Le dimanche après-midi
est un calme
appréciable.
« C’est encore chaud, alors évite de le boire tout de suite, j’ai autre chose à faire que m’occuper de ta bouche brulée. »
Hiro pose les tasses en un bruit mat. Deux mugs sur lesquels des branches d’arbres poussent, de leur base jusqu’à enlacer la hanse couleur crème. Il est 11h30, et le silence qui lui accorde la présence de Robert à l’intérieur de son appartement est appréciable. Ces matins à subir le bruit mécanique de la tondeuse épaississent son crâne d’un étaux méprisable.
« La Corée fait n’importe quoi. »
Il s’est saisit du journal acheté hier en fin d’après-midi. Son pays natal semble être dans de beaux draps face aux frasques de leur voisin illuminé. Il soupire et passe sa main sur son visage.
« D’ailleurs, Robert… »
Il marque une sorte d’hésitation, semblable à celle qu’on pourrait avoir sur le péron d’une porte, à 15 ans, lorsque la première fête à laquelle on a été invité nous fait redouter la foule et le contact social.
« D’où viens-tu, déjà ? »
Peut-être pour masquer sa timidité, qui bien des fois se mue en agacement lorsqu’il s’agit de son insupportable voisin, Hiro parcours l’ensemble de sa maisonnée d’un regard fatigué. Le bureau qu’il a installé au fond de son salon, en dessous d’un miroir et de quelques cadres sans identité, est recouvert d’un tas de papier. Une bouteille d’encre de chine fait face à la coupelle, encore sale, destinée à acceuillir le liquide couleur corbeau. Un meuble longiline, criblé de tiroirs, contient à chaque étage un ensemble de pinceaux chinés aux quatre coins de Tokyo.
Une table basse trone au milieu de la pièce, entouré d’un épais canapé en cuir et de quelques coussins. Du bar américain où les deux jeunes gens sont attablés, grâce à des tabourets de bistro, l’ensemble résonne comme une mélodie oubliée. Le salon d’Hiro a l’allure d’un tableau Hopperien. La lumière vive qui rase le sol de par la fenêtre y est sans doute pour quelque chose.
