Traits trop tirés trop durs plus fatigués que d’ordinaire
tu ne t’imagines pas à quel point tu l’inquiètes avec ton visage trop pâle et tes cernes trop creusées qui viennent bouffer cette beauté juvénile qui demeure encore un peu sur ton faciès
(tu es encore jeune tu sais ; enfance avortée)
elle voudrait te toucher de ses doigts te rassurer
les poser le long de ta joue de ta mâchoire voir tes yeux se fermer sous son contact
mais elle n’ose même pas t’effleurer
trop déstabilisée par cette moue plaintive qui transparait l’espace d’un instant
et qui disparait une nouvelle fois
explique moi ?
qu’y a-t-il ?
que me caches tu
weary ?
Tu lui fais mal
sans peut être le savoir mais
tu lui fais mal
à lui donner une réponse si vide si dépourvue de sens si creuse comme si soudainement
radicalement
tu cessais de lui partager tes secrets
barrière invisible qui semble s’ériger entre vous
et tandis qu’elle s’efforce d’en ôter les pierres
toi tu le consolides
et devant ses pleurs tu portes le masque de l’ignorance
pour rester aussi solide
aussi solide que ce mur qui commence à vous séparer.
ne t’excuse pas
tu n’as pas à le faire
ou sans doute que si
d’une certaine manière
parce que c’est toi
toi qui m’as sauvée toi qui m’as ramenée à la vie mais
c’est aussi toi qui m’as rendue comme ça toi qui m’as liée à toi
j’l’ai pas décidé
toi non plus sans doute
j’arrive plus à respirer
parce que je sens que t’as décidé de tracer ta route
me laissant seule partant loin devant moi.
Ce n’est rien.
(c’est tant de choses)
Ne t’en fais pas pour ça.
(même si au fond je ne veux que ça)
Le silence se brise, l’espace d’un instant le temps se fige et se tord, vient mourir dans sa gorge et l’étouffer un peu plus.
Je me meurs weary
comment oses tu venir
dévorer mes entrailles ma chair mon sang
avide personne
et amputer mon coeur
le serrer entre tes doigts
oh si douloureux
le broyer jusqu’à ce qu’il se réduise en cendres
et finalement le délaisser
misérable dépouille
qu’à demi consumé.
cruel
tu es si cruel avec moi
mais peut être est-ce parce que je t’aime un peu plus chaque jour
peut être est-ce parce que ma vie n’est qu’un compte à rebours
vers le sommeil éternel
s’il te plaît weary
laisse moi juste m’endormir une dernière fois à tes côtés
promis, juré
demain je me serai déjà évaporée
de tes souvenirs arrachés.
alors pourquoi
pourquoi la regardes tu de ces yeux
pourquoi es-tu ce weary que les autres connaissent
pourquoi es tu si indifférent à ce regard qu’elle te lance
pourquoi ne dévoiles tu que le soldat
ce soldat de l’hiver qui lui glace le coeur
tes mots sont si gelés
ils résonnent si froidement si faussement dans son crâne et elle ne peut s’empêcher de se dire
que tu n’es rien d’autre
qu’un songe qu’une lubie qu’un mirage
faux sauvetage
car tu l’as noyée un peu plus dans ces océans troubles
alors pourquoi
pourquoi
pourquoi arsène
pourquoi elle ne t’en veut pas
pas encore
pas tout de suite
futile espoir qui brille dans son regard tout aussi spectral
elle n’est
qu’une personne de carton
de papier mâché qui se disloque sous l’effet de ses larmes
tandis que les échos de ta voix
viennent la briser un peu plus
fissurer le fébrile verre qu’elle avait érigé
miroir au dangereux reflet
elle a peur
peur de ta voix de tes mots de ces syllabes que tu articules d’une manière si catégorique si formelle
elle sent le goût acre dans sa bouche
au fond de sa gorge
celui de la trahison
de l’abandon
celui qu’elle a tant goûté avec plaisir
telle le Socrate de la gourmandise
sept péchés capitaux gravés sur sa peau
la cigüe transcendant son corps étreignant ses os
sous ton regard impur qui ne lui octroie aucune réponse.
P…Pourquoi ?
Sa voix tremble autant que ses doigts qu’elle sert dans ses paumes devant elle ;
son corps se secoue tressaute un peu semble menacer d’exploser tel une
b o m b e h u m a i n e
un soupir désespéré quitte l’antre de ses lèvres
elle est comme acculée
genoux à terre elle te supplie de sa voix
ses jambes fragiles menacent de se rompre sous le poids de ta félonie
n’as tu pas honte
vilain weary ?
elle n’ajoute rien tu ne réponds pas tu laisses l’attente s’imposer un peu plus
lui écraser les épaules et le dos.
et dans ce silence morbide tu plantes sur son crâne incliné le drapeau des êtres damnés.un léger sourire s’esquisse
ses yeux brillants se lèvent vers toi
elle ne te croit pas
pas une seule seconde
elle te confierait sa vie tu sais
alors tu ne peux pas
tu ne peux
la lâcher comme ça
quinte de rire silencieuse
elle se fiche de tes mots.
« Pardonne moi »
c’est si
f u t i l e
c’est si
r i s i b l e
plainte étouffée.arrête, je t’en supplie.
tais toi.
Aller viens, on rentre à la maison.
Elle
t ‘ i g n o r e
elle
s ‘ e n d o r t
dans son mensonge
t’attrapant de ses doigts fins le poignet
ne te dérobe pas.
te tire légèrement, espoir inavoué
ne t’arrêtes pas.
continues de l’aimer de la chérir de la rendre si belle sous ton regard
ne regarde pas en bas.
stupides kamikazes
n’aies pas peur du vide n’aies pas peur du noir
elle sera de ses cheveux ta lumière nocturne
ne
m’oublie
p a s
ses doigts sont glacés sur ta peau
glacés par l’effroi
par l’idée de te perdre
weary weary weary
oh
weary
si
avide si vide si âcre dans ma bouche et si
sucré à la fois
fruit du péché
je le sais
nous le savons tous les deux
mais on en a que faire pas vrai
je t’ai peut être rendu plus faible
c’est ce que tu te dis
mais tu m’as rendue plus forte
que je suis égoïste
mais tu sais
je peux
te protéger weary
je peux
tuer pour toi weary
je peux me donner pour toi weary
tu le sais
de quoi as tu peur
je serai celle
qui t’empêchera de sombrer dans la terreur
j’ai une dette envers toi
alors
n’essaye pas
de t’éloigner de moi.
Elle fait un pas.
Puis un autre.
Et encore un autre.
Sans même te lâcher
son univers est trop instable son univers est trop invivable
elle
t a n g u e
mais elle te tient
elle t’a entre ses mains
elle sait que tant que tu es là
elle ne peut pas chuter
reste avec moi.
ne me
tue
pas.
1136 w. | wearsène | #dea2a2 | je suis baaaack