Le minois camouflé sous un marquage éphémère,
de la tête au pied là voilà dans sa tenue de guerre.
Venise s'endort et de son eau profonde les remous de Vendredi émergent, viennent déborder de ses calmes rives.
Voilà encore un soir où elle est une fluide panthère, elle s'écoule avec confiance le long du trottoir en direction de la jungle du coin.
Mais avant de pouvoir rejoindre son territoire, le vendredi patiente à mi-chemin que d'autres animaux sauvages, euphoriques, rejoignent son convois.

Assise sur un rebord d'une inconnue fenêtre, Vendredi déforme le monde en une bulle élastique alors qu'elle se fait interpeller par un timbre qu'elle ne reconnait pas de suite, mais masculin pour sûr.
Les jambes croisées, elle affiche son plus beau dédain en tournant son visage en direction de la voix, prête à feuler son chewing-gum s'il le faut.
Vendredi a toujours eut un peu de mal à s'entendre avec ces messieurs, mais au bonheur de la dame aux joues pailletées, il ne s'agit que d'un oisillon : doux, encore innocent, digne de protection. Sa bulle remballée elle lui décoche un large sourire, plus que surprise de le croiser à cette heure-ci.

Oooh Ivan ! Elle lève une main pour lui faire coucou et signe de s'approcher en même temps, ses bracelets grelottant entre eux sous la vivacité de son geste. Qu'est-ce que tu fais ici ? Oh ! les courses hein ? Quel jeune dévoué ! Son sourire sur-dessiné est aussi rougie que la joue d'Ivan après qu'elle lui ait pincé telle une tante facétieuse.

Mais trêve de bavardages ! Vendredi claque ses cuisses du plat de ses mains, et prend une pause de diva sérieuse, comme si tout ce qui concernait la soirée était de la plus haute importance.

J'attends une amie, mais ce n'est pas sûr qu'elle vienne, hier elle était couchée au lit avec une vilaine grippe mais elle a tellement insisté pour que je l'attende, apparemment elle s'est préparée hier et tout aujourd'hui un remède qui devrait lui redonner un tonus d'enfer pour ce soir ! J'aurai pu la conseiller mais elle est tellement têtue ! Vois où ça la mène ! Nulle part ! Puisque je suis seule ici... enfin... elle lui adresse de ces sourires que l'on octroie aux confidents.

La jeune fille a  pris l'habitude d'écouler quelques cocktails chez elle tout en se préparant : ça fait parti à présent de son rituel. La joie ajoutée se sent dans son comportement, elle balance ses jambes et entend déjà au fond d'elle les mélodies fiévreuses.

Oooh c'est tellement dommage pour elle, il y a ce nouveau groupe underground ce soir qui est super populaire en ce moment à Portland, j'ai vu des vidéos d'un live il est vraiment fou ! En plus j'ai déjà sa place sur moi et j'ai dis que je venais accompagnée Aaah... sa moue boudeuse très surfaite semble quand même posséder un fond de sincérité alors qu'elle s'inquiète muettement pour son amie, mais là n'est pas la question. La question est qu'elle n'a jamais vu Ivan se défouler et ça, ça démange sa curiosité. Et toi Ivan ? Tu es bien occupé ce soir ? ça me fait plaisir de te voir, on a pas beaucoup l'occasion de se parler au lycée, après tout, pas dans la même classe, pas dans le même groupe d'amies, et je suis toujours si occupée ! Son soupire est loin d'être dépité, au contraire, on dirait que ça lui fait plaisir d'avoir un planning toujours chargé. Ta petite bouille tombe bien, elle me manquait.

Et elle fait mine de revenir à la charge avec sa pince de crabe mais, juste mine, sachant bien qu'elle est plus embêtante qu'autre chose avec ça, plus chiante peut-être même, mais l'idée de réussir à te taper un jour sur le système la fait rire dans un éclat. Ah décidément ! Vendredi adore tellement les jeunes garçons dans ton genre encore mignon à cet âge, parfait à chahuter, avant qu'ils grandissent et devienne de terne porte-manteau.