Draps blanc, rideaux en cotons par lesquels filtraient un filet de lumière du jour. Tu étires ton corps avec lassitude, et lentement, tu glisses en dehors de tes draps. Tu as des cheveux coincés dans ta bouche, et la fraîcheur du carrelage de ton appartement te fais frissonner. Café noir, cigarette réglementaire, et tu regardes distraitement la fumée qui monte et se disperse. Quelle heure est il, est ce que je travaille aujourd'hui ? Tes questions récurrentes du réveil, auxquelles tu réponds en t'habillant. Et parfois même, alors que tu étales ton maquillage sur ton visage, tu te souviens des noms de tes clients du jour. Des rendez vous pour un devis, ou pour la finalité du truc ; le tatouage. À chaque fois que tu en dessines un dans la peau d'un autre, tu as cette agréable impression que tu le rajoutes sur ton corps, et tu es assez heureuse.
Dans le bus qui te conduis jusqu'au centre ville, tu regardes avec amusement la petite grand mère qui fronce des sourcils en comprenant que ton décolleté est couvert de tatouage. Et tu sais qu'elle se demande si tu en as sur tout le corps, et qu'elle doit certainement se dire ; mais quelle espèce de voyou cette demoiselle. Mais même si elle te le disais à voix haute, tu n'en aurais rien à faire. Ça te désintéresse au plus haut point, l'avis des petites mamies dans le bus du matin.
Quand tu arrives, tu recommences ta combinaison café + cigarette. Tu te demandes comment font ceux qui ont une hygiène de vie saine. C'est toi qui ouvres le salon, parce que tu es généralement la première arrivée. Et heureusement d'ailleurs, parce que vous feriez faillite toi et tes collègues si tu respectais leurs horaires. Tu as encore tes écouteurs dans les oreilles, et c'est sur un son assez théâtral que tu entres. Tu évolues en dansant à moitié, c'est un autre de tes rituels bizarres de la journée. Les lumières s'allument sur ton passage, le rideau de fer remonte dans un crouic strident. Tu allumes aussi l'ordinateur pour voir l'emploi du temps du jour, et tu vas vérifier dans l'arrière boutique si le matos est complet.
Puis la journée s'écoule. Tes collègues arrivent, s'installent, les clients entrent, les curieux se renseignent, les courageux se font tatouer. Mais tu as toujours une minute à toi pour griffonner dans ton carnet, les poèmes que tu reverrais de publier. Tu ne tatoues personne aujourd'hui, mais tu sais que quelqu'un viendra faire un devis.
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Lun 20 Fév 2017 - 1:27
Folie d'encre
Feat. Solen
Indélébile
L'art de toujours s'y prendre à la dernière minute. Harley s'en avère la reine. Elle a complètement oublié qu'en milieu d'après-midi, elle allait devoir se rendre au salon de tatouages pour y faire son devis. Où est le souci ? Elle a amplement le temps de se préparer avant de devoir s'en aller ? Non, non. Vous ne comprenez pas. Certes, l'étudiante a laaargement le temps devant elle pour s'habiller et tout le tralala. Mais, le plus important lui avait totalement échappé. Pour vous dire, elle vient à peine de réaliser ! Le croquis à présenter lors du devis. Celui qui donne une vague idée de ce qu'il doit faire à l'artiste... Bah elle ne l'a pas réalisé. Ah ! Vous voyez ? Elle n'est pas dans la merde, en effet. C'est pas comme si elle était illustratrice professionnelle, en plus. Autant un instrument de musique quelconque, elle saura toujours se débrouiller et vous pondre une mélodie potable. Autant esquisser sur du papier... C'est pas qu'elle est nulle ou qu'elle fait du picasso, m'enfin... Pour réussir un truc bien, il lui faut temps et concentration. Chose qu'elle n'a pas, là, maintenant, dans l’immédiat.
Le spectre d'Hailey flottait au-dessus de son pupitre jonché de feuilles déchirées et froissées. - Pourquoi tu fais ça ? Elle était jolie cette fleur-là ! - Pas assez, Hailey, pas assez. - Si ! Elle était jolie ! Un faible sourire amusé fend les lèvres de la guitariste. - C'est gentil. Mais tu sais, la personne que je vais aller voir, elle dessine encore mieux. Du coup, faut que ce soit à sa hauteur, tu vois ? - Mieux comment ? Moi je dis qu'y a pas mieux que ta fleur ! - Mieux genre mille fois mieux ! Harley jette un œil à sa montre et soupire. Merde. Il allait falloir y aller. - Tu vas rester ici, ok ? T'es sage ? Je voudrais pas qu'on ait des soucis. Je serais pas trop trop longue, promis. L'enfant affiche un air boudeur, mais, elle sait, au fond, qu'il faut écouter son aînée. Alors, elle se contente de lui faire un signe de la main et attendre, dès à présent, le retour de sa nouvelle vie.
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Voilà. Harley y est. Elle pousse la porte et une clochette se met à tinter pour signaler son arrivée. - B'jour ! Lance-t-elle à travers la pièce. Saluant de manière générale employés et clients. Elle s'avance vers le comptoir, son vieux calepin sous le bras et salue d'un mouvement de tête la femme s'y trouvant. Ajoutant au passage un : Classe le style. En effet, la brune lui faisant face est tatouée de partout. Harley aime bien ça. Ça apporte un côté voyou pour certains, badass pour d'autres, mais, surtout, ce genre de personnes sont des histoires sur pattes, en quelque sort. Des tableaux en mouvement. - Harley Hathaway. Je viens pour un devis.
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