Henry Dessaux

Aomine Daiki - KNB // myosotis
autosurnommé Nhéos pour s ymboliser le renouveau de sa vie, âgé de 26 ans, né le 20 mai à Foxglove dans une famille monoparentale, de nationalité américaine, exerce le métier de professeur de lettres en lycée, ignore encore son pouvoir de réinitialisation, mais a pour symbole le portefeuille.

Tu réclamais le Soir
Il descend ; Le voici

Une naissance malheureuse placée sous le signe de la trahison.
La couleur de la peau d'Henry posait problème. Elle n'était pas aussi claire qu'elle aurait dû. Deux parents à la peau laiteuse, aux ancêtres encore plus pâles qu'eux, ne pouvaient donner naissance à un petit être aussi coloré. La trahison était trop évidente, elle n'avait pu le nier. Il avait pourtant espéré entendre le déni dans ses aveux. Il aurait voulu croire à une erreur, à un enfant échangé, mais personne ne lui permettait de croire à ses mensonges. Il avait abandonné la lutte. Il avait tout simplement abandonné.
Et ça s'était arrêté là de leur belle famille.
Mais ce n'était pas grave, Henry ne lui avait jamais voulu de cette défection.

Une enfance paisible débordante de normalité.
L'école d'abord, le lieu où tous les enfants sont éduqués. Henry n'avait pas fait exception à la règle, et il s'était bien amusé. Il avait pleuré aussi, lorsqu'il cherchait la bagarre, mais ces disputes d'enfant n'avait pas grande postérité. Il avait fini par devenir ami avec ceux qu'il avait frappés. Puis ils s'étaient abandonnés au rythme des changements d'établissement.
Sa mère ensuite, toujours calme et douce, prête à se mettre en quatre pour un fils envers qui elle avait toujours ressenti de la culpabilité. Elle l'achetait avec de la nourriture qu'elle préparait spécialement pour lui, et des desserts à faire pâlir un pâtissier. Henry plongeait le doigt dans sa mousse au chocolat en espérant ressentir les bulles d'air qu'il ne parvenait jamais à goûter. Son dessert préféré.
Les autres, enfin, qui le traitaient bien, même si tous savaient. Ou peut-être Henry voulait-il se voir bien traité par les autres, allez savoir. Ceux qui ne l'aimaient pas se tenaient bien à l'écart de lui. Ceux qui n'en avaient que faire se faisaient leur propre opinion. Il n'y avait que les racistes pour faire un peu de grabuge - mais Henry ne les avait jamais aimés non plus, et il avait toujours eu à cœur de ne pas se laisser toucher.

Une fin d'adolescence douillette qui le fait sombrer.
Protégé par une mère qui craint de le voir s'exténuer, Henry n'avait eu qu'à suivre ses envies et à les lui imposer. Il avait d'abord hésité sur ses études, l'art, les sciences, mais il s'était rapidement fixé pour la littérature, qui lui semblait moins compliqué. Il avait une sensibilité littéraire, il lui suffisait de la laisser s'exprimer. Il n'apprenait rien et se laissait porter parce que sa fibre artistique lui disait. Et on ne sait comment, il réussissait.
Devenu professeur, il croyait avoir trouvé l'aboutissement de sa vie. Il avait une place, qu'il pensait mériter, même si le métier ne lui convenait pas vraiment. Il avait un salaire qui le faisait se sentir libéré. Vie parfaite pour le moment. Il vivait avec un pied dans le passé, mais déjà tourné vers son avenir.

Un élément perturbateur venu tout dérangé.
Henry avait trouvé un portefeuille. Un simple portefeuille, et ça avait tout chamboulé. Le souvenir était revenu, lourd, asphyxiant. Pour la première fois, Henry avait eu la sensation que sa vie n'était pas ce qu'elle paraissait. Il avait pris peur, gardé le portefeuille pour lui - qu'en aurait-il fait sinon - et il avait réfléchi.
Et encore réfléchi.
Mais finalement, c'était sa conscience qui avait agi pour lui. Elle lui avait dicté de réparer ses erreurs. Mais elle lui disait aussi autre chose.
Rendre ce portefeuille.

entends la douce
nuit qui marche

Henry n'est pas vraiment le genre de personne à passer inaperçu dans la rue. De par sa taille, supérieure à la moyenne (il flirte avec le mètre quatre-vingt dix, sans tout à fait l'atteindre), de par sa peau  hâlée, signe d'un métissage qu'il a parfois du mal à assumer, de par ses yeux d'ébène, où s'illustrent des éclats bleutés, on le trouve beau et on s'imagine qu'il est un homme un brin ténébreux mais sûr de lui, responsable et totalement mature. Pourtant, Henry est loin d'être prêt à s'engager dans une vie de famille, comme l'aimeraient bien des demoiselles : il a déjà du mal à se comporter comme un adulte, la plupart du temps.
Sa belle silhouette, Henry la doit moins à des séances intensives de sport qu'à sa manie de sauter des repas lorsqu'il n'a personne pour les préparer. Il compense ses carences par des compléments alimentaires pris à répétition - pas très bon pour la santé, mais c'est toujours mieux que rien. Il faut dire qu'il ne fait pas trop attention à son apparence, mais ce n'est pas forcément pour cette raison qu'il est si négligeant avec son corps. Il se laisse vivre, Henry, et si à son âge, il est encore chez maman, il ne faut pas chercher l'explication ailleurs que dans le fait qu'il est à peu près aussi débrouillard qu'un adolescent lambda livré à lui-même. Il n'a jamais appris à cuisiner ou à faire le ménage, n'a jamais eu à s'occuper de la moindre formalité administrative, merci maman qui le protège comme un petit poussin. Henry ne sait même pas comment ça se passe pour payer ses impôts - mais il sait qu'il en paie, maman lui a dit.
Tout cela, c'est un peu moins de la fainéantise que le choix de la solution de facilité, qu'Henry préfère toujours à tous les autres solutions, mêmes plus logiques. Il pourrait cuisiner s'il le voulait, ce n'est pas l'envie qui lui manque, parfois, mais prendre les devants est ce qui lui pose problème. À moins de se sentir obligé, il n'aime pas prendre d'initiative, préférant de loin se reposer sur les autres. Il y a une part de calcul dans ce choix, puisque s'il y a une erreur quelque part, Henry n'est pas obligé de l'assumer. Donc, d'une certaine manière, ça l'arrange bien que les autres décident pour lui, ça le préserve de toute retombée négative, et c'est très bien comme cela. Ce n'est pas pour autant quelqu'un de passif : si besoin, il saura très bien s'affirmer et exprimer son avis, peut-être même se battre pour quelque chose qui lui tient à cœur. Mais encore faut-il qu'il en ait envie, ce qui est loin d'être gagné. La motivation est chez lui quelque chose de fluctuant, qui dépend principalement de l'intérêt qu'il accorde à l'objet concerné.
Parmi la liste de toutes les choses qu'Henry déteste, se prendre la tête est certainement en première position. On pourrait croire qu'Henry s'écrase pour éviter les conflits, mais il est un brin rancunier et a du mal à pardonner. Henry a des valeurs et il tient à ce qu'elles soient respectées. Il est tout particulièrement attaché à l'honnêteté, question de principe, comment voulez-vous faire confiance à quelqu'un qui vous ment sciemment ? S'il attrape quelqu'un la main dans le sac, Henry se montre presque méprisant, brandissant sa propre moralité pour assurer sa supériorité, alors que bon, c'est pas vraiment lui qui devrait la ramener... Mais il le fait à sa manière, sans en avoir l'air, avec beaucoup de subtilité, si bien qu'il arrive souvent à ses fins et parvient à faire culpabiliser l'autre, pour peu que ce dernier l'apprécie un minimum. Il est très doué pour faire culpabiliser les gens, en général, et il a toujours d'excellentes excuses pour s'expliquer. Pas très honnête, le Henry, en fin de compte...
Mais on lui pardonne (parfois), parce qu'on sent bien qu'il n'est pas méchant et qu'il est surtout blessé quand on lui ment. Peut-être prend-il certaines choses trop à cœur, mais on ne peut pas lui en vouloir lorsqu'on sait qu'il a été abandonné par son père très jeune, et que tout ça, c'est à cause de sa mère, qui lui a menti. Il n'apprécie que trop la valeur de la vérité et ça se comprend. Ce que les autres ne savent pas - et Henry commence à peine à s'en rendre compte -, c'est que depuis quelques temps, l'impression d'être un menteur, ou du moins d'avoir manqué à sa parole, le taraude. Tout a commencé lorsque le premier souvenir de sa vie passé a refait surface. Il se sent terriblement mal à l'aise rien que d'y penser. Henry n'a jamais vraiment prêté attention à la réincarnation auparavant, pas qu'il y croie ou qu'il n'y croie pas, mais il n'avait jamais eu d'avis sur le sujet. Désormais, il est persuadé qu'il s'est réincarné parce qu'il a quelque chose à réparer. Drôle de sensation alors qu'il n'a jamais rien fait de sa vie actuelle pour mériter cela, mais c'est ce qu'il croit.
C'est là que son caractère constitue un handicap très net, car Henry ne sait pas du tout ce qu'il est censé faire. Il sait qu'il doit retrouver sa jumelle, mais il s'y prend très maladroitement. Recherches éparses dans la rue à la recherche d'une longue chevelure, alors qu'il ignore qu'elle a pris le corps d'un chinois patibulaire. Sans méthode, Henry se sent pris au dépourvu, et c'est bien la première fois qu'il a l'impression de ne pas maîtriser correctement la vie. C'est un peu déroutant, tout cela, mais Henry est optimiste : il croit qu'un miracle va lui tomber dessus et que sa jumelle lui apparaître au coin de la rue, qu'il la reconnaîtra tout de suite et qu'il trouvera le repos en même temps que ses souvenirs. Un peu naïf comme vision si vous voulez mon avis, mais pourquoi pas. Le miracle a déjà commencé, après tout.

Tu te souviens du souffle du vent sur ta peau - il est froid et ne se prive pas pour te mordre les joues. Tu n'as jamais aimé le froid, mais tu as toujours été trop fier pour l'admettre - voilà pourquoi tu te pavanes dans ton manteau bien ajusté, ton préféré, mais qui ne te tient pas chaud pour un sou. Tu crois savoir que tu l'as gagné durement mais tu as oublié comment.
Tu ne vois pas le visage qui te fait face, mais tu sais que si tu pouvais, tu y verrais des traits semblables aux tiens. Tu le connais par cœur, mais tu l'as oublié. Vos mains sont serrées, geste habituel entre vous, mais qui prend cette fois-ci les allures d'un serment. Serment de toujours vous protéger.
Quels étaient les mots, déjà ?
Vous vous viendrez en aide même si vous deviez en mourir.
Tu es du genre à toujours respecter tes serments et tu ne doutes pas que tu es mort pour elle. Alors pourquoi cette angoisse qui t'enserre le cœur à chaque fois que tu repenses à elle ?

Après 70 ans de réflexion, j'ai enfin trouvé une idée de personnage qui me plaît, ma satisfaction est substantielle. Je ressemble un peu à un ours mal léché, mais n'ayez crainte, je ne mords pas et vous pouvez m'amadouer avec des poissons.