in the past —Un souffle. Une ombre. Une forme. Les dieux ont oubliés sont existences depuis longtemps. Les hommes n'ont jamais connu son nom. Pourtant ce ne sont pas les histoires et les légendes qui manquent à son sujet. Il s'infiltre sans se faire remarquer dans les lieux les mieux gardés du pays pour éliminer sa cible dans le silence le plus complet. Son talent est tel que même l'empereur en a peur et rêve de l'avoir à son service. Mais on ne peut saisir un courant d'air.

Tu connaissais tout de lui. Tu avais tout entendu. Le plus stupide comme le plus fou. Une rumeur prétendait qu'un seigneur l'avait employé un jour pour éliminer un rival. Une autre disait que ton père avait été assassiné par lui lors d'une belle nuit d'automne. Tu n'y croyais pas. Toutes ces histoires n'étaient qu'un ramassis de mensonges que les parents contaient à leurs enfants pour qu'ils se tiennent tranquilles. Tu n'étais plus un enfant, mais un seigneur de guerre. Tu avais appris à monter à cheval, à tirer à l'arc et à manier toutes formes d'armes. Les portes d'un grand destin s'ouvrait devant toi. Et les ennemis de ton père allaient apprendre à te craindre comme ils l'avaient craint en son temps.

C'était une belle nuit d'automne. La dernière de ton existence. Les gardes qui surveillaient le château ne l'avaient pas remarqué, pas plus que tu ne l'avais entendu entrer dans ta chambre. Ton regard était perdu dans les montagnes au loin éclairées par la lune. Tu ne dormais pas cette nuit. Encore une fois tu pensais à monter à cheval pour t'entraîner. Alors la mort t'as pris dans ses bras glacés, te ramenant auprès de tes illustres ancêtres sans n'avoir rien accompli. Tu as eu tort de croire en tes alliés. Remords. Un mot que tu aurais voulu voir sur ta tombe. Mais il était trop tard.

Ton cheval hennit au moment où une lame transperçait ton cœur. Et le pourpre colorait tes vêtements. Cette couleur que tu avais toujours aimé.


today —Passé. Présent. Avenir. Trois choses dont tu ne parles jamais.

Ton passé est trouble. A peine évoques-tu de ta jeunesse à La Haye, les moments d'insouciances et de joie. Des instants qui te paraissent tellement irréels maintenant. Il y a quelques années tu voulais croire que ta famille avait été unie un jour. Aujourd'hui tu ne crois plus en rien. Tu ne crois plus aux marques d'affections de ta mère, à la beauté des moments où elle te disait « je t'aime » en t'embrassant sur le front juste avant t'éteindre la lumière. Tu crois que ton père t'as toujours détesté, qu'il t'a toujours considérée comme une moins que rien. Une chose sans avenir, un parasite dans un noble lignée. La haine et la colère te font voir des choses qui n'ont jamais été. Tu as raison de leur en vouloir. Tu as le droit de les détester pour t'avoir envoyé de l'autre côté de l'Atlantique à tout juste dix-huit ans alors que tu avais besoin d'eux. Mais tu ne peux pas nier que c'était pour ton bien et le leur. Tu devenais trop violente, trop dangereuse pour ton entourage. T'offrir ton indépendance en te mettant à la porte était une solution comme une autre. La meilleure pour ne pas entacher l'honneur de la famille.

L'honneur. Voilà ce qui t'as condamné à l'exil. Et malgré tout la vie n'était pas horrible. Le monde te sortait pas les yeux mais tu n'avais pas besoin de travailler la nuit pour payer tes études et tu pouvais suivre les cours dans une des universités les plus prestigieuses au monde. Mais on se lasse très vite de tout lorsque tout est à notre portée. Et tu as découvert les casinos. Blackjack, poker, bacara. Tu as toujours adoré les jeux de cartes mais cette poussée d'adrénaline, le stress quand tu doutes de ta main c'était encore mieux. Jamais tu n'as décroché depuis. Tu en as plumé des pigeons. Des gros comme des petits. Perdre face à une gamine ça détruit un joueur. Faut dire qu'il n'avait aucune chance. Un as dans la manche droite, un roi dans la manche gauche. Et le talent de prévoir la prochaine carte, la prochaine action de ton adversaire. un don que tu avais depuis cette belle nuit d'automne. Un nuit où, alors que tu n'avais que douze ans tu as joué pour la première fois au tarot avec des amis. Des étoiles dans les yeux, tu sautais de joie car tu allais faire « comme les grandes personnes ». Puis tu as touché cette carte. Le cavalier de cœur. Maux de ventres. Migraines. Et ton esprit était envahi d'images. Un jeune cavalier. La lune éclairant une montagne. Un poignard dans le cœur. Du sang sur le sol. Tu venais de découvrir ton passé. Un passé lointain, aussi bien dans le temps que dans l'espace. Mais tu ne le comprendrais que bien plus tard, quand sans vraiment d'explications tes pas te mèneraient à Foxglove Valley.