étoile volée
subtilisée contre son gré elle suffoque ;
petite ballerine effacée, nom presque oublié,
jusqu’à la dernière lueur qu’elle a décidé de s’ôter
elle seule est fautive elle le sait
a r s è n e
si égoïste minuscule gamine qui n’a pas su se battre qui n’a fait que se
d é b a t t r e
et qui aujourd’hui dégaine ses crocs comme pour se rassurer qu’au fond d’elle elle a encore la force de se dresser
mais personne n’est aveugle ; tout le monde voit à quel point tu es devenue
l a i d e
à quel point son malheur qui la ronge bouffe les autres
à quel point elle est vilaine
elle n’est qu’un vulgaire point dans la foule immense
si dense
elle n’est rien arsène
et cette vérité l’accable la détruit la consume ;
que croit-elle pouvoir faire, que croit-elle pouvoir te dire
tu n’as aucune leçon à recevoir d’elle
pas même une vulgaire critique car tu es déjà si haute
si inaccessible pour ses yeux brillants de larmes
que croit-elle pouvoir faire à t’attaquer de la sorte à se braquer
et puis finalement
tu n’es pas mieux au fond
tout aussi ridicule avec tes cheveux roux trop bien coiffés avec ton rictus trop maquillé avec tes yeux trop vides
ne crois-tu pas que
tu descends toi même vers le désordre
pourquoi la rejoins-tu, n’étais tu pas bien là-haut, dans le mépris le plus total
alors pourquoi
pourquoi
pourquoi laisses tu voir à arsène cette moue agacée ce visage froissé ces sourcils trop froncés
comme si elle t’avait enfin
t o u c h é e
(n’est-ce pas le cas)
tu sais que tu viens raviver l’intérêt dans cet échange dénué de sens
tu sais que tu viens de l’inciter à venir te frapper un peu plus
fort
un peu plus
ardemment
car elle est comme ça arsène
si attirée par les travers humains qui criblent sa propre personne
comme un vilain garnement qui vient sourire de toutes ses dents c’est si
h o r r i b l e
pourtant tu viens la cueillir
elle
fleur déjà fanée
oui tu viens la démolir un peu plus
couteau dans le ventre dans le dos en plein milieu du
v i s a g e
arsène se fige
elle recule légèrement elle tangue elle va s’écraser
tu le vois pas vrai
vile victorieuse
tu aurais pu lui tourner le dos
tu aurais pu l’ignorer tu aurais pu faire tant de choses mais non,
tu as préféré renchérir
à cause de lui
à cause de cette maudite personne
sickqui vient vous hanter qui n’est que le seul et unique lien qui vous uni
une épidémie qui vous dévore toutes les deux
arsène est malade
malade de lui malade pour lui malade de ne plus rien être à ses yeux
si tragiquement incurable
tu viens imprimer de ton aiguille d’encre une énième fois le mot coupable en plein milieu de son coeur,
qu’elle ne peut effacer malgré tous ses efforts elle est comme
marquée au fer rouge
brûlée à sang pour lui rappeler à quelle point elle ne méritait pas l’amour de cet enfant
elle était si jeune
et toi tu la lis et toi tu la mets à nu
face à elle même
maudit miroir qu’elle peine à regarder, ne serait-ce que l’entrevoir
elle s’approche
arsène colère
arsène vipère
elle s’approche trop près
et ses fins doigts tous justes bons à cueillir les genêts en fleurs
se transforment en griffes pleines d’ardeur
venant déchirer ta joue de poupée
c’est bref
si honnête
quand les mots ne suffisent plus les gestes s’imposent
et deviennent le témoin de la perte de contrôle qui l’a transcendée
mais ce n’est pas ça
pas ça qui la fait reculer
de quatre pas cette fois
ce sont les images si nombreuses
celles d’une main féminine qui s’abat sur la joue de celle qu’on appelle
philomènecelle d’un cri d’une colère d’une larme
celle de cheveux bruns qui s’invoquent dans un tourbillon de tristesse
de sanglots déchirés par des mots trop lourds
par un coeur trop gros trop empli de remords
de regret
tu vois la misère sur ce visage si tiré aux quatre épingles aujourd’hui
tu vois la mention de cette enfant
une erreur ;
ils étaient trop jeunes
ils n’étaient pas prêts
pas prêts pour un si gros choc
pas prêts pour un verre de trop
pas prêts pour une telle conneries
ils voulaient juste
s’amuser
profiter de la soirée et des alcools sucrés ils ne voulaient pas se laisser emporter
ça n’était pas écrit comme ça
le crayon a juste dérapé il a quitté les lignes parfaitement dessinées
et puis c’est arrivé
et toi tu as paniqué
tu l’as caché, secret trop énorme et trop lourd pour toi
on te l’a reproché
et tout s’est brisé
comme le coeur de celle qui était ta
meilleure amietu as tout foutu en l’air
p h i l o m è n e
finalement au fond
vous êtes si
s i m i l a i r e s
si identiques s’en est presque flippant, dérangeant
de vrais némésis
et toi ça te fait bien marrer
pas assez empathique pour souffrir de ses crasses passées
si seulement vous étiez si secret toi et sick… je n’en pense pas un mot. apparemment, nous sommes toutes les deux des petites voleuses pas vrai ; tu lui as volé le droit d’être père, à ce raphaël.
mauvaise.
tu me donnes la gerbe avec ta morale à deux balles.
et maintenant qu’elle sait, elle n’a plus qu’à t’effleurer
une seconde fois
pour tout renverser.
— 944 mots … #DEA2A2