Il est l'une des nombreuses victimes de ce fléau qui se propage plus vite qu'une épidémie de gale dans un lycée; comme de nombreuses personnes avant lui, il se laisse entraîner dans cette marche sans fin avec un objectif certain. Ça occupe son temps plus que libre et lui permet de sortir. Même si certains voient ce nouveau hobby d'un mauvais oeil et lui recommandent de se méfier du complot mondial ; Jean se laisse volontiers manipuler.
Son esprit de contradiction n'a jamais été très développé faisant de lui une personne totalement réceptive aux tendances du moment (lorsqu'il ne passe pas totalement à côté). Une fois encore, tenter de résister à la hype aurait été totalement vain alors il se prenait au jeu. Moins de temps qu'il n'en faut pour télécharger une application ; et à peine un mois pour monter les niveaux.

Jean, niveau 7
Team Instinct
Emporté trop tôt par le fléau Pokemon go.

Il le vit plutôt bien.
Il a même prit la confiance et se sent suffisamment PUISSANT pour partir à la conquête des arènes. Mais encore faudrait il en trouver... Sa chance l'ayant abandonné en chemin, il avait marché jusqu'aux extrémité d'une route. Et il continue tout droit, longeant le trottoir beaucoup trop interpellé par son écran. Mais sentant l'accident à la con venir, il relève les yeux et peut constater qu'il s'est bien éloigné de la ville.
Il vérifie sa droite et sa gauche, sans pour autant traverser. Il est presque paumé. Cela dit, y a une station service juste en face pour demander de l'aide.
Un coup d'oeil rapide à son écran ; puis le déclic.

Une arène face à lui.
Comment avait-il pu passer à côté de sa présence ? Il se sent bien con et aveugle. Pour une fois que la géolocalisation n'y est pour rien. Alors il s'avance, lance le combat. Une arène de type rouge ; gardée par un terrible melodelfe et... en vérité de plus haut pc que tous les pokemon de Jean. Mais ça le préocupe à peine ; premièrement, parce qu'il n'a aucune stratégie et de plus, fidèle à sa couleur jaune il suit son intuition.
Et c'est avec cette détermination qu'il engage le combat, envoie son pokemon le plus fort (un roucoups) et commence à défier le melodelfe, lui faisant perdre quelque pv.

Une chance que personne ne traine sur cette route.

sur ma route

Au loin, au travers de la rivière de béton qui crevait la forêt, se dressait Cipherland.
Cipherland avec sa grande roue, Cipherland avec ses panneaux de toutes les couleurs, Cipherland avec Billy the Kitten et son cache-oeil.
Une rude pensée frappa Vito lorsqu'il mis un pied dehors, une roulée à l’extrémité incandescente coincée entre les lèvres. Il n’était jamais allé à DisneyLand.

De son soupir s’échappa buée et fumée de cigarette. Le temps commençait à se rafraîchir.

Vito n’était pas sûr d’aimer parcs d’attraction. Ou plutôt, il n’était pas sûr d’aimer les attractions des parcs d’attraction. Celles à sensations fortes. Les grands huit, les bateaux pirates ou autres joyeusetés en chute libre, celles qui faisaient s’envoler votre cœur et se décoller vos organes internes pour le meilleur et pour le pire.
Il n’avait jamais essayé parce qu’à chaque fois il se disait, comme à chaque pas qu’il faisait dans sa vie : et si je faisais une crise au mauvais moment ?
De fait, Vito n’était jamais monté dans un montagne russe.
Pourtant, ces derniers jours, des loopings il en avait connu.
(Parlons plutôt de looping émotionnel. De cœur qui manque de s’arrêter, pour de vrais ; d’organes internes devenus externes.)
C’est pour cela qu’il ne travaillait pas de nuit, aujourd’hui - une première depuis deux ans. Il avait de la chance d’avoir une boss compréhensive. (Facile quand la police était au courant de leur petite escapade entre amis qui avait plutôt mal fini.)

Loin de se laisser abattre, Vito dégaina son (nouveau) téléphone.
Si Cipherland abritant tant de choses que Vito appréhendait, il y avait trois autres éléments qui l’intéressaient au plus haut point.
1/ Les barbes à papa. Merveilleuses. Délicats nuages de sucre roses, bleus, violets, oranges ou blancs comme la neige. Savoureuses bouchées de bonheur vaporeux, Vito en devenait presque poète.
2/ Les churros. Divins. Fantastiques bâtonnets de friture et d’éclats sucrés au doux arrière-goût de beurre fondant et fondu. S’il avait été riche, nul doute qu’il aurait y succombé deux fois par semaine. Au moins. Il se contentait d’une fois tous les mois. Pas simple d’être caissier.
3/ Pokemon Go.

Vito baissa la luminosité, coupa le son, activa l’économie de batterie et coupa le bluetooth.
Puis il fronça les sourcils en même temps qu’un petit sourire apparaissait aux coins de ses lèvres.
A Cipherland il y avait une arène.
Cette arène était dominée par un Melodelfe, CP : 2183, Psykoud’Boul et Pouvoir Lunaire.
Ce Melodelfe, c’est Vito qui l’avait entraîné.
Et quelqu’un était en train de se battre contre son Melodelfe.

La journée n’était pas encore terminée.

Il aurait pu y aller à pieds, mais son vélo étant à quelques pas de là il décida de l’enfourcher pour aller plus vite. (Et gagner, grand max, dix secondes voire moins).
En quelques tours de roues, il fut devant l’entrée du Cipherland, où se dressait l’arène virtuelle qui ne se révélait à ses yeux que grâce à son écran. Il câla son vélo, écrasa son mégot dans le cendrier portatif qu’il gardait dans la poche de sa veste, car la pollution c’était mal.
(Un cendrier portatif LoveLive. Il aimait beaucoup le concept.)
Un peu plus loin, il y avait quelqu’un.
Un quelqu’un qu’il connaissait bien.
(C’était un peu méchant, mais pendant un instant il songea à faire demi-tour.)
(Mais il ne le fit pas.)

« Jean. »

Il avait son téléphone dans la main gauche et son regard faisait des allées retour entre l’interpellé et le combat qui avait lieu au creux de sa main.

« J’espère que tu t’es entraîné, parce que moi oui. Tu vas gagner, tu pense ? »

c.shepard, niveau 25, team Valor.

[HJ/ Jsuis nulle en rp d’intro kiss]

Bon, certes c’est sans doute pas le bon choix d’arène pour commencer.
Il s’en rend très vite compte vu le niveau de cette dernière et très vite les regrets prennent place derrière lui en background pour lui chuchoter d’abandonner “ ouais mieux vaut laisser tomber, Jean” - mais ces voix sont aussi inutiles que ce qu’on appelle plus communément conscience, et dieu sait que Jean ne l’écoutera qu’en dernier recours c’est à dire après avoir mis tous ses pokemons k.o.
Cela dit, il a déjà un premier pokemon HS et c’est en gardant le visage le plus impassible du monde qu’il envoie un deuxième pokemon à la charge. Il reste face à son écran, masquant toute expression de son visage ; de ce fait on a l’impression qu’il est juste en train d’envoyer un sms … La vérité est qu’il regrette déjà sa prise de risque et commence presque à avoir honte de ce combat. Heureusement personne n’est là pour assister à ce massacre.

« Jean. »

Son visage fixe subit comme un déclic. Il relève aussitôt les yeux de son écran, interpellé par cette voix familière.
Vito.
Sur le coup, il se contente de sourire, puis il arrête et
il peine à trouver une expression faciale adaptée.
Vito, c’est ce gars sympa qu’il aime toujours croiser mais dont il ne sait rien
Vito, ce gars à qui il aime sincèrement parler mais ...de quoi ? ça non plus il ne sait pas.

« J’espère que tu t’es entraîné, parce que moi oui. Tu vas gagner, tu pense ? »

Et il est bavard aujourd’hui Vito, seulement jean l’écoute à peine. Trop concentré sur son combat… son premier. Pas brillant mais maintenant qu’il est face au #BOSS il va pas renoncer. Jean le reconnait direct, à peine entré dans son périmètre il sent l’assurance d’un type expérimenté mais ayant assez l’esprit de compétition pour assurer la défense de son arène par lui même. Jean le fixe. Jean doit lui répondre.
Merde c’était quoi sa question…?
Les mots s'emmêlent dans son esprit, et

« ça va. »

Le stress. C’est le stress qui le pousse à répondre à côté de la plaque ouais. Le même stress qui fait que Jean, a généralement du mal à tenir une conversation avec son adversaire du jour (et de toujours), Vito.
Là, c’est le combat qu’il va avoir du mal à tenir. Car ses pokemons ont déjà tellement peu de point de combat que tout semble joué d’avance. Où est le suspens ? où est le talent ?
Pas entre les mains de Jean en tout cas,
et un pokemon de moins.

« merde. »  il peut pas s’empècher de rager à voix haute, seul détail qui le trahit lorsqu’on a encore un doute sur le fait qu’il envoie un sms ou non « si seulement le pouvoir de l’amitié était avec moi… »

Nostalgique de ces épisodes où peut importe à quel point de champion d’arène était badass, y avait toujours les amis dans les tribunes pour encourager. Non là, même ses potes les plus fidèles auraient honte de lui.

« Vito… j’ai une armée de ratata dont je me suis pas débarrassé. »

...Mais es tu prêt à subir ça…?

sur ma route

« Ca va. »

Oui, maintenant Vito se souvenait pourquoi Jean le mettait mal à l’aise.
J’en était là, son téléphone dans les mains, et ‘ça va’. Il y avait quelque chose d’un peu bizarre dans son attitude, sa tenue, comme s’il essayait de dissimuler quelque chose. Il était en train de jouer à Pokemon Go, non ? Doute.
Vito lança un regard à gauche, puis à droite. Il n’y avait qu’eux dans le coin.
Pourquoi fallait-il que Jean soit aussi bizarre ?

« Okay. » Sa voix était presque chuchotée. L’incompréhension.

Pokemon, pour Vito, ce n’était pas rien. Pokemon, c’était une partie de son enfance. C’était des après-midi passées devant la télé à suivre les aventures de Ash et Pikachu, des heures avec la game-boy dans les mains à essayer de tous les attraper, des journées à dessiner des Bulbizarres et des Papilusions sur des dizaines de feuilles. Il avait bien fallu qu’il parte de quelque part.
La bonne époque. L’innocence.
Le téléphone toujours en main, Vito croisa les bras en le regardant et en se disant que c’était un drôle de bonhomme, ce Jean Neige.
(De temps à autres, il jetait quand même un œil à son téléphone pour savoir ce qu’il se passait un peu. Il y avait toujours un risque que Jean arrive à le battre, et il ne savait pas quel Pokemon il avait envoyé mais l’humiliation serait concrète quoiqu’il arrive. Il n’était pas totalement sûr de lui. Même si Melodelfe, c’était son bébé.)

Le pouvoir de l’amitié, répéta-t-il dans sa tête. C’était Saint Seiya ? C’est vrai que dans l’attitude, Jean avait peut-être un petit air de Shun. Ce qui pouvait être un compliment, puis que c’était l’un des préférés de Vito.

Nouveau coup d’oeil à l’écran - le combat était terminé. Son bébé était toujours en place. Team Valor.

« Jean. Pokemon Go, c’est du sérieux, d’accord ? Nous sommes rivaux. Mais tu dois te montrer à la hauteur. » Evidemment, il souriait. Evidemment il, plaisantait. « Vire-moi ces rattatas. »

L’air de rien, il ouvrit son menu. Lui aussi avait des rattatas à virer qu’il avait eu la flemme de trier.

« Par contre, si tu me dis que t’es Team Instinct, je suis pas sûr de pouvoir encore t’accepter chez moi. »

Le combat continue et il commence presque à prendre ça au sérieux. Regagnant espoir, il se donne quelques  baffes mentales et fais en sorte de ne pas bâcler ce qu’il entreprend. Histoire de ne pas passer pour le dernier des nazes…
Car c’est un fait, Jean est nul aux jeux vidéos et il le sait. Mais il est du genre à ne pas se laisser décourager pour si peu, car l’important c’est d’essayer pas vrai ?
Réplique de perdant mais Jean va même plus loin et pense qu’essayer c’est pas suffisant. Nan les #vrais donnent le meilleur de leur personne. Et meurent en héro, repartent avec le sourire et la satisfaction de s’être battu...ouais. C’est souvent ce qu’il se dit lorsqu’il est sur le point de perdre et qu’il veut penser à autre chose qu’à sa défaite.

De temps à autres, il relève la tête et observe son adversaire. Il a l’allure d’un mec qui gagne (c’est ce qu’il est en train de faire) alors il prend exemple.
et...bof.
Il a beau adopter sa posture et s’amuser à l’imiter, c’est pas ça qui le rend plus skillé. Mais soit à la hauteur Jean. Comme il te l’a dit.

« Par contre, si tu me dis que t’es Team Instinct, je suis pas sûr de pouvoir encore t’accepter chez moi. »

Et merde.
Non seulement il est l’adversaire aussi facile à battre qu’un pnj mais en plus, il est team instinct. Il a beau rester perplexe face à l’acharnement des autres teams envers les jaunes, les blagues du genre ne l’atteignent plus. Il serait même capable de créer un #yellowproud ironiquement. Mais là maintenant, aucune fierté en lui.
Il a seulement envie de dabber et s'exiler dans un autre pays pour oublier la douleur de la branlée qu’il se prend.

« Oh merde c’est pas Méli et Dylan là bas ?  »

Il relève la tête vers un coin bien précis, sait-on jamais. Il espère que Les yeux de vito se détournent aussi. Il attaque fourbe.