Une journée
Encore une journée
Et l'enchaînement du temps
Qui entraîne
Les minutes entre elles
Et les boucles des secondes infinies.
La bibliothèque ;
Il n'en faut pas beaucoup plus
Pour écrire.
Sverige fait souvent des siennesIl ne peut
Qu'écrire
Encore et toujours.
Le café est déjà vide
La tasse échouée à côté
De se main d'albâtre
Ses doigts effilés
Qui filent sur les pages veloutées de son cahier
La couverture de cuir vieillies
De toutes ces années passées
A gratter ses histoires
Sans fin.
Les cernes lui rongent un peu
Le visage fin
D'une peau glaciale
La concentration dans son regard.
Ses mots ne s'arrêteront jamais.Il ne veut pas
Ecrire la fin
Il devrait aller se chercher un café.
Pourquoi pas
Après.
Il l'a déjà remarquée en réalité
Un regard qui le fixe
De loin ;
Mais il fait comme si il n'en savait rien.
Les simulacres infinis.Il ne souhaite pas
Il ne veut pas
Entrer en contact
Sinon pour la chasse
Le plaisir pur et simple
Bestialité.
Mais le manque de café
Ou simplement l'impossible immensité?
D'une force faible de l'esprit incapable
De quelconques interactions sociales.
Elle l'a abordé
Pourquoi.
Les mots dansent encore dans son esprit fermé
Il a envie d'observer ses lignes temporelles
Ce n'est pas poli
Et ses paroles s'emmêlent
A ses divagations
Folie ;
Infinie.
Admiration
Ce mot ne conviendrait pas à son être
Simplement
Purement
Déséquilibré.
Il affronte
La mort
En face
La vie
De dos
La tentation du café est trop forte.Alors il relève la tête
Lui rend ce regard froid
Impassible
Sans pour autant vouloir l'effrayer
Mais elle semble toute aussi étrange La fille aux rites satanistes.
Les rumeurs courent
Volent
S'étiolent dans le temps
Simulacres éternels.Il ne faut pas toujours y croire.
Amélia.
Est un nom qui résonne quelque part dans son esprit.
Quelqu'un le lui a déjà dit
Formé de ses lèvres
Le modelage des sonorités.
Harland.
Cet imbécile
Qui est son protégé
Il n'est pas débile
Il parle juste trop
Pour quelqu'un comme Talv.
Quel lien ont ces deux jeunes gens ?
Il n'a pas cherché plus loin
Simplement traîné le jeune homme par les oreilles
Puis enchaîné sur une autre conversation.
Il finit par tout oublier.
Les méandres des mémoires sont abyssales
La préférence se fait aux mots
Aux lignes matérielles
Visibles
Lisibles
Qu'il ne montrera jamais à personne.
Ses doigts longs
Sa main pâle
S'emparent
Presque avec amour
De ce café salvateur.
Il ne dit rien
Ne parle pas
Ne lui adresse pas tout de suite la parole
Le goût suave de la boisson s'étend sur son palais
Caresse chaleureuse sur sa langue.
Laisse le goût monter pour chasser le sommeil
Sommeil infini
Dans la danse morbide d'une chasse inachevée.
Enfin il la regarde
Elle a le droit de s'asseoir en face de lui oui
Qui pourrait le lui contester ?
Le droit du libre-arbitre humain
Et celui des proies.Les lignes du temps qui pulsent sur sa peau fine
Sont presque les mêmes que Harland
Talv l'hiver
Cligne des yeux
Et les lignes d'argent disparaissent
En pulsant
Les veines du passé
Et l'incertitude du futur.
Il ne sait pas quoi dire.
Un signe de tête pour la remercier du café
Elle prend du thé
Talv ne comprendra jamais.
Les sons doivent bien finir par sortir
De ses cordes vocales si peu utiliser
Si ce n'est pour inviter ses proies
A la fin de leurs souvenirs.
« Je suis bien Talv. »
Les nouvelles circulent vite.
« Puis-je savoir en quoi je vous inspire ? »
J'avoue je ne comprends pas.
Il ne sait pas faire la conversation
Et le gobelet de latte
Se reporte à ses lèvres fines
Dans un sensuel baiser
Aspirant l'essence même
De son contenu.
Il n'attend aucune réponse.
Ou justement il ne sait pas
Qu'attendre
D'une conversation
Peut-être bien
Peut-être bien
Qu'il est de ces êtres
Qui savent tout
Mais ne savent rien.
Et l'attente se fait dans celle d'une réponse
Alors que ses doigts fins d'écrivain
Jouent avec son stylo plume
Et que la graphie s'étend déjà dans son esprit
Sans souvenir aucun.