Ah Daithe. Que de jolies consonnes forment ton prénom. C'est un souffle, un murmure, aérien, léger, chatouillant le palet. Quelques doux sons, souillés par ces voix rauques et cassées dont tu réchauffes affectueusement les draps la nuit durant.
Oh, tu ne le fais pas pour de l'argent. Par nécessité, peut être. Dans l'espoir de réussir ta vie, surtout.
Mais force fut de constatée que l'espoir est une garce : cette carrière tant convoitée n'a jamais décollée, pas même commencée. Quel ironie ; tu y avais pourtant mis tout ton coeur, trahi ton dieu et diffamé ta dignité en branlant des branleurs, seulement pour récolter quelques promesses mensongères et la saveur amer de conflits noyés dans la bière. Pauvre Daithe. Tu as cette fâcheuse impression que tous les malheurs sur Terre te sont retombés sur la tête, mais détrompes toi : les ratés sont bien plus communs qu'on le croit.
Pourtant, la naïveté qui te caractérisait autrefois n'est plus désormais ; lorsqu'un homme se présente à toi en promettant la gloire, l'amour ou la richesse, les trois combinés s'il se montre péniblement audacieux, tu n'attends plus rien. Juste une présence pour te distraire de ce cafard dont ta conscience semble emmitouflée. Une présence qui te murmura quelques paroles sucrées, quelques compliments joliment formulés en échange de gémissements, zébrures sur la peau et fièvre momentanée. Ah, qu'est ce que tu les aimes, lorsqu'ils te remplissent de leur amour factice.
Et, une fois la passion crevée, une fois le jour levé, tu verses dans ton whisky un peu de café, t'empreignes tes paroles d'un sarcasme mal placé et tu poursuis ta vie de raté.