Le cou enrubanné dans une arabesque cotonneuse, son petit nez renifle en se frayant un passage entre les plis de l’écharpe. Flocon en vois-tu en voilà !! L’adolescent referme la porte derrière lui, fini de chausser les sangles de son « cartable » sur les épaules puis s’élance hors du giron.
Oh le beau manteau !! C’est l’extase de la rencontre des deux pâles figures. La nature est belle même silencieuse, toujours accueillante. L’air frais griffonne ses pommettes découvertes d’un pastel rouge. Ça lui va bien n’est-ce pas ? Ce froid-là n’est que chaleur hivernale. Ses petits pas s’enfoncent dans la fourrure duveteuse, non compacte aux alentours du foyer. Les saleuses et déblayeurs ne passent jamais aussi tôt par ici de ce qu’il a compris. Grand bien leur en fasses ! Lui en profite pour bondir entre deux réduites enjambées. Ooh splendide parure !
Il a toujours aimé l’hiver, surtout Décembre. Enfant, avec le sale temps, cela signifiait moins de passage à la maison, et lorsque quelques chacals venaient se perdre sur leur perron, au moins avaient-ils la décence de ne pas entrer les mains vides. Comme cela lui avait manqué ! Décembre, pas son enfance. Au précédent foyer il n’y avait eu qu’un sapin souvent chichement décoré pour représenter les festivités. L’air pollué des villes ne lui avait jamais permis de profiter d’un aussi joli spectacle qu’ici.
A contrario, l’éclipse et toutes les rumeurs autour, il n’y prêta pas attention, ni avant, ni maintenant, tout du moins pas plus qu’au reste. Il l’avait de suite acceptée comme un phénomène naturel propre à la ville, malgré les bourdonnements d’inquiétude qui avait navigués fréquemment dans les lieux publics à ce sujet. Oui il l’avait trouvé belle, mais s’en était vite fait une ennemie : des enfants affirmèrent à plusieurs reprises avoir aperçu de leur fenêtre des masses sombres courir à l’orée des bois. Par la suite, les horaires de sorties et les règles de vies étaient devenues bien plus restrictives, le temps que l’éclipse passe. Fini donc le cirque. Il avait beau eu clamer haut et fort son désarroi pour la première fois sûrement de sa vie, rien n’y fit. Enfin il préfère ne plus y penser.
Sèche donc les vieilles larmes de ton cœur idiot, le temps est si clair et beau ! Il prend son temps sur le chemin, de ses yeux émerveillés enregistre tout que ce soit les toits et jardins dont la décoration prolifères ou au loin, le début du quartier commercial, grouillant de monde. Cloué au lit pendant toute la première semaine du nouveau mois, il n’a pas encore eu l’occasion de profiter de la nouvelle folle effervescence qui s’est saisit de la ville. Lizzie du prendre sur lui-même pour ne pas faire trainer ses bottes plus que de mesures tout en rêvassant à la commotion sur la place générale, il ne devait pas arriver en retard ! tout aussi factice que celui-ci puisse être.
Munit soudain du même empressement qu’un lièvre, il ressort bien vite des sentiers battus et routes goudronnées pour suivre le chemin qui mène au cirque, le long de la rivière. Ici, le voile est encore immaculé. Avec délice Lizzie fait un premier pas solennel et prise par surprise par la couche moelleuse, y engouffre non seulement une première jambe, mais tout son corps suite à la perte de son équilibre. Trapéziste pour sûr, ne sera pas son domaine. Son museau pointe très vite hors du nuage blanc, encore plus cramoisi qu’il ne l’aurait pensé possible à la vue de sa fin de grippe persistante. Si seulement il possédait une de ces jolies combinaisons de skis qu’il a aperçues une fois en boutique ; il passerait au moins deux heures par jour à se rouler dans la neige. Là, la fraicheur s’infiltre déjà de toute part, le mord et le fait assez grelotter de froid pour qu’il se relève illico presto, époussette sa cape ainsi que sa lourde jupe, secoue la poudreuse prise dans ses collants, avant qu’il ne reprenne d’un pas pressé mais prudent son aventure.
A peine arrivé qu’il n’en peut plus. Entre temps le vent s’est levé et l’humidité de ses vêtements semble s’être amplifiée. En panique, il s’imagine cloîtré à nouveau sous la couette en étant sermonné par le médecin en charge du foyer. Alors après s’être annoncé dans une bafouille toujours aussi impressionnée auprès de Ludmilla, et munit de son accord chaleureux, iel se dirige vers une loge qu’iel sait inoccupée. Trottinant jusqu’à devant celle-ci, il saute sur la première marche de l’escalier (ce qui le fait toujours sourire, un escalier miniature ! si charmant !) mais arrête net la continuité de son élan. Des bruits de pas résonnent de l’autre côté de la porte. C’est vrai que l’endroit sert de grand placard, rien d’étrange en soit à la présence donc, néanmoins iel prend le temps de toquer avant d’ouvrir.
En grand, d’un bonjour ! jovial mais mutin. Elle la claque aussitôt, la main encore crispée sur la poignée. Son corps, sa tête, ont soudain implosées (en tout cas ça fait le même effet) et en pensées tout son être s’est écroulé au sol. (dans les faits la voilà paralysée sur le pas de la porte.)
C’est donc vrai. Aussi froid et tendu qu’un cadavre elle se sent prête à rendre l’âme, soudain consciente de sa tenue, de son visage bouffi. Elle n’a pas le temps de prendre de décisions (fuir ou affronter) qu’elle se retrouve tirée en avant – ses lèvres se décollent en une grimace de protestation mais aucun son n’en sort - ses cils se battent en duels contre toutes les larmes qui ont jaillis sur cette seconde ouverture : telle une source vive frappée en plein cœur après mille ans de sommeil.
Je…
Mais ce je-là n’est plus rien d’autre que confus et terrifié auprès de toi. La poupée est restée, jetée, là où tu l’as laissé : à contempler la beauté du ciel pour ne pas penser à son corps salit par la boue.
codage par joy
@Sauge@Nana@Pablo ptdr ceux sur lesquels tu risques de te co avant que je revienne.
Invité
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Mer 21 Fév 2018 - 20:51
la source
- sanscoeurs -
sous les moires de l’éclipse l’hiver s’était déversé en linceul des étés couverts de lavande : on avait vu mourir les rubescences des chaudes journées sous l’aliénation de la neige. christie se perdait dans le blanc évanoui du cirque aux matins d’éclat – cristallisé à sa fenêtre comme tant de reflets du soleil polaire. à l’aurore jeune qui frappe à sa porte elle glisse un suave acquiescement elle avait vu briller encore un éclat solace dans le sifflant bonjour – un reste d’été dans le froid nivéen prémices vibrants de la mort du jour (les souvenirs rôdes dans ces contrées glacées)
il était l’heure d’ouvrir toutes les boites de pandore que l’on pensait à jamais refermées
bonjour.
oh comme c’était horrible ce bonjour : plus froid que décembre morne au creux de son palais la voilà avivée la source de tous vos maux n’est-il pas temps d’arracher le sceau à vos lèvres assoupies – de réveiller les asphodèles étouffées sous la neige ? christie aux mains souillées ne saurait ramasser sa poupée : il était fini le temps de la dame et du valet (de pique de trèfle ou de carreau)
tu… tu veux rentrer ? à vos cœurs malmenés – sortez les épées.
Bien sûr, bien sûr qu'elle veut rentrer ! Elle tremble de froid sur le pas de cette porte, elle tremble de peur, elle tremble d'être en face de toi. Tu n'as rien d'un monstre pourtant oh non, c'est bien même tout l'inverse. Tu es sa sœur pour sûr mais tellement plus qu'à l'idée ne serait-ce que de penser à toi son coeur se serre.
Bien sûr qu'elle veut rentrer...elle veut se changer, elle veut rire elle veut faire partie de ce cirque elle veut elle veut elle pensait trouver ici une famille sans remords elle pensait ici se refaire et briller telle une nouvelle étoile, et tu ne l'auras plus reconnue et tu l'aurais peut-être enfin connue pour ce qu'iel est alors le souvenir de la terrible dispute aurait pu couler sous la rivière.
Mais cette confiance que Lizzie recherche tellement, ce port de tête qui semble couronner toutes les reines dont tu fais partie, elle a bien du mal à à s'en draper, ses pieds tâtonnent dans la neige immaculée comme dans un univers encore jamais habité. Lizzie bien qu'elle fut déchue, après tout, n'est que valet, et n'a donc jamais porté de couronne. Le poids de cette beauté la fais crouler, Non contente de ne pas pouvoir être trapéziste, Lizzie ne sera donc pas non plus équilibriste.
Mais avec le temps Elle pourrait devenir tellement, tellement de choses ! Il y a du monde ici qui l'apprécie, son monde, même si tous ne l'ont pas accueillis non plus à bras ouvert, au moins ceux qui comptent oui. et puis te voici, alors qu'elle n'a rien eut le temps d'accomplir, alors qu'elle n'a pas eut le temps d'apprendre à se tenir droit ni à recoudre ses robes.
Alors qu'elle n'a pas eut le temps d'apprendre à savoir te dire qu'elle ou il ou qu'importe ce que le monde a décidé à sa place, qu'importe lizzie ou benji qu'importe tout ceci Christie Lizzie est toujours, toujours la même personne, Lizzie est toujours un peu de tout un peu de rien du tout un peu en marge de tout ces mots.
Et que ce n'est pas important après tout, ce qu'on décide ce qu'iel fut, parce qu'elle sait, qu'importe. c'est autre chose, pour lequel elle n'a pas besoin de mot, (et donc, tous sont bons) juste besoin de ton pardon.
Pardon Christie pense la poupée. Elle continue de pleurer en silence et fini par rentrer, reforme la porte sans la claquer. Pardon de ne pas vraiment être elle, pardon de parfois sembler être il, et Lizzie espère surtout, malgré son manque de confiance, malgré cette absence de mot convenable, que Christie la pardonne avant tout de n'être vraiment aucun des deux.
(oh ce n'est pas qu'il n'en existe pas des mots, apparemment il y en a, Quinn et Galathée lui ont appris un peu tout ça, mais pour Lizzie les mots sont devenus tranchant, et avec précaution il préfère éviter de se faire enfermer dans leur miroitant carcan.)
N'est-ce pas le plus d'important ? d'être soi d'être libre Lizzie pense qu'il n'y a sûrement que les oiseaux en cage qui peuvent comprendre ce sentiment.
Tu...travailles ici ?
Sa voix est hésitante, éteinte. Elle ne te regarde pas dans les yeux, oui elle a envie de te dire tout ça mais ses lèvres se meuvent à peine, semblent comme muettes sur le sujet. La pression est si forte qu'elle ne sait même plus au final si elle tremblote de froid ou d'anxiété, mais malgré qu'elle ne possède pas le joli port, au moins peut-elle essayer de faire semblant. La jeune personne se déplace jusqu'aux cintres au fond de la pièce et comme à regarder une tenue adéquate pour sa frêle constitution, farfouilles parmi les froufrous et les juste au corps avec le relief que ça lui donne le temps, le dos tourné, d'essuyer ses larmes et d'essayer de tenir sa garde comme Enzee le ferait.