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Je suis un évier de cuisine // Galawin (slight TW)
Quinn
 
myosotis
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Quinn
Je suis un évier de cuisine // Galawin (slight TW) D5377510d0217079f0243a302a8917ab--androgynous-models-fashion-models
Messages : 203
Pouvoir : évolution
Symbole : Camélia en pot.
Occupation : Chômeur, ex vendeur à macdo
Avatar(s) : Kashuu Kiyomitsu - Touken Ranbu
Sam 12 Mai 2018 - 3:53


No one else is dealing
with your demons
Meaning maybe defeating them
Could be the beginning of your meaning, friend

Dans un dernier cri torturé – l’averse s’abandonne lâchement à la peau – pendant quelques secondes d’éternité supplémentaires, mille piqûres translucides éclosent encore, en leur point de chute, d’immenses vides humides –
à ses pieds tourbillonnent enfin les souvenirs maculés d’une expiation mousseuse.

C’est la troisième, peut-être la quatrième, l’énième purification du jour – énième tentative d’amnésie par la noyade – c’est la troisième, peut-être la quatrième purification du jour, mais – comme à chaque fois que la vague s’évapore enfin aux murs brouillés – l’air corrompu retombe sur ses épaules en voile ingrat de vide putréfié – et il lui semble que le tracé mouillé des gouttes de délivrance se prolonge sur sa peau en course de cafards.
Il n’y a plus de shampoing.

prendre le téléphone, ouvrir la messagerie, peux-tu-racheter-du shampoing-s’il-te-plait

les poissons d’argents grouillent entre les humides volutes de la serviette bavant ses restes d’eau croupie le long des côtes – le tissu plisse linceul suintant à l’effleurement du derme gratté jusqu’à sa putréfaction rosie – mille petits doigts doucereux, comme autant de pattes pullulantes, raclent la chair amollie de sécheresse
il y reste encore, tatoué de reflets noirs – le dessin de plaies infectes, dont la nécrose foisonnante s’étire en forme de mains
– toujours les mêmes, gantées de soupirs opaques aux dangereux relents de survivance
ces mains éternelles...

sous les doigts s’écartent à la surface du miroir de langoureux serpents grisâtres ; leurs anneaux blessés saignent goutte à goutte la chaleur fumeuse de la salle de bain – un œil apparaît à la surface de l’œil, sabré d’allers-retours moites comme le mercure – à peine un trou, juste assez vain pour laisser entrevoir en ses profondeurs l’effervescence souillée de vestiges cauchemardesques
Ça et là, des bouts de charogne à rassembler se décomposent, putrides redoublement aux reflets immondes – une oreille, un nez, une longue mèche de cheveux ternie qui boucle au détour d’un grain de beauté
ce grain de beauté-là, la marque libidineuse d’un châtiment consenti, une ombre de crachat qui s’amplifie, marée noire sordide gonflées de gémissements fiévreux d’ongles enfoncés dans la viande de lèvres humides de salive de sueur de sperme et toutes ces mains toutes ces mains éternelles glissent encore sur sa gorge sur son torse sur ses hanches entre ses reins et il n’y a plus de reflet même plus de cadavre – rien que des mains et
cette longue mèche de cheveux qui boucle terne à surface d’un corps étranger

le ciseau contre sa paume pèse comme une promesse rassurante – sa présence ivoirine renvoie à la créature dans le miroir un espoir argenté de reddition

c’est fini, je n'en peux plus, c’est fini, il n’y a plus que des mains... – les ciseaux ouvrent toutes grandes leur précieuse mâchoire à sa gorge infectée – en suspension glaciale ils se gouttent déjà de la chair impure qui ploie docilement sous l’éclair salvateur
L’image claire, enfin, de la rédemption.
Ce tableau tant espéré, d’une monstruosité pure – est pourtant maculé de ces mèches ternies qui n’en finissent jamais de boucler
Il faut finir – il faut en finir dans l’horreur – c’est la dernière purification

les mâchoires se referment avec douceur – la boucle s’écrase platement, discrète tâche de boue dans le fond du lavabo, vague et pointue, point de départ de la vague endémique
ainsi – commencent les ravages à l’horreur

« Quinn » les ciseaux glissent gracieusement dans la mouvance marécageuse « Quinn, je te déteste » pluie de boue dans le lavabo, sur le carrelage « je te déteste, t'aurais jamais dû naître » mélodie cliquetante de carnage « tu m’entends, t’aurais dû crever à la naissance, espèce d'erreur de la nature, espèce d’immonde tafiolle, espèce de traînée dégueulasse, tu es horrible, horrible horrible horrible tu mérites de mourir, espèce de salope, espèce de grosse salope, tu mérites de crever sale pute, sale chienne, sale erreur de la nature, je te déteste meurs, meurs, meurs, je te déteste, je te déteste, je te déteste... »

Les bouts de charognes à rassembler se décomposent en redoublement aux reflets brouillés
à ses pieds – les restes salis du sinistre accueillent en leurs arabesques obscures le bienfaiteur d’argent

mais il respire encore
l’air corrompu, la chaleur fumeuse, le miroir, le grain de beauté, le lavabo désormais profané par sa propre hideur – tout y est encore
c’est fini, c’est passé et tu es encore là, laid, sale, désespérément laid et sale, souillé de larmes laides et sales qui brûlent la peau
la plénitude glaciale du carrelage sous ses cuisses – les cheveux coupés grouillant entre ses orteils –  quelque part au niveau de son mollet la caresse des ciseaux – tout ça pour lui rappeler qu’il vit, encore
déspérément laid
désespérément sale

pour toujours, l'ignominie.

~ 750 mots c'est pas aussi parfait que je l'aurais souhaité mais voilà @Galathée
©️️cecil/nationofulysses



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