Everyone has a secret ; feat. Reese Il est tout proche, si proche, tellement proche ; et tu le gardes tout proche, si proche, tellement proche. Tu sais pas, tu sais plus quoi faire, t'es pas doué avec tout ça, tu l'as jamais été. Ça a jamais été compliqué, avant : tu disais les choses, il les disait aussi, et c'était tout, pas de drame, pas de fatigue, pas d'hésitation. Mais c'était un autre moment, un autre temps, une autre vie. Y'a ton corps qui vibre, qui palpite et qui tremble ; qui semble vouloir tout lâcher, tout abandonner et dire merde, viens on redevient des enfants. Y'a ton cerveau qui veut être logique, qui veut calmer ça, qui veut trouver une solution adulte, et y'a tout ton cœur qui te dit de laisser tomber, de lui prendre la main, et d'aller vous briser, d'aller boire à vous en oublier, d'aller rire à en pleurer, d'aller danser à n'en plus marcher. T'as envie d'avoir dix-sept ans de nouveau Calum, avoir dix-sept ans, quand ta vie était simple, quand la sienne était compliqué, que tu pouvais l'aider, que tu savais quoi faire. T'as envie d'avoir dix-sept ans Calum, et de pas le laisser filer, de le rattraper, de le chercher, de pas le laisser tomber.
T'es perdu dans ta tête, Calum, ton esprit fait des siennes et t'as juste envie de laisser tomber ; de tout arrêter, de lui dire : allez viens, on fait comme si on avait dix-sept ans, quand tout était bien.
— Me paie pas... et... ne pars pas, reste avec moi, même si je te fais profondément chier... m’abandonne pas...même si je fais n'importe quoi, surtout si je fais n'importe quoi... m'abandonne pas... pas comme moi j'ai oser le faire avec toi...
Et tu lâches un léger rire. Un rire qui ressemble plus à un soupir, un rire qui ressemblerait presque à un sanglot. L'abandonne pas comme il l'a fait avec toi. Et t'as un peu envie de chialer. Il est parti, il le sait, il l'assume, il est parti et il t'a laissé tomber, il est parti sans te laisser un message, alors qu'à l'époque, ta vie, tu l'imaginais pas sans lui, un peu comme si toi et lui, c'était pour la vie, dans cette idée que rien n'était éphémère. T'aurais dû comprendre que ça l'était quand Jack s'est suicidé. Un soupir et tu continues de faire monter et descendre sa main dans son dos. Tu ne sais pas quoi lui dire, Calum, tu ne sais juste pas, t'es perdu, paumé, et tu veux juste le retrouver, essayer de comprendre tous ces sentiments, ces trucs contradictoires qui vont et qui viennent. Putain quelle merde.
— Okay. Okay. Toi et moi. On s'abandonne pas. Je t'abandonne pas, je reste là.
Et y'a ton téléphone qui vibre, qui te ramène à la réalité, mais tu le laisses sonner, vibrer contre ta cuisse. Tant pis, c'est pas important, plus tard. Oui, tu feras ça plus tard. Et un rire t'échappe alors que tu le maintiens toujours contre toi.
— On est un peu con quand même, hein ?
Un peu beaucoup, même. Un peu trop aimant, un peu trop aimé. Vous étiez là sans trop savoir quoi faire, et t'étais là, avec lui dans tes bras, et t'avais qu'une envie Calum, qu'une seule envie, qui faisait battre ton cœur un peu plus vite, battre ton cœur un peu plus fort : l'embrasser. T'as qu'une envie, c'est celle de l'embrasser, de le comprendre, de l'aimer, de lui dire que ça va aller. Mais tu t'en empêches, parce que tu ne sais même plus vraiment si tu l'aimes encore, parce que tu n'as pas le droit de l'embrasser, pas avec tout ce que tu fais. Parce que finalement, t'as juste plus le droit de l'aimer.
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Mar 24 Oct 2017 - 20:22
Il t'abandonne pas, il reste là avec toi et tu le sais, tu le sais qu'il a toujours été là, qu'il est quelqu'un d'inestimable et de remarquable -- mais c'est ça qui te dérange pas vrai ? C'est l'idée qu'il ait pas changé, qu'il soit resté le même après toute ces années ; t'aurais voulu qu'il change, hein ? Parce que s'il avait changé, s'il avait changé, tout serait tellement plus simple et peut-être, peut-être que t'aurais réussi à t'échapper, à tourner la page et à avancer mais c'est fini à présent, c'est fini, parce qu'il est revenu, il est revenu et à cause de ça, t'es perdu.
Son rire c'est comme une nouvelle entaille dans ton cœur mort, t'as envie de te blottir contre lui, t'as envie de l'enlacer comme pour pouvoir atténuer une douleur, une blessure, comme si tu n'étais pas la cause de ses tourments mais tu sais aussi qu'il est la cause des tiens ; mais vous êtes pourtant là, l'un contre l'autre, comme des amis, des meilleurs amis, des amants, de faux amants, vous êtes là, après des années, dans ce parking sombre, mal éclairé à la fraîcheur de l'automne.
— On est un peu con quand même, hein ?
C'est à ton tour de rire, de ce même rire si triste et tu laisses retomber tes mains lentement, glissant sur ton visage alors que tes prunelles se relevaient pour tomber dans ses yeux et vous étiez proche, trop proche, t'essaies de calmer les battements qui s'engrainent dans ta cage thoracique avec la ferme résolution de ne pas baisser le regard plus bas, juste plus bas, un tout petit peu plus bas -- tu lui souris, un peu fatigué, c'est vrai, un peu mélancolique, c'est vrai, mais un sourire qui ne ment pas, un sourire qui semblait acquiescer tes paroles si vrai.
— C'est vrai... on ne se refait pas... mh ? et tu sembles aussi désolé qu'amusé.
Tu baisses à nouveau les paupières, juste assez pour ne pas le regarder, plus bas qu'il ne faut pour être sûr, certain, de ne pas être dévoré par cette envie, cette envie irrépréhensible, cette envie qui te consume de l'intérieur, cette envie, ce besoin de l'embrasser ; t'as l'idée de t'échapper comme celle de rester, tu veux fuir et reporter tout à demain ou rester là ce soir, jusqu'au lendemain, jusqu'au petit matin -- t'as envie de le laisser tranquille, de le laisser souffler, de ne pas l'accaparer et t'as envie de l'envahir, de rester, de pas le lâcher.
— Je te l'ai jamais dit assez, tu sais... mais merci, Cal. Genre, merci... et ce sourire est si doux, si tendre, si paisible malgré cette histoire d'amour risible.
tu le remercies pour rester là tu le remercie pour ne pas jouer avec toi tu le remercie pour toute ces fois, cette dernière fois tu le remercie pour ne pas t'avoir laissé comme ça
-- malgré que toi aussi, tu n'ais plus le droit de l'aimer.
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Mar 24 Oct 2017 - 21:22
Everyone has a secret ; feat. Reese Son rire accompagne le tien, vient le combler et tu restes là, à le garder contre toi, ne sachant pas trop quoi faire, ne sachant pas si tu dois reculer ou non. Y'a ton cœur qui bat trop vite, et y'a vos regards qui se croisent, qui ne se lâchent pas, et tu as cette terrible, terrible envie de l'embrasser. Et tu essaies de te convaincre, Calum, tu essaies vraiment. C'est l'instant, c'est ce que tu ressentais avant,t u peux pas l'aimer encore, tu ne peux pas, n'est-ce pas ? Et peut-être, peut-être que t'as jamais arrêté de l'aimer, finalement, peut-être que ton cœur n'a jamais cessé de ne battre pour lui. Tu sais pas, tu sais plus, tu es perdu.
Et puis tu sais, il te regard, il baisse les yeux, il te remercie. Et ce n'est pas une conversation que vous devriez avoir alors que tes bras l'entourent, alors que ton visage est si proche du sien et que ta seule envie c'est de le faire taire par tes lèvres. Vous ne devriez pas avoir ce genre de conversation, un peu sérieuse, un peu... tu ne sais pas, mais dans tous les cas, pas comme ça. Et au fond de toi, y'a cette toute petite voix qui te dit que t'en as rien à foutre, qui te dit qu'il faut que tu fasses quelque chose, que tu bouges, que tu te recules, mais tu ne l'écoutes pas, au contraire, tu le serres une dernière fois, dans une dernière pression, et tes lèvres vont pour effleurer une de ses tempes, mais tu t'arrêtes en chemin, recules alors en le lâchant, fourres tes mains dans les poches de ta veste.
Tu te recules, loin, loin très loin. A deux ou trois pas, détournant le regard d'un coup, les joues rouges à cause de cette envie terrible et tu hausses les épaules alors :
— C'est pas... t'as pas à me remercier, je fais rien. Sérieux Reese, j't'ai laisser tomber. J'ai fais d'la merde, et crois pas que j'vais pas essayer de te faire laisser tomber ce boulot. Je vais tout faire pour que t'arrêtes de faire ça. Alors, j'suis peut-être plus ton meilleur pote, mais ne crois pas que je vais accepter ça. Tu vaux mieux que ça.
Tu cherches son regard, le trouves et tu restes là, à le regarder, à l'observer, le détailler. Non, tu ne vas pas laisser tomber, tu vas le faire chier pour qu'il trouve autre chose, quelque chose de sain, qu'il trouve du boulot où t'auras pas à t'inquiéter pour sa sécurité. Et t'as pas le droit de faire ça, de t'imposer, de dire que tu t'inquiètes alors stop, et c'est pourtant ce que tu fais, tel le fils unique à qui on a jamais rien refusé. Tu dis les choses, et tu attends qu'on acquiesce et qu'on te donne ce que tu veux. Et tant que tu n'auras pas ce que tu veux, tu ne lâcheras pas Reese. Même si c'est pas ton rôle. Même si t'as rien à dire, parce que tu n'es plus rien.
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Ven 3 Nov 2017 - 20:27
Ferme les yeux, inspire bien fort, expire et relâche ; écoute, écoute Reese, tu ne dois pas être là, tu ne dois pas rester là, enfuis-toi, pars loin, parce que tu ne le mérites pas, tu ne devrais même pas être, même pas exister, à cet instant précis, t'es une anomalie intemporelle -- parce que la vie est trop cruelle.
T'aimerais l'enlacer à ton tour, t'aimerais fermer les yeux et te laisser aller, t'aimerais, juste, juste accepter, juste acquiescer, te noyer dans son odeur et peut-être pas, pourquoi pas, toucher du bout des doigts, cette parcelle de bonheur - de douceur - de chaleur.
Mais tu ne le fais pas, t'oses pas, t'oseras jamais n'est-ce pas ? T'oses pas, t'as osé et regarde, regarde où tu en est -- regarde, regarde, regarde ce que t'as fait ; y avait ce lui et toi, ce toi et lui, il y avait ce vous et puis, et puis il y a eu juste lui et puis, et puis, il y a juste toi -- le temps d'un instant, d'une seconde trop longue ; tu déglutis, tu te sens mal, ça semble indéfinissable.
Pourquoi ? Pourquoi est-il si proche ? Pourquoi se resserre-t-il autour de toi encore plus fort, toujours plus fort ? Pourquoi ne s'en va-t-il pas ? Pourquoi faut-il toujours, toujours qu'il soit comme ça ? -- t'as l'impression que ton cerveau va imploser, les yeux baissés, t'aimerais soudainement t'enfuir, partir et quand enfin, enfin il s'éloigne et que ces mots s'enchaînent jusqu'à former des phrases -- tu te dis, tu te demandes, pourquoi, pourquoi...
...pourquoi t'as pas sauté.
— Tu m'as pas laissé tomber. claques-tu violemment, avec une force impressionnante qui ne te ressemble pas, avec une assurance particulière si différente de ta nonchalance, avec un sérieux qui ne te vas pas.
Tu sembles toi-même t'étonner, plonge tes yeux dans les siens avant de les détourner, te mordant imperceptiblement les lèvres - merde, merde, merde ; pourquoi, pourquoi -- il suffit qu'il soit là pour que ta vie s'arrête et que ton existence commence.
— Tu m'as pas laissé tomber... souffles-tu avec une tristesse infini, avec une douleur imprononçable, les prunelles toujours rivé sur le sol, honteux, honteux, honteux -- miséreux.
— T'as toujours été là... c'est moi qui... ce jour-là je...
fuis, fuis, fuis, fuis, fuis
((envole-toi))
— T'es plus que mon meilleur pote, j'vaux rien du tout sans toi.
((envole-toi))
et écrase-toi.
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Ven 3 Nov 2017 - 20:52
Everyone has a secret ; feat. Reese T'as l'cœur en ébullition, t'as l'impression d'être en apesanteur. Il parle, te reprend, avec cette violence qui ne lui ressemble pas, d'une seule respiration, d'une seule pression. Et t'sais, t'as l'impression de te prendre une claque dans la gueule. T'en as rarement pris, des claques dans la gueule, t'as pas un statut qui te permet de prendre des claques dans la gueule, mais la moitié de celles que t'as pris, c'est Reese qui te les a donné. Là, comme ça, de cette façon-là. Et t'sais, tu comprends pas, tu comprends pas vraiment, t'arrives pas à comprendre, et ça te gonfle, ça t'horripile, ça t'énerve. Tu veux juste que ça s'arrête, tu veux juste comprendre, essayer de ne pas avoir envie de te taper la tête contre les murs. Et tu soupires, soupires encore, de ce long soupir, qui montre bien que tu en as marre.
T'en as marre de te battre, de pas comprendre. Et il continue, tu sais, et il te parle, de ce jour-là, et tu le regardes, de tes grands yeux noisettes, de tes yeux banals. Quel jour-là ? De quoi parle-t-il ? Pourquoi tu ne sais pas ? Qu'est-ce que tu ne sais pas ? Qu'est-ce que tu ne connais pas ? Pourquoi tu ne retrouves pas ce jour-là ? Ça devrait être important, non ? Tu ne comprends pas. Tu ouvres la bouche, pour lui demander, mais il reprend, reprend et te coupes avant même que tu ne puisses lui demander... mais quel jour-là ?
— Arrête.
Et tu le stoppes, de cette voix autoritaire, bien trop violente, bien trop puissante. De cette voix qui claque dans ce parking vide, de cette voix qui résonnerait presque entre les carcasses de fer. Et tu le regardes, les sourcils froncés, les bras croisés, parce que tu en as marre de ne pas le comprendre.
— Avec ou sans moi, t'as toujours valu plus que tu ne le pensais. Et ça fait quatre ans qu'on s'est pas vu, tu vas pas me dire que tu vaux rien, c'est pas vrai. Je te croirais pas. Je te crois pas. Parce que je sais ce que tu vaux. Et...
Un soupir, une hésitation, et ça se sent. Tes bras se décroisent, tes mains retrouvent tes poches, en ressortent. Une vient emmêler tes cheveux, et tu le regardes, tu le regardes, un peu perdu, un peu sans comprendre, et au fond de toi, un peu paniqué quand même, un peu paniqué de ne pas te souvenir, de ne pas savoir ce que tu as fais, de ce que tu as merdé. Parce que t'as forcément merdé, n'est-ce pas ?
— Et c'est quoi... « ce jour-là » ?
C'est quoi, ce jour-là dont tu ne me parles pas ?
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Ven 3 Nov 2017 - 21:30
Tu la sens, hein ? Cette pourriture, cette moisissure qui s’immisce, qui se glisse dans tes entrailles, qui se rampe et qui grignotte, qui te grignotte de l'intérieur -- oh oui, tu la sens ; tu la sens depuis ce jour, ce jour si important que tu n'as pas pu réduire en soirée, parce que ce jour, c'est le jour où t'as tout perdu, c'est le jour où, grâce à quoi, t'as survécu.
((arrête)) et tu t'arrêtes.
Alors il parle, il parle et parle encore et tu écoutes - tu te tais. Tu te manges les lèvres, tu te forces à affronter son regard alors que tu n'as qu'une envie, qu'un besoin, celle de tourner les talons et de ne plus, plus jamais revenir -- encore une fois ; mais t'oses pas, t'oseras pas, parce que tu peux pas, tu peux pas t'en aller comme ça, pas comme la dernière fois ; t'en a pas le droit.
Il te dit des choses, de ces choses qui réchauffe le cœur, mais avec tant, tant d'intensité que ça te brûle, ça te consume jusqu'à en devenir douloureux, jusqu'à faire mal, jusqu'à étouffer dans ton propre corps avec cette impossibilité de t'échapper ; non, non, tu vaux rien, tu vaux rien sans lui parce que s'il n'était pas là, tu ne serais pas là, s'il ne te retenais pas, tu ne serais pas là, tu vaux rien sans lui parce que sans lui tu n'existerais pas.
Tu le sens fébrile, tu le sens exaspéré, tu le sens désemparé et t'as l'impression de revenir quatre ans en arrière et ça te brise, ça t'entaille jusqu'à faire mal, t'arrives pas, t'arrives pas à baisser les yeux, t'arrives pas mais tu sais, tu sais que si tu ne réussis pas, tu pourras pas, tu pourras pas endiguer le flot de pensées, de regrets qui s'écoulera de tes yeux jusqu'à glisser sur tes joues pour se perdre tu-ne-sais-où.
— Et c'est quoi... « ce jour-là » ?
T'es tétanisé. Tu le regardes sans le voir, tu baisses ensuite les yeux et tu restes là. T'es tétanisé. Tu restes là, prostré, les jambes dans l'impossibilité d'avancer pour s'excuser ou de reculer pour s'échapper. Ca vrille dans tes tympans, t'as l'impression que les battements de ton palpitant son assourdissant et ton silence, ton silence n'en est que plus bruyant -- t'oses pas, tu te tais, t'oses pas, t'as envie de tout arrêter ; t'as brusquement envie de pleurer - tu déglutis à peine comme pour t'empêcher de vomir et tu te mord si fort, si fort la lèvre qu'une perle rouge se glisse sur ta langue.
T'es tétanisé -- t'as envie de t'excuser, de t'échapper, de t'expliquer, de tout garder ; et tu bouges pas, tu te tais -- tétanisé ((par la peur et la honte)).
parce que tu dis rien Reese, tu dis jamais rien --
-- parce que la dernière fois que tu l'as fait
c'était « ce jour-là »
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Sam 4 Nov 2017 - 0:04
Everyone has a secret ; feat. Reese Tu ne sais pas, tu ne sais vraiment pas, Calum, tu n'arrives pas à comprendre, et ça t'énerve. Tu n'as jamais été dans l'incompréhension, tout à toujours été simple pour toi, tu as toujours tout compris, parce que tout a toujours coulé de source ; tout t'a toujours été donné, expliqué quand tu ne comprenais pas, et rester dans l'indifférence, rester dans l'incompréhension. Alors tu le regardes. Tu le fixes, ne le lâches pas du regard, et tu attends, attends qu'il te réponde.
Et il baisse la tête. Et il coupe votre échange. Il y met fin.
Ta langue claque contre ton palais et ta voix va pour s'échapper de ta gorge, violente, brûlante, méchante. Tes dents se serrent et tu tentes désespéramment de ne pas t'énerver, de ne pas le secouer dans tous les sens. Tu as l'impression d'avoir devant toi une toute autre personne, ce n'est plus le Reese que tu connaissais, et finalement... peut-être que ce n'est pas plus mal ? Tu ne sais pas, tu ne sais pas vraiment.
— Je comprends rien. Et j'aime pas ne pas comprendre. Tu sais que je déteste ça. Alors explique moi.
Et tu t'empêches réellement de le secouer, tu t'empêches d'attraper ses épaules et de lui dire de t'expliquer. Tu t'en empêches, et tu ne bouges pas, restes immobiles devant lui, les mains dans les poches, à ne pas savoir quoi faire, perdu, désorienté.
— C'est quoi « ce jour-là », Reese ?
Et tu as presque envie de le supplier.
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Sam 4 Nov 2017 - 1:01
Tu te l'ai promis -- tu te l'ai promis de lui dire, de lui avouer ; quand ton pied a frôlé le vide, quand tes yeux ont caressés ciel - c'était une promesse immortelle.
Il reprends la parole, brise ce silence absurde qui s'écoule pour se changer en autorité et tu ne peux que relever le regard une nouvelle fois, une énième fois et tes bras viennent enlacer ton propre corps comme pour se protéger de tes mots, de ce qu'ils impliquent, comme pour compenser ce manque, ce manque qu'on crée tes bras ; tes bras auquel il pense quand il est dans ceux d'un autre.
T'as pas su prendre la parole, t'as pas su lui répondre, t'as pas su réagir, parce que tu ne sais pas quoi faire, t'es tiraillé entre ton envie de partir et ce besoin de rester, tu ne sais pas quoi faire alors tu ne fais rien ; t'as ce côté si simple et compliqué qui en devient horripilant, qui l'oblige à prendre une nouvelle fois les devant -- mais t'as pas le droit non plus de rester là, sans rien faire, et puis, et puis, et puis...
...tu lui as promis.
— C'est quoi « ce jour-là », Reese ? — C'était... réponds-tu à peine avant de fermer les paupières, détachant tes bras de toi-même pour passer tes mains sur ton visage, appliquant tes doigts froid, frais, frigorifié en vérité sur tes yeux clos comme pour appaiser un mal de tête que tu avais peine à déceler, tant, tant c'était trop d'un coup -- trop de chose dans ta tête, trop de choses auxquelles tu penses, trop brusquement, trop précipité, t'as cette impression que tout va trop vite, que tout se précipite, qu'un seul de tes mots à brisé ce quelque chose entre vous -- mais il n'y a rien, entre vous, Reese, il n'y a rien ; n'est-ce pas ? Il n'y aura jamais rien, parce que pour lui, pour lui c'est fini.
— Okay... Okay... Okay.... D'accord.... poursuivit-il en laissant couler ses doigts jusqu'à ouvrir ses prunelles, affrontant ton regard, ce regard qui l'avait sauvé, ce regard qui l'avait tué -- cette impression qu'il essaie de taire ses propres pensées ; et merde, merde, merde, tu sais pas ce que tu fais, tu sais pas ce que t'acceptes, tu sais pas, tu sais pas et t'es terrifié, t'es tellement mal que tes mains en tremble et à cette simple constatation tu formes des poings comme pour les contrôler, comme pour te contrôler et peut-être, ainsi, te donner du courage comme pour te raccrocher.
— Je vais tout t'expliquer, c'est juste... je, merde... juste, pas ici.
Pas ici sur ce parking sombre et mal éclairé, pas ici à la vue de tous, pas ici alors que tu semblais mourir de froid ou peut-être était-ce cette conversation qui te glaçait de l'intérieur -- et tu sais pas ce que t'acceptes, t'as juste ce besoin de le combler, ce besoin de te rattraper, ce besoin de t'excuser, ce besoin de lui expliquer ; mais t'es même pas effrayé Reese, t'es apeuré.
et finalement, finalement, t'as toujours voulu lui dire dès que tes yeux se sont posés sur lui, t'as voulu lui dire "je peux tout t'expliquer" et c'est sorti tout seul, t'as pas réfléchis comme si ça tombait sous le sens, comme si tu lui devait comme si, au fond, tu pouvais rien lui cacher