histoire
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10 ans. Lucian. Quand on t'appelle comme ça, tu sens un frisson te traverser le corps. Probablement parce que c'était l'un des noms de ton père. Tu l'as jamais aimé. Il a jamais été très marquant dans ta vie de toute façon, bon uniquement à ouvrir sa grande gueule et à insulter les gens pour mieux compenser le fait que lui était profondément con. On se fait toujours écouter quand on crie fort, de toute façon. C'est assez ironique, qu'il soit mort en s'étouffant avec de l'alcool. Une mort bien stupide, appropriée pour un abruti comme lui. Personne ne l'a vraiment regretté. Ton frère cadet, peut-être. Et encore.
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12 ans. C'est tellement mieux à la maison, sans lui. Certes, c'est toujours un peu dur. Sans personne pour s'occuper de la ferme familiale à sa place, à part peut-être l'oncle Finn, la majorité des responsabilités te sont retombées dessus. Mais tu t'en fiches, au fond. Le prix a payer est lourd, mais c'est mieux, tellement mieux que tout ce que tu as vécu jusqu'à présent. Adieu les cris, adieu la douleur dans ta poitrine, adieu les larmes que tu ravales toutes les nuits. Tu es libre, maintenant. Et tout va aller mieux. Tu le sais.
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15 ans. C'est à ce moment là que la fatigue commence à se faire ressentir. Gérer l'école, la ferme, ton frère, le moral de ta mère en chute libre à cause des dettes. Finn se fait vieux aussi, et a besoin de s'occuper de sa femme. Au final, vous vous retrouvez tous seuls. Mais tu veux pas abandonner. Tu serres les dents, tu continues. Tu en finis à l'hôpital. Et pourtant tu veux continuer à avancer. Déjà au bout du premier jour de convalescence tu es intenable. En vrai, t'as jamais aimé les hôpitaux. Ils te donnent envie de fuir, loin, le plus loin possible de ces murs blafards et de cette lumière aussi artificielle que les sourires des infirmières.
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17 ans. Finalement, vous avez dû vendre la ferme. Vous avez déménagé, laissant de côté tout ce que tu as connu. Tu te dis que c'est peut-être mieux. Les poules te manqueront peut-être un peu. Ta mère travaille désormais en tant que secrétaire dans une petite entreprise au centre-ville de Nottingham. Tu n'as pas pu t'empêcher de rire quand tu as vu le nom de la ville, avide de lecture comme tu es. Maintenant, tu n'as plus qu'à te concentrer sur tes études. Là bas, tout le monde t'appelle Eden. C'est une sorte de vie à laquelle tu n'es pas habitué. Les rumeurs et les fêtes, les soirées, les invitations. Les relations sociales...et amoureuses. Mais personne ne t'a jamais vraiment tapé dans l’œil. Peut-être n'est-ce pas le moment. Pas encore.
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20 ans. T'aurais jamais cru avoir l'air aussi pitoyable depuis que tu as quitté ta mère il y a de cela quelques mois. Là, à genoux, recroquevillé devant la cuvette des toilettes, tu n'as juste pas compris ce qui est arrivé, aussi vite, aussi brusquement. C'est comme si ton cerveau avait complètement crashé. Il y a eu, en pleine séance de révisions, cette hirondelle perchée devant ta fenêtre de ton appartement, ici, à Foxglove Valley. Puis ce flash dans ta vision, cette sensation de perdre l'équilibre, de
te perdre. Des images floues ; la pénombre et la pression des mains autour de ta gorge, cet éclat comme un lever de soleil te regardant...et tout qui s'arrête. Le retour à la réalité. Cette impression pesante de mourir.
Encore une fois.—
Aujourd'hui. Tu n'es plus tout à fait le même. Après ces événements, tu as vite appris ce que tu étais. Que tu n'étais pas seul dans cette situation. Et tu as vite cherché à en savoir plus. Sur ta vie passée, sur ce toi qui a vu ses jours abruptement toucher à leur fin. Et surtout...sur cette personne, qui était là avec toi jusqu'à dernier moment. Qui en a été à l'origine. Et il te semble l'avoir trouvé.
Maintenant, c'est à toi de tout faire pour qu'il oublie tout à propos de tes derniers instants.
boîte à souvenirs
Nom ♦ ?́͘͟?̵̶̛?̵͝҉
Prénom ♦ ?́͘͟?̵̶̛?̵͝҉
Avatar ♦ Minato, Houkago no Pleiades.
Nationalité ♦ ?́͘͟?̵̶̛?̵͝҉
Occupation ♦ Lycéen.
Tu ne te rappelles que de peu de choses de ton ancienne vie.
Juste de ta mort.
Juste de ta respiration sifflante, étouffée par ses deux mains autour de ta gorge.
Juste de ses yeux, qui te regardent avec un éclat tendre et presque désespéré.
Juste de ses ongles, qui s'enfoncent dans ta peau.
Juste de ce bref vol d'oiseaux, de l'autre côté de la fenêtre.
Juste de cet arrière-goût de sang dans ta bouche.
Juste de son sourire, dans cette pénombre qui t'a vue t'éteindre toi aussi.