je crois que j'ai un peu peur car je ne côtoie pas les gens comme toi car ils ne m'aiment pas car je ne suis pas assez ((cool)) ou encore assez ((branchée)) ou même trop b i z a r r e alors les gens comme toi je les évite alors les gens comme toi je les tiens le plus loin possible de moi car j'ai peur de me faire dévorer toute crue car vous n'avez pas de pitié et que la moquerie ou la ((flemme)) dans le regard et dans vos yeux oh oui je vois le reflet cendré de la cigarette ou de ces dernières applications installées sur vos téléphones rose bonbon ou avec un gros ((nike)) sur la coque alors je reste silencieuse indifférente car je car je suis une p o u p é e aussi sage qu'une image n'est-ce pas et je suis un peu anxieuse car je t'ai dit à la fin de ce cours d'histoire (sais-tu au moins quel est le siècle des lumières dis-moi) que je t'attendrais ici à la bibliothèque dès 18h d'une voix sûrement incertaine le regard fuyant car je n'ai pas préféré regarder ta réaction quand tu as su que tu étais avec moi car soit on est heureux soit on râle on râle et je m'en fiche car maintenant je suis habituée aux remarques sur mon vernis mes lèvres et même mes vêtements ((je lisse ma jupe tire sur mes collants assise mon ordinateur portable devant moi et j'attends)) je suis en avance car être en retard serait une faute terrible et mon regard fixe passible et nerveux l'immensité de cette page blanche que nous allons remplir de la vie fabuleuse de ce cher montesquieu et passer à l'oral (quelle horreur) je crois que je suis un peu réticente à cette idée je papillonne des cils quand j'entends des pas qui s'approchent et je commence au quart de tour un peu maladroite un peu bizarre sûrement un sourire sur mes lippes de charbon -ah ! salut, j'ai déjà installé mon ordinateur qui est connecté à la 4G de mon téléphone. tu as rapporté des ouvrages ou des idées de sources fiables sur internet où nous pourrons euh- nous diriger ? je crois que je parle trop
travailler encore un concept que je ne comprends pas, trop complexe pour mon petit cerveau d'ado qui ne pense qu'à s'enfoncer dans la non-productivité. que faire alors, que faire pour ne pas passer pour un idiot ? je veux pouvoir briller de toutes les façons possibles et en particulier l'intelligence mais face aux études je ne suis qu'indifférence. heureusement pour moi, la petite semble s'y connaître en trucs chiants (car il faut bien l'avouer, s'instruire c'est barbant), travailler avec un binôme, sociabiliser, ça c'est une notion qui me parle. d'ailleurs c'est quoi son nom déjà ? Amélie ? Malia ? j'arriverais à m'en souvenir, il le faut (pour ne pas te faire mauvaise impression). déjà qu'elle ne semble pas me porter tant que ça dans son coeur, pourtant les filles m'apprecient d'habitude ; mais il est vrai que je n'ai pas trop fait attention à elle, et elle ne cherche pas à attirer l'attention.
18h06 je rentre dans la bibliothèque où je ne suis presque jamais passé pour rencontrer ce binôme que je n'ai jamais su comment aborder. c'est avec étonnement que je l'écoute prendre la parole en première lorsqu'elle me voit arriver; salut Amélia, je souris, charmant, fais semblant de ne pas déjà être ennuyé de participer à tout ça. néanmoins, la pensée que ce travaille aboutisse à un oral me rassure, au moins une chose avec laquelle je serais à l'aise. je pose mes fesses sur une chaise juste à côté d'elle, pour l'entourrer (étouffer) de mon energie positive et mon parfum abercrombie, et réfléchis à la question qu'elle vient de me poser, un peu décontenancé. euh, Wikipedia ? merde. mais je suis pas venu les mains vides, j'ai pris mon mac. bravo, tu veux une médaille abruti ? et toi, t'as des idées ? je change de sujet, j'ai pas l'habitude des gens qui connaissent plus de mots que moi mais la honte ne pèse que quelques secondes puisque je recommence à sourire, ma note en dépend (même si, au fond, je me fiche du résultat). je sors mon ordi et attends ses instructions, autant la laisser diriger, tout contrôler, elle a l'air plus investie que moi. de plus, si je l'ouvre trop elle se rendra compte que tout ça me dépasse, si c'est pas déjà le cas.
est-ce que tu cherches à m'asphyxier je garde un immense sourire en battant des cils faussement indifférente à à à ce parfum devenu banal tant je le sens partout ((tu as la même odeur qu'eux)) et je pousse un soupir de désespoir wikipédia tu aurais pu avoir le le le courage de faire semblant d'avoir cherché un site bidon et ton mac ton mac dire ça m'arrache toujours un sourire sans doute un peu pincé car je ne comprends pas le fait d'appeler son ordinateur portable par sa marque par son appellation censée donner du prestige bien sûr que j'ai des idées ((tu me prends pour qui)) mais je n'ai vraiment pas la foi de travailler en ta présence et c'était vraiment stupide de te proposer de venir car de toute manière je suis persuadée d'écrire des conneries si tu es à côté ah euh ou- ((mon téléphone vibre)) pardon je crois que j'ai un sms et je souffle un peu en saisissant précipitamment mon portable pour lire un sms de lui d'harland tu ne le connais sûrement ((ou peut-être que si)) et je souris comme une idiote je te regarde à nouveau et je cligne des yeux plusieurs fois revenant dans la bulle actuelle ; désintéressante et vraiment pas palpitante ((je suis ennuyeuse n'est-ce pas)) excuse-moi euh-c'était mon copain. et je pianote un truc vite fait avant de me concentrer sur nous deux t'es motivé pour travailler, toi ? car j'avoue que bon- enfin je suis mieux seule surtout si c'est pour tenter de produire quelque chose avec... et involontairement je te couvre d'une oeillade condescendante qui te juge de haut en bas dessinant une légère grimace toi et ton mac. il faudra qu'on m'explique pourquoi on appelle ça un mec et pas un ordinateur portable et pourquoi les gens - comme toi - ont pris cette étrange habitude. moi et la sympathie ça a toujours ((fait deux))
je suis pas le saint graal mais j'aimerais bien. retour à la réalité, un téléphone qui vibre, c'est pas le mien. je le fixe, puis je la fixe et. j'attends. je sais pas trop quoi faire de mes mains, tapote sur la table avec mon majeur et mon index, me mord les lèvres, les réduis en une fine ligne en la détaillant. la situation est gênante vraiment, surtout voir seulement pour moi qui ne sais pas comment me mettre au travail. apparemment c'est son copain ok. j'avais pas besoin de le savoir. je soupire, motivé ? biensur que non, c'est chiant les devoirs surtout quand je suis à la ramasse comme ça. faut croire qu'elle s'en est rendu compte parce que je perçois un changement d'attitude plutôt évident chez elle, elle me regarde comme mon frère ou peut-être que je délire, peut-être qu'ils ont raison et que je suis parano, mais c'est trop tard je réfléchis pas et parts déjà sur mes grands chevaux. par vanité, parce que c'est toujours plus prestigieux d'appeler ça un mac je la regarde droit dans les yeux qu'un ordinateur. c'est pas très beau ce que je dis, j'ai l'air d'un sacré con surtout que je continue à la fixer avec cette expression désagréable du gars qui cherche à voir au font de toi s'il t'a blessé, alors qu'au fond c'est pas mon but, même si je prends ce timbre de voix un peu méprisant. j'essaye de redevenir le wesn sociable, moins irritable histoire de ne pas lui laisser une trop mauvaise impression et puis pour le prix autant citer la marque. je souris et détourne mon regard sur l'écran, une page Google ouverte depuis cinq minutes et toujours aucune idée de ce que je pourrais bien chercher, vraiment gênant. et puis merde, je peux pas rester immobile sans rien dire, il faut que je l'ouvre les gens comme moi c'est-à-dire ?
(note; désolée pour le temps que j'ai mis, vraiment. et je n'ai pas d'explication pour la phrase d'intro)
je ne sais pas si le pire, c'est que tu te rendes compte que c'est ridicule et vaniteux et que tu le fasses ou que tu aurais été comme ces inconscients superficiels alors j'opine légèrement pas bien convaincue car là là faut quand même être sacrément con pour avoir pour se dire réellement ((oui je suis un pigeon)) et puis ta seconde remarque m'arrache un soupir car oui vous payez des centaines d'euros alors que vous auriez plus performant pour deux fois moins cher c'est triste, d'acheter la marque ((encore un sms)) je me décroche un peu distraire et je ris un peu sans vraiment te soucier de toi sauf que je ne réponds pas par simple politesse j'effectue un léger sourire à ta question (tu es curieux de savoir la réponse d'une fille bizarre hein) les victimes de la société de consommation. acheter plus, alors que ça marche encore. je suis sûre que ton mac, tu l'as acheté alors que ton ancien marchait très bien. je suis persuadée que tu portes des nikes que tu as acheté cent dollars et des écouteurs beats eux-aussi à cent dollars alors que tout ça tu peux trouver mieux à moitié. mais ô rage ô désespoir, la marque ne figure pas sur les produits moins chers. je parle de ces gens-là. qui achètent l'apparence plus que l'utilité. pourquoi si tu t'en rends compte, tu ne te contentes pas d'arrêter ? de ne plus faire parti de ces pigeons ? je te jure, ça fait du bien d'être méprisant pour les bonnes raisons et pas car son sac c'est pas un louis vuitton. je crois que je suis un peu salée alors je me reconcentre un instant sur mon ordinateur pour constater qu'effectivement, on n'a absolument pas avancé
les gens comme moi. les gens qu'elle ne supporte pas ? ça me gêne un peu, non, ça m'oppresse puis ça m'obsède parce que je veux être aimé par tout le monde, mais si elle ne m'apprécie pas alors tant pis non ? oui et je n'ai pas donné mon ancien à une assos, je l'ai jeté dans une poubelle de recyclage. je porte des adidas et j'ai des écouteurs apple pour aller avec le mac, l'ipod, l'ipad et l'iphone. je déglutis. elle m'a percé à jour, mais je n'arrive pas à accepter cette défaite. c'est énervant hein ? c'est ragant, je ne sais plus quoi dire. ces quelques mots qui viennent de passer à travers mes lèvres me semblent minables maintenant comparé à son monologue sanglant. à quoi bon énumérer ses biens matériels, ses possessions qui nous rendent fiers face à un mur qui me semble ne pas avoir peur de regarder toutes ces futilités de haut. mon vocabulaire est pauvre comparé au tien; je t'envie ça, au moins. je détourne les yeux, beaucoup trop gêné d'un coup pour une raison qui m'échappe. elle regarde son ordinateur, nous n'avons pas été productifs. et si on se mettait au travail, au lieu de parler de la façon dont j'utilise mon argent ? et j'espère, oh oui j'espère qu'elle tiquera à cette phrase, que je retrouverai un peu d'honneur. mais, je suis perdu, je ne sais pas quoi faire et ce que j'espère surtout c'est qu'elle fera le premier geste pour commencer cette séance de travail déjà beaucoup trop ennuyante. t'as pas l'air de vouloir sympathiser avec moi, c'est toujours aussi désagréable de parler avec les gens comme toi ? et je la regarde enfin et je souris comme si je m'amusais, comme si se moquer des autres était synonyme de divertissement pour moi.
tu approuves et tu t'enfonces ((pourquoi tu fais ça wesn)) je plisse les yeux et affiche un mince sourire suite à ton compliment sur mon vocabulaire, je laisse rouler mes yeux le long de ton visage de ton nez avec une infime condescendance indulgente et j'opine doucement avec un peu de désespoir tout de même il faudrait, oui. et doucement je commence à taper sur mon ordinateur en silence un site spécial où je pourrai trouver des informations utiles oui utiles ((pas vraiment comme toi)) et tu recommences à parler et j'observe du coin de l'oeil les lèvres pincées ta remarque m'arrive en plein c o e u r et ton sourire aussi, et ton amusement factice ou non m'arrache un peu plus de mon honneur et ça me fait mal ça me fait mal car on me dit souvent (je t'aime bien amélia mais t'es un peu bizarre un peu ennuyeuse) alors je courbe un peu le dos je rentre mes épaules et je me mords la lèvre inférieure ça fait mal à l'égo, sûrement autant que quand je t'ai dit les saloperies précédentes et pourtant je n'ai pas le droit de lâcher je ne veux pas je ne peux pas être la victime dans cette histoire non alors je conclue la voix un peu plus basse ahah. ça doit être désagréable, d'avoir tort c'est vrai. excuse-moi de te sortir de ta bulle dorée d'enfant pourri gâté, mais oui je comprends ton malheur de fréquenter des gens avec les yeux grands ouverts quand on est aveugle.
me revoilà, wesn le petit con dans toute sa splendeur. je la regarde taper sur son ordinateur jusqu'à ce que ça devienne gênant et finit par ouvrir une page wikipédia que je ne lis même pas. je ne suis pas concentré, trop de pensées m'assaillent au même instant. je ne veux pas la blesser ou peut-être que si. je veux qu'elle arrête de me tourmenter avec ses mots comme des poignards qui me donnent l'impression d'avoir été frappé plusieurs fois dans les tripes. et tu veux que je te dise que t'as raison, c'est ça ? prétentieuse. le mot m'échappe et je détourne les yeux. j'aurais pu être vulgaire mais j'ai l'impression que je serais incapable de l'insulter comme je le fais d'habitude avec les gens qui m'énervent. au final, c'est ce mot prétentieuse qui m'est venu à l'esprit. je l'ai souvent entendu, je ne veux pas me rappeler où. en tout cas, c'est bien fait, j'ai l'impression qu'elle cherche à me percer à jour, qu'elle essaye de lire en moi et que ce qu'elle voit ne lui plaît pas. néanmoins, elle se trompe sur un point et ça me rassure de ne pas avoir été complètement percé à jour. ma vie est pas si géniale, je suis un peu le vilain petit canard de ma famille. je pense que mes parents aimeraient que je sois pas né et mon frère veut ma peau. je suis sûr que tes parents t'aiment toi, quels parents ne voudraient pas d'une enfant-modèle ? et mes yeux la transpercent, il y a une pointe de dégoût dans mes mots comme si la simple pensée qu'elle est une famille aimante m'affligeait. c'est le cas, je ne supporte pas le bonheur des autres et pourtant. et pourtant mon sourire mesquin ne m'a pas quitté.
prétentieuse le mot sonnait comme un glas et je ne sais pas si c'était pire que si tu avais sorti une de ces insultes des gens de notre âge ; pute salope ou d'autres conneries dans le genre un léger sourire vient se figer sur mes lèvres mais je ne dis rien, je fais semblant de lire encore et encore et tu reprends la parole et là j'affiche une mine déconfite je pense car car personne n'a une vie parfaite alors je m'arrête observe ton sourire un instant pis répond aigre douce balayant mes cheveux d'une main tu sais, abandonner sa fierté pour admettre qu'on a tort c'est bien aussi. ce n'est pas que ma mère ne m'aime pas, c'est qu'elle est trop exigeante trop... stricte. trop tu me donnes ton téléphone à vingt heures et tu es couchée à vingt-deux. on peut pas tout avoir je suppose. je tape une fois dans mes mains affichant le même sourire que toi un peu plus mielleux pour cacher que tout ce que tu m'as dit m'affecte réellement ouais à défaut de ne pas avoir l'intelligence qui nous réunit, on a la famille de merde. sympa non ? tu as un petit frère ou un grand frère ?
abandonner sa fierté. se laisser dépasser surpasser, accepter le fait de ne pas être le plus parfait, de ne pas être important. tolérer le dédain dans le regard des gens, l'incompréhension la comparaison. et toi, Amelia, tu n'abandonnes toujours pas, alors mon col se serre, je sais que ce n'est que mon imagination, mais tire quand même sur le tissu pour libérer mon cou. alors, j'hésite à le dire - que j'ai tort - mais ces mots sonneraient trop faux venant de moi. à trop se réjouir du malheur des gens, j'ai fini par ne plus savoir faire de compliments. et donc, sa mère fait un peu trop attention à elle et donc, je ne comprends pas si c'est si terrible que ça. stricte... j'imagine que mes parents sont tout le contraire, ils sont plus je prends une voix grave et fronce les sourcils pour imiter mon paternel "où t'étais ? tu sais quoi... je m'en fous, fais ce que tu veux." ...nan, ça manque d'une pointe de déception, il avait bu ce soir-là et il me regardait plus dans les yeux; je me serais senti moins mal s'il m'avait frappé. je déteste ça, la compassion. j'ai l'impression qu'ils font exprès de se positionner en victime ou peut-être que je leur ai vraiment fait du tort. sûrement. je préfère rester dans mon ignorance égoïste tout compte fait. nan, on peut pas tout avoir. t'as le cerveau, j'ai de l'argent ça compense bien, surtout aux États-Unis. je lui rends son sourire. je sais que je suis con, tu m'apprends rien. puisqu'elle m'a déjà cernée, jouer au mec sérieux ne sert plus à rien. un jumeau. s'il avait été là, il aurait tenu à ce que tu saches qu'il est né avant. à mettre le plus de distance possible entre nous. t'es fille unique ? si oui, t'as de la chance. sinon, j'espère que l'autre est pas comme toi.
je ne sais pas qui de nous deux a le plus de chance au fond (si on peut appeler ça de la chance) trop absents trop présente ; le mélange en serait la perfection mais non non je rêve ça n'existe pas ça ah et dans mes yeux pas de pitié car moi-même je déteste ça et je suis de ces gens qui ne font pas ce qu'ils n'aimeraient pas recevoir du moins qui essayent un maximum ces gens bien oui je sais que je ne suis pas des pires je tique légèrement quand tu dis que tu es con oui tu es con mais moi aussi je le suis je pense que je pense qu qu'on a tous nos domaines je veux dire moi je ne sais pas vraiment me faire d'amis par exemple c'est une sorte de connerie ça non ((et ça me donne une idée qui plaira peut-être pas à la prof mais qu'importe j'ai envie d'être folle d'être excentrique)) alors j'affiche un immense sourire et tu me poses cette question après cette remarque c'est complètement idiot, de toute manière je répéterai bien une phrase que j'ai vu sur facebook. je mime les guillemets avec mes doigts "il faut un brouillon avant la perfection." un sourire un peu moqueur et je reprends trop neutre trop indifférente sûrement non. je suis une fille unique c'est pour ça que je suis intelligente, j'ai hérité de 100% des neurones. et encore tu es plus intelligent socialement, tu vois. je suis pas de ces personnes qui demandent de l'aide dans la rue par exemple. et je tape dans mes mains sans me soucier qu'on soit dans une bibliothèque j'ai une idée. tu sais utiliser des bombes de peinture ? la prof nous a dit que notre compte-rendu pouvait prendre la forme qu'on voulait et... je montre mes dents fière de moi un peu quand même y'a des murs avec rien dessus, au vieux moulin. tu sais, les philosophes de lumière prônaient la liberté d'expression.
un brouillon avant la perfection. je souris, je suis peut-être naïf d'avoir plaisir à repenser ces mots, cette phrase complètement bateau, mais c'est le genre de phrase toute faite que je pourrais ressortir à la prochaine dispute, alors je la garde précieusement dans un coin de ma tête. socialement intelligent; il n'y a que toi, Amelia, pour reconnaître ce genre de talent. être ouvert aux autres, se faire des amis aussi rapidement qu'on les jette, c'est pas si important, pas besoin d'être un génie. ses mains claquent, je sursaute surpris et me concentre sur elle. j'avais oublié ce que j'étais venu faire ici, on n'a toujours pas avancé et je n'ai pas vraiment envie de m'y mettre mais, soudain, elle me parle de bombes de peinture et de vieux moulin et j'écoute avec plus d'attention. ouais, je sais ...le faire, je sais le faire. et pour les philosophes aussi. je suis sûr que c'est ce qu'on étudie en cours. un mur vierge et de la peinture, je commence à voir où elle veut en venir et ce travail à deux devient subitement intéressant, vraiment intéressant. du vandalisme ? toi ? merde, je commence à te trouver cool. je le dis en plaisantant mais, en fait pas vraiment. un autre endroit, avec d'autres gens, je me serais justifié. j'aurais été blessant désobligeant, j'aurais ricané bêtement d'avoir laissé échapper mes pensées, mais je suis dans la bibliothèque avec cette fille et je ne trouve rien d'autre à ajouter. je m'éclaircie la voix en rougissant (fais comme si je n'avais rien dit) et retourne au vif du sujet. tu veux y aller maintenant ? j'ai des bombes dans mon casier... est-ce que t'as déjà... est-ce que t'aimes le vandalisme ? ou juste l'art ? pratiqué ce genre de liberté d'expression ? je me serais trompé sur toi, t'aurais étiqueté grosse tête trop vite et avec un esprit trop étroit ? après tout, tout le monde a une vie derrière les murs du lycée, j'ai juste tendance à l'oublier.
t'as l'air surpris et ça me rend toujours un peu plus fière encore car si toi tu l'es, je peux supposer que la classe et le professeur aussi ça ne m'étonne pas que tu saches manier ce genre de choses à vrai dire et ça me conforte dans mon idée que ça va pouvoir se faire je lâche un petit rire car c'est drôle que tu dises ça car ça se voit ; ça se voit avec mes lèvres d'un rouge trop foncé et mes vêtements un peu trop sombres non tes questions sont un peu maladroites et je me lève fermant paisiblement mon ordinateur avec un léger sourire le mettant dans mon sac ainsi que mon portable cool, c'est un grand mot. je fais partie de la race weirdos tu sais, c'est drôle que tu commences à me trouver "cool" car d'habitude c'est plutôt des injures moqueuses qu'on se prend. il n'est pas là question de méchanceté et j'espère que tu ne verras pas dans ma remarque une insulte j'enfile mon long manteau noir et mon écharpe ça me va ce soir. tu n'as pas de couvre-feu ? et non, je n'ai jamais pratiqué ça mais j'ai déjà vu. parfois on va dans des lieux abandonnés avec les gens avec qui je traîne et certains aiment laisser une trace de leur venue disons. je prends mon sac on bouge ?