De retour,
sorti du palais immaculé, cet hôpital qui m’a servi de demeure, si ennuyeuse, pendant ce temps,
si court et si long,
à la fois.
de retour ici, mais pas perdu comme avant,
autour de moi, on m’observe, parce que le bruit court,
(vous savez,
l u i,
ce type,
il a voulu se tuer.)
alors parfois, quand j’entends ce genre de murmures à quelques mots près,
je le dis haut et fort,
c’est v r a i.
alors vous sentez le malaise si présent si menaçant, puis vous vous taisez,
(mais pas à tout jamais.)
car quand j’aurais le dos tourné, vous trouverez vos propres raisons,
vos propres rumeurs,
à aller cracher autour de vous, tel un rituel incessant,
et vous ne trouvez pas ça lassant, non,
(vous êtes bien cons.)
l'ignorance c’est la plus tendre des armes, si déjà, on a encore de la patience,
je crois que je l’ai perdu, je ne suis pas sûr, je crois bien que,
quelqu’un m’a tout retiré.
qui ?
je voudrais bien savoir,
(son identité.)
le plateau dans les mains, j’en libère une pour chercher la pomme parmi les autres, tout au fond du couloir, elle sera mon dessert, mon trésor, que personne ni touche,
ni toi flynn, le parfait inconnu que je croise dans la salle,
(on m’a parlé d’un flynn,
d’un lycéen,
la chevelure aussi blonde que les blés,
je ne vois que ça, je ne vois que toi…)
mais le doute est toujours là,
j’ai peur de t’accuser à tort parce qu’en cours, tu es si discret, si doux et tu ne dis rien de mal, mais est-ce une simple apparence que tu veux nous montrer ?
le masque du petit ange,
(mal intentionné.)
alors je m’installe en face de toi, parce que ça me turlupine toute cette histoire,
(elle m’assassine.)

- salut,
c’est flynn, ton prénom, nope ?

l’estomac se tord, c’est l’effrayante hésitation de me dire,
que j’ai perdu et que tu es forcément innocent.
je ne te connais pas vraiment alors pourquoi,
j’ai l’impression d’avoir,
(r a i s o n.)

Tu me réponds, si innocent, flynn,
qui es-tu, qui se cache derrière ?
y'a t-il une coquille de verre, que je pourrais transpercer et voir ton vrai visage ?
hésitation encore encore.
(mais il connaît bien mon prénom.)
nous partageons les mêmes salles de cours c'est évident qu'il sache,
mais est-ce qu'il en sait plus qu'un simple petit nom,
qu'une simple syllabe, qu'un son qui résonne si familièrement,
joy c'est banal, joy c'est court et facile à retenir, joy c'est juste trois lettres, c'est juste ça.
et rien d'autre.
je me sens un peu parano alors je me serre de l'eau pour hydrater ma gorge endolorie par la sècheresse.

- oui c'est ça.
on est dans la même classe.

je tapote mon doigt contre le plastique du plateau,
mes yeux virées sur mon assiette contenant le repas que je devrais commencer à manger.
un manque d’appétit prononcé,
alors je laisse tomber.
mon corps est figée, par une angoisse des plus tenace,
une main sur ma nuque je songe aux mots que je vais employer,
je réfléchis au sujet que je compte aborder.

- j’me demandais un truc.
tu connais du monde ici, non ? genre regal holmes ?

quelle idée,
mais c'est passé, plus de retour en arrière possible.
c’est terminé,
il va peut-être tout simplement nier.
dans ce cas je n'aurais aucune preuve que tu sois,
le f l y n n.
(qui a tenté de me pourchasser.
de m'anéantir,
de me poignarder,
avec si peu de choses,
qui en causent de plus fortes.)

C’est quoi ça,
on se connait même pas,
((alors pourquoi,
alors c’est quoi ?))
ton miel me paraît exagéré,
tes paroles ont l’air bien maniérées,
c’est un sacré tour de passe passe, alors je souris,
((perdu dans le jeu du chat et de la souris.))

- euh, ça va, t’inquiète.

...
((puis merde))
je n’ai aucun temps à perdre,
flynn, tu sais, flynn, je crois bien que je suis tombé,
sur le plus innocent, capable de nous entuber.
t’as l’air sympa comme ça sur le tas,
je me lance, tant pis, tout dépendra du résultat.
((trois, deux, un, z é r o.))

- t’as son numéro non ?
il me semble que tu lui as envoyé quelque chose ?
j’sais plus quand.

et je mens,
oui je mens,
((un peu comme toi, mais je ne le sais pas,
puis un d’ces quatres je vais suivre tes pas.))

- en fait, c’est mon petit-ami,
et j’sais pas pourquoi mais,
ça me démange depuis avant…

ô tempête,
laisse-moi prendre de la poudre d’escampette,
parce que je sais que tu fais le malin,
tes paroles de toute façon, (c’est d’la poudre de perlimpinpin.)

- dis-moi juste la vérité.

(tu es sous le contrôle de ma malédiction,
laisse-toi succomber à la tentation.)