caractère
Bell
tout en mesures blanches et noires
est ode avortée à vos c(h)œurs aspirants

( qu’est-ce que l’on ressent déjà
lorsque l’on s’entend vivre ? )

Bell
-- malentendu
arrache à l’omission
l’atone trace des discours qui s’effacent
pour (sur)vivre – doit cueillir sur vos lèvres
l’amorphe abstraction de vos insondables apartés
pour exister – doit dérober à vos émois
les mots qui lui sont défendus
(fruits discordants)
dont il embrasse muet la vanité empoisonnée

( en silence )

ça pourrit
gangrène verbale
ça pourrit
infection discursive
les sons – bonjour – bonsoir – Bell – je t’aime
( Bell )
(   je t’aime   )

petit-à-petit
s’orchestre l’abîme cadencé de son amnésie
murmure dégradé à l’écume des jours --

( que restera-t-il du monde
quand j'aurai oublié ? )

La cacophonie ( du silence ) pour berceuse à vivre
n’épargne plus (que) les antiques échos d’un passé qui (l')étouffe
(il) ne s’entend plus penser
( tous ces bruits qui n’existent pas – c’est insupportable
insupportable
parasite
( soupir )
ce parasite
détruit tous les tons de ta décadence
mezzo forte

-- tout en bas des gammes futiles
s’écrasent les affres des tumultueux soupirs
- s’enfle terrible l’infernale rumeur du vide
( insupportable )
- s’amplifie épouvantables les stériles chants du néant grinçant
( c'est insupportable )
le vacarme
( insupportable )
du

( ( ( SILENCE ) ) )

qui broie sous ses arpèges chimériques ton âme désaccordée
qui écrase la douleur organique de(s) ton(s) manque à vivre
abîme
anéantit ( b e l l )
détruit
retourne
les chambres familiales tes affaires à toi tout ce que tu connais( sais )
déchire – les vêtements les photos (souvenirs pervertis à la mémoire du son)
brise – les verres les fenêtres (aquariums)
peut-être -- que ça bruira ?
peut-être -- que ça sonnera ?
pitié ô l’univers chante encore une fois
chante
chante
CRIE

( silence )

- l’univers toujours se refuse à muser.

il n’y a (plus) rien à fuir
ici – persistent seuls les morceaux des requiem sciemment démembrés
il n’y a (plus) qu’à fuir
cette scène de crime – ci-gît : mon harmonique dégénérescence
A nos signes oubliés…

pardon
si je vous échappe
pardon
je dois m’échapper
pardon

PARDON


( s i l e n c e )



(sourd depuis ses trois ans // très instable // hyper-sensible // enfant perturbé // réservé // créatif // très passif // lâche // fragile // crise et fugue régulièrement // (...) ) 

souvenirs effacés
Il aimait
l’ample rondeur de son lettrage que le papier tremblant embrassait sous le vent de ses caresses gelées
la façon qu’elle avait – de tracer ses « a » et d’incarner ses « m »
ses baisers à la lettre tendre d’étreintes effeuillées
Il aimait
sa chaleur dont l’absence comblée par les mots et les signes le tenait en haleine au rythme de la mort
sentir contre son cœur les vestiges verbaux de leur petite histoire malheureusement trop heureuse pour ceux qui font l’Histoire – puisqu’elle n’était pas là pour pouvoir lui confier sa véritable voix
ici incarnée en éclats mélodieux d’illusoire gaieté
elle n’était qu’une silhouette muette que les obus réclamaient
et il aimait
– se dire que par-delà le silence coupable dans lequel la guerre l’avait plongé – subsisteraient toujours son affection chantée
Il aimait
Sa dame aux mots aimés abandonnée derrière les lignes rougeoyantes d’une défaite annoncée
Et – même broyé sous l’assaut implacable de leur pluie de feu et de fer
dont il ne pouvait plus entendre les hurlements martiaux depuis longtemps déjà
jusqu’à la toute fin par-delà l'amusie
il l’aimait – à en mourir.