exubérance ◈ ridicule ◈ hurlement ◈ joie ◈ authenticité ◈ complexité ◈ bouleversement ◈ émotion ◈ hystérie ◈ regrets ◈ enivrement ◈ empressement ◈ emportement ◈ chavirement.

◈ J’ai craché.
Mes attentes, mes rêves et mes désirs, je les ai crachés à mes pieds tout en gardant l’espoir secret de ne jamais les oublier. J’ai dit adieu aux exigences de  mon père et de mes pairs, car je n’ai gardé que l’angoisse de ne jamais y arriver alors j’ai rejeté le sommet dans le but de ne jamais en tomber, ne jamais goûté le goût de la Gloire afin de ne jamais la regretter. Et j’ai dit adieu.
J’ai suivi aveuglément les sentiers qui débordent sur le bas côté de la route, et quand il faisait froid et quand il faisait nuit quand il n’était déjà plus temps de revenir j’ai hurlé j’ai crié. Mais j’ai continué et je suis descendue à pied, et sur le bord de l’existence j’ai vu que je m’étais trompée, et vainement j’ai pensé que les choses ne pourraient que s’arranger lorsqu’elles ne pouvaient en vérité qu’empirer. J’ai vu mes mauvais choix me dictaient ma rage et ma frénésie  sans pouvoir les arrêter. J’ai vu que rien ne me stopperait.
J’ai traîné ma sale gueule dans tous les coins et recoins et j’ai cherché la foule pour m’y baigner et me sentir exister. J’ai cherché l’exposition confortable comme un lézard sur sa pierre sous le soleil brûlant, et je me suis abandonnée à ces regards indiscrets qui ne me savaient pas. D’insouciance j’ai donné la maigre chose que j’étais, autrement dit rien mais avec l’authenticité et la sincérité de ceux qui n’ont plus rien à perdre ▬qu’ils croient▬, et j’ai offert mes éclats de rire virant au dramatique, et j’ai tout adressé au monde comme on expédie un colis postal ; la colère du désenchantement, le pathétisme de ma foi, les lamentations de mon insatisfaction, l’exubérance ridicule de ma joie, de cette joie catastrophique et nulle.
Et j’ai dis merde, merde à moi.