1er décembre
Cher monsieur Galathee,
Comment allez-vous ? Je m'inquiète pour vous ; la nuit dure depuis longtemps maintenant, et j'ai peur que cela fasse du mal à votre cœur soleil. Le jour finira par se lever de nouveau, il ne faut pas perdre espoir, le beau temps revient toujours après la pluie. Ici, dans notre ville, c'est comme cela, il y a des choses bien étranges, mais finalement, on finit par les accepter comme des choses normales. Pourtant, moi, je suis simplement triste que la nuit dure autant de temps, car cela fait du mal à vos fleurs sur votre balcon. Les fleurs qui fanent me rendent triste. Vos fleurs étaient jolies, toutes rouges, on aurait dit des coquelicots, mais je sais que ça n'en était pas, car on m'a appris à distinguer les coquelicots de toutes les autres fleurs.
Vous savez, il y a la nuit, et cette nuit en vous, et dedans, encore un bout de vous. ll ne faut pas l'enfermer, elle attend que vous lui ouvriez cette petite porte. Cela fait longtemps, qu'elle dort. Plus longtemps que tout le monde. Imaginez une nuit qui durerait depuis toujours, c'est cela votre mémoire. Il y a déjà bien assez de noir dans cette ville ; il ne faut pas taire l'un des seuls soleils, qui restent en vous.
Comme je suis un peu étrange, moi aussi, je peux bien vous parler de tout cela. Et je dois vous dire, que la nuit s'en ira bien vite, si vous regardez derrière vous, vers le jour qui se lève.
je veille sur vous
votre ange gardienne