je rencontrai une dame dans les prés, d'une absolue beauté ; ses cheveux était longs, son pied léger, et ses yeux étaient sauvages
quel ennui que ces fanes de la nuit qui soupirent aux pieds d'étoiles aveugles – elles refusent les fourbes d'accorder la narcose si facilement donnée aux étendus de matelas et de mausolée qui saluent leurs heures de règne par des rites si bien acquis que leur importance en est perdue non, pour les pantins qui savent marcher d'eux-mêmes mais qui renient ce don en confiant leurs décisions aux autres, le temps de l'obscurité est aux blessures qui se rouvrent et aux sang des fautes qui goutte sur la terre de l'ordalie l'heure est chaque jour sans faillir à la fuite sous couleurs d'ennui, car les vilaines pensées reculent lorsqu'on s'intéresse à celles d'autrui, même à travers le filtre du déni car couvrir ses plaies de morceaux de peaux recueillis ça et là n'a jamais initié la moindre cicatrisation ; alors pourquoi gorger le vide de pans de vies serait-il plus différent ? pour autant c'est avec ferveur que demeure la certitude que ce sera suffisant comme une évidence, comme une espérance qui pour se faire réelle a besoin de beaucoup d'efforts et d'un peu de chance triste ignorance qui n'a nulle envie de se pencher sur sa propre contenance – ces petits pas pressés qui résonnent dans la plaine de jais sont bien plus dignes d'interêt (on s'approche) dans le silence de l'usage le veilleur des morts se love dans un rai d'ombre contre le muret qui sépare sa terre de celles des vivants son regard fou sur cette silhouette aux pérégrinations bien tardives qui doit encore se penser seule sur le bord de la route et qui s'apprête à poser le pied sur – arrête, arrête ! l'exclamation fuse aussi hâtivement que lénore surgissant de la nuit pour dresser sa sinistre carcasse sur la route du marcheur nocturne qui n'a rien demandé et pointer un doigt noirci vers un minuscule (ridicule) lopin de terre retournée au milieu des brins d'herbe c'est la tombe d'un lézard qui est mort ici hier. lénore l'a enterré là où il l'a trouvé. ne marche pas dessus. sa mise en garde portée au monde, læ voilà qui s'approche et te tourne autour comme on examine une nouvelle distraction en cherchant à jauger ce qu'elle renferme et combien de tems elle saura durer et enfin la reconnaissance se fait (du moins de son côté) c'est toi la fille aux camélias, celle qu'iel prend plaisir à agacer en posant malicieusement sa figure de corneille sur ton balcon, un peu trop près de tes fleurs (un peu trop près du symbole de ton précurseur) ainsi est remporté un premier coup qui n'a pas conscience d'être joué : lénore est intrigué·e, et iel questionne, lys au front les gens qui viennent au cimetière en pleine nuit viennent chercher quelque chose. (en échange d'autre chose) qu'est-ce que tu viens chercher ? parle donc, à quoi tendent cette sueur d'angoisse et cette rose ternie qui se flétrit contre ta joue ?
Une lune noire bouffée de ciel disperse ses fumeux ricanements le long des trottoirs Cette nuit est vide, aride d’ombre – toutes ont glissé sur sa peau, coloriant ses contours d’un bleu incertain, proche en teinte des caresses tumescentes Rien n'est grave dans la solitude – la solitude n’a pas de mains ; ses cajoleries malmènent agréablement le silence – ni danger indigo, ni suprême affection à l'aune de l'abandon de toute façon, cela fait bien longtemps – qu’il préfère la compagnie des fantômes aux vivants.
La forêt de pierre grandit ses doigts cruels au-delà des sinistres cimes du portail il ne s’inquiète pas de l’atonie létale qui repose entre les tombes – se fond avec aisance entre les notes de cette nature morte les cadavres ne sont plus dangereux.
« arrête, arrête ! »
ah – voici qu'on le trompe jusque dans sa retraite c’est résigné qu’il réalise que même les spectres, peut-être, l’ont abandonné
« c'est la tombe d'un lézard qui est mort ici hier. lénore l'a enterré là où il l'a trouvé. ne marche pas dessus. »
c’est vrai – ce temple n’est pas pour toi, Quinn – tu confonds ciel et limbes quel orgueil que de prétendre à l’ultime paix du néant
« pardon »
c’est un papillon de nuit aux ailes en lambeaux qui a trahi son exil – aveugle sans doute, l'étrange phalène s’est éprise de cette lueur fanée, trop vive pour éclairer un tel sanctuaire Quinn toise l’apparition, mais vaguement – le temps de l’ébahissement aux mystiques s’est flétri
« Je ne cherche rien. Je veux juste rentrer chez moi. »
mais il a compris qu'en ce royaume-là, les esprits comme lui n'ont pas de voix.