de démangeaison. Ou alors un pincement au coeur qui vient et qui part, ce genre de sensation innatendue. Elle ne savait pas trop, n'avait jamais su. Mais c'était quelque chose qui s'agitait souvent : Dans le vide entre ses deux yeux, le gouffre vertigineux de sa poitrine et en fait, tout au travers de son corps comme s'il n'y avait rien d'autre à l'intérieur. Rien d'autre que des étendues lacunaires.

Elle était agitée, allergique à la détente comme s'il y avait toujours quelque chose de pesant sur chacun de ses nerfs. On le sentait bien dans les fibres de son rire.

Mais tout ça était enfoui ou alors ça se muait. Ca se muait en une agitation pétulante qui ne la quittait jamais et se déversait en un torrent d'énergie fauve et sauvage que certains jugeaient corrosifs. On ne pouvait pas leur en vouloir, elle était parfois fatiguante. Mais on aurait jamais pu lui reprocher de ne pas être authentique. C'était tout ce qu'elle était : Une adulescente aux humeurs trop vives, un peu éparpillée, un peu quelconque.

Isla était une grande équilibriste. Elle marchait sur une corde au dessus du vide, toujours à un petit rien de se casser la gueule. Chose qu'on ne devenait pas toujours en la voyant de loin. C'est qu'elle en avait de l'allure ! L'art et la manière de paraître, de dissimuler et maquiller tout ce qui l'aurait rendu vraie. De marcher avec des talons trop hauts avec une impossible verve quand, pourtant, elle n'était pas bien plus qu'une chateau de sable, écorché par les vents et qu'éventuellemnt, la mer finirait par engloutir. On ne savait pas vraiment comment elle s'était mise dans cette situation d'ailleurs. Pour savoir il faudrait remonter le temps, l'avoir connu gamine pour prendre mesure de tous ces petits facteurs qui l'ont éviscéré et ne lui ont laissé qu'un gouffre à surmonter : Celui de ne jamais se sentir assez aimée.

Isla était malade d'amour.

Il fallait toujours qu'elle lui court après comme un chien chasse les voitures. C'était de l'ordre du systématique et du compulsif. Isla se devait de plaire car elle n'existait qu'à travers ces lieux maudits que sont les regards des autres. Alors elle voulait s'y voir briller comme un sou neuf.
C'a longtemps été la seule chose qui comptait.